« Et pour un Sénégalais, la France, c'est la femme auprès de laquelle tu vas te plaindre de tes maux de dos, alors que tu réserves tes prouesses de lit à ta maîtresse. »
Hadrien Bels
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Gafna a près de 75 ans quand elle accueille le petit Greg chez elle. Force majeur : son petit-fils se retrouve seul : son père Loun a été découvert blessé gravement, tabassé, dans le coma. Sa mère est la coupable idéale, Edoya est irascible, colérique, violente et peine souvent à se maîtriser. Elle reconnaît une dispute ce même jour mais nie le tabassage. Pourtant tout l’accuse. Alors Gafna, sa hotte sur le dos avec le petit Greg dedans, visitera chaque jour Loun et n’aura de cesse de démontrer l’innocence de Edoya. Elle rencontrera d’autres femmes, dans la précarité, souvent violentées et méprisées et l’une d’elles pourrait innocenter Edoya. Un portrait détaillé d’une femme humaine, droite, inspirant confiance, descendante d’une histoire qu’elle porte en elle et qu’elle n’a pas oublié, une femme au service des autres, dans un environnement social où précarité, pauvreté et violence sont le quotidien ce qui n’exclut pas, bien au contraire, l’humanité, l’amitié et la solidarité.
« C’est un vrai métier, songe-t-elle, que de mourir à petit feu. »
Fiche #3253
Thème(s) : Littérature française
Irène vit comme elle le peut dans une petite bourgade de l’Hérault, « Un de ces endroits où on arrive parce que les loyers n’y sont pas chers, et d’où on ne repart plus parce que s’ils n’y sont pas chers, c’est qu’on n’y trouve pas de boulot. » Ses enfants, Jérémie, Larissa, Richard et Suzy, entre seize et vingt-deux ans, habitent le même monde qu’elle, le monde de la débrouille, des petits boulots, des précaires, des p’tites affaires, de la pauvreté. Et Irène a du caractère, et la colère s’installe, croît sereinement devant les injustices et le mépris quotidiens. Et c’est d’une prostate que naît un cataclysme familial. Après avoir déposé son père à l’hôpital, elle le récupère le lendemain sans prostate, souffrant, blême, avec deux mètres d’intestin en moins et un orgueil atteint par un toucher rectal offensant ! C’est en trop, « … je laissais juste la rage sortir. » Une rage qui vient du cœur, qui vient des tripes, incontrôlable. Ce monde inaccessible avec ses dominants, ses petites mains qui exécutent et pérennisent le système, ce système social bien réflèchi pour que chacun reste à sa place, ce monde va trembler, Irène entre en guerre et ça va saigner. Elle attaque par « le bas » de l’échelle mais est bien décidée à monter les barreaux un à un ! Et belle surprise pour Irène, sa tribu lui emboîte le pas, et celle-ci très imaginative est loin d’être maladroite. Son père va vivre une fin de vie en apothéose et quand tout ce beau monde se retrouve au cœur d’une fête organisée dans le château de bourgeoises accueillant le beau monde bien propre en apparence, quel feu d’artifice ! Quelle folie, on se marre et on se dit parfois, pourquoi pas et c'est pour quand ?
« Apparemment, la façon dont les émeraudes passent des entrailles des pays pauvres aux bijouteries des pays riches ne pose pas de problèmes moraux. En revanche, la façon dont les émeraudes passent des bijouteries dans les poches des pauvres des pays riches est un scandale insupportable. »
« Des croyants de la démocratie, des culs-bénits de l’Etat Social. Qui ne voient vraiment aucun inconvénient à ce que les flics prolifèrent, à ce que les taules existent, à ce que la justice soit rendue. Qui trouvent absolument normal qu’il y ait des maîtres et des esclaves, des patrons et des employés. Des patrons qui se torchent avec la peau des employés et des employés qui disent merci patron. Qui trouvent que tout ne va pas si mal dans ce monde tout à fait acceptable et qui pourrait être pire. Qui parait-il est pire ailleurs. »
« C’est un des avantages de l’inconvénient d’être sans emploi, on n’a pas de maille mais on a du temps. Comme l’avait toujours dit mon père, OK, le temps c’est de l’argent, mais l’argent c’est du temps. Ici, tout le monde avait l’emploi de son temps, faute d’un emploi tout court. »
« J’aurais même pas pu dire quelle gueule il avait le président. Il changeait tout le temps. Un masque de clown interchangeable sur un corps politique qui tendait à notre progressive extermination, dans des formes qui ne fassent pas bouger les contours extérieurs de la démocratie. Doigté et élégance, les souris votent pour le chat. »
Fiche #2362
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir