« Je ne savais pas qu’on emmène aussi les autres avec soi, toujours et partout. »
Bernhard Schlink

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Metin Arditi

Metin ARDITI

Prince d'orchestre
Actes Sud

5 | 375 pages | 18-08-2012 | 21.8€

Alexis Kandilis est au sommet de son art. Chef d’orchestre célèbre, connu et reconnu de tous, il domine son art. L’homme est élégant, sûr de lui et de son art (« un jeune homme grec formé à Genève, qui semblait réunir en lui la beauté d’Apollon, une précision helvétique et le charme de l’Orient »), assez méprisant, il excelle dans son domaine mais reste assez antipathique. Papillonne autour de lui une cour d’admirateurs plus ou moins intéressés tandis qu’il est persuadé de poursuivre sa carrière et d’obtenir le B16 ou la direction pour les neuf symphonies de Beethoven, dernière consécration. Pourtant dès les premières pages, le lecteur ressent une faille que sa maîtrise, l’amour de son art, sa passion pour la musique laissent malgré tout transparaître, sans compter que le leitmotiv des Kindertotenlieder de Gustav Mahler lui rappelle sans pitié le secret qu’il escompte oublier. Lors de rencontres autour du jeu (poker puis roulette), il entrevoit que la gente fortunée n’a finalement que peu de considérations pour son art. Puis, lors d’une répétition, un incident relayé par la presse, déclenche une série d’évènements catastrophiques, les cicatrices lâchent... Son monde se brouille, les admirateurs d’antan s’éloignent. Il espère rebondir encore avec une idée singulière concernant la direction d’orchestre, ultime tentative, et il s’interdit l’échec… La petite musique de Metin Arditi et son orchestration sont toujours aussi parfaitement maîtrisées : l’art, l’aléatoire qui peut engendrer aussi bien le sublime que l’horreur parfaite et enfin la fragilité humaine, un trio exaltant au cœur de ce formidable roman.

« Regarder la bille. La regarder et la regarder encore. La suivre dans tous ses aléas, pour enfin comprendre et accepter. »

Ecouter la lecture de la première page de "Prince d'orchestre"

Fiche #1175
Thème(s) : Littérature étrangère


Metin ARDITI

Le Turquetto
Actes Sud

4 | 287 pages | 16-08-2011 | 19.8€

Le petit Elie Soriano n’a pas connu sa mère, il vit avec son père et Arsinée sa compagne qui vendent des esclaves. La famille juive vit à Constantinople aux environs de 1520, en terre musulmane. Elie peint, dessine, littéralement habité par la passion de représenter ce qui est formellement interdit par sa religion. Mais il persévère et se rapproche également de Djelal Baba musulman fabricant d'encres (sacrées) et calligraphe. Il ne sait faire que ça, et s’en satisfait pleinement au grand désespoir de son père et d’Arsinée. A la mort de son père, il émigre à Venise, la ville des peintres, devient alors Ilas Troyanos, et se dit converti à l’église grecque, franchissant ainsi la dernière passerelle entre les trois religions monothéistes. Il apprend au côté du grand maître, Titien, progresse vers la perfection. Ilas Troyanos maintenant surnommé le Turquetto éblouit rapidement les amateurs d’art et les religieux : « Mais chacun s’accordait à dire que ses tableaux provoquaient des émotions choisies, qui donnaient envie de silence. Que de tous les peintres de la ville, il était le plus grand. Supérieur à Titien et au Véronais. Et qu’il était le seul à avoir réussi la fusion miraculeuse du disegno et du colorito, de la précision florentine et de la douceur vénitienne ». Les commandes de toiles, de fresques, s’enchaînent, ascension rapide, le Turquetto en oublierait quasiment son histoire, mais le passé même à cette époque et surtout parmi les ambitieux ne peut demeurer éternellement tu… et le Turquetto ou plutôt Elie se dévoilera au grand jour dans une toile confessionnelle. De l’histoire picaresque d’un tableau, Metin Arditi tire le portrait coloré et attachant d’un peintre de la Renaissance que seul l’art intéresse. Le roman est rythmé, vivant, intrigant, empreint de suspense et étayé par de superbes portraits dans le Bazar de Constantinople, d’une description des querelles de pouvoir, des ambitions, de la puissance des religions, des relations entre l’art et le pouvoir. De nombreux thèmes abordés avec réalisme et simplicité parcourent donc cette fresque éblouissante.

Sélection Prix Page des Libraires 2011

Fiche #1008
Thème(s) : Littérature étrangère


Metin ARDITI

L'imprévisible
Actes Sud

3 | 204 pages | 03-09-2009 | 18.3€

Anne-Catherine appartient à la haute société genevoise et pour fuir ses souvenirs, elle souhaite se débarrasser d’un tableau et contacte alors Guido Gianotti, professeur d’histoire de l’art à la retraite. Guido se lance dans des recherches qui nous fait découvrir les grands peintres de la Renaissance florentine ainsi que leurs techniques. Mais au cours de cette enquête, et malgré leurs différences, Anne-Catherine et Guido se rapprochent dans une relation déséquilibrée : Guido reste fortement préoccupé par sa puissance sexuelle en déclin alors qu’Anne-Catherine recherche tendresse, bonheur et dialogue. Metin Arditi réussit à merveille à démontrer que l’imprévisible est possible tant dans la vie que dans l’art dans cette histoire d’amour crépusculaire.

Fiche #646
Thème(s) : Littérature étrangère


Metin ARDITI

Loin des bras
Actes Sud

2 | 426 pages | 24-08-2009 | 22.3€

Le livre raconte l’histoire d’un pensionnat suisse, l’Institut Alderson, à la fin de l’année 1959. Cet institut situé près de Lausanne est réservé aux gosses de riches mais subit actuellement quelques difficultés financières. Madame veuve Alderson envisage la vente de l’établissement à un repreneur américain. Les enfants sont envoyés là très jeunes pour diverses raisons, loin des bras de leurs parents mais quelles que soient leurs différences auront toujours un point en commun, l’abandon froid et réfléchi de leurs parents (« Les internes de l’Institut, ils sont éduqués, ils sont riches, ils sont ceci, ils sont cela. Mais on les a mis de côté ! Et qui les a mis de côté ? Qui ? Leurs parents ! Pas la vie. Pas la guerre. Pas la misère. »). Leur famille s’éloigne dans l’isolement et la solitude malgré un apprentissage complet ce qui permet à Metin Arditi d’aborder avec réussite de nombreux thèmes : la photographie, le sport et notamment le football, la danse, la musique... Les seules personnes avec lesquelles les enfants pourraient entretenir des relations humaines sont leurs professeurs. Mais ceux-ci à l’image de leurs parents ne leur seront pas d’un grand secours. On apprendra leurs secrets, leurs faiblesses, leurs sentiments. Une belle brochette de personnages tourmentés qui se révèleront à l’approche de l’audit nécessaire au rachat de l’institut qui devrait provoquer inévitablement quelques départs... Chacun passera sur le gril d’un entretien individuel, choisira de se raconter ou de se taire, d’accepter ou de réagir, de se vendre ou de refuser le marché. Un beau texte sur la solitude et les rencontres qui jalonnent l’existence permettant de l’éclairer autant qu’il est possible.

Fiche #622
Thème(s) : Littérature étrangère


Metin ARDITI

La fille des Louganis
Actes Sud

1 | 238 pages | 19-08-2007 | 19.3€

Reprenant les thèmes universels et intemporels de la passion impossible et de la séparation, Metin Arditi nous convie à suivre la famille Louganis : les frères Spiros et Nikos ont respectivement une fille Pavlina et un fils Aris et viennent de mourir sur leur bateau. Après ce double décès à Spetses (île grecque), seuls le prêtre et la mère de Pavlina connaissent la vérité : Pavlina et Aris ont le même père. Pavlina grandit, devient belle, nageuse aguerrie, elle travaille avec son cousin qui à son grand désespoir préfère les garçons. A la suite de déceptions amoureuses d’Aris, ils font l’amour. Elle se retrouve enceinte alors qu’Aris disparaît tragiquement. Comme une malédiction, tous les hommes disparaissent autour d’elle dans cette île : son père, ses frères, son amant. Sa mère soutenue par le prêtre oblige Pavlina à partir pour Athènes et à abandonner sa fille tout en la coupant définitivement de son passé et de son île. Aussitôt, elle n’aura de cesse de la retrouver. Cette obsession ne la quittera jamais et malgré les amitiés, les soutiens, les rencontres, cette quête la laissera toujours plus désespérée. Jusqu’au jour où, à Genève, elle rencontre une jeune fille qui pourrait être sa fille : âge, physique, couleur des yeux, même facilité à nager et sans mère depuis son plus jeune âge. Tout concorde. Sa quête est-elle enfin achevée et pourra-t-elle profiter pleinement de sa fille retrouvée ? Metin Arditi signe un roman touchant et émouvant et cette Isis moderne ne laissera pas le lecteur indifférent.

Fiche #276
Thème(s) : Littérature étrangère