« Parce que nous sommes juste des choses qui roulent dans une pente et qui tôt ou tard s’arrêteront. »
Alessio Forgione

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Ramy Zein - La levée des couleurs

Ramy ZEIN

La levée des couleurs
Arléa

202 pages | 24-04-2011 | 18.5€

Le jour où Siham grimpa dans un arbre aux abords de sa maison, elle ne l’oubliera pas. Depuis cet arbre, elle assistera au massacre de sa famille par des miliciens qui d’habitude passaient leur chemin et ne s’arrêtaient pas. Seul son petit frère caché dans la maison sera épargné, elle le retrouvera en état de choc. Parmi les miliciens, elle reconnaît l’épicier d’un village voisin où elle se rendait avec ses parents. La vision de ce terrifiant évènement ne la quittera plus, elle la hantera (« Dans sa tête il fait toujours guerre »), vision obsédante qui l’empêchera de croire en un avenir. Jamais elle ne pourra comprendre ces haines, ces meurtres entre communautés voisines dont elle ne ressent pas les différences. Aussi seule l’envie de vengeance la maintient en vie (« Elle sait qu’il ne la quittera pas tant qu’elle ne l’aura pas revu ») et lui permet de continuer d’avancer alors que la guerre demeure omniprésente. Le destin de Siham comme celui du Liban ne semble pas pouvoir s’en affranchir : oublier est impossible, pardonner c’est trahir les morts et simplement vivre c’est aussi trahir ses morts. Un roman essentiel pour rappeler la puissance destructrice de la guerre aujourd’hui, demain et après demain.

« Elle pense à Maher, même quand elle ne pense pas à lui, il est là, qui imprègne sa perception du monde comme un écran invisible entre elle et les choses. Tout porte sa trace autour d’elle, tout résonne de sa voix. Elle est captive d’une prison immatérielle dont il est le geôlier sans mains et sans visage. »

« Un regard absent qui n’exprime rien, rien qu’une insondable lassitude, une lassitude au-delà du sensible, désincarnée, minérale. »

Fiche #941
Thème(s) : Littérature étrangère


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