« L’art de ne pas faire ce qu’on attend de vous exige la précision du chirurgien et l’entêtement du fou. »
David Trueba

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Gallimard

Marion FAYOLLE

Du même bois
Gallimard

83 | 115 pages | 22-01-2024 | 16.5€

en stock

« Du même bois » nous place au centre du famille, dans une ferme qui se transmet de génération en génération, au cœur de la ruralité. Pas de prénom, pas de date précise. Ils sont à la fois différents et pourtant, ne font qu’un. L’histoire de la famille est en chacun d’eux, mais l’exprimer reste impossible, le silence est de mise. Ils vivent à côté et avec les animaux, un chien une poule faisane, des vaches… ils sont omniprésents et rythment les journées. Le quotidien est rude, répétitif mais chacun l’accepte et l’endosse. Chaque nouvelle génération reprend le flambeau, mais la flamme commence de faiblir. Le monde paysan s’étiole. Avec poésie, Marion Fayolle décrit autant les sentiments intimes que la beauté d’une vache broutant dans une prairie, les secrets familiaux que les rais de lumière traversant la rosée du matin ou la beauté des paysages… Par petites touches, un monde, un environnement, une famille nous sont rendus familiers. Un joli, doux et tendre voyage au sein d’une paysannerie qui disparaît en silence.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Du même bois"

Fiche #3131
Thème(s) : Littérature française


Akira MIZUBAYASHI

Suite inoubliable
Gallimard

82 | 245 pages | 25-09-2023 | 20€

en stock

Autour d’un remarquagble violoncelle, un Goffriller, Suite inoubliable démêle les destins croisés d’une palette de personnages de 1945 à 2020 partageant une passion pour la musique et les instruments, entre le Japon et la France, des destins percutés par les guerres et l’oppression de pouvoirs absolus. Hortense est une luthière exilée au Japon qui rencontra un prodige, Ken, primé au célèbre concours de Lausanne en jouant l’œuvre de Edgar musicien anglais engagé contre la guerre 14. Ken s’évadait de l’oppression continue de son pays par la musique et le français mais mobilisé dans la guerre sino japonaise, il mourra rapidement participant à l'hécatombe. Hortense reviendra alors en France enceinte. Sa petite-fille Pamina est aujourd’hui employée par un luthier parisien réputé (cf. Âme brisée) Jacques Maillard. A partir de documents découverts au hasard de la réparation d'instruments, Akira Mizubayashi dévoile les liens entre les générations de ses personnages. L’écriture est aussi délicate et douce que le réquisitoire contre la guerre, le fanatisme et l’obéissance aveugle est évident, la musique peut réunir, l’oppression et la guerre divisent, opposent, tourmentent, violentent et tuent et Akira Mizubayashi à l’évidence a choisi son camp.

Ecouter la lecture de la première page de "Suite inoubliable"

Fiche #3096
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Akira Mizubayashi lus par Vaux Livres


Bernhard SCHLINK

La petite-fille
Gallimard

81 | 338 pages | 14-07-2023 | 23€

Kaspar est libraire à Berlin. Il aimait Birgit qui était passée de l’est à l’ouest en 1965. Il découvre après sa mort qu’elle avait abandonnée son enfant. Ebranlé par cette découverte, il ferme sa librairie et part à la recherche de sa belle fille. Il retrouvera Svenja restée en Allemagne de l’Est et qui baigne dans les théories néo-nazies et élève sa fille dans ce carcan. La rencontre entre le grand-père et sa petite-fille sera donc percutée par leurs différences d’appréhension du monde et de sa complexité. Comment créer une relation avec ce gouffre entre eux ? Cette histoire intime familiale et ce face à face contrasté croisent naturellement l’histoire de l’Allemagne ou des Allemagne, revient avec finesse sur la complexité de la réunification et les réminiscences du passé qui continuent d’alimenter les idéologies extrêmes, et sur les traumatismes de l’Allemagne et donc de l’Europe. La reconstruction n’est pas terminée !

« Je ne savais pas qu’on emmène aussi les autres avec soi, toujours et partout. »

Ecouter la lecture de la première page de "La petite-fille"

Fiche #3043
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Lortholary


Josephine MARK

Voyage de malade
Gallimard

80 | 183 pages | 22-02-2023 | 19.9€

en stock

Loup venait à l'infirmerie pour un ou deux points de suture, il repartira avec Rongeur, un lapin en convalescence. Rongeur sauva en effet Loup des chasseurs alors chez les loups, on a un code d'honneur : Loup devra protéger Rongeur jusqu'à ce qu'il soit rétabli (et pas le dévorer !). Seul problème, la convalescence est prévue pour cinq mois ! Alors, les compères prennent la route avec à leur trousse un chasseur déterminé accompagné de son chien féroce. Pour notre plus grand plaisir ! L'amitié, la maladie, la convalescence, l'entraide traités avec humour et sensibilité dans une folle aventure (il y a du Grand Méchant Renard dans ce sympathique Loup !).

Fiche #2986
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Traduction : Paul Derouet


Marin LEDUN

Free queens
Gallimard

79 | 408 pages | 12-02-2023 | 21€

en stock

Serena Monnier, journaliste, rencontre par hasard Jasmine Dooyum, une adolescente prostituée d'origine nigériane. Elle a échappé à ses proxénètes lors d’une maraude de l’association Bus des femmes. Jasmine est une battante, une guerrière, prête à beaucoup pour retrouver sa liberté. Cette rencontre oblige Serena. Elle part rapidement au Nigeria pour enquêter sur ce trafic humain, sur ces départs contraints, sur ces filières d’exploitation violente et sans scrupules des jeunes femmes, un réseau qui opère aux yeux de tous. Dans le même temps, non loin de Kaduna sur l’A11, Oni Goje, un flic affecté à la sécurité routière, découvre les corps de deux jeunes femmes, affaire vite classée, mais ces deux corps anonymes le bouleversent, c’est fini, il ne sera plus « aveugle et sourd » : ils l’incitent progressivement à enquêter discrètement et hors procédure afin de trouver les coupables mais aussi d’identifier les victimes. Ces deux enquêtes nous plongent dans le monde de la nuit, dans les bars de Lagos et d’ailleurs où la First, une bière locale, une institution, et ses hôtesses, esclaves modernes, règnent. Et les enjeux financiers sont énormes, voyous, politiciens, mercenaires, proxénètes, industriels, noirs comme blancs, tout le monde veut sa part du gâteau et n’accepte aucune limite pour rester maître de la poule aux œufs d’or. Serena et Oni vont donc affronter tous les dangers pour donner la parole à ces jeunes femmes réduites à l’état d’esclaves et leur permettre de retrouver un espoir de vie libre. A chaque opus, Marin Ledun aborde frontalement et avec précision les dérive et failles de nos sociétés : cette fois il s’agit du Nigeria, de la corruption, de l’implication de l’occident, des filières de prostitution et des femmes qui y perdent leur vie et leurs espoirs. Et une nouvelle fois, outre la trame « policière », c’est efficace, totalement crédible, instructif et argumenté et toujours avec une palette de personnages complexes, du plus attachant au plus repoussant.

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Fiche #2978
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Marin Ledun lus par Vaux Livres


David A. CARTER

Action !
Gallimard

78 | 20-10-2022 | 26.5€

en stock

Un superpe album pop-up qui en sus de la troisième dimension ajoute le mouvement et le bruit.

Fiche #2943
Thème(s) : Jeunesse


Kuo-Li CHANG

Le sniper, son wok et son fusil
Gallimard

77 | 360 pages | 11-08-2021 | 19€

Alex vit en Europe et continue d’émerveiller son monde avec ses recettes de riz taïwanaises. Son passé le rappelle : une cible à Rome à abattre. En effet Alex est un sniper hors pair et il va encore le prouver malgré les conditions difficiles. L’homme assassiné, conseiller du président taïwanais, était en discussion à une terrasse avec deux autres hommes. La suite va se compliquer... Il est immédiatement pourchassé par un second sniper qui va l’entraîner d’abord vers une fuite sur les routes européennes puis vers un retour contraint à Taipei pour retrouver sa véritable identité, Al Li, et l’origine de sa mission. Dans le même temps, le superintendant Wu, à quelques jours de la retraite, s’entête dans une enquête concernant un suicide douteux et un meurtre de deux officiers. Cela fait beaucoup de morts autour de l’armée et du pouvoir. Mais un sniper pourchassé et un superintendant pourront-ils s’entendre... Un thriller dépaysant, tendu, avec des odeurs alléchantes de cuisine taïwanaise, de l’humour, des secrets d’état.

« ... la plus grande faiblesse des arrivistes était leur peur de retomber dans l’anonymat après avoir connu les sommets. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le sniper, son wok et son fusil"

Fiche #2738
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Alexis Brossollet


Anna MOÏ

Douze palais de mémoire
Gallimard

76 | 205 pages | 22-07-2021 | 19€

« Douze palais de mémoire » relate la fuite d’un père et de sa fille de six ans (qui a conservé toute sa naïveté et son innocence) en alternant les voix, les visions, les sentiments. Ils fuient par la mer leur pays écrasé par un régime communiste autoritaire en espérant rejoindre les Etats-Unis. Le père est un homme cultivé, ingénieur qui a participé à la construction de missiles. Sa femme est décédée brutalement et un sentiment de culpabilité continue de l’habiter. Avec émotion et tendresse, on suit le voyage périlleux (la mer et ses occupants peuvent être aussi merveilleux et éblouissants que dangereux) de ces deux exilés et de leur mémoire, un voyage salvateur vers une autre terre pour tenter de tout recommencer.

Ecouter la lecture de la première page de "Douze palais de mémoire"

Fiche #2710
Thème(s) : Littérature française


Timothée DE FOMBELLE

Irène BONACINA

Esther Andersen
Gallimard

75 | 07-06-2021 | 24.9€

L'oncle Angelo est heureux de retrouver son petit neveu et c'est partagé ! Il arrive par le train et chacun reprend ses habitudes, les histoires, le vélo... Et puis un jour, le gamin pousse un peu plus loin que d'habitude, continue la route et n'est au bout de ses surprises ! Deux découvertes qui vont certainement changer sa vie d'enfant et peut-être d'homme. Un superbe album d'une immense tendresse et douceur renforcées par un dessin exceptionnel rappelant un certain Sempé.

Fiche #2701
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Timothée De Fombelle lus par Vaux Livres


Camille GOUDEAU

Les chats éraflés
Gallimard

74 | 267 pages | 02-05-2021 | 20€

Soizic a été abandonnée par sa mère chez ses grands-parents à la campagne, Jacqueline et Jean-Claude, un couple bancal, déjanté, organisé autour de l’alcool et du tabac, une famille qui partage l’alcool et ses ravages ceinte de secrets et de non-dits, « terrain propice aux dérapages » (« L’alcoolique détruit tout, il joue aux quilles avec la foule, il casse ses jouets. »). Le mal-être de Soizic naît ici, marquée à jamais, alors elle décide de fuir, de partir pour Paris, espérer vivre, construire une version de sa vie, avec comme seul bagage le nom d’un cousin bouquiniste. Installée dans un hôtel miteux, Soizic prend ses marques dans la débrouille sans gommer son mal-être avant de rejoindre les bouquinistes sur les quais. Vraie rencontre avec Paris et les Parisiens, beauté, laideur, douceur, violence, richesse, pauvreté, bonheur, tristesse, le spectacle permanent des contrastes. Découverte au milieu des livres et des auteurs d’un métier compliqué et multiple dont les difficultés sont peut-être édulcorées par la liberté qu’il procure, un métier où il faut faire sa demande comme pour un mariage, une découverte des quais, « c’est addictif, un refuge pour ceux qui errent dans les rues, qui ne savent pas quoi faire d’eux-mêmes… une maison sans portes, pour les clients, les bouquinistes et leurs amis. ». Portrait émouvant et attachant d’une jeune femme, ne se sentant jamais à sa place, sur le chemin de la vie, de la liberté, qui passera par un métier âpre et singulier au coeur de la littérature et d’une ville tout en contraste.

Premier roman

« A Paris, dans la grande ville, être seule, c’est pas pareil qu’ailleurs… C’est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n’est plus comme être seule à la campagne, là où il n’y a personne dans qui se regarder. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les chats éraflés"

Fiche #2679
Thème(s) : Littérature française


Simon BERGER

Jacob
Gallimard

73 | 129 pages | 02-05-2021 | 13.5€

Le narrateur connaît Jacob, ses origines, son destin, sa vie, sa mort prématurée. Il choisit de nous conter son histoire en lui adressant une longue lettre, en le tutoyant rapidement, « un tutoiement de tendresse ». Jacob est né dans une famille yéniche, a priori des voyageurs. Mais celle-ci a choisi d’installer sa roulotte en Auvergne et de vivre de la vente de ses paniers, première rupture. Jacob est beau, très beau et est repéré par un jeune rentier qui décide de l’extraire de son monde, de le façonner dans un nouvel environnement, changement d’identité, mutation absolue. Mais peut-on briser ou seulement ignorer les frontières prononcées entre deux mondes si différents ? Peut-on espérer passer d’un monde à l’autre et un retour en arrière sera-t-il possible ? L'exclusion de l'autre n'est-elle pas le seul point commun de ces deux mondes ?

Ecouter la lecture de la première page de "Jacob"

Fiche #2681
Thème(s) : Littérature française


Jean-Bernard POUY

Marc VILLARD

La mère noire
Gallimard

72 | 145 pages | 21-03-2021 | 15€

Pouy et Villard se retrouvent pour deux courts textes qui se répondent, s’entremêlent, se complètent. Pouy ouvre le bal en nous présentant Jean-Pierre et Clotilde. Jean-Pierre, le père, est peintre et vit de sa peinture et Clotilde, sa fille, une jeune ado révoltée au caractère bien trempé. Ils se rapprochent à chaque vacances avec leur excursion en train dans leur maison singulière de Bretagne, une gare désaffectée entourée de poules et d’un coq, et leur dernier séjour va les plonger au cœur d’une manifestation puis dans un face à face avec des forces de l’ordre à la gâchette facile… La mère selon Pouy et Jean-Pierre est partie en Inde ouvrir ses chakras et envoie régulièrement des cartes postales pour leur rappeler qu’elle ne les oublie pas… Enfin, c’est la version de Pouy et de Jean-Pierre mais Villard lui choisira de nous raconter la véritable histoire de Véro, une femme enfermée dans la routine qui a choisi l’adrénaline et l’impression que la vraie vie était ailleurs : elle va se frotter à l’illégalité puis avec humanité à la France socialement en difficulté.

Ecouter la lecture de la première page de "La mère noire"

Fiche #2649
Thème(s) : Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jean-Bernard Pouy lus par Vaux Livres

Les titres de Marc Villard lus par Vaux Livres


Thomas VINAU

Fin de saison
Gallimard

71 | 180 pages | 15-02-2021 | 16€

Il bricole, il picole, il rêvasse, un looser déjà retiré d’un monde en fin de vie, juste avant la catastrophe. Tout le monde feint de l’ignorer, fait l’autruche mais le sait, elle va arriver, elle arrive, elle est passée. Et lui, le looser, avait prévu l’affaire avec son catakit. Il se retrouvé isolé, dans sa cave, avec son chien, son lapin, ses vieilles affaires, ses pensées, son langage vert, son humour et son ironie. Le temps passe mais le temps a-t-il encore un sens si le monde disparaît, alors n’est-ce pas le moment parfait pour dresser un inventaire (« La vie ce petit inventaire merdouilleux ») des questions auxquelles l’on n’a jamais pensé ou trouvé de réponses, revenir sur nos travers qui ont provoqué cette catastrophe attendue et espérer malgré tout en un nouveau monde sur des bases révisées.

Ecouter la lecture de la première page de "Fin de saison"

Fiche #2634
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas Vinau lus par Vaux Livres


Thomas SNÉGAROFF

Putzi
Gallimard

70 | 22 pages | 23-11-2020 | 22€

Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, « petit bonhomme » malgré ses deux mètres, né d’un père allemand et d’une mère américaine, fut marchand d’art à New-York vers 1910. Il rentra ensuite en Allemagne, heureux de rejoindre Hitler. Subjugué par cet homme et aimanté par le pouvoir, Putzi, aussi charmant que monstrueux, n’aura de cesse de s’en approcher. Le piano et Wagner joueront un rôle essentiel. L’honneur, la patrie (ou plutôt les patries, il n’a pas oublié les Etats-Unis et rêve d’un rapprochement, n’ont-ils pas le même ennemi, les Rouges), le pouvoir sont au centre de ses préoccupations. Il deviendra responsable de la presse étrangère en 1933, sa marche vers le sommet lui semble alors inéluctable et sa disgrâce n’en fut que plus douloureuse. Un roman historique d’un historien parfaitement documenté, un portrait nauséeux…

Premier roman

« Jamais l’Allemagne ne fut plus elle-même qu’avec et sous Hitler. »

« Hitler est un produit de l’histoire allemande. Il a compris mieux que quiconque que le peuple allemand abreuvé de modernité, de sciences et de progrès, avait besoin d’une foi, d’une transcendance. »

Ecouter la lecture de la première page de "Putzi"

Fiche #2611
Thème(s) : Littérature française


Anna HOPE

Nos espérances
Gallimard

69 | 358 pages | 28-04-2020 | 22€

Trois femmes et une longue et profonde amitié. Elles se sont connues jeunes et à environ quarante ans, ont su conserver cette amitié (« … elles forment une tribu… ») et cette connivence, mais il est peut-être temps de dresser un bilan, de se questionner, sur cette amitié et sur leur vie. Dans l’effervescence des années 90, à Londres, elles débordaient d’envies, d’espoir, de rêves, envie de lutter, de réagir. Que sont-elles devenues (« Voilà ce que j’ai espéré et voilà ce que je suis devenue. ») ? Ont-elles réalisé ces rêves ? Quels sont ceux d’aujourd’hui ? Hannah s’est mariée mais peine à avoir l’enfant tant désiré et enchaîne les inséminations et les échecs rejaillissent sur son couple. Cate a eu un enfant mais pour cela s’est mariée parce qu’il le fallait et a renoncé à son homosexualité et de plus, sa vie professionnelle est un échec. Lissa artiste peine à vivre pleinement de son métier. Chacune voit dans l’autre la part qu’elle aurait aimé être, ce qu’elle aurait aimé vivre et l’amitié n’empêche pas une pointe de rivalité. « Nos espérances » accorde alternativement la parole à chacune d’elles pour dresser le bilan (voire l’hommage) d’une amitié féminine et de son évolution, de la vie de femmes des années 90 qui n’oublient pas ce qu’elles doivent à leurs mères malgré les relations parfois tendues qu’elles ont pu entretenir avec, du désir d’enfants et de la maternité et de l’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Nos espérances"

Fiche #2534
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elodie Leplat


Ian MCEWAN

Une machine comme moi
Gallimard

68 | 387 pages | 26-04-2020 | 22€

Ian McEwan nous transporte dans le Londres des années 80, et évidemment il y met son grain de sel, Thatcher doit gérer la défaite de la guerre des Malouines, un leader prometteur et brillant de l’opposition prêt à prendre le pouvoir est assassiné dans un attentat, et le génial Alan Turing, pilier de l’informatique moderne et pape de l’intelligence artifielle, est toujours en vie et actif dans le monde de la recherche. Dans le même temps, l’humanité accueille de nouveaux venus ! Des robots à l’image de l’homme ont été créés, un premier jet de douze Adam et treize Eve sont mis en vente et Charlie se décide malgré le prix à acquérir son Adam, un androïde à l’intelligence stupéfiante, plus vrai que nature. Ils savent tout faire, tout ressentir, émotions, joie, tristesse, ils savent raisonner, expliquer, créer, composer des haïkus, aimer, avoir des pulsions et des rapports sexuels, « une version améliorée de nous-mêmes », « le triomphe de l’humanisme – ou son ange exterminateur ». « Les humains étaient éthiquement défaillants », les robots le seront-ils ? Comment leur apprendre ces défaillances ? Dans le même temps, Charlie est à l’aube de sa grande histoire d’amour. Il aime Miranda et sait qu’il ne vit maintenant que pour elle. Un couple à trois se forme. En premier lieu, ils vont devoir configurer Adam, premier casse-tête du nouveau couple. Adam sera en effet leur premier enfant et ils peuvent décider d’influer sur son caractère, son psychisme, choix cornélien… Puis rapidement, Adam le prévient, Miranda cache quelque chose et n’est pas nécessairement celle qu’il croit… Adam surprend chaque jour le couple sur tous les plans. Il semble heureux de sa vie, même lorsqu’il apprend qu’un quart de ses frères et sœurs ont choisi l’autodestruction. En effet, observer les humains et leurs comportements peut aussi s’avérer surprenant et décevant et les êtres parfaits que sont ces robots pourront-ils le supporter ? Cette nouvelle cohabitation est donc ardue et rapidement se posera la question ultime, si ces robots sont des êtres consciencisés, l’homme, son créateur, a-t-il le droit de mort sur lui ? Un roman intelligent qui, en plus d’une intrigue passionnante, nous interroge sur nous-mêmes, sur ce que nous sommes, notre éthique, nos contradictions, nos émotions, notre relation à l’autre et à la technologie.

« Si nous ne connaissons pas notre propre esprit, comment avons-nous pu concevoir le leur et nous attendre à ce qu’ils soient heureux parmi nous ? »

« On trouve un certain répit dans la sensualité d’un lit rien qu’à soi, pendant quelques temps du mois, jusqu’à ce que le fait de dormir seul acquière sa propre tristesse muette. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une machine comme moi"

Fiche #2532
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon

Les titres de Ian McEwan lus par Vaux Livres


Pierre NOTTE

Les petites victoires
Gallimard

67 | 230 pages | 06-04-2020 | 19.5€

Depuis quand la vie des femmes est un enchaînement de luttes suivies parfois de petites victoires ? Depuis toujours peut-être, les hommes y veillent en effet… Clémence à bientôt quatre-vingt ans n’a jamais abandonné et elle le confirme lorsqu’elle s’installe pour une journée à une terrasse de café, se déchausse, et demande un paquet de cigarettes, surtout pas des bios, elle préfère celles avec additifs ! « Les petites victoires », à travers le destin de quatre femmes, trois générations d’une même famille, Clémence, ses filles Lydie et Margaux et sa petite-fille Prune, confirme la permanence de cette lutte même si évidemment, elle a parfois évolué. Elles ont pourtant vécu dans des lieux différents, des milieux différents, mais partagé les mêmes difficultés et notamment subi le même machisme souvent outrancier. Parfois elles se sont soutenues, souvent elles ont dû se débrouiller seules pour espérer une nouvelle petite victoire. Un roman écrit par un homme pour peut-être passer au niveau supérieur avec de grandes et définitives victoires.

Ecouter la lecture de la première page de "Les petites victoires"

Fiche #2525
Thème(s) : Littérature française


Patrick FORT

Le foulard rouge
Gallimard

66 | 365 pages | 21-03-2020 | 21€

« Le foulard rouge » nous entraîne à travers trois destins au cœur de l’Histoire, au cœur du camp de Gurs, ouvert de 1939 à 1946, où furent internés notamment Espagnols, Italiens et Juifs… Giovanni Fontana, l’homme au foulard rouge, vit aujourd’hui en solitaire, dans les Landes, et l’Histoire se rappelle à sa mémoire. Il doit revenir à Gurs. Il s’était évadé du camp et c’est là qu’il a connu son seul amour, Maylis qui aidait les prisonniers. Il la croyait morte et c’est elle, qui aujourd’hui, le convie à un retour sur le passé. Elle s’est mariée avec Victor qui était également présent au moment du camp. Ce qui s’est déroulé dans ce camp, personne ne peut l’oublier : délation, violences, viols, prostitution, marché noir… l’horreur au quotidien (« Nous avons défendu la république d’Espagne, et une autre république, celle des droits de l’homme et du citoyen, nous emprisonne. A ne plus rien y comprendre. ») même si certains, risquant de rejoindre également le camp, ont fait un autre choix, le choix de l’humanité, de la solidarité, de l'entraide. Le récit montre parfaitement que certains souvenirs ne peuvent jamais s’effacer, que même cinquante ans après, le pardon reste difficile pour certains et pour d’autres s’accepter, accepter ses actes d’alors, est aussi ardu : « L’oubli était une imposture, un mur vacillant aux pierres mal scellées, dressé entre un avant et un après dont la frontière invisible se désagrégeait dès qu’on la frôlait. ». Trois voix qui reviennent avec une émotion intense sur un épisode douloureux de notre histoire mêlant parfaitement une histoire intime et la grande Histoire.

« L’uniforme sert souvent à donner une importance factice à des hommes qui en sont dépourvus. Ajouter des galons à un abruti et il se pavanera. Donnez-lui un peu d’autorité et il se prendra pour le roi du monde. »

« Le départ n’est supportable que s’il contient la promesse du retour. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le foulard rouge"

Fiche #2509
Thème(s) : Littérature française


NIMROD

La traversée de Montparnasse
Gallimard

65 | 115 pages | 01-03-2020 | 12€

Kouassi fut orphelin très jeune, adopté par le Président ivoirien puis confié à un couple qui l’a aimé, choyé : une éducation soutenue, des lieux de rêve, mais toujours la peur de ne pas mériter sa vie, de ne pas être à sa place. Parisien, il est devenu un dandy au cœur d’un monde raffiné, cultivé, le monde « d’En-Haut ». Kouassi évolue parmi eux mais n’a rien oublié de sa jeunesse, des contes africains, des arbres qu’il continue d’observer à Paris et dont il tire ses forces. Ses amis appartiennent à une classe qui s’estime supérieure à ses compatriotes qu’ils enveloppent de leur mépris, alors un Noir a-t-il une chance d’être totalement accepté et considéré comme l’un des leurs ? Un roman de Nimrod se mérite, son écriture d’un style raffiné et poétique, ses ellipses, ses envolées, font de cette quête d’identité un récit singulier et unique.

Ecouter la lecture de la première page de "La traversée de Montparnasse"

Fiche #2494
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nimrod lus par Vaux Livres


Fabrice HUMBERT

Le monde n'existe pas
Gallimard

64 | 247 pages | 19-01-2020 | 19€

Ethan Shaw est de ceux que l’on admire, de ceux qui attire la lumière. Alors quand il est accusé d’avoir violé et assassiné une jeune mexicaine, Adam ne peut y croire et il décide de revenir à Drysden, la ville où il l’a connu adolescent, il en était son meilleur ami, son idole. Il en était son opposé, timide, fragile, réservé et pourtant Ethan le révèlera à lui-même et il ne l’a pas oublié. A partir de cette enquête, Fabrice Humbert nous propose un nouveau roman monde d’une puissante réflexion qui décrypte nos codes, notre société. Une plongée dans le mensonge permanent, dans un monde où la fiction a remplacé la vérité, où tout est construit. Et si tout est construit, tout devient possible et peut se déconstruire. Evidemment Fabrice Humbert ne tombe pas dans le piège du complot mais revient sur les premiers écrivains qui « voulaient avoir prise sur le monde » et néanmoins restaient dans la fiction en créant un flou artistique entre vérité et fiction. Ces constructions fictives recherchent périodiquement leurs meurtriers, Ethan en sera l’un d’eux, et nous les jette en pâture, sans aucune réflexion, aucune analyse, aucune évolution postérieure. Nous sommes arrivés au bout de l’histoire, le récit est devenu plus convaincant que la réalité, « Le monde n’existe pas », « le monde est devenu un récit » et « Tout ce que nous vivons est un livre ou un film. », le vrai et le faux forment maintenant une belle équipe ! Un roman qui pousse à la réflexion mais qui trouble et apeure et démontre s’il en était nécessaire que nous avons basculé dans un autre monde : « La fiction est la réalité. La réalité est la fiction. La confusion inévitable mène au malheur. Ou peut-être à une autre forme d’humanité. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le monde n'existe pas"

Fiche #2473
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabrice Humbert lus par Vaux Livres


Morag HOOD

Petit pois carotte
Gallimard

63 | 02-01-2020 | 12.9€

Jean-François est un petit pois heureux, il a plein d'amis, tous des petits pois. Ils se ressemblent beaucoup. Jusqu'au jour où un intrus, un étranger, un être différent vient les bousculer : Charlotte la carotte ! forme, couleur, comportement, ils sont vraiment différents mais vont apprendre à se connaître et deviendront de vrais amis. Vive la différence !

Fiche #2462
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Louise Drouet


Timothée DE FOMBELLE

Marie LIESSE

Le jour où je serai grande, Une histoire de Poucette
Gallimard

62 | 02-01-2020 | 14.5€

Un superbe album où Poucette nous propose son album de photos qui passe en revue tous les instants de bonheur même furtifs qu'elle a déjà vécus et qu'elle ne veut surtout pas oublier. Un bijou de poésie et de tendresse.

Fiche #2463
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Timothée De Fombelle lus par Vaux Livres


Sylvain TESSON

La panthère des neiges
Gallimard

61 | 168 pages | 11-11-2019 | 18.9€

« La panthère des neiges » relate le voyage de Sylvain Tesson au côté de trois amoureux de la vie sauvage (les livres de Vincent Munier sont de longue date chez Vaux Livres), de la faune, des forêts, de la montagne. Lui, l’homme des villes, l’homme toujours en mouvement, va devoir partager les longs moments d’affût, longs instants d’immobilité, de lenteur et de silence dans un environnement hostile, « attendre l’improbable ». Mais heureusement, l’esprit peut continuer de divaguer et nous offrir ses analyses et réflexions. Et on connaît l’esprit brillant et affûté de Sylvain Tesson, son œil lucide et sans concession sur notre société, sur nous et sur lui-même. Alors la quête de cet animal mythique qui sait si bien se cacher et nous observer emporte ailleurs le lecteur dès les premiers mots. Un puissant hommage à la beauté sauvage et à la patience d’un instant furtif, inqualifiable et inoubliable.

« Loups ! ne restez pas en France, ce pays a trop de goût pour l’administration des troupeaux. Un peuple qui aime les majorettes et les banquets ne peut pas supporter qu’un chef de la nuit vaque en liberté . »

« Rencontrer un animal est ma jouvence. L’œil capte un scintillement. La bête est une clef, elle ouvre une porte. Derrière, l’incommunicable. »

Ecouter la lecture de la première page de "La panthère des neiges"

Fiche #2445
Thème(s) : Littérature française


Akira MIZUBAYASHI

Âme brisée
Gallimard

60 | 240 pages | 20-10-2019 | 20€

En 1938, les relations entre la Chine et le Japon sont plus que tendues. A Tokyo, Yu, professeur d’anglais, continue néanmoins de partager sa passion pour la musique avec trois étudiants chinois. Jusqu’au jour où leur répétition est interrompue par des militaires. Ils les accusent de complot, les arrêtent et brisent le violon de Yu. Le lieutenant Kurokami trouve Rei, le fils de Yu, caché dans un placard mais choisit le silence et lui confie même le violon brisé de son père. Rei ne reverra jamais plus son père. Cet instant restera à jamais figé dans sa mémoire. Fondement d’une nouvelle vie, il sera adopté par un journaliste français et partira vivre en France où il deviendra luthier. Il souhaitera évidemment redonner vie au violon de son père. L’histoire de son père et de son violon resteront le fil unique de sa vie, guideront ses choix, orienteront ses rencontres. Akira Mizubayashi avec une immense délicatesse et une maîtrise absolue excelle à émouvoir le lecteur, à lui faire ressentir la puissance de la musique et des mots, l’art face à la violence et l’oubli, la douleur de la perte du père. Beau, profond et émouvant.

Ecouter la lecture de la première page de "Âme brisée"

Fiche #2424
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Akira Mizubayashi lus par Vaux Livres


Martin PAGE

Ronan BADEL

Le permis d'être un enfant
Gallimard

59 | 01-09-2019 | 15.5€

en stock

Astor est un gentil p'tit gars, un doux rêveur, il adore observer les petites bêtes, rêver, regarder les nuages et même s'occuper du potager de ses parents ! Quel scandale ! Etre différent, ça n'est pas autorisé alors il reçoit un jour un courrier de la Commission de l'enfance qui le convoque, il va perdre son permis pour être un enfant et devoir le repasser ! Un professeur va prendre en charge ses révisions et ça n'est pas gagné ! Un joli texte tout en douceur (comme les illustrations de Ronan Badel) sur la différence.

Fiche #2407
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ronan Badel lus par Vaux Livres


Natacha APPANAH

Le ciel par-dessus le toit
Gallimard

58 | 125 pages | 29-08-2019 | 18.9€

« Le ciel par-dessus le toit » en peu de mots, mais Natacha Appanah trouve toujours le mot juste, dépeint la noirceur qui enrobe le destin d’une famille dans un pays qui a connu une époque autoritaire. Le plus jeune, Loup, vient de passer sa première nuit en prison, mais ce n’est qu’une dernière étape dans l’histoire de la famille. Il avait quitté Phénix sa mère en prenant la route avec une voiture alors qu’il n’avait pas le permis pour retrouver sa sœur, Paloma. Et maintenant il ne veut voir personne d’autre qu’elle. Mais Paloma a eu deux vies, une première où elle se prénommait Eliette, petite fille modèle exhibée par ses parents, puis après une agression sexuelle, l’enfance s’est envolée, elle est devenue Paloma, dure et fragile à la fois (« …elle se méfie des gens polis et elle ne pleure plus. Jamais. »), écorchée, violente, révoltée, en rupture avec sa famille qu’elle a quittée et bien décidée à « arracher à coups de dents sa place au monde. ». Le quotidien est donc plutôt sombre. Mais malgré tout, autour du procès de Loup, chacune semble prête à trouver le bon mot et à faire un léger pas en direction de l’autre avec subrepticement un rai d’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Le ciel par-dessus le toit"

Fiche #2405
Thème(s) : Littérature étrangère


Marc PAUTREL

L'éternel printemps
Gallimard

57 | 112 pages | 03-08-2019 | 13€

Lors d’un repas entre amis, Marc Pautrel est immédiatement attiré par la seule femme présente. Il ne la connaît pas, elle est plus âgée que lui, plus étrange qu’attirante, elle l’aimante instantanément. Elle lui dit tenir une librairie de livres anciens, ils se promettent de se revoir. Ils se revoient. Connivence immédiate. Ils se rencontrent dans sa librairie, lors de nombreux repas dans des restaurants, ils marchent ensemble côte à côte dans les rues et parcs parisiens et surtout ils parlent, dialoguent autour de tout et de rien, parlent et s’écoutent, et semblent s’accomplir tous les deux dans ces discussions. Ils se racontent leur vie passée, tous les deux divorcés ils ont déjà eu une longue vie amoureuse et sont actuellement seuls. Pourtant devant la porte de son appartement, chaque soir, elle lui souhaite « Bonne nuit » et s’esquive. Comment cette relation évoluera-t-elle ? Ces discussions et rencontres peuvent-elles durer à l’infini ? Marc franchira-t-il la porte ou est-il en train de découvrir une nouvelle forme d’amour ? Marc Pautrel nous fait partager avec une immence douceur et tendresse une rencontre amoureuse singulière, peut-être l’amour éternel, en tous cas de ces rencontres qui vous marquent à jamais.

Ecouter la lecture de la première page de "L'éternel printemps"

Fiche #2380
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marc Pautrel lus par Vaux Livres


Geneviève DAMAS

Bluebird
Gallimard

56 | 156 pages | 08-07-2019 | 15€

Juliette est encore une enfant. Elle vit avec sa mère d’origine polonaise, coiffeuse à domicile, son petit frère et sa petite sœur. Son père a pris la poudre d’escampette avec une plus jeune femme. D’un côté, la galère est souvent le quotidien de sa mère, de l’autre celui de son père est plus serein. Alors quand elle souffre d’un mal de ventre aigu, l’appendicite est naturellement la première hypothèse. Néanmoins, Juliette quitte sa mère devant sa réaction et rejoint sa grand-mère officiellement pour soigner une maladie contagieuse. Il n’en est rien, Juliette est en effet enceinte de plus de six mois. Tom, un Australien de passage qui l’a surnommée Bluebird, est reparti sans savoir. Elle sera seule à assumer, à choisir, à décider : abandonner l’enfant ou le garder. Alors Juliette choisit d’écrire à cet enfant une longue lettre, franche, ne cachant aucun sentiment, aucune sensation. Elle parle de ce déni de grossesse à cet être qu’elle n’a pas su voir ou qui s’est trop bien caché, elle lui parle de l’enfant qu’elle est, de ses doutes, ses peurs, de son questionnement (qu’est-ce qu’être enceinte ? peut-on être mère à seize ans ? …), comme de ses émotions et ses rêves. Elle esquisse ainsi un délicat autoportrait, ses relations avec sa famille, mère, frère et sœur, père, belle-mère, et grand-mère, leur réaction à l’annonce de sa grossesse, son parcours devant la psy et l’assistante sociale. Elle relate aussi sa rencontre avec Yvette, une femme africaine violée, et de son expérience de la maternité puis de l’amour maternel. Un court texte d’une émotion constante, une confession délicate avec les mots universels et intemporels d’une adolescente seule devant la maternité, fondement d’une nouvelle existence quelle que soit sa décision finale.

« On a tous besoin de quelqu’un qui caresse notre visage, qui attache sur nous ses yeux doux, qui nous murmure des mots qui n’appartiennent à personne. »

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Fiche #2366
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Geneviève Damas lus par Vaux Livres


Marin LEDUN

La vie en rose
Gallimard

55 | 310 pages | 21-05-2019 | 20€

Quelle joie de retrouver la famille Mabille-Pons, ses six enfants, Kill-Bill, le bouvier bernois baveux et les chats paresseux. Sauf que cette fois, les parents, Adélaïde et Charles sont partis se bronzer sur les plages polynésiennes. Rose, vingt-deux ans, la plus punk de la tribu, prend en charge la famille et doit s’occuper de tout : les repas, les sorties du soir, les réunions de parents d’élèves, les devoirs… Même en congé sabbatique, les journées seront bien remplies. Dans le même temps, elle apprend une grande nouvelle, son compagnon, Richard, lieutenant de police, rencontré dans le premier opus, n’a pas pu s’empêcher de la mettre enceinte ! Pour l’instant personne n’est au courant, mais dans la tribu, les informations circulent vite… Rose continue son activité au salon Popul’Hair croisant coiffure et littérature mais le salon est cambriolé et étonnamment un roman disparait. Peu de temps après, les meurtres s’enchaînent et rapidement, la famille comme Richard s’aperçoivent que Camille, la sœur cadette, est proche ou a connu les disparus… Toujours aussi hilarant que ce bel hommage à une famille résistante, débordant de vitalité et d’amour mais aussi au roman noir (et à la lecture), Marin Ledun glissant quelques références à (re)découvrir et partager pour les amateurs de noir.

Ecouter la lecture de la première page de "La vie en rose"

Fiche #2340
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Marin Ledun lus par Vaux Livres


Olivier CHANTRAINE

Un élément perturbateur
Gallimard

54 | 317 pages | 15-05-2019 | 8.9€

Serge, le narrateur, est un être singulier, il ne semble jamais vraiment à sa place et souffre parfois d’aphasie, souvent à des moments cruciaux, au milieu des autres, il perd la parole. Son frère aîné incarne la réussite, envié de tous (enfin de presque tous...), il est ministre des finances, bien habillé, bien propre sur lui, beau parleur. Il peut donc faire embaucher Serge dans une entreprise où, évidemment, Serge est un peu en marge, décalé. Seule la jeune et belle Laura lui témoigne un peu d’intérêt. Après avoir fait échouer (par sa sincérité et son honnêteté, candide chez les requins) la vente d’une entreprise aux Japonais, il est envoyé avec Laura dans cette petite entreprise. Mais la punition se transformera en un boomerang inattendu et violent ! Un premier roman vif, incisif, plein d’humour, moqueur, pamphlet de la réussite à tout prix, portrait de la connivence entre milieu politique et économique, des petites ou grosses magouilles, débordant de situations cocasses, un premier roman véritable bol d’air !

Premier roman

« Les relations de famille nous abîment. Tous. Toute notre vie. C’est triste à dire mais c’est vrai. La famille plane comme un nuage noir au-dessus de nos têtes dont la menace permanente nous empêche d’être véritablement nous-mêmes. »

« Les temps n’ont pas vraiment changé depuis l’époque féodale… le plus gros changement c’est les costumes à la place des cottes de mailles. »

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Fiche #2339
Thème(s) : Littérature française


Caryl HART

Rosalind BEARDSHAW

Les bonnes manières pour les petits dragons
Gallimard

53 | 13-05-2019 | 14.9€

Un album qui présente de manière détournée grâce à un petit dragon toutes les bonnes manières pour être le plus gentil de la maison !

Fiche #2336
Thème(s) : Jeunesse


Jon AGEE

Le bon côté du mur
Gallimard

52 | 13-05-2019 | 14€

Un mur sépare deux mondes. D'un côté, le gentil chevalier qui croit que le mur le protège. De l'autre le méchant ogre qui aimerait bien manger les petits enfants du monde d'à côté. Enfin, c'est ce qu'il se dit, c'est ce que l'on croit... Un album très fin pour parler des préjugés, de la peur de l'autre mais aussi de l'entraide et de la solidarité.

Fiche #2337
Thème(s) : Jeunesse


Erri DE LUCA

Le tour de l'oie
Gallimard

51 | 165 pages | 23-02-2019 | 16€

Un homme, soixante dix ans, seul chez lui, entame une conversation qui vire parfois à la confrontation avec le fils qu’il n’a jamais eu. Evidemment ce bilan de vie est prétexte à aborder moult thèmes universels qui touchent et questionnent chaque lecteur. Portrait d’un homme écrivain qui n’a pas oublié qu’il avait été ouvrier, qui n’a pas oublié les montagnes qu’il a gravies, ses parents et sa maison, ses lectures et les écrivains qui l’ont accompagné, ses expériences d’escalade comme sa rencontre avec la justice, mais aussi ses engagements politiques (« … un engagement politique repose sur un comportement plutôt que sur un idéal. ») qui n’ont pas varié et sa fidélité à ses choix moraux et éthiques. L’écrivain revient également sur l’acte d’écrire et sur ses écrits, « Ce qui m’importe c’est la page qui me tient éveillé pendant que je l’écris, non pas celles déjà écrites, jamais plus relues. » et leur avenir. Une confession éclairante d’un grand Monsieur, guide en montagne et dans la vie.

« La liberté que j’ai connue a été celle d’aller et de rester là où je ne pouvais faire autrement. »

« La littérature parvient à sauver une langue même de l’usage qu’en font les bourreaux. »

« Exister, ici et maintenant, n’est ni nécessaire ni justifié par un devoir d’exister. »

« La liberté a été d’avoir un dé en main avec le choix de le lancer ou pas, comme devant un mur, à escalader ou pas. »

« En littérature, l’indescriptible n’existe pas. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le tour de l'oie"

Fiche #2302
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danièle Valin

Les titres de Erri De Luca lus par Vaux Livres


Fabrice CARO

Le discours
Gallimard

50 | 198 pages | 03-12-2018 | 21.9€

Adrien participe à un nouveau repas de famille mais son esprit est ailleurs, il attend une réponse au message qu’il a envoyé à son ex. Alors il observe ses convives avec distance. Tout est figé, connu d’avance, il sait ce qu’il va manger, il devine les sujets de conversation, il attend les discours habituels puis les réponses de chacun… Alors seul l’humour même grinçant peut sauver. Sa soeur et son futur époux n’échappent pas à ses prévisions, seule surprise, il lui est demandé de prévoir un discours pour leur mariage, et c’est la famille, bien sûr, il ne peut refuser… Alors on suit ses pensées, ses souvenirs avec son ex, ses réflexions sur ces repas avec ceux qui écoutent et ceux qui parlent, ceux qui font semblant, sur les familles et ses obligations. Entre rire et émotion, « Le discours » traite avec clairvoyance de la famille, de la place et du rôle de chacun, mais fournit aussi en creux le portrait d’un homme décalé, seul, nulle part à sa place. On se retrouve nécessairement dans une situation, dans un regard, dans une réaction… et on rit beaucoup !

Ecouter la lecture de la première page de "Le discours"

Fiche #2247
Thème(s) : Littérature française


Marin LEDUN

Salut à toi ô mon frère
Gallimard

49 | 276 pages | 20-07-2018 | 19€

Marin Ledun nous avait habitués à des récits noirs, sociaux, âpres, à des personnages denses, portraits sans concession de notre société violente et oppressive au côté de ceux qui souffrent. Il récidive sur bon nombre de points avec notamment son amour évident pour ses personnages et son regard aiguisé sur notre société, mais il ajoute cette fois un ingrédient inattendu et succulent : l’humour ! Pour cela, il nous permet d’accompagner une famille Malaussène bis : famille nombreuse, atypique, débordant d’amour où la parole est libre et les convictions profondes. Alors quand la tribu s’aperçoit que l’un des leurs a disparu, l’insouciance et la joie font place immédiatement à l’inquiétude. Puis quand il apparaît que Gus, le p’tit dernier au teint basané, aurait participé à un braquage dans Tournon, petite bourgade ardéchoise, la famille se met en marche et qui pourrait l’arrêter, certainement pas un flic aux yeux vert pêche ! Un gros bol d’air vivifiant à déguster sans modération : fantaisie, humour et déviances de notre société sans oublier de discrètes ou non mais efficaces références culturelles, cocktail explosif !

Ecouter la lecture de la première page de "Salut à toi ô mon frère"

Fiche #2172
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Marin Ledun lus par Vaux Livres


Kim LEINE

L'abîme
Gallimard

48 | 630 pages | 25-06-2018 | 26€

Ib et Kaj sont jumeaux, physiquement similaires, mais leurs esprits diffèrent. Pourtant ils ne vont pas se quitter et suivront les mêmes engagements. Heureux en 1918, d’aller chasser les Rouges en Finlande au cœur d’une guerre civile, ils participeront et vivront les premières horreurs qui peut-être décideront de la suite de leur existence. Ce long, très long récit donne en effet une place centrale à l’horreur de la guerre mais aussi à la jouissance d’y participer puis aux difficultés d’en revenir. Ensuite il s’engageront à nouveau et combattront le nazisme. Le fil de leur vie les positionnera constamment sur une arête vertigineuse surplombant un gouffre sans fond et seule leur folie ancrée dans la violence les empêcheront de le réaliser.

« Qu’est-ce que la mort ? A la fois sujet de crainte et de désir. En soi, la mort n’est rien. Voilà ce qu’elle est. Comment définir le rien ? On ne peut pas en parler. Si on en parle, ce n’est pas la mort, mais la vie. »

« Quand on part à la guerre, on n’en ressort pas comme ça. On a oublié comment on faisait avant, comment on cultive, comment on répare une porte…On a oublié la patience nécessaire, on a oublié tout l’ennui qui va avec la paix. On n’a plus à se préoccuper de tout ça désormais. On est des hommes libres, on n’est plus des paysans, on est des guerriers ! »

Ecouter la lecture de la première page de "L'abîme"

Fiche #2164
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Gnaedig


Jens Christian GRONDAHL

Quelle n'est pas ma joie
Gallimard

47 | 150 pages | 16-02-2018 | 15€

C’est le moment pour Ellinor de parler, de raconter sa vie. Son mari, Georg, vient de mourir, et à soixante-dix ans, elle quitte leur maison pour rejoindre un appartement d’un centre ville. Georg fut également le mari de sa meilleure amie, Anna qui fut elle-même la maîtresse du mari d’Ellinor, Henning. Ils moururent dans un accident dans les Dolomites alors que Ellinor et Georg les attendaient dans la vallée. Même si ses sentiments sont ambivalents, Ellinor continue d’éprouver une affection et une admiration pour son amie. Après cet accident, elle épousera Georg et s’occupera des jumeaux de Georg et Anna (« Mais, pendant des années, je me suis occupée de ta maison, de tes garçons et de ton mari, et j’avais presque le sentiment que c’était la mienne, que c’était les miens. »). Alors Ellinor rédige une longue lettre en tutoyant sa destinataire, s’adressant sans retenue à Anna (elle peut tout dire à l’absente) pour revenir sur son existence, ses souvenirs, ses regrets, sa sensation de n’être toujours que la remplaçante, elle, la discrète, toujours prête à s’adapter, à supporter, une vie cachée, en retrait. Un court roman émouvant sur le souvenir, la mémoire, et au cœur des sentiments de deux couples formant une singulière famille.

« Nous qui ne sommes plus aimés, nous devons choisir entre la vengeance et la compréhension. »

Ecouter la lecture de la première page de "Quelle n'est pas ma joie"

Fiche #2102
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Gnaedig


Violaine HUISMAN

Fugitive parce que reine
Gallimard

46 | 247 pages | 12-02-2018 | 21.9€

Violaine Huisman dans son premier roman propose le portrait d’une mère et de ses deux filles, de l’amour qui les lie dans un environnement tortueux et imprévisible. La mère est en effet multiple, aussi aimante que négligente, un vocabulaire adulte, direct, sans limite, aussi imagé que grossier et parfois violent impliquant des blessures profondes. Les deux sœurs se serrent les coudes, s’entraident, aiment leur mère, atténuent ses crises (elle est maniaco-dépressive) et ses outrances, mais seront naturellement à jamais marquées par leur enfance. La mère veut avant tout vivre librement sa vie sans vraiment considérer les conséquences éventuelles sur ses filles. Un texte éprouvant qui n’épargne pas le lecteur sur les relations entre une mère perturbée et ses enfants sans que l’amour puisse éviter une fin dramatique.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Fugitive parce que reine"

Fiche #2100
Thème(s) : Littérature française


Karim FRIHA

La flamme et l'orage - La ville pétrifiée
Gallimard

45 | 56 pages | 07-02-2018 | 14.9€

La ville est dominée par la Flamme, une secte qui terrifie la population, enlève les enfants, et possède des pouvoirs absolus : pouvoir de pétrifier en statue tout rebelle, pouvoir de vider les êtres de leur « éther spirituel » pour les transformer en esclave docile. Face à eux, naturellement, quelques résistants qui cherchent à la combattre, à survivre, à aider les enfants délaissés et quelques-uns ont aussi des pouvoirs inattendus. De beaux personnages, un récit dense, un univers de fantasy bien rendu et un superbe dessin parfaitement ancré dans la fantasy.

Fiche #2098
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Ingrid CHABBERT

GURIDI

Le jour où je suis devenu un oiseau
Gallimard

44 | 26-06-2017 | 12€

C'est la rentrée, un regard suffit au héros de cette histoire pour devenir amoureux de la belle Candela. Mais comment attirer son attention ? Elle admire et adore les oiseaux, alors c'est décidé, il va devenir un oiseau ! Une belle histoire d'amour débordant de douceur et tendresse aussi bien dans le texte que dans le dessin.

Fiche #1978
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ingrid Chabbert lus par Vaux Livres


Ian MCEWAN

Dans une coque de noix
Gallimard

43 | 212 pages | 17-06-2017 | 20€

L’image que vous avez d’un fœtus, bien au chaud, protégé, dans le ventre de sa mère, va être bouleversée par ce roman ! Son narrateur si singulier est en effet un fœtus qui nous fait partager ce qu’il entend, comprend, ressent, ses réactions et avis, et il est donc très vite au courant de ce qui l’attend ! Sa mère a déjà quitté son père John, un poète, pour rejoindre son frère, Claude, un homme avide d’argent et de sexe et peu tendre. Et les compères ont décidé d’éliminer John, un meurtre auquel le narrateur redoute de participer, néanmoins son avis reste annexe... Le décor shakespearien est planté ! Mais le fœtus ne se contente pas de suivre les péripéties et le quotidien mouvementé du trio, il appréhende déjà précisément le monde dans toute sa globalité et sa noirceur. Et pourtant il décidera d’y plonger !

Ecouter la lecture de la première page de "Dans une coque de noix"

Fiche #1971
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon

Les titres de Ian McEwan lus par Vaux Livres


Geneviève DAMAS

Patricia
Gallimard

42 | 135 pages | 05-06-2017 | 12€

Patricia, court roman, est partagé en trois parties, trois voix (Jean, Patricia et Vanessa), trois visions intimes partageant la même histoire qui se complètent, s'opposent, se répondent et rythment le récit. Jean Iritimbi est un Centrafricain installé au Canada pour travailler en attendant de faire venir sa famille. Dans l’hôtel où il travaille, il rencontre Patricia, une Française solitaire. Elle veut le protéger, le garder et décide de le remmener avec elle en France. Il avait omis de lui annoncer qu’il avait femme et enfants. Or sa femme l'appelle pour lui apprendre qu’elles prennent un bateau et arriveront prochainement en France. Le bateau fera naufrage et seule Vanessa, l’une de ses filles survivra. Patricia, sans la connaître, fera alors la promesse de veiller sur elle. Et en effet, elle la tiendra et elles apprendront à se connaître. Envers et contre tout et même parfois contre Vanessa ("...à présent que nous sommes dans cet appartement, je ne vois plus que la distance, l'hostilité farouche, le refus définitif. Comment venir à bout de tout cela ? Quelle vie mener ensemble, toi et moi?"). Geneviève Damas nous offre un nouveau roman intense, émouvant, percutant mais jamais larmoyant qui donne corps et identité aux migrants, bien loin des images télévisuelles, qui se suivent et s’oublient aussi vite : Jean et Vanessa vous accompagneront longtemps et vous ne les oublierez pas, ni Patricia et sa volonté totale de trouver solution au mal-être et au désespoir de Vanessa. Tout s’est écroulé autour de la petite et retrouver le chemin de la vie sera un véritable combat ; Patricia a décidé d’ouvrir ses bras et son cœur, elle devait le faire, pour Vanessa, pour elle et pour nous tous. Une abnégation sans aucune retenue, une grande humanité, simple et modeste, à hauteur de femme, qui redonne espoir en l’Homme.

Ecouter la lecture de la première page de "Patricia"

Fiche #1960
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Geneviève Damas lus par Vaux Livres


Jacques PRÉVERT

Ronan BADEL

Embrasse-moi
Gallimard

41 | 04-05-2017 | 14.9€

Un superbe album pour présenter 20 poèmes d'amour du grand Jacques. Grande douceur, énorme tendresse, sensible, un album très très "sempéïen" !

Fiche #1946
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ronan Badel lus par Vaux Livres


François GARDE

L'effroi
Gallimard

40 | 302 pages | 19-02-2017 | 20€

Sébastien Armant participe un 20 avril à une première à l’Opéra Garnier sous la direction d’un chef de renommée internationale, Louis Craon. Au début du concert, Louis Craon effectue le salut nazi et la soirée et le concert auraient certainement continué si Sébastien Armant ne s’était pas retourné en tournant le dos au chef. Geste instinctif né de l’effroi devant ce salut ? Geste de résistance face à une histoire qu’il croyait disparue ? En tous cas, un acte qui bouleverse totalement la vie de Sébastien. En effet, il en faut moins pour que les médias s’emballent ! Les sollicitations pleuvent, et Sébastien n’en est pas fier, il se sent utiliser comme une bête curieuse, un objet de foire, malaxer par ce monde artificiel, on le fait parler, on parle à sa place. Il semble attendre l’instant où on le jettera et l’oubliera. L’effroi l’envahit, l’étouffe, pourra-t-il redevenir maître et acteur de sa vie ? Un portrait efficace d’un anonyme, héros ordinaire, qui se lève et par un geste instinctif bascule dans une autre vie mais aussi portrait grinçant d’un monde médiatique cynique sans retenue et sans éthique.

Ecouter la lecture de la première page de "L'effroi"

Fiche #1910
Thème(s) : Littérature française


Jean-Marc CECI

Monsieur Origami
Gallimard

39 | 160 pages | 14-09-2016 | 15€

Le jeune Kurogiku croise furtivement une jeune femme au Japon et en tombe immédiatement amoureux. Pour la retrouver, il choisit l’exil et s’installe seul dans une maison isolée toscane. Rêvant continuellement à cette femme, il s’adonne à l’art du washi, le papier japonais et à l’origami, ce qui lui vaut son surnom Monsieur Origami. Un jour, un jeune horloger passe la porte et lui fait part de son rêve, fabriquer une montre avec toutes les mesures du temps. Le roman confronte ces deux rêveurs, leurs deux utopies, l’un court après une ombre, une image, l’autre après une ambition, une création. Leur rencontre est faite de silence, de méditation. Le fond, la forme et le style dépouillé engendrent poésie et douceur, chaque page dégage une grande sérénité, une sagesse évidente. Il est aussi question de papier, de pliages, de grues qui ne pourront éviter la mort de la petite Sadako, de philosophie de vie. « Toute beauté a sa part d’ombre » mais on a vraiment beaucoup de mal à discerner cette ombre dans ce lumineux et singulier roman. Monsieur Origami vous offrira un joli moment d’apaisement.

Premier roman

« L’homme ne comprend pas le temps. L’homme a inventé sa mesure. Il a enroulé le temps autour d’un cadran, puis il l’a plié. »

« A quoi sert-il d’avoir si être nous manque. »

Ecouter la lecture de la première page de "Monsieur Origami"

Fiche #1843
Thème(s) : Littérature française


Caryl FÉREY

Condor
Gallimard

38 | 415 pages | 12-06-2016 | 24.9€

Le vieux général est enfin parti. Pinochet s'éloigne du pouvoir en 1990 et certains ont pu croire en un Chili libéré : « Il se trompait. Le passé et le présent étaient liés, comme le fil invisible qui l’avait relié pendant quarante ans à Manuela. Tout était en place dans le théâtre d’ombres que constituait sa vie. Un ultime règlement de comptes avec l’Histoire. ». Quelle route emprunta le Chili ? Le libéralisme à outrance avait trouvé son terrain de jeux et les acteurs sans scrupule de la dictature n’en avaient pas fini. Condor démarre dans les quartiers pauvres de Santiago alors que des ados y sont retrouvés morts, quelques morts anonymes de plus, sans importance. Sauf pour Gabriela une jeune Mapuche qui fréquente le quartier, vidéaste engagée et dotée de pouvoirs propres à sa communauté. Persuadée que la mort de ces gamins n’est pas naturelle, elle rencontre Esteban un avocat des causes perdues, issu d’une riche famille proche du pouvoir, rencontre amoureuse chaotique de deux êtres qui se cherchent. Ils se lancent dans une enquête noire, intense, périlleuse qui va les confronter avec les trafics de drogue, les trafics d’influence, la misère sociale… et surtout les inciter à remonter dans le passé, notamment sur les traces des participants à l’opération Condor qui n’ont que peu d’intérêt à ce que cet épisode ne revienne à l'une de l’actualité… Caryl Férey nous offre une nouvelle fois une superbe palette de personnages, un récit noir intense et pimenté à souhait, un zeste de violence mais si réaliste, enfin une intrigue éminemment politique et sociale et un suspense qui vont crescendo. Incontournable !

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Fiche #1793
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Caryl Férey lus par Vaux Livres


Benoît MINVILLE

Rural noir
Gallimard

37 | 250 pages | 17-04-2016 | 18€

Tamnay-en-Bazois est un petit village de la Nièvre, cœur de la France, cœur de la campagne avec son lourd quotidien : appauvrissement, désertification, commerces et services publics aux abonnés absents. Néanmoins certains continuent d’y survivre, tout le monde se connaît, tout le monde s’observe. Certains sont nés là, ont grandi là et n’oublient pas. N’oublient pas leurs potes, leurs adolescences, leurs galères et leurs joies. Julie, Vlad, Romain et Chris ne se quittaient pas, ils formaient le Gang, unis comme les doigts de la main, même si l’amour inévitable pourra les éloigner sensiblement. Mais l’adolescence vit aussi des drames inoubliables, qui marquent à jamais une vie, un destin. Chris a choisi de partir et revient aujourd’hui après dix années. Ils retrouvent les trois compères, Julie enceinte et Chris vivent ensemble, Vlad est devenu un dealer affirmé mais fait profiter le coin de son petit commerce illicite. D’autres sont toujours là : le Dalton un simple d’esprit parfois dangereux, Cédric devenu inséparable de Vlad et souvent imprévisible, Mélodie la troublante belle-mère de Cédric, le pote JR devenu gendarme. Tous ces personnages bien ancrés dans le réel d’aujourd’hui ont pourtant tous un pied dans le passé et les drames d’aujourd’hui vont violemment réveiller ce passé ! Benoît Minville décrit avec perfection cette zone délaissée et en alternant l’histoire passée et actuelle dresse le portrait de personnages forts aux caractères affirmés mais aussi d’une région abandonnée. Un western rural noir qui parle aussi de clan et d’amitiés infaillibles.

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Fiche #1771
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Benoît Minville lus par Vaux Livres


Jón Kalman STEFÁNSSON

D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pied
Gallimard

36 | 444 pages | 12-08-2015 | 22.5€

Après son inoubliable trilogie, Jón Kalman Stefánsson nous offre un nouveau voyage au cœur de l’Islande, dans « l’endroit le plus noir du pays », une ville particulière oubliée de tous, Keflavik, « Celui qui habite Keflavik ne vit pas vraiment en Islande, ni tout à fait sur terre, il est ailleurs, à l’arrière de toute chose, perdu... ». Pour retracer l’histoire de ce bout de terre, Stefánsson joue avec le temps et sa chronologie en considérant la saga sur trois générations d’une famille, des marins, des pêcheurs, un poète, des femmes, de l’amour, des rêves, de la folie, la mort, c’est donc aussi l’histoire du temps, de sa force et son action inexorable, élimant tout sur son passage, l’amour, les vies et les mots bien aidé parfois par les politiques et leurs fameux cotas. Dense, âpre, puissant, humain, tout simplement éblouissant, mais dommage qu’un billet pour l’Islande ne soit pas glissé dans le roman !

« Nulle part ailleurs en Islande, les gens ne vivent aussi près de la mort. »

« … les souvenirs sont des gros blocs de pierre que je traîne derrière moi. »

« La vie, lit-on quelque part, est un faisceau de lumière qui traverse brièvement les ténèbres et s’évanouit l’instant d’après. »

« Je ne suis pas certain qu’on tente vraiment de comprendre les autres – faisons-nous réellement tous les efforts nécessaires ? N’essayons-nous pas, au contraire, constamment, notre vie toute entière, d’amener les gens à envisager le monde de la manière dont nous l’envisageons ? N’est-ce pas là un de nos plus grands maux ? »

« Celui qui lit tellement de poésie qu’il vient à imaginer qu’il peut nager jusqu’à la lune doit pouvoir vivre plus longtemps, le monde ne saurait se passer de ce genre de personnes. »

« La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C’est pourquoi il nous faut continuer d’écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants. »

« Quel mal y a-t-il, évidemment aucun, nous devrions tous de temps en temps sortir en courant de chez nous et crier à tue-tête pour glorifier la vie, à moins que l’existence ne coule de source et ne relève à ce point de l’évidence ? Combien de fois sommes-nous sortis pour célébrer la vie, cet animal éreinté, cette fleur battue par les vents, cette note puissante et profonde ? »

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Fiche #1675
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Jón Kalman Stefánsson lus par Vaux Livres


Erri DE LUCA

Histoire d'Irène
Gallimard

35 | 125 pages | 13-05-2015 | 12.5€

Irène a choisi cet homme, un homme plus âgé qu’elle, aussi singulier qu’elle, pour lui raconter son existence, pour se confier. Lui, « le conducteur d’histoires », l’écoute, parle peu, humble et modeste, c’est Irène l’objet de l’attention, il sait écouter, « Il doit y avoir un silence sur mon visage qui les rassure : ils ne seront pas interrompus. ». Irène vit entre la terre et la mer sous le soleil grec. La mer est son refuge, elle y nage constamment parmi les dauphins et y trouve la paix et la tranquillité. « Chez nous, quand on a aimé un livre, on a l’habitude de dire qu’on l’a lu sans reprendre haleine. », alors inspirez, et prenez votre souffle pour retrouver dans cette fable la prose aussi limpide que la mer grecque et poétique du grand Erri de Luca. Deux autres courtes nouvelles complètent ce recueil.

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Fiche #1635
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danièle Valin

Les titres de Erri De Luca lus par Vaux Livres


François-Henri DÉSÉRABLE

Evariste
Gallimard

34 | 178 pages | 30-01-2015 | 16.9€

Evariste Galois fut une étoile filante (« … il fut aux mathématiques ce qu’à la poésie fut Arthur Rimbaud…), mathématicien brillant, surdoué (« On le nommera Evariste, du grec, aristos – le meilleur. Tout est déjà écrit. »), jeune homme beau, fougueux, passionné et sans compromis, engagé et révolté, mort à vingt ans lors d'un duel. Talent gâché par la jalousie et la bêtise, rien ne lui fut épargné, ni par son entourage, ni par ses collègues et pairs. L’auteur revient sur son parcours, sur son extraordinaire découverte, l’infini, la puissance et la beauté des mathématiques, mais l’inscrit aussi dans l’Histoire de la France (« Les nobles qui ont les terres, ne font rien et font de l’argent ; le clergé, qui a le ciel, ne fait rien et fait de l’argent ; le tiers état par ce qu’on lui a promis dans l’autre vie, le ciel du second, s’échine dans celle-ci sur les terres des premiers, fait tout, n’a rien, ne fait pas d’argent. ») comme dans l’Histoire littéraire et scientifique. Le style est singulier, et l’auteur retrace avec fougue et passion le parcours de ce jeune homme qui découvrit les maths à 15 ans, mourut à 20 et néanmoins, laissa une trace éternelle. Après un recueil de nouvelles très remarqué, un excellent premier roman qui ravira les matheux et tous les autres !

Premier roman

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Fiche #1582
Thème(s) : Littérature française


Yannick HAENEL

Les Renards pâles
Gallimard

33 | 178 pages | 07-11-2013 | 16.9€

Jean Deichel, la quarantaine, vit encore dans son appartement. Pas de travail, pas de volonté et sentiment politiques (« la politique mange les corps qui ont encore la faiblesse d’y croire »), pas d’opinion semble-t-il, il vit seul (« … peut-être n’avais-je pas besoin de faire croire aux autres que j’étais vivant. ») sans existence politique. En effet, quoi de plus beau que de s’asseoir devant sa fenêtre et dialoguer avec le soleil. Mais sa propriétaire a peu à voir avec la poésie ! Dehors, Monsieur Deichel ! Il récupère quelques affaires et s’installe dans son seul bien, sa voiture enfouie sous des pétales de cerisiers avec ses deux compagnons, Godot et son papyrus. L’homme n’est pas révolté, a quitté délibérément le monde du travail et profite de tous les instants et des quelques rencontres au cours de ses errances. Distrait, il vit presque sereinement et paisiblement dans « l’intervalle » malgré sa plongée effective dans la pauvreté et sa disparition sociale. Pourtant, depuis l’intervalle, tout reste possible : « Le monde n’est pas complètement asservi. Nous ne sommes pas encore vaincus. Il reste un intervalle, et, depuis cet intervalle, tout est possible. ». Il se réveille peu à peu à la lecture de mots, de slogans tagués sur les murs qu’il rencontre au hasard de ses flâneries. Il sera happé par une envie, un courant politique. Sa solitude (je) rejoint une communauté (nous) qui décide de prendre, d’occuper sa place et le chemin de la guerre. Il rejoint les sans-papiers et les autres, les Maliens et les autres, les Dogons et les autres ; ils s’arment de masques sacrés ou non et vont défier, fiers, ensemble, les fleurons de notre société. Les renards pâles apatrides et sans identité sont en marche, défient l’autorité et sa violence mais leurs cris seront-ils assez puissants pour vous réveiller ? Esthétique uppercut rageur et poétique !

« …je découvrais que la solitude est politique. »

« On ne fait parfois que subir ce que l’on croit désirer. »

« La solitude est un pays qui brûle. »

« … l’œil braqué en permanence sur nos gestes nous rappelle qu’à chaque instant nous sommes virtuellement fautifs. »

« … personne, pas même le plus enragé des révolutionnaires, ne peut aller aussi loin que la République française. »

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Fiche #1377
Thème(s) : Littérature française


Anne VANTAL

Rendez-vous en septembre
Gallimard

32 | 136 pages | 23-06-2013 | 10€

en stock

Ils sont onze élèves « ordinaires » de terminale S. Le bac s’achève, une photographie immortalise cet instant avant de plonger dans une autre vie. Cet été là ne peut être comme les autres. Le départ en vacances marque une première séparation, chacun aura son été et onze récits très différents, un par élève, décrivent leurs premiers pas dans un nouvel environnement souvent à l’ombre de leurs familles mais aussi leurs sentiments, leurs rêves, leurs inquiétudes… Septembre arrivera très vite, et ils se sont promis de se retrouver... Onze brefs portraits variés qui forment un livre rythmé d’un moment important de la vie de nombreux adolescents.

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Fiche #1315
Thème(s) : Jeunesse


Isabelle PANDAZOPOULOS

La décision
Gallimard

31 | 250 pages | 27-05-2013 | 9.5€

Louise est une brillante élève de Terminale S, aimée et admirée de tous. Pendant un cours de maths, Louise se sent mal et quitte la classe accompagnée de l'attentionné Samuel de deux ans son cadet pour aller à l’infirmerie. Ils trouvent portes closes et se dirigent vers les toilettes. Louise s’enferme et Samuel patiente. Mais lorsqu’il aperçoit le sang coulé, affolé, il court prévenir le Proviseur qui découvre Louise avec un enfant sur le ventre. Stupéfaction générale y compris de Louise qui hurle qu’elle n’a jamais eu de rapports. Cet évènement est un véritable tremblement de terre et bouleverse évidemment les entourages familial et amical de Louise. Les différents points de vue, l’ensemble des questions soulevées et des réponses avancées sont énoncés avec réalisme comme sont décortiquées les relations entre adultes et ados. L’évènement marque à jamais et aucun retour en arrière n’est admis, Louise doit décider de l’avenir de cet enfant, puis devra vivre avec cette décision, et elle en est en effet consciente. Aborder le déni de grossesse d’une adolescente était inédit et périlleux et Isabelle Pandazopoulos l’a parfaitement réussi, sans clichés ni pathos, loin de toute morale imposée, en préférant stimuler la réflexion du lecteur au cœur d’un flot continu et puissant d’émotions.

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Fiche #1306
Thème(s) : Jeunesse Littérature française


Jón Kalman STEFÁNSSON

Entre ciel et terre
Gallimard

30 | 255 pages | 29-04-2013 | 22€

La vie des pêcheurs islandais est âpre, le froid, la neige et les tempêtes, la mer et sa violence, la fragilité des embarcations… mais chacun part et repart même s’il sait qu’il peut s’agir du dernier voyage. Chaque marin sait ce qu’il doit faire et à quel moment. Malgré tout, leurs esprits voguent, s’occupent. Parmi eux, Baldur et le gamin ont une passion commune, la lecture et les mots et ils se font une joie de la partager sur mer. Mais le jour du départ, Baldur s’aperçoit qu’il a oublié le livre de poésie qu’il est en train de lire et repart le chercher. Il en oublie sa vareuse, erreur fatale, la mer et le froid ne pardonnent pas d’approximation. Au retour, le gamin que cette disparition a bouleversé et ébranlé, rapporte ce livre assassin à son propriétaire, autre amoureux des livres et de la lecture, sans avoir encore décidé s’il allait continuer le chemin de sa vie. Premier opus de sa trilogie, J.K. Stefánsson prouve immédiatement son sens du détail, son art de la description, son amour des mots et de la langue, il se dégage une grande puissance de ses textes. Le lecteur est immédiatement happé et immergé dans le récit, la vie, la mort, la douleur, la souffrance mais aussi le rêve, les espoirs, les petits instants de bonheur. Entre Ciel et terre, quoi d’autres que la vie et la littérature ?

« Les hommes n’ont nul besoin de mots, ici, en pleine mer. La morue se fiche des mots, même des adjectifs comme sublime. La morue ne s’intéresse à aucun mot, pourtant elle nage dans les océans, presque inchangée, depuis cent vingt millions d’années. Cela nous apprend-il quelque chose sur le langage ? Eh bien, nous pouvons peut-être nous passer des mots pour survivre, mais nous en avons besoin pour vivre. »

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Fiche #1288
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Jón Kalman Stefánsson lus par Vaux Livres


Clélia ANFRAY

Le coursier de Valenciennes
Gallimard

29 | 148 pages | 29-08-2012 | 14.9€

Simon Abramovitch vendeur de chaussures dans le centre de la France vient en mission à Valenciennes. Il a connu Pierre Weill dans un camp de travail et Pierre est disparu après son départ pour Auschwitz. Simon ne l’a pas oublié, l’homme, ses poèmes, et ses précieuses lunettes qu’un Allemand s'appliqua à écraser méthodiquement, proprement sous sa semelle. Or Pierre lui confia quelques notes et le temps est venu de les apporter à sa famille. Simon pense déposer le paquet et retourner aussitôt chez lui. Mais dès son arrivée à Valenciennes, ville qui n’a pas encore digéré la guerre, l’ambiance devient étrange, pesante et lorsqu’il franchit la porte de la maison bourgeoise de la sœur de Pierre, les souvenirs s’imposent (« La guerre était bel et bien finie. Alors quoi ? Alors rien. C’était lui dans le fond qui n’en avait pas terminé. »), les douleurs remontent, les sentiments deviennent confus, se venger, pardonner, oublier… Le choix est fait, depuis le début certainement, Simon le sait maintenant. Un texte touchant avec comme toile de fond la vengeance et l’ambiance d’une ville du Nord en convalescence aux lendemains de la guerre.

Premier roman

« Renoncer n’était jamais au fond qu’une affaire d’habitude. Comme tout le reste. »

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Fiche #1177
Thème(s) : Littérature française


Rebecca MAKKAI

Chapardeuse
Gallimard

28 | 370 pages | 29-07-2012 | 21€

Lucy est bibliothécaire dans le Middle West. Trentenaire d'origine russe et célibataire, elle apprécie son métier et principalement les livres. Pourtant on ressent un manque, un trouble. Parmi les visiteurs, seul le petit Ian attire son attention et l'intrigue. Il passe beaucoup de temps dans la bibliothèque, adore lire et choisit souvent des livres atypiques pour son âge. Elle le guide, l'épaule dans ses découvertes. Ian est le fils unique d'un couple de chrétiens fondamentalistes à l'éducation "rigoureuse". Or, un matin, elle le découvre reclus dans la bibliothèque. Il ne veut pas rentrer chez lui, et contre toute attente, elle accepte et ils partent immédiatement en voiture à la découverte de l'Amérique. Tout au long du voyage, alors que Ian laisse filer ses rêves, Lucy s'interroge sur les raisons de ce voyage, sur ses motivations profondes mais aussi sur son histoire familiale. Avec un humour désespéré, Rebecca Makkai nous offre un road-book plaisant et contrasté.

Premier roman

"Après ce printemps nébuleux et cet été tortueux, je suis désormais certaine d'une chose : je ne peux pas sauver les gens. J'ai essayé, et échoué. Je suis sûre que certains en ce bas monde possèdent ce don, mais pas moi. Cependant, je continue de penser que les livres peuvent vous sauver."

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Fiche #1154
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Samuel Todd


Jérôme LEROY

Le bloc
Gallimard

27 | 300 pages | 30-10-2011 | 17.75€

Une immersion complète pour ne pas dire noyade au sein d’un groupe politique d’extrême droite, le Bloc. Etat des lieux à un moment crucial, puisque sa dirigeante, Agnès Dorgelles, fille du patriarche qui a dirigé pendant de longues années ce parti avant de lui céder récemment le poste, est en train de négocier leur entrée au gouvernement, pas moins de dix postes de ministres sont dans la balance. Et elle est en position de force alors que des émeutes meurtrières se déroulent dans le pays sans que le gouvernement puisse y mettre fin. La peur est omniprésente, dans tous les camps, elle est le point commun qui relie la population dans son ensemble. Mais pour passer dans le rang des partis « honorables », il faut faire le ménage parmi les éléments extrémistes qui en savent un peu trop et qui par le passé ont commis quelques violences que certains n’ont pas oubliées. Cette nuit de négociation est propice aux confidences d’Antoine le mari d’Agnès convertie à l’extrémisme par amour, pseudo intellectuel anar de droite et Stanko l’homme du peuple représentant des oubliés, des déclassés, la bête traquée par la milice du Bloc. Deux personnages extrêmes, pourtant loin d’être monolithiques, souvent répugnants mais parfois humains, qui ont juré fidélité au Bloc Patriotique, n’admettent aucune limite et la réussite du Bloc semble pour l’instant leur donner raison, le but est presque atteint ! Un roman noir glaçant miroir de notre quotidien.

« Tu te demandes vraiment, cette nuit, ce qui mérite le plus ton respect ou ton sacrifice. Une société ou neuf couples sur dix, en sortant du cinéma, avant même de s’adresser la parole, rallument leur portable ou celle où une jeune fille voilée est capable de se faire exploser à un poste frontière au nom de son peuple et de sa foi ? »

Fiche #1043
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jérôme Leroy lus par Vaux Livres


Jón Kalman STEFÁNSSON

La tristesse des anges
Gallimard

26 | 380 pages | 10-08-2011 | 22€

Jens le Postier arrivé fraîchement (dans les deux sens du terme !) au village accepte de remplacer l’un de ses collègues et d'assurer une nouvelle tournée vers les derniers et dangereux fjords du Nord. Le gamin est désigné pour l’accompagner. Ces deux êtres totalement opposés se voient unis dans ce raid ultime face à la puissance destructrice de la nature : l’âge, l'expérience, le physique, la parole, les centres d’intérêt, tout les sépare. L’un se réfugie dans la solitude de l’effort pour s’oublier, l’autre rêve à ses lectures poétiques, à ses amours prochains et à sa vie future (« Leurs yeux se croisent, mais ils ne se disent rien, il est vrai que les mots peuvent être tellement vacillants, tellement fragiles, il existe un tel abîme entre eux et les choses qui s’agitent au fond de vous, et cette distance est souvent source de regrettables malentendus, il arrive même qu’elle détruise des vies. »). Pourtant cet effort et cette aventure tissent pas à pas, flocon après flocon, des liens forts, Jens a promis de ramener le gamin indemne mais c’est pourtant lui le premier qui sauve Jens d’une mort certaine dans les eaux glacés. Chaque pas est un combat, la recherche de l’itinéraire souvent hasardeuse. Mais leur arrivée généralement inattendue dans les fermes isolées est toujours un instant de joie. Les nouvelles défraîchies qui se fanent à chaque pas pourtant victorieux du combat contre le froid et la neige sont accueillies avec bonheur, de quoi oublier pendant quelques instants le quotidien si âpre. Le récit oscille entre les réflexions et introspections inhérentes à la solitude et à l’effort produit par les deux compagnons et la description de leur combat permanent contre le froid, le vent et la neige. La chaleur de leur relation ne fait que peu de poids face aux aléas climatiques subis. A lire au coin du feu !!!

Sélection Prix Page des Libraires 2011

« L’homme meurt si on le prive de pain, mais il dépérit et se fane en l’absence de rêves. »

« Nous mourons si nous n’écoutons pas ce qu’enseigne l’expérience, mais nous moisissons si nous y prêtons trop d’attention. »

« Peut-être n’est-ce pas Dieu qui a créé le pêché, mais plutôt l’inverse. »

« Les seuls fantômes que j’ai rencontrés, ce sont les vivants. »

« Les deux hommes se taisent, le gamin par timidité, Jens parce qu’il préfère le silence à bien des choses, le silence est un refuge, il vous procure la paix. »

Fiche #1003
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Jón Kalman Stefánsson lus par Vaux Livres


Erri DE LUCA

Le poids du papillon
Gallimard

25 | 81 pages | 05-05-2011 | 12.9€

Superbe texte d’Erri de Luca où sa vision personnelle et poétique de la vie de deux seigneurs, deux géants solitaires de la nature en fin de règne bouleverse le lecteur : un chamois, grand, fort, puissant, mâle solitaire qui a vu sa mère et sa sœur tuées par les chasseurs et qui s’est élevé seul échappant à tous, régnant sur son domaine ; un homme, braconnier, qui a quitté les hommes déçu par ses espoirs de Révolution et rejoint la solitude de la montagne rêvant d’achever sa carrière en tuant ce roi qui lui a toujours échappé. Deux instincts de survie qui se ressemblent ou s’affrontent et les deux solitaires ayant l’expérience de la vie sentent leurs fins approcher. La montagne et la nature comme cadre sont sublimement décrites, les caractères finement esquissés, de la puissance du chamois à la force du chasseur en passant par la fragilité du papillon. Somptueuse allégorie appuyée par une écriture magique et sensible qui nous rappelle la proximité entre l’homme et la nature.

"Sur la corne ensanglantée du vainqueur se posèrent des papillons blancs. L'un d'eux y resta pour toujours, pour des générations de papillons, pétale battant au vent sur la tête du roi des chamois durant les saisons d'avril à novembre."

Fiche #947
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danièle Valin

Les titres de Erri De Luca lus par Vaux Livres


Jean-Claude MOURLEVAT

Terrienne
Gallimard

24 | 320 pages | 27-01-2011 | 16.25€

Le lendemain de son mariage, Gabrielle, son mari et ceux qui l’accompagnent disparaissent sans explication et les recherches n’aboutissent pas. Sa sœur Anne est désespérée et attend un signe d'elle. Un appel au secours relance ses recherches lors desquelles elle rencontre un vieil écrivain, Etienne Virgil, en mal d’inspiration, qui l’aidera sans hésitation et sans retenue. Anne se sent proche de ce vieil homme et voit en lui un représentant de « ceux pour qui le monde n’est pas assez ». Il sera présent quand il leur faudra partir à la recherche de Gabrielle dans un monde parallèle où les gens sont étranges. Un monde aseptisé, figé, sans sentiments ni plaisirs, sans rires ou larmes ni même respiration. La peur règne, surveillance de tous les instants, crainte de l’autre, de l’inattendu, un monde froid, et administré qui pourtant enlève les plus belles terriennes pour enfanter des hybrides. Anne et Etienne passent d’un monde à l’autre afin de mener leur enquête en espérant ramener Gabrielle sur Terre. Par le contraste entre ces deux mondes, l’un parfait et lisse face à l’autre si imparfait et inattendu, JC Mourlevat ravive imperceptiblement notre amour pour la Terre. Il nous offre en outre des portraits aboutis de personnages particulièrement attachants notamment Etienne l’écrivain confiant qui découvre pour son plus grand malheur que parfois fiction et réalité se rejoignent et Anne la sœur aimante prête à tout pour retrouver sa sœur. Pour les petits et les grands !

« Rien n’est fantastique, ou plutôt tout l’est. »

Fiche #887
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Claude Mourlevat lus par Vaux Livres


Patrick AUTRÉAUX

Soigner
Gallimard

23 | 95 pages | 12-11-2010 | 13€

Récit d’un homme qui vit une seconde vie après la guérison d’un cancer, mais un homme ancré dans le monde médical, proche des corps, des âmes et de la maladie où la frontière entre médecins et malades s’avère ténue. Parmi ces hommes, l’n se distingue : son grand-père, pilier protecteur de la famille, inconsolable depuis la mort de sa femme. Patrick Autréaux nous offre un texte poignant, entre récit et essai à la prose maîtrisée et sensible.

"Soigner, c'est-à-dire soigner jusqu'au bout, c'est traverser un champ dont on ne connaît ni l'état du sol, ni la nature des herbes. C'est accepter les fleurs d'orties, la gadoue putride, les entorses et aussi les odeurs fraîches, l'ombre piquetée de soleil d'un arbre solitaire. C'est fatigant et dur."

"Ce qui est vierge en nous est frigide à la parole. On croit comprendre, les idées ne donnent que des frissons. La jouissance est comptée. Rarement on peut éprouver la beauté du dévoilement qui éblouit et est près de nous détruire."

"Pour écrire, il faut du vide - un vide de mots et de choses à dire : n'avoir que la fougue à condenser."

Fiche #866
Thème(s) : Littérature française


Nathalie KUPERMAN

Nous étions des êtres vivants
Gallimard

22 | 203 pages | 07-11-2010 | 17.15€

« Cela faisait maintenant une année entière que nous étions à vendre. Nous avions peur de n’intéresser personne, peur du plan social. On attendait le grand jour, le jour des pleurs, des adieux et peut-être éprouvions nous quelque plaisir à rendre poignantes, par avance, ces heures où nos vies basculeraient, où nous serions tous dans le même bateau, agrippés les uns aux autres avant de nous quitter pour toujours », pourtant le 16 mars, avec une tête d’enterrement, les 50 salariés de la Société Mercandier Presse écoutent leurs trois déléguées syndicales leur annoncer la vente de l’entreprise à un repreneur, Paul Cathéter, manager adepte des méthodes américaines… Nathalie Kuperman nous fait vivre parmi le choeur de la société, elle décortique non sans humour les sentiments et les réactions diffèrent, s’opposent, se rejoignent, l’union se fissure : démission, apathie, violence : « Avant, nous ne pensions qu’à travailler le mieux possible ensemble. S’aimer les uns les autres ne nous préoccupait pas, mais on vivait ! … aujourd’hui c’est au-dessus de nos forces, et nous nous regardons avec défiance ! ». L’évolution de l’intimité des principaux acteurs aux personnalités différentes nous est finement dépeinte par l’expression avec force, colère ou dépit de leurs voix intérieures afin de saisir parfaitement l’histoire d’une déchéance morale et humaine d’un groupe de salariés manœuvré, déréglé, par un manager sans scrupules, « un requin sans âme », une aventure qui se répète hélas mois après mois.

Fiche #847
Thème(s) : Littérature française


France HUSER

La triche
Gallimard

21 | 165 pages | 07-11-2010 | 15.15€

Dès sa naissance, la narratrice commence de tricher. Ses parents attendaient un garçon, et ce fut elle ! La triche, le mensonge, l’ombre s’imposent dès ses premières années, un mode de vie qu’elle accepte et entretient, sorte d’hymne aux mensonges acceptés, aux mensonges nécessaires, comme aux mensonges gratuits sans nécessaire justification. Des mensonges qui l’entraînent dans une dualité constante : ombre et lumière, mensonge et vérité, perfidie et fausse douceur, respectabilité et machiavélisme, sagesse et perversité, fuite en avant et introspection… « La triche était une aventure, non pas gratuite, mais qui menait à une découverte de soi… » mais à force de mentir et de se mentir, s’apercevra-t-elle que la vie s’éloigne mensonge après mensonge…

Fiche #848
Thème(s) : Littérature française


Jean-Baptiste DEL AMO

Le sel
Gallimard

20 | 297 pages | 10-08-2010 | 19.8€

L’histoire pourrait être considérée comme commune mais Jean-Baptiste Del Amo en la transformant en un roman dense, captivant et émouvant confirme la réussite de son premier roman ("Une éducation libertine") : une journée d’une famille ordinaire sétoise mais les secrets familiaux recèlent leur singularité... Elle s’apprête à se réunir pour un premier dîner pris en commun après la mort d’Armand le père omnipotent, violent, craint de tous. L’attente de cette réunion incite chaque membre de la famille à se remémorer son passé, leur passé commun mais aussi le passé de la famille sur plusieurs générations ("Ainsi pensaient-ils, au jour du dîner, comme à travers un tunnel, une faille dans le temps qui les eût poussés au ressouvenir"). Chacun participe à la reconstruction de ce puzzle, pièce par pièce, à des rythmes différents, avec des reprises, des ajustements… Au cours des trois chapitres, de la naissance (Nona) à la mort (Morta), les récits se chevauchent, s’entremêlent, s’éloignent pour mieux se réunir dans la description de l’intimité de chacun et de ses sentiments les plus profonds. Rien ne sera caché au lecteur, tout sera dévoilé, évènement après évènement, émotion après émotion... Louise la veuve prépare ce repas et attend Fanny la fille délaissée, sa rivale qui ne se remet pas de la mort de sa fille Léa, Jonas son fils adoré « malheureusement » homosexuel qui lui aussi pense encore à Fabrice son ancien compagnon et enfin Albin, son père tout craché, physiquement et psychiquement. Dans la difficulté à fonder une famille, l’amour et la mort se font face dans un combat violent qui semble déséquilibré et biaisé par la force de l'intime et du passé... Un grand roman, d’une écriture raffinée et maîtrisée qui nous rappelle, comme une évidence, que « la vie a passé si vite ».

Fiche #810
Thème(s) : Littérature française


Alain MABANCKOU

Demain j'aurai vingt ans
Gallimard

19 | 381 pages | 28-07-2010 | 24.4€

Michel le narrateur est un jeune garçon qui vous entraîne à suivre ses traces dans Pointe-Noire, capitale économique du Congo tenue d'une main de fer par "l'immortel Marien Ngouabi". Autour de Michel s'active une palette de personnages tous plus singuliers les uns que les autres : un père adoptif réceptionniste dans un grand hôtel, maman Pauline une mère pleine de vie, Lounès l'ami indefectible, Caroline la petite amoureuse... Alain Mabanckou affirme une nouvelle fois son art à adapter parfaitement son style, sa langue et son écriture à ses personnages.

Fiche #805
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Alain Mabanckou lus par Vaux Livres


Patrice LEO

Charly Croquette
Gallimard

18 | 08-05-2010 | 10.15€

Charly est joueur et malicieux. Lorsqu'il accueille Marlon, un jeune chiot, sur ses lieux de jeux, il est loin de se douter qu'il vient de fonder une amitié indéfectible qui l'accompagnera tout au long de son existence.

Fiche #766
Thème(s) : Jeunesse


Fabienne KANOR

Anticorps
Gallimard

17 | 169 pages | 04-02-2010 | 16.15€

La narratrice Louise mariée avec le même homme depuis 40 ans atteint un âge clé, temps des bilans… Elle semble emblématique d’une génération volontaire et engagée qui pense et espère avoir maîtrisé et changé sa vie par rapport à celle de leurs mères. Pourtant le bilan sans concession s’avère particulièrement morose. Une vie de mensonges, de petites acceptations, asphyxiant toutes les rebellions, qui, cependant, ne sont rien devant ce lent vieillissement, inexorable, avilissant, terrifiant qui transforme le corps, le déforme, l’éprouve, le mord, le ronge. Devant cet affaiblissement et cette déchéance physique accompagnés par des sentiments noirs de dégoûts et de colère qui n’épargnent rien ni personne, Louise se décide enfin à franchir le pas : « L’idée de prendre la fuite est venue après, quand, demeurée seule sur la cuvette W-C, j’ai senti mes jambes trembler, courir loin. Là où il me serait permis d’usurper toutes les identités. Ni Louise, Ni Singer, ni Serin. Ni cancéreuse, ni mère, ni rien. Quelqu’un de neuf, peut-être ». Une rupture sur le chemin de la liberté, mais sera-t-elle capable et pourra-t-elle en jouir pleinement ?

Fiche #713
Thème(s) : Littérature française


Patrice BLOUIN

Tino & Tina
Gallimard

16 | 87 pages | 09-07-2009 | 12.2€

Tino et Tina sont frère et sœur. Ils sont parisiens et habitent dans deux appartements qui se font face. Leur mère les a laissés là et s’en allée alors qu’ils étaient encore adolescents. Deux ados qui ne se sont jamais quittés et ne se quitteront plus, à la vie, à la mort... Ils continueront de grandir ensemble, et le passage à l’âge adulte sera commun. Tels Charybde et Scylla, un petit texte étrange pour deux personnages mythologiques.

Premier roman

Fiche #601
Thème(s) : Littérature française


Stéphane AUDEGUY

Nous autres
Gallimard

15 | 252 pages | 15-01-2009 | 17.75€

Stéphane Audeguy vous attire dans son livre car vous serez l’un de « nous autres ». Mais évidemment ce « nous autres » est beaucoup plus vaste… Grande ambition. Nous autres, cette voix supplémentaire participe à l’observation, à la narration du long voyage de Pierre, 33 ans, au Kenya à la recherche d’un endroit où enterrer son père. Ce père que Pierre n’a pas connu vivait depuis plus de 30 ans au Kenya dans les quartiers les plus reculés, dans des endroits où les blancs se font rares… Il a choisi sa mort, un suicide et une mort « africaine » mais qui, même elle, lui sera refusée. Notre voyage nous permettra d’aller de découvertes en découvertes, de remonter l’histoire de l’Afrique de l’Est, mais aussi notre histoire actuelle et passés et finalement l’histoire de l’Homme.

Fiche #501
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Stéphane Audeguy lus par Vaux Livres


Kevin VENNEMANN

Près de Jedenew
Gallimard

14 | 149 pages | 15-11-2008 | 16.75€

Le lecteur se retrouve entre deux sœurs jumelles qui dans ce récit entremêlent passé et présent, souvenirs et actualité, le tout oscillant entre bonheur et horreur. Elles assistent depuis une cachette à la destruction de leur univers familial, sorte de pogrom non situé dans le temps et l’espace qui accroît la puissance de ce texte (on est loin des Bienveillantes). Elles racontent leur joie de construire cette cabane d’où elles assisteront à l’extermination de leur famille. Le bonheur annonce inexorablement le malheur. La tension est palpable à chaque page, dans les rêves, dans la réalité, une menace (« Ils arrivent ») plane, indéfinissable mais inéluctable, on sent l’horreur se mettre en place, tous le sentent, s’y attendent : « Nous savons depuis plusieurs jours ce qui va arriver, c’est-à-dire ce qui arrive aujourd’hui, mais nous sommes persuadées que nous nous imaginons des choses insensées, que nous affabulons comme nous le faisons toujours, à seize ans nous continuons à tresser tous les jours des nattes à nos poupées disposées sur les rebords de fenêtres, et nous nous racontons des histoires, nous adorons ça. ». Un livre dense et noir.

Premier roman

Fiche #488
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Barbara Fontaine


Valentine GOBY

Qui touche à mon corps je le tue
Gallimard

13 | 136 pages | 22-08-2008 | 20.2€

Une journée au milieu du XXème siècle à la frontière entre la vie et la mort de Marie G. faiseuse d’ange et condamnée à mort, de Lucie L. qui vient d’avorter et de Henri D. exécuteur de l’état. Ces trois personnages sont tous liés à la mort et chaque chapitre présente sans rien d’autre que ce lien leur lutte pour la vie. Lucie vit une relation fusionnelle avec sa mère dans une famille où les filles et les femmes sont marquées par la mort. Elle raconte son enfance marquée par sa mère puis la douleur de l’avortement, elle avortera deux fois avant de prendre sa liberté pour partir à la recherche de l’homme dont elle rêve. Marie qui a épousé un militaire par lassitude devient faiseuse d’ange par hasard mais continue pour gagner de l’argent. Elle doit être guillotinée le lendemain. Elle a cinq enfants dont trois sont morts et a réalisé 26 avortements. Le gardien acceptant d’éteindre la lampe de sa cellule qui devait rester allumée, elle s’endort en rêvant à ses enfants. Henri sera l’exécuteur de Marie. Il fut mécanicien et parcourut le monde. A la mort de sa mère, il choisit le silence et suit sa famille à Paris où il rencontre Georgette fille d’un aide-exécuteur. Sa famille lui propose de rejoindre leur métier. Il délivre les dernières réactions des guillotinés ainsi que ses sentiments et sa préparation méthodique l’empêchant de craquer et lui permettant de supporter son terrifiant métier. Un récit éclairé par une très belle écriture avec une alternance entre les passages décrivant la vie des trois protagonistes et leurs liens étroits avec la mort omniprésente, lourde et pesante.

Fiche #449
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Valentine Goby lus par Vaux Livres


Régis JAUFFRET

Lacrimosa
Gallimard

12 | 218 pages | 21-08-2008 | 16.75€

Régis Jauffret continue de renouveler avec réussite à chaque roman. Lacrimosa est un roman épistolaire entre le narrateur, un écrivain que le lecteur attentif reconnaîtra et Charlotte. Ils étaient amants lorsque Charlotte s’est suicidée et elle écrit du Néant ou de l’au-delà. L’échange et le dialogue évoluent au cours du livre. Correspondance d’amants aimants jusqu’aux lettres de reproches (« Tu devrais tout de même savoir qu’on ne fait pas de scène de ménage à une morte ! »), aucun ton n’est omis. Elle le tutoie, il la vouvoie, elle l'apostrophe, il élude... Les lettres dévoilent leur relation et leurs personnalités. Elle aime la vie mais reste insatisfaite (« Ce que vous avez pu lutter, ce que vous avez pu vous débattre, ce que vous avez pu nager, pour garder la tête hors de l’eau, pour continuer à bouffer l’existence »), comme son amour non réciproque pour le skipper. Il est écrivain et demeure plus attentif, selon elle, à la prochaine page à écrire qu’à son entourage (« Et tu as fait de moi un procédé romanesque ! »). Un roman extravagant, inventif, original dans la forme et le ton, ne dédaignant pas l’humour moqueur, l'autodérision et l’ironie. Du plaisir à chaque page.

« La mort est une grand-mère qui rattrape les enfants qui lorsque la nuit tombe cherchent à fuguer. Elle les met au lit sans même les gronder, et les embrasse tout autant que ceux plus affectueux qui sont venus en plein midi lui réclamer un câlin au lieu de continuer à jouer sur la plage avec leurs petits copains. »

« Les morts ne se désaltèrent pas aux yeux des vivants, qu’ils gardent donc le jus de leurs glandes lacrymales pour saler les routes ! »

Fiche #437
Thème(s) : Littérature française


Ian MCEWAN

Sur la plage de Chesil
Gallimard

11 | 149 pages | 15-07-2008 | 17.15€

Ils sont jeunes. Ils se rencontrent dans l’Angleterre des années 60, Angleterre puritaine d’avant la révolution sexuelle. Il pense devenir historien, elle est musicienne. Ils ne feront que s’effleurer avant le mariage, croiront se connaître et resterons vierges jusqu’au jour J. Mais devant leurs craintes, leurs troubles, leurs hésitations, la nuit de noces ne se déroule pas comme prévu et en un instant, un éclair, une décision, un mouvement, leurs vies basculent et s’éloignent définitivement.

Fiche #417
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon

Les titres de Ian McEwan lus par Vaux Livres


Yasmine CHAR

La main de Dieu
Gallimard

10 | 97 pages | 06-04-2008 | 10.15€

Une jeune fille de quinze ans vit au Liban pays au destin toujours aussi tragique. Tout concourt à son enfermement : enfermement dans son pays, enfermement dans la guerre et dans la mort, enfermement par les tabous de la société libanaise et par la religion, enfermement familial. Sa mère (française) est partie et a quitté brutalement la famille (« …cette mère si admirable qui bravait les vagues comme elle bravait quotidiennement les interdits d’une société : avec panache. Une attitude que seuls les gens passionnés peuvent avoir, ou les déments. »). Son père ne survivra pas à ce départ mais la protègera jusqu’à son dernier souffle (« Avant de mourir, il a exigé que je dispose d'une part d'héritage égale à celles de mes frères alors que le droit musulman ne prévoyait qu'une demi-part pour les femmes. Je me suis accrochée à cet épisode pour imaginer le père que j'aurais aimé avoir, complice, jaloux de ma liberté, faisant barrage entre moi et les diktats de la famille qui me voulait rangée et docile »). La guerre est omniprésente. Même si elle fait partie intégrante du quotidien et même si la population l’a finalement apprivoisée, elle empêche les enfants de profiter ou plus simplement de vivre pleinement leur enfance. La jeune fille affronte avec vigueur ces deux guerres, guerre familiale et guerre de son pays. Pourtant au milieu de ce tableau noir, l’amour persiste à éclairer sa vie. Amour éclair qu’elle rencontrera au milieu des ruines et des morts qui se révèlera vicié sans réussir à l’abattre. Histoire d’une adolescente indestructible, rebelle, d’une énergie folle qui veut continuer envers et contre tout à mordre la vie à pleines dents, « libre et rebelle, une enfant nomade en devenir, en partance », et dont l'exil facilitera peut-être l'oubli ("Pas de pardon, je n'y crois pas mais l'oubli, un jour, pour alléger la mémoire...").

Fiche #381
Thème(s) : Littérature étrangère


Didier DAENINCKX

Camarades de classe
Gallimard

9 | 168 pages | 07-03-2008 | 16.15€

Alors que chaque jour est édité un nouveau livre concernant mai 68, Didier Daeninckx propose un angle original et attachant de quelques acteurs anonymes de cette période. François et sa femme Dominique (prénom neutre) ont une vie paisible et heureuse, leur couple résiste avec succès au temps. Seul François ressent une certaine lassitude face à son environnement professionnel de plus en plus déshumanisé et périlleux. Un message électronique arrive un matin dans sa boîte mais Dominique le lit et y répond à la place de son époux. Il s’agit d’une prise de contact d’un ancien camarade de lycée abonné au site « camarades-de-classe.com ». Dominique devient prisonnière de cette première réponse et suit avec intérêt les échanges de ses anciens amis présents sur une photographie de voyage scolaire. Les échanges révèlent l’histoire terriblement humaine et attendrissante de la banlieue rouge des années 60 à 70 mais dévoilent aussi un autre mystère fondateur de ce couple attachant…

Fiche #365
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Didier Daeninckx lus par Vaux Livres


Amos OZ

Vie et mort en quatre rimes
Gallimard

8 | 132 pages | 21-02-2008 | 15€

Un écrivain participe à de nombreuses conférences et en devient blasé : aucun imprévu, il connaît à l’avance chaque question et les réponses attendues et finalement émises. Une vision réaliste et quelque peu désabusée de ces rencontres, ni l’auteur ni le lecteur ne sont épargnés. Pourtant avant l’une d’elles, son regard erre et laisse libre cours à son imagination. Chaque visage est observé et entraîne des divagations concernant chaque personne. Il imagine, il invente, des vies, des sentiments, un quotidien, avec une tendresse féroce parfois enrichie d'humour léger. L’écrivain retrouve sa passion, créer des histoires, jeu dangereux parfois, surtout lorsqu’il observe plus précisément la femme qui lit son texte avec tant de sensibilité… Un beau texte parfois ironique, parfois désabusé, toujours modeste et réaliste, sur la création littéraire, la force de l’imagination.

« Mais pourquoi écrire sur des choses qui existent indépendamment de toi ? Comment rendre l’indicible par des mots ? … Ecrire le monde tel qu’il est, tâcher d’emprisonner une nuance, un parfum ou un son dans des mots, c’est un peu comme jouer du Schubert en présence du compositeur qui ricane dans la salle obscure. »

Fiche #362
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvie Cohen


Anne SIBRAN

Je suis la bête
Gallimard

7 | 121 pages | 20-11-2007 | 13.9€

Une enfant nait dans la campagne. Heureux évènement et pourtant, ni elle, ni le lecteur ne connaitront ses parents : « Un jour, ils m'ont poussée dans un placard, puis ils ont refermé la porte. Et je ne les ai jamais revus. Ni la femme qui m'a sortie de son ventre. Ni l'homme qui me portait un peu.J'aurais dû en mourir, s'il n'y avait eu cette bête, entrée par la foret, sous le carreau cassé. ». La survie devient évidemment dès ses premiers jours sa préoccupation première à laquelle la Chatte contribue principalement. Elle lui apprendra tout, innocemment. La sauvagerie et le retour à l’état d’animal la gagnent et la transforment rapidement. Au fil des lignes, le lecteur se sent à la fois si proche d’elle dans cette lutte pour la survie et si éloigné devant les moyens mis en œuvre. Et puis, un jour, au détour du chemin, elle retrouvera l’Homme. Un retour dans ce monde sera-t-il possible ?

« La vérité, c’est que le chat forestier devient la bête avant le cri. Il est comme le tapis de feuilles où la proie imprudente est allée se motter. Quand il s’élance soudain, on dirait que les arbres le suivent. Qu’il entraîne après lui un bout de forêt. »

« Si bien qu’il faut partir. Ici aucune bête ne reste hors d’oreille trop longtemps. Narine flairante, elle se coule aux passe justes, retourne à ses sentiers de discrétion. »

« Jamais je n’aurais cru qu’il y avait tant de manières de souffrir pour désapprendre la forêt. »

Fiche #326
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Sibran lus par Vaux Livres


Dominique BARBÉRIS

Quelque chose à cacher
Gallimard

6 | 159 pages | 19-08-2007 | 14.1€

Il est gardien de musée et peint à ses heures perdues dans une petite ville des rives de la Loire proche d’une centrale nucléaire. Un jour, Elle franchit les portes du musée. Elle est partie depuis plus de vingt ans mais il la reconnaît immédiatement. Marie-Hélène, enfant, venait chez sa tante au château de la Boulaye. Elle était différente, se liait à tous et à personne. Les souvenirs inondent sa mémoire sans effort. Pourquoi ce retour tardif ? Le soir, sous une pluie battante, il passe devant le château encore éclairé et le lendemain, elle est retrouvée assassinée. L’enquêteur ami du peintre découvre qu’elle avait déjeuné avec un ingénieur de la centrale le midi, un long repas... Une ambiance sombre et étrange à la Chabrol...

« On n’a pas tellement de temps dans une vie. Je voyais la fille devant moi dans cette salle de musée, et c’était ce que je pensais : on a si peu de temps dans une vie. Un jour, on se regarde dans une glace, et on se dit : voilà, voilà. On n’a même pas de mots pour le dire. »

Fiche #277
Thème(s) : Littérature française


Ludmila OULITSKAÏA

Mensonges de femmes
Gallimard

5 | 187 pages | 29-06-2007 | 16.75€

Roman ou recueil de nouvelles sur le thème du mensonge féminin. Selon L. Oulitskaïa, ces mensonges sont gratuits, sans but réel, souvent pour le plaisir et moins stratégiques ou calculateurs que le mensonge masculin (« Peut-on comparer le bon gros mensonge masculin, stratégique, architecturé, aussi ancien que la réponse de Caïn, avec ces charmants petits mensonges de femmes dans lesquels on ne décèle aucune intention, bonne ou mauvaise, ni même aucun espoir de profit ? ». Ces nouvelles vous plongeront dans un monde slave où la fantaisie règne et où le mensonge embellit la vie et n’empêche pas la tendresse.

Fiche #249
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sophie Benech


Marie NDIAYE

Mon coeur à l'étroit
Gallimard

4 | 299 pages | 10-02-2007 | 17.75€

Vous aimez les romans avec une belle intrigue bien ficelée, un début, une progression, une belle fin, les romans où l’histoire dans sa totalité sans aucune ombre vous est dévoilée laissant peu de marge à votre imaginaire et à vos interrogations, alors le dernier roman de Marie Ndiaye n’est pas pour vous. Histoire réelle, rêve ou prise de conscience de sa véritable nature, Marie Ndiaye nous propose de rencontrer Nadia et Ange, un couple d’instituteurs bordelais sans histoire. Ils exercent dans le même établissement et s’estiment d’excellents professionnels. Et pourtant, le livre commence avec le dérèglement complet de leur vie sans qu’ils ne maitrisent ni n’expliquent quoi que ce soit. Le couple est victime d'ostracisme à l'école à la fois des collègues et des enfants et toujours sans la moindre explication. Le monde environnant les rejette également. Cette exclusion est-elle réelle ou Anna s’exclut-elle elle-même de cette société ? Le lecteur demeure aussi indécis, que leur arrive-t-il ? pourquoi ? Rêve ou réalité ? Ces questions le hantent du début et à la fin de sa lecture (et même après). Devant l’incompréhension du couple face à ces événements, Nadia raconte progressivement sa vie et ses ressentiments, ses haines et ses colères mais aussi ses contradictions surgissent. Sans tomber dans le pur fantastique, les faits extraordinaires qui émaillent le récit renforcent l’impression d’étrangeté, d’angoisse, et d’attente du lecteur. Un roman singulier que l’on n’oublie pas.

Fiche #192
Thème(s) : Littérature française


Nicole KRAUSS

L'histoire de l'amour
Gallimard

3 | 356 pages | 27-08-2006 | 21.3€

Un livre "L'Histoire de l'amour" est au centre du roman de Nicole Krauss qui unit trois narrateurs Zvi Litvinoff, Léopold Gursky et Alma Singer. Alma Singer sait que son père a offert un exemplaire de ce livre à sa mère et que son prénom a été choisi en hommage à l'héroïne du livre. A la mort de son père, Alma décide de retrouver cette femme. Zvi Litvinoff, juif polonais émigré au Chili a publié en espagnol ce livre. C'est son unique roman et les 2000 exemplaires édités disparurent rapidement. On suit également les déboires de Léo Gursky juif polonais émigré aux USA. Il émigra alors que son amour de jeunesse, Alma, était déjà installée aux USA et mariée. Les recherches d'Alma l'amèneront à rencontrer Léo Gursky qui se plaira à reconnaître en elle son amour de jeunesse...

Ces trois personnages principaux ont tous à voir avec ce fameux livre mais ne font-ils pas partie de la même histoire ? Disparition, errance, trahisons, amour nourrissent l'histoire de ces émigrants juifs polonais. Les recherches conduites par Alma nous tiennent en haleine dans ce véritable puzzle dont les pièces se rapprochent et s'emboîtent page après page. Un roman riche à découvrir.

Fiche #137
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Hoepffner


Patrick DECLERCK

Le sang nouveau est arrivé - L'horreur SDF
Gallimard

2 | 92 pages | 30-12-2005 | 16€

Patrick Declerck a publié "Les naufragés, avec les clochards de Paris" en 2001 chez Terre Humaine. Cette expérience et les événements qui ont ensuite émaillé l'actualité l'ont amené à publier ce pamphlet cinglant, grinçant et réaliste qui expose nos visions collective, individuelle, associative des SDF et de leurs conditions. Ca fait mal et personne n'est épargné : les médias, les associations, chacun de nous, mais c'est pourtant un livre à découvrir.

A LIRE ABSOLUMENT POUR SOUFFRIR ET REAGIR.

Fiche #32
Thème(s) : Littérature française


Louis SACHAR

Le passage
Gallimard

1 | 278 pages | 30-12-2005 | 7.9€

en stock

Stanley Yelnats est accusé d’avoir volé une paire de chaussures de sport, don d’un sportif à une œuvre caritative et le juge lui propose la prison ou le camp du Lac Vert. Il choisit la seconde solution et se retrouve au milieu du désert, l’activité principale étant de creuser des trous dans un but inconnu. Seul le directeur du centre connaît la raison de cette tâche. La vie d’un groupe de gamins surveillés est décrite simplement avec évidemment le nouveau venu au centre des brimades de ses compagnons mais aussi de l’encadrement. Le grand-père de Stanley passa dans cette région et la famille le considérait comme fou en l’écoutant conter ses souvenirs. Après l’évasion d’un enfant du groupe, Stanley craignant sa mort dans ce désert brulant le rejoint et leur aventure permettra de découvrir que le grand-père disait juste. Mais ne dévoilons pas la fin...

Fiche #16
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Louis Sachar lus par Vaux Livres





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