« La musique n’avait besoin de rien ni de personne, elle était là tout simplement. »
Robert Seethaler
Les livres de Calaferte sont des brûlots acerbes, violents, crus, directs, sans complaisances ni concessions. Avant de vous brûler, une première mise en bouche avec "C'est la guerre", son ultime texte. Louis Calaferte petit immigré italien âgé de 11 ans raconte sa seconde guerre mondiale dans une langue nette, précise, et sans fioritures. Il observe cette guerre subie par les petites gens et raconte simplement ce qu'il voit, souvent sans comprendre, sans jugement explicite : petites ou grandes lâchetés, héroïsme discret, complexité de la situation... Pas de plaintes ni de pleurs malgré l'extrême difficulté de la vie et une lueur, la lecture. Les images défilent à un rythme échevelé, un coup de poing direct, franc et rapide. Un livre à lire à haute voix pour faire résonner en vous les intonations et les sonorités de Calaferte.
"Une jeune femme marche dans la rue. Une traction avant noire s'arrête a sa hauteur. Deux hommes en manteaux de cuir marron et en chapeaux sombres bondissent de la traction avant noire. Un homme ceinture la jeune femme et lui bâillonne la bouche d'une main. La jeune femme se débat. Il la jette dans la traction avant noire. Les portières claquent. La traction avant noire démarre. Les passants passent."
"Depuis qu'on sait que les américains arrivent, tout le monde a été résistant. Tout le monde a connu un juif. Un juif qu'on aimait bien. Un juif à qui on a rendu service. Un bon juif."