« ...la poussière du monde s’enfuyait entre ses doigts tandis que sa main reposait sur ma poitrine – et cette sensation me dispose à la douceur. »
Jérôme D'Astier
Retour sur le Goncourt des Lycéens 1990, prix qui se trompe rarement. Cri d'une mère, cri d'amour, cri de désespoir aux côtés de son enfant autiste. Mais attention, il ne s'agit pas là d'un témoignage enchaînant les faits quotidiens, l'écriture de Françoise Lefèvre fait toute la différence. La narratrice de court roman est une romancière, mère de quatre enfants, qui tente d'écrire l'histoire de Blanche ou la biographie d'une cantatrice rongée par une maladie cutanée. Son quotidien, son écriture, tout, absolument tout devient envahi, phagocyté par son petit prince cannibale, l'enfant autiste qui tente toujours et encore de l'absorber. Combat face à l'extérieur, voire face à son entourage. Lutte de tous les instants, lutte pour le sortir mais aussi se sortir de ce gouffre, lutte pour tenter de continuer d'écrire le petit prince étant aussi avide de ses mots, combat pour l'amour, don de soi, étouffement... Un livre extrêmement réaliste, bouleversant, une émotion maîtrisée affleure à chaque page dans cette relation mère-fils que la maladie pousse à son paroxysme.
"Je ne te quitte pas. Je ne te lâche pas. Je souffle sur ta vie. Je souffle sur tes doigts. Souffler. Souffler pour que la lueur minuscule qui s'allume parfois dans tes yeux ne s'éteigne jamais."