« L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l'autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrène qui ne demande qu'à se propager. »
Philippe Claudel
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En Virginie, au cœur de l’Amérique pauvre, quatre lycéens (les Obliterator) hurlent leur colère (« ... c’était de la colère, cette colère typiquement américaine, celle de l’ennui, celles des banlieues, des villes trop grandes que rien ne relie... ») dans du thrash metal avec guitare, batterie, bass et voix ! Quelques morceaux plus aboutis que les autres suscitent leur espoir. Ils rêvent de percer et de suivre les traces de Metallica : « La musique, pour des mecs comme nous, c’est comme le football pour les Noirs, c’est la seule porte de sortie si t’es pas un crack en classe. » Mais la colère ne suffira pas, ils laissent passer leur chance, se séparent en silence. Rejoignent le camp des tristes vies, des moches, « Pas grand-chose à espérer. Pas grand-chose à attendre. » Aujourd’hui, ils ont vingt-cinq de plus, la fougue s’est étiolée mais l’envie est peut-être plus forte, l’un est marié et a une fille, l’autre resté célibataire vient d’apprendre qu’il a un fils, le troisième rêve de retrouver son amour de jeunesse. Aucun des trois ne baigne dans le bonheur... Vingt-cinq plus tard, l’histoire reprend, leur histoire. Sous l’impulsion de l’un d’eux, trois se retrouvent, accompagnés d’un petit jeune talentueux à la guitare, et reprennent leurs titres de l’époque. L’un des membres raconte à un jeune homme (vous découvrirez qui est qui en lisant) leurs retrouvailles et leur aventure. Avec le coup de pouce inattendu et inespéré d’une star du rock en perte de vitesse, les voici repartis pour une série de concert et un road trip musical (en van) dans l’Amérique profonde. Leur rêve se réalise vingt-cinq ans plus tard. Superbe roman prenant avec quatre vie cabossées, des destins cassés, des amitiés fortes, des personnages attachants, une immersion dans l’Amérique profonde, les bars miteux, l’Amérique des déclassés, des travailleurs pauvres pour lequel le rêve américain n’est même plus une utopie, il n’existe pas.
« Il regrette pas sa jeunesse. Il regrette sa rage. »
« Le talent, c’est injuste parce que ça remplace pas le travail mais ça rend tout tellement plus facile. »
« ... c’est le grand drame de nos vies de merde, ceux qui ont du fric ont jamais le temps et ceux qui ont du temps ont jamais de fric. »
« Il ne comprend pas que l’on choisisse de voir ordinaire avant même d’y être contraint par la réalité de la vie. »
« Tout le monde sait tout faire, ici comme ailleurs, il suffit d’être assez désespéré pour ça. »
« ... on a rencontré l’Amérique pendant ce voyage. Elle avait du bide et des regrets et elle nous ressemblait. »
Fiche #3365
Thème(s) : Littérature française