« Un papillon bleu entre par la fenêtre ouverte. Il vole dans la chambre. Les papillons ne font pas de bruit, mais en étant très attentifs, on peut entendre battre leurs ailes, et dans ce bruissement à peine audible, se tient quelque chose d'immensément grand que Jess ressent et qu'elle ne parvient pas à nommer, et qui est la force ou la poésie commune à toutes formes de vie. »
Claudie Gallay
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Pascale Gautier dans un style vif et imagé alterne les portraits de quatre personnages en peine dans leur morne vie de tous les jours. Ils tentent tous de surnager dans les difficultés de leur quotidien souvent handicapés par leur pesante famille. José vieux solitaire sort peu, et passe quasiment exclusivement son temps devant la télé, « un homme informé en vaut deux ». Agnès travaille à Paris, elle a en effet choisi de s’éloigner de sa famille (« Elle a trop vu ses parents et l’horreur qu’était leur quotidien à deux. Elle a au moins l’avantage d’avoir l’horreur du quotidien toute seule ! ») même si ses frères n’oublient jamais de se rappeler à son bon souvenir, et elle tombe exclusivement amoureuse d’hommes mariés ! Ferdinand partage encore son quotidien avec sa femme (« En fait, ils sont restés ensemble parce que c’était facile. ») et sa fille, caricature d’ado détestable mais Ferdinand fatigue : « Il est fatigué, Ferdinand. Il aimerait s’exiler. ». Enfin Auguste la cinquantaine continue de vivre célibataire mais sous la coupe d’une mère tyrannique et de son père. Pascale Gautier les observe avec délectation, humour et tendresse, se débattre comme ils le peuvent, elle montre bien comment le ras-le-bol se met en place, les situations s’aggravant jusqu’à la chute finale où les clefs sont mises sous la porte et chacun part vers la liberté. Elle dresse ainsi un portrait réaliste de notre société où le vivre ensemble reste encore ardu !
« Pas de guerre, pas d’Occupation. Le quotidien. Le boulot. Les vacances. Le métro. Le dodo. L’être humain a rétréci. C’est peut-être ça le progrès. Devenir tout petit petit. »
« S’il faut toujours penser qu’il y a pire pour se dire que ça va bien, c’est que quelque chose cloche sérieusement. »
« Finalement, personne ne voit et tout le monde croit voir ! »
« Pourquoi la majorité aurait-elle raison ? Pourquoi, parce que tout le monde veut vivre comme on nous l’ordonne depuis la naissance, ce serait ce qui serait bien ? … Et il faut sacrément d’énergie quand on sait qu’on est minoritaire pour se redresser et refuser. »
« Il arrête de ne pas vivre en attendant de ne plus vivre. »
Fiche #1682
Thème(s) : Littérature française