« La paresse est l’autre nom de la sagesse. »
Lydie Salvayre

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Sorj Chalandon

Sorj CHALANDON

Le livre de Kells
Grasset

4 | 385 pages | 15-08-2025 | 23€

en stock

Le livre de Kells relate trois ans du jeune Kells, de l’âge de dix-sept ans à son embauche en 1973 à Libération. Trois ans qui semble durer une vie, tant elles sont denses et décisives, une vie bousculée qui aurait pu basculer. A dix-sept ans, c’est encore un gamin de la rue qui a fui une père raciste et violent et une mère soumise et effacée (« Je n’ai pas connu l’odeur du bonheur. ») et dont le quotidien est la survie. Il rencontre la saleté, le froid, l’isolement, la violence, le regard des autres... mais certaines rencontres changent parfois une vie (« Je suis à la rue. J’ai peur, je pleure. Seul, je n’y arriverai pas. Il me faut des amis, des bras autour de mon épaule. ») . A cette époque, l’engagement politique était accompagné d’une attention aux autres et d’une solidarité humaniste alors Kells quittera la rue, sera soutenu, aidé. Il rejoint les groupes d’extrême gauche. Il participera à nombre de manifestations et d’actions politiques et croisera un autre type de violence dans ces années post-68. Nombre de ses compagnons disparaitront, morts violentes, suicides... Un dessin réoriente sa vie : engagement au journal Libération, une trahison pour certains de ses camarades... « Mais pourquoi mourir lorsque l’on combat pour vivre ? », « J’avais été compagnon de route. J’allais devenir compagnon de doutes. » Le livre de Kells est évidemment un roman, largement autobiographique mais aussi historique. A travers la trajectoire émouvante d’un ado, il rappelle clairement la violence de ces années 70, les engagements et idéaux alors à l’œuvre (« Nous pensions tellement plus grands que nous ») et surtout apporte quelques clés importantes de compréhension du chemin suivi par notre société depuis, l’état de notre société est la conséquence de choix politiques.

« Je pleurais cette multitude. Elle nous accompagnait aujourd’hui. Elle nous abandonnerait demain. Elle nous oublierait plus tard, ses enfants restés sans aucune trace de nous. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le livre de Kells"

Fiche #3353
Thème(s) : Littérature française


Sorj CHALANDON

L'enragé
Grasset

3 | 408 pages | 04-09-2023 | 22.5€

Belle-Île-en-mer et son triste et célèbre bagne ! Créé en 1848 pour accueillir d’abord des révolutionnaires, puis des communards et finalement des gamins. Des gamins isolés, seuls, orphelins, abandonnés, coupables de délits anodins. Ils sont enfermés, ils sont exploités, ils ont froid, faim, soif. Ils subissent violence, viols, tortures… Parmi eux se trouve Jules Bonneau. Abandonné par sa famille, arrivé à treize ans, il vécut de 1927 à 1937 sur l’île dont sept ans dans le pénitencier où il devint la Teigne. Il fit partie des cinquante-six gamins qui se révoltèrent, et qui, sachant que l’espoir d’évasion sur une île était nul, prirent néanmoins la poudre d’escampette. Sorj Chalandon nous fait alors vivre la chasse à l’enfant qui suivra. Chaque habitant de l’île prendra sa part, les têtes enfantines mises à prix, chacun touchera sa prime à l’enfant… terrifiant ! Tous seront repris sauf un : Jules qui se cachera puis trouvera refuge chez un couple Sophie et Ronan. Il « deviendra » leur neveu, vivra avec eux et travaillera avec Ronan, une lueur d’espoir, un bol d’air marin dans la vie de Jules, des instants de vie « Pour que tu desserres le poing » car Jules garde les poings fermés, la mâchoire serrée : colère, violence, haine, rage sont ancrées en lui, le constituent. Pourra-t-il un jour canaliser cette violence ? Le pénitencier et les adultes ont engendré un nœud de violence et de haine inextricables, Sophie, Ronan et quelques autres, en bon marins, vont ramer contre les vents contraires pour que Jules apprenne à faire confiance, à profiter de quelques instants de sérénité. Sorj Chalandon reprend une histoire connue (on croise même Prévert) mais en l’incarnant avec le portrait et le destin de Jules lui donne une puissance dramatique exceptionnelle, un roman poignant. La société en méprisant, excluant et violentant certaines catégories génère une boule de violence prête à exploser à tout instant, mais, heureusement, quelques îlots (Sophie et Ronan ici) d’humanité subsistent !

« L’ami, c’est celui qui t’ouvre sa porte au milieu de la nuit sans te poser de questions. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'enragé"

Fiche #3084
Thème(s) : Littérature française


Sorj CHALANDON

Le petit Bonzi
Grasset

2 | 348 pages | 21-03-2008 | 20€

Sorj Chalandon nous fait rencontrer Jacques Rougeron, douze ans, bègue et fils unique d’un père dur et à la main lourde et d’une mère en retrait. La famille est pauvre et habite Lyon. Malheureux de son bégaiement, sa vie est plus légère grâce à son ami, à son frère, à son confident, Bonzi qui l’aide et le soutient. Ils ne font qu’un. Jacques tente de se soigner grâce aux herbes jusqu’à en être malade. Son bégaiement ne l’empêche pas d’être amoureux des mots (et de Guignol). Le lecteur suit avec intérêt les aventures de ce gamin et sa lutte contre ce bégaiement qui n’en finit plus. Un livre touchant sur l’imaginaire des enfants, sur le langage et le bégaiement.

Fiche #372
Thème(s) : Littérature française


Sorj CHALANDON

Une promesse
Grasset

1 | 273 pages | 10-12-2006 | 18.9€

Le titre l'indique : c'est l'histoire d'une promesse. Une promesse qu'un groupe de sept amis d'un petit village mayennais s'est faite. Mais cette promesse, ils l'ont aussi faite à Etienne et Fauvette qu'ils visitent à tour de rôle dans leur maison "Ker Ael". Elle s'occupe en faisant des mots croisés, il regarde et regarde encore un timbre mais surtout ils continuent de s'aimer tendrement. Ces visites réglées sont leur seul contact extérieur. Chaque visiteur a une tâche particulière et consigne sa visite dans le carnet gardé précieusement par Bosco, cafetier du village. Pourtant la mort rode alors que cette promesse reste un obstacle mais pourra-t-elle durer ? Un beau texte sur l'amitié, la fraternité, la fidélité, le dévouement et la mort.

Prix Médicis 2006

Fiche #177
Thème(s) : Littérature française