« Aie pitié des riches, lui disait sa mère, ils ne peuvent pas vivre dans l’illusion que l’argent fait le bonheur. »
Darragh McKeon

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Aux Forges de Vulcain

Eric PESSAN

Ma tempête
Aux Forges de Vulcain

7 | 135 pages | 04-12-2023 | 18€

David est intermittent du spectacle : metteur en scène, il vient d’apprendre que son dernier projet ne verra pas le jour, son adaptation de la pièce de Shakespeare, expert en comédie humaine, « la tempête » ne se fera pas. Le même jour, suite à une grève dans la crèche de sa fille, il doit garder Miranda (prénom partagé avec un personnage de la tempête de Shakespeare) et la journée devient une tendre journée de partage : il choisit de jouer la pièce à sa fille, de lui faire partager sa tempête, ses tempêtes, de lui faire rencontrer les différents personnages, les différentes situations. En arrière-plan apparaît naturellement sa passion pour le théâtre, un vrai hommage. Un court récit en cinq actes pour créer une belle complicité entre un père et sa fille et pour questionner l’art, la culture et la place de l’artiste dans la société.

« La paternité, c’est donnant-donnant, protection, éducation et nourriture contre émerveillement, amour inconditionnel et supplément de vie. Une tendresse pour adoucir la rugosité du monde. »

« La fiction peut venger du réel, c’est peut-être une consolation pathétique, mais elle n’en est pas moins nécessaire. »

« Le poète écrit une chaise sur laquelle ensuite on peut s’asseoir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ma tempête"

Fiche #3117
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Eric Pessan lus par Vaux Livres


Julia COLIN

Avant la forêt
Aux Forges de Vulcain

6 | 355 pages | 02-10-2023 | 21€

Pénuries et guerres viennent percuter nos sociétés, alors pour beaucoup c’est la fuite, l’exil. Deux couples de parisiens avec chacun un enfant (Calme et Elie) partent vers le sud. Lors de ce périple, un couple disparaît et l’autre, après un passage à Marseille, se retrouve dans une communauté au coeur d'une vallée pyrénéenne, à Massat. La communauté s’était préparée à cette nouvelle situation, des règles précises et strictes avaient été instituées et une milice vérifie leur application et leur respect. Calme immédiatement préfère la forêt à la communauté. Elle s’y sent libre et surtout elle est dans son monde, retrouve les siens, sa place. Elle se sent proche, en connexion avec la nature, la forêt, la flore et la faune. Elle sait s’y nourrir, s’y soigner, avec le sentiment qu’elle a ces connaissances depuis toujours, comme une sorte d’elfe, de sorcière, de sylve, incarnation de la forêt. Protection mutuelle : elle protège la forêt et la forêt la protège, lutte pour la survie commune et partagée. Elle entend la forêt, devenue personnage à part entière, dialogue avec elle et s’éloigne ainsi de la communauté où elle ressent la peur. Entre conte, légende et dystopie, un récit addictif qui peut faire douter de la compréhension par l’homme du chemin qui le mène à la catastrophe mais aussi des évolutions qu’il portera. Par contre, à coup sûr, la forêt nous survivra et donc peut-être ceux qui sauront la respecter, la comprendre et s’y fondre.

Premier roman

Fiche #3098
Thème(s) : Littérature française


Gilles MARCHAND

Une bouche sans personne
Aux Forges de Vulcain

5 | 262 pages | 11-02-2018 | 17€

1988 sera une année charnière pour le narrateur. La journée, il est comptable, compte, ajoute, soustrait, vérifie et revérifie chaque opération. Le soir, il rejoint quelques amis dans un bar à l’ancienne tenu par Lisa dont il est secrètement amoureux. Puis il finit la nuit seul dans son appartement : « La planète interdite, c’est un bon résumé de ma vie. Le tout est d’en avoir conscience et de parvenir à s’en satisfaire. ». Rien d’autre (« La routine me sert de carapace. »). Enfin, presque, sinon une cicatrice, des écharpes et un poème qui l’accompagnent depuis l’enfance. Ce sont ses secrets. Mais cette année, enfin, peut-être pourra-t-il en parler, les partager. En effet, une fissure, la carapace s’effrite et il commence timidement de se confier à ses amis qui l’écoutent avec attention et le découvrent enfin. Puis d’autres personnes viennent chaque soir écouter et découvrir la suite de son histoire et de son grand-père adoré Pierre-Jean. Et ils sont de plus en plus nombreux. Le ton est parfois badin mais le lecteur ressent toujours un poids et une profondeur derrière cette légèreté, l’atmosphère est souvent digne de Jean-Pierre Jeunet voire Boris Vian, une poésie folle, le personnage et son appréhension de la vie étant si atypiques. La fin sera bouleversante. Une belle réussite que ce premier roman.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Une bouche sans personne"

Fiche #2099
Thème(s) : Littérature française


Michèle ASTRUD

Nous entrerons dans la lumière
Aux Forges de Vulcain

4 | 308 pages | 06-02-2016 | 19€

La fin du monde est proche, la fin d’un monde, excès de chaleur entraînant assèchement et destruction, bouleversement des vies, il est temps de payer l’addition, « Les disettes et les épidémies sont arrivées chez nous, juste retour de balancier. ». La végétation disparaît ou au contraire envahit l’espace. La plupart ont fui, quelques-uns sont restés et il faut bien survivre. Environnement glauque, pillages, vols, les bandes ne font que passer, la peur demeure. Antoine est resté et déambule au milieu de ce monde avec son appareil photo. Il s’est refusé à abandonner sa fille Chloé qui, suite à un traumatisme, vit dans un établissement pour enfants malades depuis l’âge de huit ans. Elle a maintenant dix-sept et a peu connu le monde extérieur. Elle va l’affronter. Alors le père et la fille vont se retrouver et prendre ensemble la route (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?) vers le port de Saint-Nazaire, un voyage dans un environnement hostile où Antoine découvre sa fille, la regarde s’éveiller, grandir, fixe ces instants sur la pellicule comme la mémoire d’un ancien monde. Paradoxalement, il revient vers la vie et abandonne progressivement la peur. Un chemin semé d’embûches mais qui renoue les liens entre un père et une fille en les menant vers la lumière et un nouveau monde. Une belle piqûre de rappel, noire mais pas désespérée !

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Fiche #1752
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Michèle Astrud lus par Vaux Livres


Louise CARON

Chronique des jours de cendre
Aux Forges de Vulcain

3 | 280 pages | 06-04-2015 | 17€

Les Etats-Unis et l’Irak, deux pays en guerre, deux pays qui s’affrontent. Mais derrière ces pays, il y a des hommes dont on oublie souvent de parler. Ces hommes sont aussi en guerre, mais souvent, ils subissent, quelque soit leurs idées initiales face à la guerre et à « l’ennemi », ils sont fréquemment contraints à l’engagement, la haine, la colère et le désir de vengeance font leur nid, progressivement ou violemment. Ainsi, les deux mondes à échelle humaine ne sont pas si éloignés et pourtant la guerre semble sans fin… Louise Caron nous parle pour cela d’une histoire dans l’Histoire (« L’histoire commence là, petite histoire enracinée dans la grande, celle dont les armes décident, qui s’écrit en majuscule avec le sang des victimes lavé aux larmes des vaincus. ») et nous propose de rencontrer Naïm, un artiste pacifique qui s’engage après la mort de son père, de Sohrab son amie qui décide de le suivre et de Niko Barnes un Américain qui s’interroge sur les fondements de son engagement. Trois destins pris dans le tourbillon de la guerre, impuissants et ballottés par les évènements, trois vies en dérive, inexorablement. Malgré la violence, les horreurs et la dureté des évènements, avec le destin de ses personnages émouvants, Louise Caron, sans aucun parti pris, réussit le tour de force de happer le lecteur.

« Avec la force, on n’arrête pas le mal, on le perpétue. »

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Fiche #1612
Thème(s) : Littérature française


Cathy JURADO-LÉCINA

Nous tous sommes innocents
Aux Forges de Vulcain

2 | 208 pages | 30-03-2015 | 16€

en stock

Jean et sa famille, les Jehan, sont associés aux Passereaux, une ferme dans les années 50 non loin de Pau, un peu à l’écart du village voisin. Enfant, Jean est bon élève, adore écrire et raconter des histoires (ces derniers instants seront consacrés à l’écriture), notamment à sa sœur Paule, un peu éloignée de tous et du quotidien de la ferme. Le village regarde avec quelques craintes cette ferme et son patriarche, les relations sont tendues, sans que Jean n’en connaisse les raisons. Il préfère s’occuper d’Odette (« Odette n’avait pas de défaut, sauf peut-être son silence et sa solitude. ») avec qui il se sent bien. Son instituteur lui conseille de continuer ses études, il en a les capacités. Mais aux Passereaux, on ne peut dévier aisément du chemin tracé par la famille. Il espèrera longtemps convaincre les parents, le mariage avec Odette lui sera refusé, il fuira, rejoindra l’Algérie, puis reviendra, retour incontournable, on ne quitte les Passereaux… Trajectoire tragique d’une vie de solitude, d’incompréhension, de douleur, de folie, un cri déchirant à la Münch, aussi terrible que stupéfiant. Un premier roman émouvant particulièrement réussi qu’on lit d’une traite jusqu’à sa fin très singulière et inoubliable.

Premier roman

Cathy Jurado-Lécina nous rendra visite le vendredi 15 novembre 2015.

Ecouter la lecture de la première page de "Nous tous sommes innocents"

Fiche #1608
Thème(s) : Littérature française


Michèle ASTRUD

Le jour de l'effondrement
Aux forges de Vulcain

1 | 185 pages | 20-07-2014 | 15€

Depuis cinq ans, un jeune homme erre. Il revient enfin dans la ville de son enfance, la ville où il a rencontré son meilleur ami, la ville où il l’a tué, il y a cinq ans. Il a appris que les tours où habitait son ami vont être détruites. Irrésistiblement attiré, il sent que c’est le moment. Il se remémore son adolescence et cette histoire tragique d’amitié. Lui ne réclamait qu’un peu d’attention, l’autre n’aspirait qu’à sa liberté. Il retrouve le fleuve, si proche de lui, pouvant procurer aussi bien sérénité que violence. Il vient chercher un apaisement, un nouveau départ, et on espère que l'effondrement de ces immeubles symbole de son passé suscitera une renaissance. Une belle écriture pour l’histoire dure et noire d’un ado qui s’est toujours senti seul et isolé, qui avait si peur de ne pas trouver sa place, que rien ne change et de reproduire la vie de ses parents.

Ecouter la lecture de la première page de "Le jour de l'effondrement"

Fiche #1478
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Michèle Astrud lus par Vaux Livres





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