« Dès qu’un esprit fermente, on l’emprisonne, dès que cent ou mille esprits fermentent, on envoie les gendarmes leur tirer dessus, mais quand des dizaines de milliers d’esprits fermentent de conserve, alors on envoie une députation, on noue un tire-jus au bout de son stick, et on l’ébroue gentiment. »
Eric Vuillard

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Nimrod

NIMROD

La traversée de Montparnasse
Gallimard

3 | 115 pages | 01-03-2020 | 12€

Kouassi fut orphelin très jeune, adopté par le Président ivoirien puis confié à un couple qui l’a aimé, choyé : une éducation soutenue, des lieux de rêve, mais toujours la peur de ne pas mériter sa vie, de ne pas être à sa place. Parisien, il est devenu un dandy au cœur d’un monde raffiné, cultivé, le monde « d’En-Haut ». Kouassi évolue parmi eux mais n’a rien oublié de sa jeunesse, des contes africains, des arbres qu’il continue d’observer à Paris et dont il tire ses forces. Ses amis appartiennent à une classe qui s’estime supérieure à ses compatriotes qu’ils enveloppent de leur mépris, alors un Noir a-t-il une chance d’être totalement accepté et considéré comme l’un des leurs ? Un roman de Nimrod se mérite, son écriture d’un style raffiné et poétique, ses ellipses, ses envolées, font de cette quête d’identité un récit singulier et unique.

Ecouter la lecture de la première page de "La traversée de Montparnasse"

Fiche #2494
Thème(s) : Littérature étrangère


NIMROD

Les jambes d'Alice
Actes Sud

2 | 142 pages | 16-04-2017 | 16.3€

Le narrateur est professeur de français au Tchad, une vie bien installée avec sa femme et sa petite fille. Mais la guerre bouleverse les vies et la guerre civile au Tchad pousse les habitants de N’Djamena à retrouver le calme des campagnes. Le jeune prof croise alors Alice, et ne peut repousser ses fantasmes, les jambes de son élève le fascinent. C’est la guerre et il franchit le pas, ose, se lâche et ils partent ensemble pour assouvir leur passion. Mais le fantasme réalisé, que deviendront-ils ? Que deviendra-t-il ? La guerre ne permet qu’exceptionnellement de fonder des projets de vie… Une écriture subtile et sensuelle, une prose poétique à lire à voix haute pour mieux appréhender l’amour infini du narrateur pour les femmes tchadiennes mais aussi la guerre et ses implications.

« Les pieds montent et tanguent dans l’espace – qui s’en trouve poli, – atterrissent et, de nouveau, rebondissent. Rien de violent, rien que de la souplesse. L’eau, l’air et le vent sont leur royaume. »

« … la beauté n’offre aucun recours devant un fusil d’assaut. »

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Fiche #1942
Thème(s) : Littérature française


NIMROD

L'enfant n'est pas mort
Bruno Doucey

1 | 160 pages | 05-03-2017 | 15.5€

en stock

En 1994, lorsque Nelson Mandela prononça son discours d’investiture en récitant un poème « L’enfant n’est pas mort », il stupéfia l’assemblée qui s’interrogea sur son auteur : « Elle s’appelait Ingrid Jonker. Elle était à la fois poète et Sud-Africaine. Elle était à la fois une Afrikaner et une Africaine. Elle était à la fois une artiste et un être humain. Au milieu du désespoir, elle a célébré l’espoir. Face à la mort, elle a célébré la beauté de la vie. » Nelson Mandela n’a évidemment pas choisi ce texte et cette auteur par hasard. Naturellement, leur combat ne font qu’un et la fulgurance, la simplicité et l’évidence des textes d’Ingrid Jonker ont participé à sa survie dans les geôles sud-africaines, « il s’est acheté du rêve avec du rêve. Telle est l’exacte définition du captif. » et continuent de l’habiter. Nimrod avec une écriture recherchée et poétique tisse les portraits de ces deux résistants qui s’entremêlent ou s’enchaînent : ils sont tous les deux Sud-Africains, un homme et une femme, un noir et une blanche (« La société sud-africaine est ainsi faite que le bonheur est blanc et le malheur, noir. »), le rêve le sauve en prison et « elle est nostalgique du rêve à l’état pur », tous les deux abhorrent l’apartheid, il passa de longues années en prison, elle chercha à rompre avec sa prison familiale, il survécut à l’apartheid, elle s’y noya. Ils choisirent la justice, l’égalité, la fraternité et la liberté et ils en souffrirent tous les deux. Nous découvrons Ingrid Jonker et retrouvons avec un immense plaisir à travers les mots choisis de Nimrod le visage souriant même avec une larme à l’œil de Nelson Mandela. Nimrod nous passionne en entrelaçant ces deux destins issus de camps opposés et qui décideront de rester debout au-delà des conséquences, d’affronter un système oppresseur en évitant toujours la violence, en choisissant le camp de l’intelligence et de la poésie. Lecture obligatoire pour tous !

« L'espèce humaine est fort patiente »

« Il ne cessera jamais d'être un bagnard. Ce n'est pas seulement le regard des gens qui le lui rappelle, ce sont aussi ses souvenirs. »

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Fiche #1926
Thème(s) : Littérature française