« Mieux vaut se faire avoir de temps en temps que de se méfier des autres toute sa vie. »
Gilles Vincent

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Françoise PIRART

Vertigineuse
Luce Wilquin

18 | 175 pages | 20-06-2016 | 17€

Siri illustratrice est immédiatement intéressée et motivée par un projet en milieu carcéral. Un détenu lui offre un portrait d'elle qui la touche et plus tard, après une rencontre fortuite, ils vivent une liaison intense. Mais Siri ne sait que peu de choses sur Dorian qui se confie peu, semble cacher un secret et adopte parfois des comportements étranges, pouvant friser la violence. Son frère, avocat, la rassure mais il ne peut y avoir de voile sur sa relation, elle doit absolument savoir qui est Dorian. En parallèle (mais ce n’est ni gratuit ni artificiel…), Françoise Pirart rend compte d’une exécution capitale aux Etats-Unis en 2014 après le meurtre de deux jeunes gens. Une vertigineuse histoire d’amour entre deux êtres meurtris par la vie avec comme toile de fond une réflexion sur la peine de mort.

« Tous les hommes sont lâches, Siri. Mais certains le cachent mieux que d’autres. »

Ecouter la lecture de la première page de "Vertigineuse"

Fiche #1803
Thème(s) : Littérature étrangère


Didier CASTINO

Après le silence
Liana Levi

17 | 223 pages | 16-08-2015 | 18€

Louis Catella est un homme emblématique. Communiste catholique, lui et l’usine (Fonderies et Aciéries du Midi) ne font qu’un. Si l’on parle de lui, on parle de l’usine, réciproquement et nécessairement et le temps de la confession est venu. Louis se raconte dans un monologue destiné à son plus jeune fils qui avait sept ans au moment de sa mort. Il raconte son métier, l’usine, le syndicat, ses engagements et ses luttes, mais aussi la famille, son amour pour Rose et pour ses enfants, la lutte pour la vie et pour les quelques instants de bonheur volés. Louis et ses enfants forment une famille de gauche, la vraie gauche, « Même les enfants ne connaissent que la bonté et la ferveur de la gauche, c’est grave de ne pas être de gauche, c’est un principe, tous les gens qui viennent à la maison sont de gauche. Et même dans la gauche, il y a la gauche gauche et la gauche un peu moins. Tonton Henri, il est un peu moins, il est socialiste, mais il est à gauche quand même, notre ami Alexandre, c’est pareil, à gauche mais un peu moins. ». Les enfants comme Louis ont un chemin tracé, tout d’abord parce que c’est comme ça (« Très tôt on comprend que certaines choses nous sont étrangères, tout s’organise entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui vont à l’école et ceux qui travaillent, c’est l’un ou l’autre. ») mais aussi pour des raisons pécuniaires (« L’école s’impose comme une fausse route, pleine de dangers, et qui ne permettra pas ni à ma mère ni à mon frère ni à personne de vivre. Il faut très vite gagner de l’argent. »). Puis en 1974, Louis meurt et il faut continuer la route. Le fantôme de ce père observe la vie de la famille sans lui, dialogue avec ce plus jeune fils, avec tendresse et douleur mais aussi regrets, doute et culpabilité. En effet, la tradition a été rompue, le fils est devenu prof abandonnant l’usine, le PC et la CGT, et tente de justifier ses choix auprès de ce père modèle. Tableau sensible et poignant de la condition ouvrière des années 70, une époque révolue où le Nous (« Nous existons, même sans rien, même estropiés. ») avait encore un sens et portait espoir et rêve. Portrait vivant sans concession, sans misérabilisme, dans la vérité et le réalisme, à la construction particulièrement accomplie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Après le silence"

Fiche #1681
Thème(s) : Littérature française


Satoe TONE

Le voyage de Pippo
Nobi Nobi

16 | 24-11-2014 | 14.9€

Pippo la grenouille est perturbé, il ne sait plus rêver. Triste, pour s'endormir, il compte les moutons ce qui lui permet de rencontrer une jolie petite brebis. Avec elle, il traversera les saisons pour rencontrer d'autres animaux et leurs différents désirs. Et au terme du voyage, Pippo aura trouvé l'amitié, beaucoup mieux qu'un rêve ! De superbes illustration, un super album, plein de poésie et de douceur, on navigue dans la ouate et on en ressort apaisé et serein.

Fiche #1549
Thème(s) : Jeunesse


Colum MCCANN

Transatlantic
Belfond

15 | 375 pages | 22-07-2013 | 22€

Colum McCann est vraiment un écrivain à part. A partir d’une lettre et de son parcours, une lettre anodine, identique à tant d’autres, il dresse les portraits croisés de personnages à travers le siècle entre les Etats-Unis et l’Irlande (« Un si beau pays. Un peu sauvage pour l’homme, quand même. »), leurs histoires, leurs allers-retours mais évidemment aussi l’Histoire. Il tisse sa toile dense, tranquillement, mais avec force et détermination et le lecteur se plait à s’y laisser prendre. 1919, Jack Alcock et Arthur Brown, deux aviateurs ont transformé un bombardier en avion de paix et espèrent relier pour la première fois sans escale l’Amérique et l’Irlande. Au moment de partir, une jeune fille leur confie une lettre à poster à leur arrivée. 1845, Dublin, Frank Douglass, un ancien esclave noir venu d’Amérique, assure des conférences dans le pays et défend la cause des abolitionnistes. Il rencontre un peuple attentif à son discours mais pauvre et affamé. 1998, New York, le sénateur américain G. Mitchell, Irlandais de sang, effectue moult allers-retours entre les deux pays et mène un ultime combat, une ultime négociation pour ramener durablement la paix en Irlande. En outre, une lignée anonyme relie ces trois figures : la modeste et jeune Lily Duggan qui après sa rencontre avec Frank Douglass, prendra en main son destin et décidera d’émigrer aux Etats-Unis (« Nos vies sont des tunnels qui parfois se connectent, laissant entrer le jour à des moments inattendus, puis elles nous replongent dans le noir. »). Une grande et superbe épopée où histoire et destins individuels sont étroitement liés et qui prouvent que notre monde est finalement bien petit.

« La recherche pointilleuse du mot. On déroule la chaîne au-dessus du puits, le seau descend dans l’obscurité. On le remonte vite chaque fois, jusqu’à ce que, au moment le plus inattendu, il arrive à draguer le fond. Porter le précieux chargement à la lumière, puis de nouveau fouiller le néant. »

« Il est toujours difficile d’estimer les conséquences de nos actes, mais je suis sûre que nos vies résonnent après nous. »

« Il n’existe pas d’histoire qui, en tout ou partie, ignore le passé. »

Ecouter la lecture de la première page de "Transatlantic"

Fiche #1329
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Luc Piningre


Marie SIZUN

Un léger déplacement
Arléa

14 | 290 pages | 01-02-2012 | 20.5€

Ellen vit aux Etats-Unis depuis 35 ans. Elle dirige une librairie française à New-York avec son mari. Elle n’est revenue qu'une fois en France durant ces 35 ans pour l'enterrement de son père dont elle s'était éloignée. Pour régler l’héritage d’un appartement familial, Ellen revient vers un Paris à la fois différent et proche du Paris qu’elle a connu, Ellen redevient Hélène. Elle a vieilli, Paris aussi, mais le passé a laissé ses traces indélébiles. Déplacement du corps, déplacement dans le temps, doux glissement vers les faits d’une mémoire qui se réveille lentement. Ces balades dans la capitale convoquent des souvenirs bien enfouis, légers déplacements dans un passé douloureux (« Elle voudrait marcher encore, marcher et se souvenir. Se souvenir encore un peu. »). Une douce fatigue l’étreint peu à peu, chaque souvenir l’épuise, elle le ressent et pourtant elle se laisse aspirer par ce désir de souvenirs, désir de retrouver son passé et ses fantômes alors qu’elle ne voudrait se soucier que « des choses douces ». La frontière entre présent et passé s’estompe, Hélène oscille lentement entre les deux mondes en revenant sur ces années occultées depuis si longtemps. Marie Sizun et son écriture nous offrent encore un superbe portrait, toujours aussi émouvant, tendre et mélancolique par petites touches ou plutôt par de sensibles et légers déplacements…

« Comprendre ce qui s’est passé autrefois, elle sait qu’elle ne le pourra sans doute pas. Mais revenir à peine en arrière, se raconter encore un chapitre de l’histoire, oui. »

« Il n’y a pas de chagrin, mais une histoire. Serait-ce cela, le secret de la vie ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Un léger déplacement"

Fiche #1064
Thème(s) : Littérature française


Slimane KADER

Wam
Nil

13 | 162 pages | 06-07-2011 | 15.5€

Au coeur de la cité, où de la téci dirait le narrateur, Wam et ses amis occupent leurs journées comme ils le peuvent, l'ennui n'est jamais loin, même si leur bagou l'occulte parfois. Seules les virées à Paris leur permettent de se confronter à un autre monde mais également à leurs rêves. Un soir, Wam et sa répartie si vive et imagée décide de suivre ses amis dans une virée parisienne où les évènements et les rencontres se succèderont à un rythme d'enfer et la nuit ne sera pas de tout repos ! Une épopée vivifiante décrite dans une langue rénovée !

Premier roman

Fiche #979
Thème(s) : Littérature française


Frédéric CARTIER-LANGE

Terminus, un grand chevalier (ou presque)
Le Bonhomme Vert

12 | 11-11-2010 | 14€

Terminus est amoureux de Terminionette et va devoir faire ses preuves ! Un terrible monstre Machin-Chose est sur leur chemin pour rejoindre l'école, le chevalier au grand coeur va devoir faire preuve d'imagination !

Fiche #860
Thème(s) : Jeunesse


France HUSER

La triche
Gallimard

11 | 165 pages | 07-11-2010 | 15.15€

Dès sa naissance, la narratrice commence de tricher. Ses parents attendaient un garçon, et ce fut elle ! La triche, le mensonge, l’ombre s’imposent dès ses premières années, un mode de vie qu’elle accepte et entretient, sorte d’hymne aux mensonges acceptés, aux mensonges nécessaires, comme aux mensonges gratuits sans nécessaire justification. Des mensonges qui l’entraînent dans une dualité constante : ombre et lumière, mensonge et vérité, perfidie et fausse douceur, respectabilité et machiavélisme, sagesse et perversité, fuite en avant et introspection… « La triche était une aventure, non pas gratuite, mais qui menait à une découverte de soi… » mais à force de mentir et de se mentir, s’apercevra-t-elle que la vie s’éloigne mensonge après mensonge…

Fiche #848
Thème(s) : Littérature française


Justine LALOT

Pas grand-chose
Luce Wilquin

10 | 166 pages | 04-08-2010 | 18€

Blanche Grelot est une jeune infirmière, un peu paumée, avenir incertain, quotidien morne, pas grand-chose en vue… Pourtant, même si parfois certain préfère rêver leur vie, elle recèle souvent des ressorts inattendus. Un matin, sur la route vers son travail, Blanche assiste à un accident et selon elle, en est la responsable. Petit dérèglement, coupure momentanée de l’image mais grosse conséquence. Elle accepte sans enthousiasme la proposition intéressée de son chef de clinique et part pour la République démocratique du Congo. Loin de l’habituel humanitaire dévoué corps et âme à sa mission, elle débarque dans un pays inconnu ignorant tout de sa population, de ses croyances, de la politique du pays et du continent. Petite Belge déboussolée mais volontaire voire entêtée, elle n’aura rien à envier à son compatriote Tintin, rien ne l’arrêtera dans son voyage à la fois intérieur mais aussi avec et vers l’autre. Une aventure entraînante rendue plaisante par l’humour et le ton vif qui l’accompagnent de rebondissement en rebondissement (et jusqu’à la dernière page !).

Premier roman

Fiche #808
Thème(s) : Littérature française


Kim THUY

Ru
Liana Levi

9 | 143 pages | 18-02-2010 | 14.5€

Ru est le récit d’une jeune femme vietnamienne ayant émigré au Canada par les terribles boat people et qui trie aléatoirement dans ses souvenirs, des souvenirs nombreux tant la petite fille qu’elle était semble fine observatrice. Le récit oscille entre passé et présent, enfance et maturité, évocation familiale et universelle, douceur et violence, climat apaisé et guerrier... Un court récit poétique à la prose maîtrisée qui distille une douce violence aimantant le lecteur du début à la fin.

Premier roman

Fiche #718
Thème(s) : Littérature étrangère


Anne ICART

Les lits en diagonale
Robert Laffont

8 | 156 pages | 09-07-2009 | 15.5€

Philippe et Anne sont frère et sœur. Anne est la narratrice et s’adresse principalement à Philippe mais surtout, elle fut, elle est, elle sera d’abord et toujours la sœur de Philippe, elle, la petite fille « normale » et lui, le petit garçon « pas comme les autres ». Philippe est l’aîné et Anne devra l’aider, apprendre à le connaître et à l’accepter, et ne jamais l’abandonner. Ils apprendront à faire face, et ne feront plus qu’un, face aux autres. L’enfance d’Anne ne sera donc jamais l’enfance d’une petite fille classique, petite fille devenue responsable si tôt, le poids de son frère est là, pesant comme le poids de ses responsabilités, les relations familiales et extra-familiales s’en trouvent biaisées à jamais. « Les lits en diagonale » est un texte touchant, prenant, bouleversant et la prose faite de phrases courtes et percutantes renforce l’émotion ressentie.

« J’ai compris qu’on pouvait aimer et haïr à la fois. Et le dire. Regretter, en vouloir, mais admirer. Et le dire. Qu’être la sœur d’un handicapé, ce n’est pas plus facile que d’en être la mère ou le père. Et le dire. Que c’est différent. Qu’on s’en prend aussi pour toute la vie. De sa naissance à sa mort. Qu’on passe par tous les états. Mais que l’éventail de sentiments, du pire au meilleur, qu’offre cette fraternité bancale est un véritable don. Et le dire. Je te le dis. »

Fiche #602
Thème(s) : Littérature française


Isabelle CARRIER

La petite casserole d'Anatole
Bilboquet

7 | 17-03-2009 | 13.5€

en stock

Anatole est différent : un jour, une casserole lui est tombée dessus et depuis il est différent. Les gens ne voient en lui que sa casserole et l’ignorent. Peu à peu il s’en éloigne et s’isole. Mais heureusement, quelqu’un lui apprendra à vivre avec sa casserole, à l’accepter et le sourire reviendra. Un bel album sur un sujet difficile (le handicap et/ou la différence) où les dessins tendres et naïfs renforcent sa puissance.

Fiche #536
Thème(s) : Jeunesse


Valérie TORDJMAN

Une fraction de seconde
Le Passage

6 | 124 pages | 25-08-2008 | 14.2€

Que du texte mais un texte ``photographique’’ sous la forme de trente six poses, trente six négatifs du photographe Enguerrandt (« Il a un sale métier, le plus beau métier du monde, même si quelques-uns le pratiquent comme le plus vieux métier du monde. ») qui, retenu en otage, en profite pour tirer le bilan de sa carrière débutée en 1968 mais aussi de son métier. Photographe ou photographe de guerre ? Ses photos, ses shoots le hantent dans sa cellule. Salaud ou témoin ? Coupable ou témoin ? Engagement ou aveuglement ? Photographe ou guerrier ? L’art est-il le grand absent de ces clichés ? Comment peut-on continuer à vivre devant ces terrifiantes images ? Jusqu’où la honte est-elle supportable ? A quelle lignée de grands photographes appartient-il ? Les nouveaux photographes ont-ils les mêmes préoccupations, les mêmes attentions, les mêmes scrupules que leurs aînés ? Un roman hommage à un homme et à ses doutes, à un métier au cœur de notre actualité depuis longtemps hélas…

« Un photographe montre le réel à hauteur d’homme : à force de tout regarder, on ne peut plus se regarder, dit Enguerrandt. Etre un salaud, il sait. L’horreur des hommes qui sont comme vous, ont des yeux, des pieds et des mains, des père et mère, est sans fond ; et c’est terrifiant. »

Fiche #454
Thème(s) : Littérature française


Uzodinma IWEALA

Bêtes sans patrie
L'Olivier

5 | 176 pages | 22-08-2008 | 18.3€

en stock

Agu, fils d’un instituteur, a une vie paisible illuminée par l’amour de ses parents et ses rêves, rêves d’avenir brillant. Pourtant la guerre arrive brutalement dans son village et réduit à néant sa vie en un instant. Son récit est celui d’un enfant-soldat africain tel que l’on nous les décrit habituellement, mais la vision est ici celle de l’intérieur, sans filtre, brute, terrifiante. Agu a choisi la parole comme thérapie et nous expose son terrible parcours car il préfère ce cheminement à la mort : « … en même temps j’a commencé à avoir peur à cause que la seule façon de ne plus jamais combattre c’est finalement mourir. Or moi je ne veux pas mourir. ». Du premier jour où le commandant l’enrôle et lui apprend à tuer jusqu’au dernier jour de cette mortuaire épopée. Tuer, toujours et encore. Brûler, détruire sans poser de question. Obéir. Lever le camps, tuer, lever le camps. Et pourtant, dans cette barbarie, tenter de conserver quelques rêves enfantins et ne pas oublier son enfance. Se taire, tout supporter. S’épauler et se protéger avec son ami Strika qui ne parle plus depuis l’assassinat de ses parents. Le commandant a tous les droits sur ces (ou ses ?) enfants, droit de mort, droit de vie, droit de cuissage… Les petits soldats restent amorphes devant ce misérable kapo et lui obéissent aveuglement jusqu’à l’épuisement, la mort. Une plongée en enfer, un roman terrible sur la folie extrême des hommes et les conséquences indélébiles de ces guerres insensées. A noter l’impressionnant travail de traduction d’Alain Mabanckou qui réussit à traduire parfaitement dans le vocabulaire, la forme des mots et le ton, la tragédie de la situation et le désespoir assourdissant d’Agu.

« J’ouvre les yeux, on est toujours dans la guerre, et je pense dans moi-même que si la guerre est là elle n’avait pas foiré ce pays, eh bien j’aurais déjà été un homme en vrai moi aussi maintenant. »

« Je suis un peu content au moment quand il me donne des faveurs car je sais aussi que s’il veut il peut faire n’importe quoi avec moi sans rien me donner à la fin. »

« Et là je regarde alors le Commandant, je regarde alors Strika, je me dis dans moi-même que ces deux-là ils sont si tranquilles si beaux on dirait avant la guerre, on dirait aussi après la guerre, mais pas vraiment on dirait maintenant. Maintenant on ressemble tous aux animaux. »

Premier roman

Fiche #441
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Mabanckou


Dag SOLSTAD

Honte et dignité
Les Allusifs

4 | 184 pages | 22-08-2008 | 24.6€

«Honte et dignité» est le premier roman traduit de Dag Solstad, écrivain régulièrement primé en Norvège. Il nous livre les réflexions sous forme d’un long monologue d’un professeur de norvégien qui pour la vingt cinquième année présente Le canard sauvage d’Ibsen aux élèves préparant le baccalauréat. Son auditoire comme chaque année est amorphe, somnolent voire hostile. Il se souvient qu’il en était de même lorsqu’il était élève, mais Ibsen et le canard sauvage sont essentiels pour le patrimoine culturel norvégien, n’est-ce pas ! Pourtant, cette année, comme une illumination (ou peut-être est-ce dû au verre de plus bu la veille au soir…), il semble enfin avoir trouvé une clé du texte, une explication originale, à la présence dans la pièce d’un personnage secondaire ainsi qu’à ses répliques. Hélas son auditoire reste indifférent, frustré il perd tout contrôle. A défaut de répondre aux élèves, il s’en prend violemment à ... son parapluie et le ridicule l’incite à quitter le lycée dont il se sent irrémédiablement exclu. Chute brutale et définitive. Lui, alors désespéré, qui a toujours regardé en spectateur sa propre vie et qui n’a plus personne avec qui vraiment débattre (les discussions abordant exclusivement des sujets futiles) nous livre sa vie à partir de ses années estudiantines, sa rencontre avec le brillant Johan Corneliussen, sa première rencontre avec l’éblouissante Eva Linde puis son mariage et sa vie de couple, sa peur concernant le devenir de sa femme. Mais l’intérêt de ce récit réside aussi dans les réflexions du narrateur qui l’accompagne grâce auxquelles il réussit enfin mais peut-être tardivement à analyser son existence.

Fiche #443
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Baptiste Coursaud


Jean-Paul DUBOIS

Les accommodements raisonnables
L'Olivier

3 | 261 pages | 22-08-2008 | 21.3€

Le roman est le récit d’un an de la vie du narrateur Paul Stern. Il s’ouvre avec l’enterrement de Charles Stern, son oncle, mort subitement et de manière inédite... Son père, Alexandre, 78 ans, et son oncle ne vivaient « que dans l’exécration et le conflit ». Alexandre hérite pourtant de la fortune de son frère. Paul voit alors son père changer et abandonner ses convictions, son mode de vie, il s’aperçoit que celui-ci n’est pas l’homme qu’il croyait et qu’il a toujours simulé... On croit connaître ses proches, mais les simulations et autres petits accommodements biaisent bien souvent nos relations. Dans le même temps, sa femme Anna est en pleine dépression et lui qui revoit des scenarii (il est script-doctor) est impuissant devant cet état. Il saute donc sur une proposition qui lui est faite : partir à Hollywood travailler pour les studios de la Paramount et nous présente son arrivée dans cet univers entièrement factice. L’organisation folle de ce monde de stars et d’anonymes est décryptée par Paul. Ses journées (ou plutôt ses nuits) sont entrecoupées par les appels de son père qui lui parle principalement de l’actualité politique française (élections 2007). Un jour, il rencontre sur son lieu de travail Selma une jeune femme sosie parfait d’Anna mais à 30 ans et « baiser son double, ce n’est pas tromper sa femme » ! Arrivera ce qui devait arriver. Cependant Selma a une vie éprouvante pour son entourage… Après une overdose, il l’aide à se soigner et la quitte alors qu’elle débute sa cure de désintoxication. Son travail terminé, il décide de repartir à Toulouse où sa femme a achevé sa cure et l’attend à l’aéroport. Après cette année de bouleversements, « les accommodements raisonnables tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l’abri d’un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous, derrière chaque porte, prêt à resurgir ». Jean-Paul Dubois excelle pour présenter avec humour et réalisme nos doutes, les remous de l’existence humaine sans oublier les réalités sociales de notre monde.

Fiche #447
Thème(s) : Littérature française


Camilla LÄCKBERG

La princesse des glaces
Actes Sud

2 | 382 pages | 14-05-2008 | 21.3€

Encore une belle découverte dans cette collection de polars venus du nord. Erica Falck, 35 ans, écrivain spécialisée dans les biographies est revenue sur le lieu de son enfance, petit port de pêche de la côte suédoise. Elle découvre le cadavre d’une amie d’enfance les poignets tailladés dans sa baignoire d’eau gelée. Elle écarte rapidement l’hypothèse du suicide et son enquête débute et les pièces d’un puzzle immense s’emboîteront les unes après les autres. Elle retrouve un ancien camarade devenu policier, toujours amoureux transi d’elle et ils s’épauleront dans cette enquête et dans la vie… Très bon polar au suspense maîtrisé et aux multiples rebondissements qui dépeint façon Chabrol les habitants de cette petite bourgade : la famille riche à la tête de l’entreprise locale, les habitants des grandes villes voisines venant en villégiature dans le petit port, les exclus, les familles implantées de longue date, une petite vie tranquille avec ses petits secrets… Pour notre plus grand plaisir, quatre autres enquêtes d’Erica sont déjà sorties en Suède. Impatience à la retrouver…

Fiche #394
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lena Grumbach, Marc de Gouvenain


Marjolijn HOF

Une petite chance
Le Seuil

1 | 110 pages | 05-01-2008 | 8.1€

Une petite chance est l’histoire d’une attente, attente interminable et douloureuse d’une petite fille et de sa mère. Le père médecin humanitaire part dans des contrées lointaines et dangereuses. La petite fille commence à ressentir le danger de ces expéditions. Sa mère tente de la rassurer mais il faudrait qu’elle soit elle-même totalement convaincue pour y réussir… Même le recours aux probabilités s’avère inefficace… Un livre grave et léger, émouvant, teinté d’humour et de candeur.

Fiche #344
Thème(s) : Jeunesse