« Tu as raison, on enjolive toujours le passé. On se souvient de l’ivresse et on oublie la gueule de bois. »
Ingrid Naour
Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous. |
Joaquim a vingt ans en 1993 quand il arrive à Sarajevo, ville assiégée et meurtrie. Il vient faire face à la mort, la fixer, il est photographe, adepte de l’argentique, loin de la mitraille numérique irréfléchie et non maitrisée. Joaquim vient tragiquement de faire face à la mort, sa sœur s’est suicidée en se jetant par la fenêtre de l’appartement alors qu’il était en toute confiance dans son bain, rupture totale, blessure profonde jamais cicatrisée, responsabilité et culpabilité ne le quitteront jamais. Alors la mort, il veut la défier, l’affronter, voire la rencontrer mais elle ne l’embrassera pas. Il se retrouve au cœur de Sarajevo où chacun tente de survivre avec dignité et courage espérant encore, espérant toujours, entre l’élection de Miss Sarajevo et les tirs mortifères de snipers. Mais Joaquim survivra, sans jamais oublier, et continuera de parcourir le monde avec cette peur du vide et des fenêtres et baies vitrées ancrée en lui, l’appareil photo en bandoulière, choisissant ou non d’appuyer sur le déclencheur pour laisser une trace. Il évoquera son enfance étouffant sous les non-dits et les silences, source de cataclysmes, la mort de sa mère, sa rupture avec son père « posté en lisière d’une famille qu’il avait construite comme malgré lui. », son dernier voyage à Rouen après la mort de son père. Ingrid Thobois montre avec perfection comment la douleur s’insinue, se fige, et pourquoi et nous livre un émouvant et douloureux portrait d’un homme éprouvé mais qui restera sur le chemin de la vie.
« On n’est jamais trop jeune pour se souvenir. On n’est jamais trop vieux non plus. »
« On n’oublie jamais rien ; on escamote ou on enfouit. »
« L’amorce de la vie ne se retrouve parfois qu’à l’endroit de la mort. »
Fiche #2177
Thème(s) : Littérature française