« La loi, c’est pour les gens qui ont de l’argent... »
Viola Ardone
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C’est l’histoire d’un « cassos bigleux », né dans une famille vivant des prestations sociales au cœur d’un quartier d’une cité de Besançon. Il passera d’abord par une école classique, puis par une école regroupant tous les élèves à problèmes et autres cas sociaux souvent caractériels où règnent violence, colère, ruses et coups tordus, et enfin par un établissement spécialisé pour malvoyants. Lui souhaiterait seulement s’isoler, trouver le calme et se retire souvent dans la médiathèque, refuge où il trouve les livres et une certaine affection. Il nous livre les anecdotes qui font sa vie à l’école, dans son quartier, avec sa mère, son beau-père, son frère et sa sœur. Les adultes en règle générale semblent dépassés par tous les évènements et assez impuissants pour aider les gamins. Il nous fait partager ses peurs, ses hontes, ses colères, ses espoirs (« Comme tous les pauvres, je savais me montrer modeste dans mes aspirations. »), les violences subies, sa peur de ne pas être aimé, mais aussi les quelques rencontres heureuses qui sauront l’écouter et l’épauler. Un premier roman, chronique sociale qui dresse le portrait sans détour d’une cage d’escalier, d’un quartier, de la pauvreté, et d’une certaine forme d’isolement mais aussi portrait souvent drôle d’un gamin singulier et du chemin chaotique pour trouver sa place.
Premier roman
« La cité, vue de l’extérieur, c’est un sac poubelle, on n’a pas trop envie de s’attarder sur le contenu. C’est juste un tas de pauvres. »
« On ne nous a pas laissé le temps d’être innocent... Nous l’ignorons encore, mais n’ayant jamais été vraiment des enfants, nous ne deviendrons jamais véritablement adultes. Une double peine en quelque sorte. »
Fiche #3239
Thème(s) : Littérature française
Gus est maintenant en retraite. Il a décidé de quitter le foyer pour enfants où il était l’homme à tout faire. Son départ marqua ses collègues et les enfants. L’homme était discret mais sa place importante. Gus attend un train qui l’emmènera rencontrer son frère (et sa belle-soeur) qu’il n’a pas vu de longue date et qui est dans une maison de soin. Le voyage sera propice à un retour dans le passé, avec son enfance, son frère, son travail, les enfants du foyer. Et parmi ces enfants, il y eut Léo. Il s'en rend compte aujourd'hui, à l’évidence, Léo reste à ses côtés. Pour toujours. Une cicatrice qui jamais ne se refermera. L’histoire de Léo et sa propre histoire vont s’entremêler (aussi bien dans le récit que dans la réalité), entre douceur et douleur, par petites touches, avec pudeur et une émotion aussi contenue que puissante.
Ecouter la lecture de la première page de "Lui seul"Fiche #3126
Thème(s) : Littérature française
Judith et Florence ont pratiquement toujours vécu ensemble. Au moment de l’accouchement, le père de Judith s’était déjà envolé et Florence a tout assumé seule. Elle a tout fait pour sa fille, pense que Judith n’a aucun secret pour elle et la connaître mieux que quiconque. Après quelques années de séparation, Judith revient dans l’appartement de son enfance, mais c’est un terrible retour : Judith malgré son jeune âge (une vingtaine d’années) est atteinte d’un cancer qui ne laisse aucun espoir. Florence l’a accompagnée pendant les premiers traitements, et elle a décidé de son retour pour les soins palliatifs. Judith retrouve un appartement inchangé, les mêmes rangements, les mêmes objets, les mêmes odeurs. Et Florence. Une mère qui l’adore, qui l’aime et une mère qui retrouve un rôle, une place presque similaire à celle occupée au moment de la naissance de Judith : Florence décide, gère, organise, propose parce ce qu’elle connaît sa fille et sait ce qui est le mieux pour elle. Mais peut-on être aussi omnisciente et omnipotente face à une jeune femme même très malade qu’avec un bébé ? Elle est en effet totalement dévouée, fait tout ce qu’elle pense attendu par Judith. Elle devance ses désirs, du moins ceux qu’elle lui accorde. Evidemment, elle a encore une once d’espoir malgré les douleurs immenses et continues de Judith, sa perte de poids, son manque d’appétit, ses silences, les perfusions et les multiples médicaments ingérés. Leur quotidien est émaillé des visites de Théo l’infirmier qui dresse un constat médical sans sentiment qui contraste avec le ressenti de Florence. Il faudra un long chemin de souffrance, pour que, tout en conservant son amour absolu pour sa fille, elle dresse le constat douloureux que « Elle ne sait plus ce qu’il y a de mieux pour elle. » et que Judith puisse enfin exprimer son propre désir même s’il est douloureux pour toutes les deux. Un texte poignant qui place la relation mère-fille dans le cadre d’une fin de vie (prématurée), décrit le cheminement d’une mère aimante pour entendre et accepter les derniers désirs de sa fille et apporte peut-être une pierre dans le long (trop ?) débat sur la fin de vie...
Premier roman
Fiche #3065
Thème(s) : Littérature française
Klaus Klaus vit seul dans un appartement, héritage d’un oncle inconnu. Il ne semble pas souffrir de sa solitude, sa vie est parfaitement réglée, presque minutée, et l’observation précise de son environnement comble cette solitude. Obsessions et lubies participent à son quotidien légèrement bouleversé par un voyage nécessaire suite à une succession. Succession qui fait remonter le passé, un passé douloureux qui ne viendra certainement pas noircir à jamais le présent de ce nouveau monsieur Hulot d’autant plus qu’une belle rencontre quoique légèrement trop chevelue laisse espérer le meilleur. Un personnage atypique qui intrigue, bouscule, amuse et le style de Marie Maher y est pour beaucoup.
Ecouter la lecture de la première page de "Klaus Klaus"Fiche #2832
Thème(s) : Littérature française
Amsterdam, 1656, Rembrandt vit des moments compliqués puisque ses créanciers sont en train de la dépouiller mais c’est dans un instant qu’il croise le regard bleu du philosophe tchèque Comenius. Une rencontre fugace qui marquera néanmoins le début d’une amitié étoffée par de longues discussions que Lenka Hornáková-Civade imagine. Réflexions sur l’art, la peinture, la vie, Dieu étant souvent en arrière plan, l’enseignement au gré du portrait de Comenius que Rembrandt peint. Mise en avant de deux passions, passion de Rembrandt pour son art, enseigner à tous pour émanciper, pour rendre libre pour Comenius. L’un manie la pensée, les idées, l’autre la matière, mais les deux dans un même but et « Ce que le philosophe n’arrive pas à exprimer, le peintre parvient à le faire. ». Quatrième roman de Lenka Hornáková-Civade, « Un regard bleu » nous plonge dans les lumières du XVIIème par le portrait d’une relation entre deux génies.
« La guerre est facile. Radicale et tranchante. La paix est difficile à établir , fastidieuse à cultiver et épuisante à maintenir. »
« Regarder, c’est se retirer du monde, s’enfermer dans la passivité et la docilité, poser ses yeux un peu partout sans faire de choix, mais aussi sans rien oublier. Alors que voir c’est choisir. L’intention du regard, la capacité de voir passe par la volonté. »
Fiche #2796
Thème(s) : Littérature française
Ils sont morts. Tous les deux, l’un après l’autre. La mère puis le père dans un accident. Restent la maison à quelques heures de Paris et le grand chien gris. Peut-être le seul qui ressent sa douleur, la douleur persistante de cette fille qui a toujours voulu partir, une autre vie. C’est peut-être le moment. Vendre la maison et partir avec le grand chien. Cela semblait facile, « Commencer et vider. Vendre. Sans réfléchir, sans s’attarder, sans même regarder ce qui passe entre les mains. ». Mais il va falloir passer par les souvenirs, par l’enfance, retrouver les trains de la gare toute proche, ceux qui passent sans s’arrêter, ceux qui s’arrêtent, ceux qui reviennent toujours, retour sur elle-même entre passé et présent, tenter de franchir la douleur pour trouver la beauté, ultime effort pour enfin commencer sa vie.
Court, percutant et douloureux.
Premier roman
Fiche #2496
Thème(s) : Littérature française
Clarisse est la fille d'Anne décédée il y a dix ans. Clarisse est étudiante à Sciences-Po et à part un Domovoï inquiétant, nain poilu et barbu protecteur du foyer (mais qui est-il vraiment pour la famille de Clarisse ?), elle ne connaît pas grande chose du voyage de sa mère en Russie. Pourtant elle semble si heureuse sur une photo de groupe de l’époque retrouvée dans les affaires de son père. Alors vingt-deux après, Clarisse part sur les traces de sa mère, de son histoire. Le récit alterne entre Clarisse et Anne, entre la Russie de 1993 et la Russie de 2015, entre l’histoire intime et familiale et l’histoire de ce pays immense envoûtant et intriguant mais avec toujours comme des étoiles lumineuses permanentes la culture, la langue, les croyances et la mélancolie russes. Un voyage initiatique, hommage appuyé à l’âme russe, éclairé par un double portrait féminin attachant basculant à vingt ans d’écart dans l’âge adulte.
« Nous avons cela en commun, les Russes et nous, d’être désemparés face à l’avenir. »
Fiche #2447
Thème(s) : Littérature française
Ceux qui appréhendent la vie autrement, qui préfèrent les rêves au quotidien, au réel, trouvent difficilement leur place dans notre monde. Harry s’en apercevra rapidement à ses dépens après avoir été acheté un billet pour la lune : direction l’hôpital. Devant un personnel médical attendri, il entreprend la construction d’une fusée avec ce qu’il trouve sur place : papier toilette, trombone, moteur d’aspirateur… Le voyage se prépare vers ce satellite dont l’apparence change chaque nuit mais qui conserve toujours sa même beauté. Voilà un bel et singulier OVNI ou plutôt LVNI qui vous transportera sur votre lune, il vous guidera en effet pour trouver votre propre lune, cet endroit particulier où vous pouvez vous éloigner, rêver, vous évader, un endroit dont « on ne revient vraiment jamais. » Entre Amélie et Boris, une folie douce et communicative, un bel hommage au rêve et à l’imagination, à la poésie, à la vraie vie, sans artifice, à la résistance pacifique à notre monde éprouvant et étouffant. Un roman lunaire !
« Une grande majorité d’entre nous pourrait citer le nom du premier homme à avoir été sur la lune, mais personne ne saurait dire qui a été le premier à être dans la lune. Il faudrait, pour cela, remonter bien plus loin. »
Fiche #2441
Thème(s) : Littérature française
1938 fut un année charnière, bouleversement collectif ou individuel et intime, nombre de destins ont été alors ébranlés. Dans ce troisième roman, Lenka Horňáková-Civade confirme sa maîtrise absolue à assembler ou entremêler l’histoire intime et universelle, la petite et la grande histoire et à s’attacher à des destins modestes froissés par l’histoire mais épris de liberté et souhaitant simplement, tout simplement vivre. Le témoin principal est cette fois une poupée, témoin candide du drame de cette période et de la vie des femmes qu’elle accompagnera. Elle est l’amie de Josefa, une petite fille juive. Néanmoins sa mère Bojena ne l’est pas. En effet, Bojena fuyant la Tchécoslovaquie vers le Nouveau Monde a accouché à Strasbourg le même jour que la mère biologique de Josefa morte en couches alors que le bébé de Bojena mourrait à son tour. Elle partira avec Josefa et la poupée lien emblématique avec cette journée particulière et sa double famille. Mais rapidement elles seront contraintes de fuir vers le sud, rejoindront Marseille où elles rencontreront Vladimir (double de Vladimír Vochoč), jeune consul de la Tchécoslovaquie : un homme libre et humaniste bien décidé à sauver tous ceux qui le demandent, juifs ou non, avant la débâcle et la fin de son pays. L’Europe abandonnera certains pays dont la Tchécoslovaquie pour préserver la paix, échouera lamentablement et ce sera le guerre. Elles la vivront dans le danger en Provence avant de repartir vers Prague à l’issue du conflit. Troisième opus, troisième réussite, à nouveau au cœur de l’Europe, entre la Tchécoslovaquie et la France, Lenka Horňáková-Civade revient avec bonheur sur ses thèmes favoris l’art, la musique, le chant comme outil de transmission, les femmes éprises de liberté mais broyées par l’Histoire.
Ecouter la lecture de la première page de "La symphonie du nouveau monde"Fiche #2415
Thème(s) : Littérature française
C’est l’homme qui parle, se confie enfin. Ses enfants le questionnent, réveillent ses souvenirs et le sortent du silence. Tout jeune, son projet était établi, une ferme, une famille, du travail et de l’amour, construire, créer, exploiter. C’était simple, ça serait comme ça. Il a tout fait pour. Toujours. Le bonheur est passé par là, les enfants dansent en chantant des comptines. Instant fugace. La vie, l’extérieur, les ont rattrapés, empêchés, le réel s’est imposé. Années 70, la PAC se met en place avec quelques dégâts collatéraux comme certains ont l’habitude de le dire. Il n’a pas compris (« Je ne sais pas si c’est toujours après que l’on sait, que l’on peut savoir. »), il faisait partie de ceux qui allaient rester au bord du chemin, faillite, plus de choix, tout arrêter, « Il me semble que j’étais mort. Et que c’est pour ça que j’ai pu continuer. », se retrouver hors du monde, tenter de tout recommencer mais rester droit. Laisser le temps passer pour pouvoir se retourner, en parler. Le style prend une grande place dans ce portrait émouvant d’un homme seul, contraint et étouffé par le monde extérieur, il est percutant, travaillé, rythmé, accompagne parfois le sens, ou se place en opposition. L’intime rejoint brillamment l’universel dans ce premier roman bouleversant et inoubliable.
Premier roman
Fiche #2305
Thème(s) : Littérature française
En 1988, à Paris, Ana, une jeune fille tchèque à peine sortie de l’adolescence participe à une colonie de vacances organisée par le Parti. Au moment de repartir et de monter dans le train à la gare de l’Est, sa vie bascule. Elle décide de dire non, de ne pas monter dans le train pour rester à Paris. Après quelques vagabondages, elle trouve refuge au fond d’un café, « La joie du peuple », où une tribu bigarrée et bienveillante l’accueille : des personnages aux caractères bien trempés qui vont l’épauler, l’aider, la protéger. Ce conte délicat et lumineux décrypte sa seconde naissance finalement d’une grande douceur, la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle culture, de l’art et enfin d’une nouvelle langue. Une belle éclosion sur le chemin vers une liberté assumée qui nous parle également avec justesse d’identité, d’exil et de liberté. Après l’inoubliable « Giboulées de soleil », Lenka Horňáková-Civade continue à étoffer avec succès ses portraits féminins.
« La solitude engendre la connerie. »
« Qui possède la langue possède une partie de l’âme de l’autre, peut saisir ses pensées, comprendre ses désirs, dévoiler ses besoins. »
« Et si l’essentiel c’était la beauté ? »
« En tout cas, ce qui compte, c’est la capacité de voir. Tout le monde ne l’a pas. »
« Devient-on adulte quand on cesse de croire aux contes de fées ? Il y a toujours une fable à laquelle on croit et c’est tant mieux. »
Fiche #2104
Thème(s) : Littérature française
Le père de Gaspard a la main lourde et il l’a encore frappé. Et Gaspard est parti. Avec son chien, son « petit bâtard ». Il rejoint les fuyards mais cette fuite est périlleuse. Ils sont tous les deux blessés et trouvent refuge chez Jean-le-blanc, un homme singulier qui fait tout pour que l’on ne puisse pas le cataloguer. Il enseigne à Gaspard les plantes, les livres et leur antre, cette forêt aussi protectrice que dangereuse : « Elle est alors devenue le refuge de ceux qui se refusaient à l’homme et de tous ceux que l’homme refusait. Elle est l’autre camp. Le camp des autres. » Gaspard se retrouve au milieu de personnages atypiques, en marge, qui ont su refuser la vie ordinaire, bien rangée, attendue. La forêt accueille en effet les exclus, ceux qui n’ont pas choisi leur camp, bannis de partout, ils n’ont pas emprunté le même chemin, effectué les mêmes choix. Ils préfèrent la liberté et l’amour, « nous sommes des êtres d’amour et de liberté. Oui d’amour et de liberté ! », mais les bien-pensants n’apprécient guère que l’on remette en cause leur monde… Thomas Vinau nous offre un très très beau texte, un double hommage à la forêt, à ses odeurs, à sa vie, à sa résistance à la puissance démultipliée de l’homme, à sa sauvagerie qui persiste mais aussi aux exclus, aux sans-grade, aux sans-abri, aux réfugiés, aux gueux et aux manants, aux chemins de traverse qu’ils empruntent et à la différence. Une belle écriture, poétique et puissante, pour ce roman qui trouve hélas de multiples résonances dans notre société contemporaine.
« La forêt est une langue, une science et une œuvre d’art. Tout peut te sauver ou t’achever. Ici il n’y a pas de maître. »
« Ne renonce jamais à refuser. »
« Si nous marchons ensemble, nous sommes assez de rats pour conquérir cette terre de damnés. »
Fiche #2022
Thème(s) : Littérature française
Igor Kahn est un modeste, un invisible. Il est apprécié de tous sans être remarqué. Célibataire, un ou deux vrais amis. Le grand calme… Et puis, un jour, malgré une récente promotion, il fait partie des élus pour les licenciements, il faut bien restructurer, n’est-ce pas. Son départ se déroule dans le calme, sans éclats de voix, tranquillement. Peu de temps après, Igor gagne le gros lot au loto, de la même façon, calmement, sans excès. Il décide de s’installer au bord de l’estuaire de la Gironde, trouve quelques voisins sympathiques, et quelques passe-temps plaisants se complaisant dans sa nouvelle vie d’artiste. Il s’implique dans les associations locales et assiste même à des cours de philo où il découvre la théorie de l’happax existentiel proposée par Jankélévitch : l’happax révèle l’homme à lui-même et scinde ainsi sa vie en deux, il y a un avant et un après l’happax. Cette révélation ne bouleverse pas radicalement Igor même si, au plus profond de lui-même, il sent bien qu’il n’a pas encore vécu son happax, que les évènements de sa vie sont attendus, et son bonheur sans surprise. Alors, Igor se lance un défi, trois mois, trois mois pour trouver un nouvel élan à sa vie, de nouvelles étoiles éclairant à l'infini son existence. Igor ira en effet jusqu’au pays des luwaks pour initier et finaliser son nouveau projet de vie et apprécier les rencontres qui feront basculer son quotidien. Un récit d’une grande douceur, très rythmé qui emporte le lecteur dans le tourbillon de la vie.
Premier roman
Fiche #2000
Thème(s) : Littérature française
« Giboulées de soleil » donne la parole à trois femmes d’une même lignée, trois femmes tchèques gigognes, Magdalena, Liba et Eva qui donneront naissance à leur premier enfant hors mariage, une famille de bâtardes (« ... on est des bâtardes de mère en fille, comme certains sont boulangers ou roi. »), avec au-dessus d’elles l’ombre du pilier de la lignée, Marie, elle-même fille-mère et qui, comme un pied de nez, est devenue sage-femme dans la campagne de Moravie où elle s’est exilée. En effet, au début du XXème, un enfant sans père reste un bâtard même si ce père a souvent lâchement fui, et le mépris, voire la haine, ébranle leur enfance comme leur vie adulte, la ligne du père sur les papiers d’identité restera vide à jamais. Mais ces quatre femmes de caractère reliées par le fil de la broderie qu’elles pratiquent avec art conservent la tête haute, fières, courageuses, elles affrontent le regard des autres (« Je n’ai pas honte de toi, ma fille. Ce n’est pas à nous d’avoir honte, sache-le.), se construisent avec cette différence et non contre, mais néanmoins face aux autres, en luttant en permanence pour dégager quelques espaces de liberté (« Tu n’appartiens à personne. Tu es libre. Il n’y a que ça qui compte. Ne l’oublie jamais. »). Leurs vies s’entremêlent, Elles deviennent expertes en adaptation, goûtent chaque petit éclat de bonheur, rai de soleil au cœur de la giboulée : « Les moments de grâce sont de cette nature, furtifs, insaisissables. » Leurs existences sont aussi inscrites dans l’Histoire de leur pays, la proximité attirante de l’Autriche, le nazisme, la montée du communisme et l’arrivée des soldats russes installant l’autorité soviétique. Lenka Horňáková-Civade trouve le ton juste et l’équilibre parfait entre l’histoire personnelle, individuelle et la grande Histoire qui est évoquée et rappelée subrepticement, sans lourdeur. Un superbe premier roman qui fourmille d’idées lumineuses malgré l’âpreté des destins, trois portraits émouvants de femmes inoubliables, « à l'instinct de survie très développé », dignes et passionnées qui passeront leur existence à tenter d’inventer leurs vies et à se battre face aux regards accusateurs du quidam qui, définitivement, n’apprécie pas la différence. Ouvrez ce livre et vous serez immanquablement emporté par son souffle franco-tchèque !
Premier roman
« Prends la vie comme elle vient mais ne baisse jamais la tête, surtout devant ce petite monde-là ! Tu ne peux pas fuir ce que tu es, mais il y a différentes façons de s'y prendre. Ne laisse jamais les gens avoir pitié de toi ; la pitié c'est ce qui se change en haine le plus rapidement. Après l'amour. »
« On peut pleurer lorsqu'on rencontre la beauté. Le jour où tu pleureras pour ça, tes larmes auront de l'importance. Tu verras. »
« On cesse d'être innocent et ignorant quand on s'aperçoit qu'on ne sait rien. Et c'est déjà trop tard. »
Fiche #1891
Thème(s) : Littérature française
O. rencontre Loren un soir chez des amis. Coup de foudre fulgurant. Ils tombent amoureux, partagent une passion incroyable, intense, brûlante, vive et joyeuse, dansante, même si l’on ressent que Loren tait des moments plus douloureux. Ils progressent émerveillés sur le chemin de l’amour et puis, sans prévenir, Loren disparaît subitement. O. est désespéré, anéanti mais conserve sa rage de vivre malgré la douleur immense ; il refuse d’abdiquer et cherche une explication qui passera par un voyage dans un petit village normand. Un superbe premier roman rythmé, sensible et romantique à l’écriture poétique très personnelle.
Premier roman
« La vie est une chose magnifique mais il ne faut jamais la croire quand elle veut nous faire désespérer. On peut dire la même chose de la littérature. »
« Oui, l’amour est une négation du temps, disait-elle. Nous sommes éphémères comme le monde mais éternels comme la jouissance. »
Fiche #1872
Thème(s) : Littérature française
Samuel Tison est mort. Assassiné. Il a été retrouvé sous le pont Garibaldi. Il travaillait depuis 1999 chez Luxacor et était devenu chef de service. C’est lui qui avait recruté Alice Delcourt puis choisi de travailler avec elle. Rapidement soupçonnée, le lecteur suit son interrogatoire qui met à jour le harcèlement moral évident de Tison. Alice a été niée, effacée, s’est retrouvée derrière. Il y avait un ordre à respecter (« …Comme s’ils n’étaient pas vraiment des hommes. Pas des hommes et des femmes comme eux, ceux qui les recevaient. ») et elle l’avait fait. En silence. Sans jamais dire non, « sensation d’immense solitude, de perte de soi. », étouffée sous l’oppression constante. Alors elle raconte, elle explique, elle témoigne, peut-être pour « pouvoir comprendre comment une personne peut un jour désirer en détruire une autre… Comment une personne peut avec tout ça, grâce à tout ça, orchestrer une destruction, désirer mettre en œuvre une destruction. » Avec un ton sec, cassant, incisif, un rythme rapide et des répétitions, Stéphanie Chaillou réussit parfaitement à faire ressentir l’oppression, la tension permanente de ce personnel nié, ignoré, bafoué. Elle n’oublie pas de souligner les doutes, et la culpabilité de ces salariés devant leur impuissance à se lever et dire non pour rester vivant, mais Alice en choisissant de parler n’a-t-elle pas marqué son retour parmi les Hommes ?
Ecouter la lecture de la première page de "Alice ou le choix des armes"Fiche #1863
Thème(s) : Littérature française
Le jeune héros grâce à une boîte de maquereaux récalcitrante tombe amoureux d’une caissière. De leurs premières rencontres jusqu’à leur séparation, il nous fait partager souvent avec humour, ses espoirs, ses envies et surtout revient sur son enfance, ses chiens, sa sœur, son père et sa mère qui les a quittés rapidement avec un type « qui ne pipait mot ». Contemplatif et rêveur, cette période est toujours très présente en lui et prétexte à anecdotes. Un texte très vivant, un parcours caractéristique de notre époque et un humour attachant.
Premier roman
« Trouver un logement lorsqu’on cherche un travail est aussi difficile que de trouver un travail lorsqu’on cherche un logement. »
Fiche #1345
Thème(s) : Littérature française
- Cavatz - Martinez - De Chassey - Maher - Hornáková-Civade - Maher - Moulin - Siaudeau - Hornáková-Civade - Chaillou - Hornáková-Civade - Vinau - Derbré - Hornáková-Civade - Liron - Chaillou - Siaudeau