« Se déraciner pour mieux s’enraciner ailleurs. »
Julien Pelletier

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Belfond

Darragh MCKEON

Le Dimanche du souvenir
Belfond

35 | 237 pages | 11-08-2023 | 22€

en stock

Simon s’écroule littéralement dans une rue de New-York victime d’une crise d’épilepsie. La crise est violente et il n’en avait plus fait depuis trente ans. On le retrouve sur une table d’opération, espérant une réparation physique du mal qui le touche depuis son enfance. Cela suffira-t-il ? Simon revient aux sources, à son enfance dans la campagne irlandaise, dans la ville d’Enniskillen. Une remontée dans le passé, aux côtés de son père, sa mère étant morte rapidement. Il rencontrera Esther, une jeune hollandaise venue s’installer temporairement dans une ferme voisine. Ils passeront une nuit, isolés, sur une île. Isolés mais pas seuls, puisque Simon croisera des hommes déchargeant discrètement du matériel en pleine nuit et échappera au pire grâce à l’un d’eux qui les protègera et les enjoindra à se cacher en silence. Une rencontre, une voix qui, aujourd’hui il le sait, le marquera à jamais ainsi que l’attentat meurtrier quelques jours plus tard, dans sa ville, le 8 novembre 1987 à 10h43 pendant le Dimanche du souvenir, 10h43 l’heure de ses premières crises d’épilepsie... Il reviendra sur son engagement, sur le moment où il a fallu choisir son camp, sans retour en arrière possible, définitivement. Puis, entouré de son frère et de ses convictions, son entrée dans le combat, lui qui aspirait à une vie simple avec sa femme et ses enfants. L’engagement va l’aspirer dans une spirale infernale, incontrôlée jusqu’à l’irréparable. Aujourd’hui, il est temps de regarder la vérité et ce passé en face, d’analyser cette tragique trajectoire pour espérer assimiler un passé qui le minait depuis de longues années. Un récit puissant, émouvant au cœur de l’engagement, de la vraie radicalité, de la violence et des cicatrices qu’elles laissent et qui prennent des années à cicatriser, si elles cicatrisent.

« Aie pitié des riches, lui disait sa mère, ils ne peuvent pas vivre dans l’illusion que l’argent fait le bonheur. »

« ... on n’est jamais propriétaire de la terre, on l’entretient pour la génération suivante. »

« La paix ne peut advenir qu’après les jours les plus sombres. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le Dimanche du souvenir"

Fiche #3067
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carine Chichereau


Lionel SHRIVER

A prendre ou à laisser
Belfond

34 | 284 pages | 27-04-2023 | 22€

Kay et Cyril en couple depuis toujours s’interrogent très tôt sur la fin de vie. Ils souhaiteraient prendre les devants, envisager toutes les possibilités, toutes les impossibilités, toutes les impasses… Avant tout, ne pas devenir un poids, une charge financière, psychologique. Alors pourquoi ne pas décider de la date de la fin ? Quatre-vingts ans, c’est suffisant, ils partiront ensemble, c’est le pacte de ce couple de quinquas. Trente ans après cette décision, l’échéance approche et on les retrouve en plein Brexit, tiendront-ils leur engagement ? Tous les deux ? La situation n’a-t-elle pas évolué ? Médicalement ? Dans les EHPAD ? Un roman à la construction singulière qui, sans noirceur, aborde des questions essentielles qui n’épargneront personne telles la vieillesse, l’isolement, la place des personnes âgées, la maladie, la mort, la retraite, l’argent, la déchéance, l’enfermement… et surtout propose une palette de réponses, à chacun de choisir tant qu’il le peut !

« Car, pour conserver la maîtrise de sa fin de vie, il faut avoir la volonté de renoncer à une petite tranche d’une existence qui n’est pas encore pourrie. »

« Je doute qu’on comprenne ce qu’est la vie tant qu’on ne l’a pas perdue… »

« Kay et Cyril Wilkinson découvrirent par eux-mêmes qu’être très, très vieux n’était pas le pire, le pire était d’être très, très vieux, et fauchés. »

Ecouter la lecture de la première page de "A prendre ou à laisser"

Fiche #3013
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Catherine Gibert


Colum MCCANN

Apeirogon
Belfond

33 | 510 pages | 14-02-2021 | 23€

Abir avait dix ans. Smadar avait treize ans. Abir, palestinienne, allait acheter des bonbons, Smadar, israélienne, une partition. Elles étaient pleines de vie, des rêves plein la tête. Elles sont mortes toutes les deux à quelques années d’intervalle, tuée qui par un kamikaze, qui par un soldat. Bassam et Rami, les deux pères dévastés, auraient pu sombrer dans une haine mortifère, ils vont choisir le Cercle de la vie, le Cercle des parents, combattants pour la paix : « Je n’ai plus le temps de haïr. Nous devons apprendre à nous servir de notre douleur. » Parler, se rencontrer, se connaître et tenter de se sauver comme les oiseaux migrateurs qui traversent le ciel de ces deux pays pour enfin éviter ces morts absurdes. Un combat âpre, de tous les instants, éternel et infini comme le nombre de côtés d’un apeirogon. Un texte dense, kaléidoscope, pour espérer et réfléchir, au cœur d’une guerre qui n’en finit pas et qui entretient et consolide une haine à laquelle ces deux pères tourneront le dos préférant croire à la vie et que « tout est atteignable. Tout est possible même l’apparemment impossible. ». On rêve qu’ils aient raison…

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Fiche #2633
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Clément Baude

Les titres de Colum McCann lus par Vaux Livres


Juliette ARNAUD

Maintenant, comme avant
Belfond

32 | 235 pages | 29-08-2019 | 17€

Dans un village du sud de la France, Rose a grandi entre son père Emiliano, sa grand-mère, Bruno le copain protecteur d’Emiliano et Gros son chien. Sa mère après un concert les a en effet quittés alors qu’elle n'était encore que bébé. Et puis l’été de ses dix-huit ans, Pomponnette ou plutôt Manette est enfin de retour. Alors Rose a le pardon difficile, que sait-elle de Manette ? Que sait d’elle Manette ? Qui est cette femme qui l’a abandonnée dans son couffin ? Pourquoi a-t-elle osé revenir ? Elles sont étrangères et que cela dure, la colère et le ressentiment restent intacts et violents. Mais son père comme Gros ont le pardon facile, ils l’aiment encore et l’accueillent avec tendresse et amour. Sauront-ils amener Rose jusqu’au pardon ? Un roman rythmé, féroce et drôle, qui varie efficacement les styles, joue avec la chronologie et les digressions, pour dépeindre les conséquences de l’absence d’une mère comme le courage de son retour.

Ecouter la lecture de la première page de "Maintenant, comme avant"

Fiche #2406
Thème(s) : Littérature française


Yiyun LI

La douceur de nos champs de bataille
Belfond

31 | 158 pages | 25-08-2019 | 20€

« La douceur de nos champs de bataille » est le récit poignant (presque philosophique) d’une mère (l’auteure) dialoguant avec son enfant bien-aimé qui a choisi le suicide à seize ans. Elle est écrivaine et dès l’âge de dix ans, elle s’est totalement dévouée aux mots, alors elle continue, même dans cette disparition, dans cette mort inattendue. Elle réussit à convoquer son fils et à établir un dialogue : « Nikolai … et sa chère mère se rencontrent dans un monde à l’espace-temps indéterminé. Ce n’est pas un monde de dieux ou d’esprit. Ce n’est pas un monde rêvé par moi… C’est un monde créé par les mots, et par eux seuls. Pas d’images, pas de sons. » Mais derrière les mots, il y a les questions, et elles sont multiples, simples ou complexes, et surtout sans fin. Trouver un sens, à chaque mot, à chaque acte, chaque seconde. Avec une grande poésie, de la pudeur et de la retenue, sans jamais juger et remettre en cause le choix définitif de Nikolai (on ne saura rien de ses raisons), Yiyun Li progresse dans son deuil face au harcèlement de ces questions qui s’enchaînent et pour les réponses, la mère aimante a parfois encore besoin de lui. Sur un sujet difficile et bouleversant, Yiyun Li réussit un récit intense, questionnant mais aussi apaisant.

« Fondamentalement, devenir adulte, c’est jouer à cache-cache avec sa mère et gagner… »

« Mais qualifier d’inexplicable le geste de Nikolai, c’était comme qualifier de perdu un oiseau migrateur se retrouvant sur un nouveau continent. Qui peut dire que l’oiseau vagabond n’a pas une bonne raison de modifier le cours de son vol ? »

« Les mots ne sont pas à la hauteur, oui, mais parfois leurs ombres peuvent toucher l’inexprimable… »

Ecouter la lecture de la première page de "La douceur de nos champs de bataille"

Fiche #2400
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Clément Baude


Isabelle DESESQUELLES

Je voudrais que la nuit me prenne
Belfond

30 | 205 pages | 01-08-2018 | 18€

« Je voudrais que la nuit me prenne » est illuminé par la voix de l’innocence, la voix de l’enfance. Le temps a passé mais tous ont en souvenir les huit ans de Clémence, heureuse auprès de parents attentionnés, débordants d’amour, de tendresse et d’une légère folie bienveillante. Alors seize années plus tard, Clémence replonge avec délice dans ces journées joyeuses avec la conviction que le souvenir est demeuré intact malgré un voile noir qui suscite un malaise interrogatif. Mais les mots de la petite Clémence nous entraînent dans leur tourbillon repoussant les explications à plus tard, on veut continuer de croire en le bonheur, la vie et l’amour, « C’est ça l’enfance, ma Clémence, que rien ne soit impossible. » Isabelle Desesquelles nous offre une pépite bouleversante d’émotions retranscrivant parfaitement et avec sensibilité les liens entre générations et porte toute son attention au bonheur, à la vie et à sa fragilité.

« Je réalisais combien l’absence est une présence. »

« Je sais moi le mal que peut faire tout ce que l’on ne sera pas. »

« Un enfant, il ne peut pas être que du malheur. »

Ecouter la lecture de la première page de "Je voudrais que la nuit me prenne"

Fiche #2179
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Isabelle Desesquelles lus par Vaux Livres


Frédéric ARIBIT

Le mal des ardents
Belfond

29 | 248 pages | 22-01-2018 | 18€

Le narrateur est parisien, prof de lettres solitaire et désenchanté. Elle virevolte, dessine, peint et joue du violoncelle. En un instant, elle va le bousculer, le transformer, une boule de vie flamboyante, irrésistible, une flamme intense, une ferveur lumineuse. Et il se laisse entraîner dans cette folie souriante qui l’interroge sur lui-même, sur sa façon d’enseigner et sur l’art. Mais « les hommes passent et les fléaux reviennent. » Après un concert, « La Pathétique » de Tchaïkovski, Lou plonge dans un coma profond avec un diagnostic inattendu, la boulangerie qu’elle fréquentait vendait du pain infecté par la mystérieuse maladie de l’ergot. « Le mal des ardents » est de retour. Un roman captivant, rythmé à souhait, qui entraîne immédiatement le lecteur aux côtés de ce couple ardent, de la passion et de l’art.

Ecouter la lecture de la première page de "Le mal des ardents"

Fiche #2070
Thème(s) : Littérature française


Xavier-Marie BONNOT

Le dernier violon de Menuhin
Belfond

28 | 265 pages | 20-01-2018 | 18€

Rodolphe fut un violoniste célèbre et reconnu avant de sombrer dans l’alcool et la solitude. Il vient de recevoir en héritage une ferme isolée dans la région de Saint-Affrique de sa grand-mère Emilie. Bloqué par une tempête de neige, le voilà enfermé dans cette région célèbre notamment pour Victor, l’Enfant sauvage de Truffaut. Cette retraite est propice à se retourner vers le passé, souvenirs d’une enfance absente (« Nous, les virtuoses, sommes tous des névrosés, des orphelins de l’enfance. ») occupée par l’apprentissage de la musique, par les injonctions de son père, les silences de sa mère mais aussi sa rencontre avec Lord Wilton, son ami, son confident, le violon de Menuhin (« On n’achète pas un tel instrument. On se prête à lui. ») qui l’accompagnera tout au long de sa carrière et de sa vie. Souvenirs de sa jeunesse d’enfant prodige, sa carrière, de son travail incessant entre torture et jouissance absolue, de sa gloire immédiate et de sa chute. Mais cette isolement est aussi propice à dialogue avec son Double, cet Autre plus sauvage, plus caché afin de pouvoir atteindre une nouvelle sérénité s’il parvient à le vaincre. Un livre étrange, profond et sauvage qui va creuser dans la part obscure d’un génie (avant peut-être d’être homme) accompagné par son violon.

« Les rêveurs ne meurent jamais. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le dernier violon de Menuhin"

Fiche #2069
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Xavier-Marie Bonnot lus par Vaux Livres


Carole LLEWELLYN

Une ombre chacun
Belfond

27 | 295 pages | 18-06-2017 | 17€

Clara survit depuis son enfance, elle est mariée à Charles, homme d’affaires riche, égocentrique, sans considération pour son entourage. Clara est sa chose, et elle supporte cette relation déséquilibrée en silence. Et puis, Charles décide qu’il veut un enfant, aucune discussion envisageable, c’est comme ça, « Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui. ». Clara est alors déstabilisée et organise méthodiquement son départ afin que personne ne puisse la retrouver. Elle disparaît et Charles offre alors un prime conséquente à qui la retrouvera. Seven Smith, ancien soldat américain, se lance sur ses traces, mais elle aura longtemps un coup d’avance. Tel un limier entêté, il retrouve de minces indices et la suit, une quête qui redonne à cet ancien Marine aussi une envie de vivre. Ces deux personnages qui se poursuivent autant qu’ils sont en quête d’eux-mêmes se croiseront-ils ? Charles retrouvera-t-il son objet fétiche ? Une enquête réussie avec quelques rebondissements très inattendus…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Une ombre chacun"

Fiche #1972
Thème(s) : Littérature française


Isabelle DESESQUELLES

Les âmes et les enfants d'abord
Belfond

26 | 105 pages | 25-01-2016 | 10€

La pauvreté s’étend, elle est partout, à hauteur des yeux d’enfants (« Avant même qu’ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c’est la misère à hauteur de leurs yeux… »). On feint de ne pas la voir, on détourne les yeux, on l’ignore, on la nie. Mais les enfants d’aujourd’hui ? Ils sont nés avec cette pauvreté, en silence, ils la voient, la ressentent, elle les enserre. Une fois adultes, quel sera leur sentiment, leur appréhension de la pauvreté ? L’habitude, l’indifférence et l’acception auront-elles remplacé l’indignation, la commisération et le refus ? Pour en parler et susciter le débat, la narratrice s’adresse à la femme qu’elle a vue devant le porche d’une église à Venise, une masse informe, seul indice d'une humanité, une main tendue vers le ciel. Cette vision marque définitivement la narratrice (« Vous pesez sur ma conscience et c’est bien. »), ne quitte plus ses pensées, modifie sa vision de son quotidien et de son environnement. Un court récit non dogmatique, qui ne fournit pas de réponses clé en main, mais bouscule le lecteur, suscite moult interrogations et incite à oser une profonde réflexion et un regard lucide et précis.

« La vraie victoire des ultrariches, c’est que les prochains pauvres se battent contre les pauvres. »

« … alors que la seule question, bientôt, sera : comment faire pour ne pas être pauvre ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Les âmes et les enfants d'abord"

Fiche #1745
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Isabelle Desesquelles lus par Vaux Livres


Christina BAKER KLINE

Le train des orphelins
Belfond

25 | 342 pages | 23-08-2015 | 20.5€

« Le train des orphelins » rend compte d’un épisode de l’histoire des Etats-Unis (et de l’Irlande) en confrontant le destin cruel de deux femmes à deux époques du XX ème siècle. En 2011, Molly, 17 ans, jeune métisse indienne, rencontre Vivian, une vieille dame d’origine irlandaise de quatre-vingt-onze ans qui a donc beaucoup de fantômes autour d’elle. Deux femmes unies par une enfance d’orpheline (« Qu’elle est misérable votre enfance quand on se dit que personne ne vous aime ou a envie de s’occuper de vous, lorsque l’on est toujours l’étranger qui contemple du dehors ce qui se passe à l’intérieur. »), aussi la narration passe des années 30 aux années 2000 pour confronter ces deux expériences. Vivian est arrivée toute jeune en Amérique et fut rapidement confiée à des organismes soi disant sociaux qui organisaient le placement de ces enfants, le train des orphelins parcourait le pays à la recherche de familles d’accueil et naturellement le pire était souvent le quotidien de ces enfants. Après quelques échecs et plusieurs changements de prénom, Vivian trouva un peu d’apaisement dans une famille. Elle se mariera mais avouera enfin à Molly avoir refusé être mère… Molly à la mort de son père vivra des expériences similaires, fréquentera les foyers, sera ballottée de famille en famille. Le lien se tisse donc immédiatement entre ces deux femmes et la parole se libère, chacune trouve une sérénité nouvelle après leurs rencontres et leurs échanges et réussit peut-être à se convaincre d’avoir enfin trouvé sa place dans le monde. Un roman en partie historique, particulièrement bien construit, et très prenant.

Ecouter la lecture de la première page de "Le train des orphelins"

Fiche #1688
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carla Lavaste


Elise TIELROOY

La simplicité du coup de massue
Belfond

24 | 440 pages | 08-06-2015 | 20€

Marion a une vie bien rangée, heureuse, comblée, mais bien rangée. Un mari avocat, trois enfants, une aisance financière évidente, le bonheur, quoi… Et pourtant, lorsque sa sœur jumelle disparaît subitement, ce coup de massue révélera son double. Une Marion en colère, révoltée, qui refuse maintenant que la société lui impose quoi que ce soit, la piste et la devine. La nouvelle Marion se retrouve rapidement en garde à vue où elle fera alors sa première rencontre importante puis sera recherchée par la police. Elle part en croisade et sur son chemin découvrira des personnages bien éloignés de son milieu d'origine, deviendra une espèce d'égérie pour un groupe bien décidé à faire bouger la société. Même seul et isolé ou même peu nombreux, l'action demeure possible et ses conséquences bénéfiques, Marion le prouvera. Ode à la colère, à l'action et à la réaction au coeur d'une comédie truculente, vive, fraîche, et surtout d'un humour fracassant comme un bon coup de massue !

« Si tu veux voir le beau, tu ne peux pas rater le moche, il vient en premier. Il faut le dépasser. »

Ecouter la lecture de la première page de "La simplicité du coup de massue"

Fiche #1644
Thème(s) : Littérature française


Hugo BORIS

Trois grands fauves
Belfond

23 | 202 pages | 04-12-2013 | 18€

en stock

Danton, Hugo, Churchill. Trois monstres. Trois ogres. Trois grands fauves, à l’affût. Prêts à bondir, à se défendre comme à prendre l’offensive. Très tôt confrontés à la mort, boulimiques de la vie, elle les a happés. Ils sont vifs, alertes comme le style d’Hugo Boris notamment dans la nouvelle sur Danton (ma petite préférée !). Dompteur accompli, Hugo Boris aime décidément surprendre ses lecteurs, quatrième livre, toujours très différents des précédents, entre le recueil de nouvelles, la biographie romancée et le roman historique, il tire un fil ténu entre les trois, nous propose sa vision de leurs destins exceptionnels, trois grands hommes engagés qui ont marqué l’histoire de France et la mémoire collective.

Ecouter la lecture de la première page de "Trois grands fauves"

Fiche #1381
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Boris lus par Vaux Livres


Jordi SOLER

Dis-leur qu'ils ne sont que cadavres
Belfond

22 | 236 pages | 25-11-2013 | 18€

En 1937, Antonin Artaud eut la mission de rapporter d’Irlande la canne authentique de saint Patrick, patron des Irlandais. Plus d’un demi-siècle plus tard, trois hommes, un écrivain mexicain, un poète et un collectionneur se donnent la même mission. Ces hommes ont en commun leur passion pour Artaud mais aussi pour l’eau-de-vie. L’aventure sera folle et extravagante. Les verres se videront, les voix deviendront fortes, les échanges virulents, mais la mission demeurera ! Etonnant hommage aussi loufoque qu’inventif à Artaud, aux poètes et à la folie.

Ecouter la lecture de la première page de "Dis-leur qu'ils ne sont que cadavres"

Fiche #1379
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Marie Saint-Lu


Khaled HOSSEINI

Ainsi résonne l'écho infini des montagnes
Belfond

21 | 490 pages | 04-11-2013 | 22.5€

Enfin ! Le troisième roman de Khaled Hosseini est enfin disponible, grande impatience à le découvrir et une fois de plus, Khaled Hosseini nous enchante avec une fresque exceptionnelle et inoubliable. Le lecteur retrouve ses thèmes favoris, la famille, la condition de la femme, la séparation et l’Afghanistan avec peut-être cette fois, une ouverture au monde plus importante. Pourtant le livre s'ouvre sur un conte populaire typique évoquant un démon qui kidnappe les enfants dans les villages afghans. L’intrigue du roman y trouve évidemment des résonances en évoquant le destin d’une petite Afghane, Pari, et de toutes les personnes qu’elle croisera de 1950 à nos jours de Kaboul à Paris, en passant par la Grèce et la Californie. Son histoire commence par une rupture qu’elle n’oubliera jamais. Lorsqu’elle a à peine quatre ans, sa mère est déjà morte, son père sévère et pauvre ne s’occupe pas d’elle. Au contraire, son frère Abdullah, âgé de 10 ans, la protège et l'élève créant un lien fort et unique entre eux d'eux. Pourtant en partant pour Kaboul, son père décide d’abandonner la petite et de la confier à une riche famille. Abdullah n’oubliera jamais cette déchirure alors que Pari débute un long voyage émaillé de nombreuses rencontres et semble bien occupée par sa nouvelle vie… Khaled Hosseini sait parfaitement susciter puis entretenir une émotion sourde qui ne faiblit pas tout au long du roman aux personnages denses et profonds ; avec leurs faiblesses et leurs forces, ils se débattent avec simplicité et volonté uniquement pour vivre. Pourvu que l’on n'ait pas à attendre à nouveau six ans pour découvrir le prochain Hosseini !

Ecouter la lecture de la première page de "Ainsi résonne l'écho infini des montagnes"

Fiche #1376
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois

Les titres de Khaled Hosseini lus par Vaux Livres


Colum MCCANN

Transatlantic
Belfond

20 | 375 pages | 22-07-2013 | 22€

Colum McCann est vraiment un écrivain à part. A partir d’une lettre et de son parcours, une lettre anodine, identique à tant d’autres, il dresse les portraits croisés de personnages à travers le siècle entre les Etats-Unis et l’Irlande (« Un si beau pays. Un peu sauvage pour l’homme, quand même. »), leurs histoires, leurs allers-retours mais évidemment aussi l’Histoire. Il tisse sa toile dense, tranquillement, mais avec force et détermination et le lecteur se plait à s’y laisser prendre. 1919, Jack Alcock et Arthur Brown, deux aviateurs ont transformé un bombardier en avion de paix et espèrent relier pour la première fois sans escale l’Amérique et l’Irlande. Au moment de partir, une jeune fille leur confie une lettre à poster à leur arrivée. 1845, Dublin, Frank Douglass, un ancien esclave noir venu d’Amérique, assure des conférences dans le pays et défend la cause des abolitionnistes. Il rencontre un peuple attentif à son discours mais pauvre et affamé. 1998, New York, le sénateur américain G. Mitchell, Irlandais de sang, effectue moult allers-retours entre les deux pays et mène un ultime combat, une ultime négociation pour ramener durablement la paix en Irlande. En outre, une lignée anonyme relie ces trois figures : la modeste et jeune Lily Duggan qui après sa rencontre avec Frank Douglass, prendra en main son destin et décidera d’émigrer aux Etats-Unis (« Nos vies sont des tunnels qui parfois se connectent, laissant entrer le jour à des moments inattendus, puis elles nous replongent dans le noir. »). Une grande et superbe épopée où histoire et destins individuels sont étroitement liés et qui prouvent que notre monde est finalement bien petit.

« La recherche pointilleuse du mot. On déroule la chaîne au-dessus du puits, le seau descend dans l’obscurité. On le remonte vite chaque fois, jusqu’à ce que, au moment le plus inattendu, il arrive à draguer le fond. Porter le précieux chargement à la lumière, puis de nouveau fouiller le néant. »

« Il est toujours difficile d’estimer les conséquences de nos actes, mais je suis sûre que nos vies résonnent après nous. »

« Il n’existe pas d’histoire qui, en tout ou partie, ignore le passé. »

Ecouter la lecture de la première page de "Transatlantic"

Fiche #1329
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Luc Piningre

Les titres de Colum McCann lus par Vaux Livres


Nadine MONFILS

La vieille qui voulait tuer le bon dieu
Belfond

19 | 248 pages | 11-06-2013 | 19€

Mémé Cornemuse, la terrible, est de retour ! Elle est devenue concierge, après avoir éliminé discrètement la titulaire en place d’un élégant coup de couteau, dans un immeuble dont les occupants sont tous plus fous les uns que les autres. Mais il en faut plus pour impressionner Mémé Cornemuse ! Même quand Ginette de retour d’une aventure périlleuse mais amoureuse débarque affolée après avoir découvert son mari assassiné, elle ne perd pas son sang froid, il le faut, elle prépare en parallèle le casse du siècle et ne verrait pas d’un bon œil la venue des pandores ! Alors Ginette mènera son enquête seule et en apprendra de belles sur son défunt mari et son frère… comme le lecteur qui découvrira quelques pans de l’histoire personnelle de Mémé Cornemuse. Le ton est truculent et caustique, la gouaille décapante, les personnages bigarrés, illuminés et déglingués, le vocabulaire et les sentences décapants entre Dard et Audiard. Aussi féroce que jubilatoire !

Ecouter la lecture de la première page de "La vieille qui voulait tuer le bon dieu"

Fiche #1313
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir

Les titres de Nadine Monfils lus par Vaux Livres


David BEZMOZGIS

Le monde libre
Belfond

18 | 416 pages | 06-08-2012 | 22€

A la fin des années 70, l'URSS laisse partir quelques-uns de ses ressortissants. Certaines familles juives en profitent pour quitter le pays. Plusieurs générations de la famille Krasnansky se retrouvent ainsi à Rome en espérant un départ vers le Nouveau Monde. Entre la lenteur des services administratifs et ses tracas, chacun laisse parler son histoire, ses espoirs, ses regrets, ses craintes, partir aux Etats-Unis ou rejoindre Israël ? Certains s'adaptent immédiatement à l'Occident, d'autres font le grand écart entre leur passé et ce nouveau monde. Cette saga familiale relate le quotidien de la communauté juive russe au coeur de la Ville Eternelle en attente d'une liberté rêvée et espérée : "Notre jour aussi viendra, Samuil Leyzerovitch. J'en suis convaincu. Notre patience sera récompensée, et aussi nous serons libres".

Ecouter la lecture de la première page de "Le monde libre"

Fiche #1161
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Peellaert


Jérôme HARLAY

Smog
Belfond

17 | 310 pages | 05-08-2011 | 21€

Les Verbeeke forment un couple atypique. Riches depuis peu, notamment grâce à l’intervention de l’avocat Pierre Roubault, ils ont une propriété superbe et étrange sur les hauteurs de Marseille : Smog un gigantesque bateau littéralement planté au milieu d’une riche végétation simulant les flots d’une conception originale qui reproduit même le gîte d’un navire sur l’eau. Les Verbeeke ont embauché un couple, les Labeyrie, dévoué à l’extrême et entretenant le domaine. La disparition soudaine et tragique des Verbeeke vient bouleverser le destin des Roubault et des Labeyrie. Sans descendant, les Verbeeke ont désigné par testament Fergus le fils de Pierre Roubault comme l’héritier de Smog. Hyper protégé par son père, Fergus est un enfant intelligent, très éveillé et observateur mais craintif et sensible. Chaque famille a vécu des drames plus ou moins avoués et jour après jour, la tension s’accroît sans vraiment d’explication. C’est l’arrivée de Joël le demi-frère de Fergus en délicatesse avec son père qui déclenche « le feu d’artifice » dramatique. Un roman rythmé par les différents points de vue de chacun des protagonistes, adultes ou enfants, du temps calme à la tempête mortifère.

Fiche #1000
Thème(s) : Littérature française


Isabelle PESTRE

La onzième heure
Belfond

16 | 188 pages | 06-07-2011 | 17€

La petite Lisbeth n’était pas attendue. Née par hasard suite à un mariage tardif, ses parents n’ont aucune attention, aucun égard pour elle, une frontière infranchissable semble la séparer du monde des adultes. Elle grandit seule, incroyablement seule, loin des adultes : « Lisbeth grandit sur la pointe des pieds ». Aucun partage, ses parents la repoussent, ne lui reconnaissent aucune qualité, aucun charme. Chaque été, elle rejoint sa "tante" au bord de l’océan. Pourtant Lisbeth continue d’être seule, sa "tante" comme la jeune fille chargée de s'en occuper la délaissent. Un jour, elle rencontre Micha, un jeune immigré albanais et leur solitude vont s’unir. Pour la première fois, Lisbeth se sent regarder, considérer comme un être humain. Le regard de Lisbeth donne de la force à Micha dans son brutal exil. Ils s’attendent, les rencontres se multiplient, les réconfortent mutuellement : « Ils se livrent à l’amitié avec cette tranquille confiance que l’on donne au matin d’été en repoussant les volets… ». Mais pourront-ils indéfiniment demeurer unis et occulter ce monde qui les exclut ?

Premier roman

Fiche #981
Thème(s) : Littérature française


Hubert KLIMKO

Les toutes premières choses
Belfond

15 | 122 pages | 05-07-2011 | 15€

Nous retrouvons avec bonheur la fantaisie de Hubert Klimko et la folie de ses personnages, du loufoque joyeux qui surprend le lecteur chapitre après chapitre. Son prétexte est cette fois de nous « …raconter la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Vous ne me croyez pas ? Demandez à mon psychiatre ! » autour de sa courte autobiographie puisque l’auteur n’a que 42 ans, ce qui n’exclut pas sa richesse : trois versions pour sa naissance, deux divorces, quatre années de philosophie, l’amour, des voyages ou émigration, divers métiers… Expériences qui le conduisent, après une prédiction de son avenir dans des foies de volailles, à l’entreprise ultime, l’écriture. Pourtant, même écrire et publier, pour Hubert, provoquent des évènements singuliers ou surprenants ! Autobiographie délirante et déjantée d'un jeune auteur polonais mais peut-être avant tout européen.

Fiche #977
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Véronique Patte

Les titres de Hubert Klimko lus par Vaux Livres


Giovanni ARPINO

Mon frère italien
Belfond

14 | 220 pages | 30-06-2011 | 16.5€

Carlo Botero vieil instituteur à la retraite vit paisiblement et loin du monde (« Il ne comprenait plus le monde, il le savait. Et il savait que le monde ne le comprenait plus ») dans son appartement turinois avec son chat Staline. Ce digne félin est sa seule compagnie, sa femme étant décédée et sa fille ayant quitté la maison. Et puis, un jour, en coup de vent, celle-ci passe le voir pour lui conter que son mari avec qui elle en cours de divorce est pressant, la menace continuellement et qu’il doit agir, lui l’Ancêtre, et supprimer Pepito, cette petite frappe sans scrupules. Il est alors loin d’imaginer le bouleversement que sa vie va subir. Dès ses premières recherches, il rencontre Raffaele Cardoso, autre vieux solitaire, ex-campagnard venu de Calabre pour accomplir une vieille et terrible promesse. Ce duo improbable et bancal plonge alors dans les bas-fonds turinois à la rencontre du mal afin de laver deux affronts pour pouvoir prolonger ou reprendre une vie retirée. Mais comment peut-on survivre après une plongée dans le mal absolu ? l’écriture peut-être ?

« L’homme n’apprend rien de personne, même des fourmis. Oui. Des fous déguisés en individus en bonne santé, voilà ce que vous êtes, et vous n’êtes pas assez rusés pour avoir peur. »

« Tout le monde sait tout. Tout le monde naît savant. C’est ça, l’ignominie. »

« Parce que c’est ça, la vieillesse : perdre »

Fiche #974
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Bauer


Clare BROWN

Un enfant à soi
Belfond

13 | 303 pages | 02-06-2011 | 18.5€

Sur un sujet périlleux, Clare Brown nous offre un premier roman troublant et émouvant. A 32 ans, Jennifer malgré sa passion pour son violoncelle ressent sa vie comme ennuyeuse. Tout est bouleversé lorsque son regard croise celui du petit Sam, deux ans, une mère en marge qui selon Jennifer le néglige. Elle décide sur l'instant de l'aimer, de le protéger, de l'aider à grandir. Elle l'enlève et quitte tout pour rejoindre sa mère qu'elle n'a plus vue depuis cinq ans. Elle savoure tous les instants, s'installe dans sa nouvelle vie et oublie progressivement le danger et son geste. Pourtant le livre s'ouvre par sa confession avec une psychologue. Par un va-et-vient entre passé et présent, le roman alterne les chapitres d'entretiens avec la psychologue et le récit de l'année si heureuse partagée avec Sam ou plutôt Arthur renforçant autant l'émotion que le suspense quant à l'issue de cette confession introspective.

Premier roman

Fiche #956
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvie Schneiter


Vanessa CAFFIN

Mémoire vive
Belfond

12 | 214 pages | 10-10-2010 | 17€

Sara est une trentenaire qui fait illusion : une belle situation mais peu d’amis à l’exception de Clarence et une vie solitaire. Son grand-père vient de mourir et Sara pourtant réputée insensible du fait qu’il lui est impossible de pleurer reste inconsolable. Sa grand-mère quant à elle est certaine que son époux est encore en vie et s’émeut devant la réaction de son fils retrouvant là son mari : « Il gardait tout pour lui, comme son père. Elle les appelait les autistes de l’amour. Incapables de dire je t’aime, ces deux là, même aux dernières heures de la vie. ». Sara lui rend visite régulièrement, et un jour, Minouche lui avoue avoir vécu une aventure extraconjugale pendant la guerre. Son père étant né en 1941 et faisant confiance à sa grand-mère, Sara imagine que cet homme est certainement son grand-père et part à sa recherche. Une quête périlleuse qui la mène sur les traces des secrets de famille mais où est la vérité lorsque la mémoire s’estompe, triche, perturbe, embellit, affabule… le lecteur intrigué ne pourra le décider qu’après la lecture de l’ultime page !

Fiche #839
Thème(s) : Littérature française


Christophe GHISLAIN

La colère du rhinocéros
Belfond

11 | 333 pages | 07-09-2010 | 19.5€

Légèrement bohème et totalement farfelu, artiste manqué, Gilbratar est sommé par sa compagne Hélène d’accepter des petits boulots dont celui de croque-mort. Un jour où il « fuit » son patron en empruntant un corbillard, il retourne sur les lieux de son enfance. Une seconde d’inattention et le corbillard chut : « Le choc n’a pas été si violent et je m’en sortais sans rien de méchant. La bête aussi d’ailleurs. Pourtant jamais personne ne passait par là. Juste une poignée de caravanes il y a longtemps. Puis une bande de mômes… et un rhinocéros ! Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que fout un rhinocéros au milieu d’un champ belge ? ». Cet incident exceptionnel déclenche chez Gilbratar une remontée prolifique de souvenirs mobilisant une série de personnages aux comportements loufoques. Ce concert de voix énigmatiques, originales témoigne de vies décousues qui disjonctent régulièrement (comme le lecteur !) : du grand-père de Gilbratar qui fit sauter sa maison « pour péter le ciboulot à un couple de cigognes », à Gina la dompteuse qui ne sut retenir son rhinocéros en passant par Emma la jeune et jolie qui initia le jeune Gilbratar aux beautés féminines. Dans cette polyphonie, une voix manque bien qu'elle soit omniprésente : la voix d’un vieux fou, le père de Gilbratar dont personne (ou presque) n’a de nouvelles…

Premier roman

Fiche #830
Thème(s) : Littérature étrangère


Hubert KLIMKO

Berceuse pour un pendu
Belfond

10 | 124 pages | 01-09-2010 | 16€

Berceuse pour un pendu, un livre contrasté, inattendu et attachant : Hubert Klimko est un écrivain polonais, l’action se déroule en Islande ; le climat est rugueux alors que l’ambiance est exotique ; le quotidien des personnages est ardu pourtant sa narration est souvent drôle et jubilatoire ; les moments de bonheur et de sérénité chassent les instants pénibles ; le récit est succinct, le contenu est dense. Cette berceuse chante le voyage initiatique de trois hommes en Islande, trois immigrés des pays de l’Est en marge et unis dans leur différence. Le narrateur voulait apprendre le violoncelle, Boro le Croate joue de l’harmonica et Szymon le Polonais joue du violon, ces trois hommes ayant conservé une part enfantine vont élaborer une berceuse à trois voix, parfois douce, parfois violente, parfois joyeuse, parfois triste en tous les cas toujours vivante. Unis par une amitié profonde (« Mon amitié avec Szymon, c’était comme une danse des lucioles… »), ils parcourent l’île, s’entraident, vivent, se retrouvent autour de la musique, une connivence aboutie les unit au fur et à mesure de leurs aventures. Elles flirtent constamment avec la folie (« Parfois je me demande si la fréquentation de fous ne m’a pas permis de rester normal ») sans jamais abandonner la poésie qui les accompagne. Un superbe portrait de trois gentils fous malicieux incapables de vivre une vie « classique » mais doués pour l’amitié. Un livre à lire et relire !

Fiche #826
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Véronique Patte

Les titres de Hubert Klimko lus par Vaux Livres


Carolina DE ROBERTIS

La montagne invisible
Belfond

9 | 380 pages | 13-04-2010 | 21.5€

La montagne invisible décrit l’ascension continue et obstinée de trois générations de femmes, Pajarita, Eva et Salomé vers une indépendance si chère à obtenir et conserver. Pajarita, « Petit oiseau », tire son prénom du miracle qui initie sa vie : disparue à un an, elle est retrouvée à la cime d’un arbre le 1er janvier 1900. Elle se marie à un étranger Ignazio, vénitien en exil et amoureux des gondoles qui n’a pas vu la montagne en arrivant à Montevideo. Il deviendra magicien, elle sera guérisseuse grâce à sa connaissance des plantes médicinales. Eva, sa fille, dès son plus jeune âge, se découvre une passion pour la poésie. Elle fréquente les lieux interlopes mais poétiques de la capitale, partage les soirées enfumées des intellectuels uruguayens. Elle espère en une autre vie alors que son quotidien lui rappelle chaque jour les sentiments les plus noirs des hommes. Accompagnée de son amour de jeunesse, elle s’enfuit finalement vers l’Argentine d’Eva Peron où, lors d’une hospitalisation, elle rencontre un grand médecin qui tombe immédiatement amoureux et l’enlève littéralement. Elle donne naissance à Salomé en présence d’Ernesto Guevara, jeune interne de service, présage du futur de la jeune fille préoccupée dès son plus jeune âge par le destin de son pays qu’elle retrouve rapidement suite aux évènements politiques en Argentine provoquant un retour au pays de la famille. Lycéenne, elle rejoint les rebelles Tuparamos alors que l’Uruguay subit le joug d’une dictature intraitable mais commence de réagir. Un engagement qu’elle ne regrettera jamais mais qui l’éprouvera dans sa chair et dans ce qu’elle aura de plus cher… Une superbe fresque de trois femmes du peuple dont le destin épouse celui d’un pays méconnu, du quotidien le plus simple aux grandes ambitions politiques. Un récit épique qui monte en puissance au fil des chapitres comme l’empathie du lecteur pour ses trois femmes courageuses, animées par un amour familial sans faille et décidées à préserver une part de liberté envers et contre tout.

Premier roman

Article paru dans la revue "Page des Libraires"

Fiche #747
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Daphné Bernard


Hugo BORIS

Je n'ai pas dansé depuis longtemps
Belfond

8 | 392 pages | 28-02-2010 | 20€

Ivan part pour un long séjour dans l'espace, le plus long. Il sera accompagné périodiquement par deux autres personnes. Départ depuis Baïkonour : Ivan, médecin, laisse sa femme et ses deux enfants pour accompagner deux scientifiques ingénieurs et s’installer dans une station orbitale pendant plus d’un an, course vers un record. Dans cette expérience et dans sa volonté d’exister, Ivan espère donner un sens à sa vie, à la vie, rempli d’espoir en la science. Il est programmé pour réussir et rien d’autre ne compte. Mais dès le départ, l’équipe est bancale ce qui ne facilite pas la cohabitation. Malaise renforcé par l’isolement, l’apesanteur, le confinement et la promiscuité. Ivan n’en sortira pas indemne. Page après page, jour après jour, le lecteur assiste aux profondes mutations psychologiques et physiques d’Ivan qui en devient ainsi plus attachant. Il est parti comme "une bête à expériences", il reviendra Homme. Hugo Boris confirme son don pour étonner et surprendre le lecteur, un troisième livre loin des deux précédents déjà très différents pour notre plus grand plaisir avec toujours au centre l’humain et une écriture particulièrement aboutie.

Fiche #729
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Boris lus par Vaux Livres


Fabrice LARDREAU

Nord absolu
Belfond

7 | 190 pages | 27-07-2009 | 21€

Un pays imaginaire du nord de l'Europe, non loin du cercle polaire… Les élections se préparent et Stalitlën, un tyran populiste dangereusement raciste, s'apprête à être élu démocratiquement, sur fond de haine et de racisme. Deux êtres qui ne semblent pas se connaître vivent ces évènements dans Medisën, la capitale, mais els vivent-ils vraiment ? Paul Janüs journaliste de la rubrique musique d’un journal semble finalement fasciné par Stalitlën ou du moins intrigué et attentif. Il assiste, sans volonté et presque sans avis à la mise en place de ce nouveau régime (« J’étais influencé par mon entourage, j’évoluais comme un caméléon toujours en quête de couleurs… Ils assumaient leur point de vue et savaient s’y tenir. Cela me fascinait »). Philip Niels, héros de la nation devenu handicapé part à la recherche de son voisin transparent mais pourtant disparu mystérieusement. Stätliten est finalement élu sur la haine et la peur de la minorité norda venue de la République du nord voisine. Un roman qui montre simplement combien il est important de savoir se lever et dire non au bon moment !

Fiche #613
Thème(s) : Littérature française


Catherine MORET-COURTEL

La caissière
Belfond

6 | 191 pages | 18-07-2008 | 21€

Une semaine de la vie d’une caissière, Michèle, en grande surface. Rien ne la prédestinait à ce travail mais la mort de son mari la contraint à l'accepter. Les chapitres alternent en présentant le déroulement de la journée puis le rêve de la nuit suivante. La mort de son époux la plonge dans une espèce de léthargie, sans espoir et sans attente. Elle subit sa vie, tristement, inexorablement. Heureusement, les rêves demeurent et la sauveront. Progressivement, elle y prendra garde et ils interviendront dans sa vie, la modifieront, l’orienteront et lui permettront de se reconstruire afin de réintégrer le monde des vivants. Son quotidien donne matière évidemment à décrire avec réalisme les consommateurs que nous sommes (les enfants sont passés au crible) et ce monde impitoyable des hypermarchés.

Premier roman

Fiche #420
Thème(s) : Littérature française


Hugo BORIS

Le baiser dans la nuque
Belfond

5 | 16 pages | 05-06-2008 | 16€

Louis et Fanny se rencontrent à l’hôpital. Il accompagne sa belle-sœur pour un accouchement alors qu’elle est veuve depuis peu. Il est professeur d’économie et de piano. Elle est sage-femme et sera bientôt sourde. En donnant vie à ses enfants, elle a perdu et continue de perdre peu à peu l’ouïe (maladie de Beethoven). Comme une dernière épreuve, un dernier plaisir, elle retrouve Louis (mais pas l’ouïe) pour apprendre le piano. Louis est solitaire, secret et certainement blessé. Au fil de leurs rencontres où la parole est loin d’être maître du jeu, ils vont se dévoiler, se désirer, elle témoignera des naissances qu’elle accompagne chaque jour, il sera exigeant dans l’apprentissage (apprentissage de la musique avec le silence omniprésent et si bien rendu par l’écriture de H. Boris) mais lui dévoilera son intimité la plus profonde. Ces rencontres, le vocabulaire employé, la trame, tout se noue avec réussite pour créer un pont, une concordance entre ces deux métiers et ces deux vies a priori si éloignés. Un texte poétique, sensible et émouvant sur la naissance, la vie, l’amour, le handicap et la mort. Hugo Boris nous propose deux romans à ce jour (La délégation norvégienne), de thèmes totalement différents (la marque d'un vrai écrivain) et à découvrir absolument en attendant le troisième !

Premier roman

Fiche #404
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Boris lus par Vaux Livres


Fernando VALLEJO

Carlitos qui êtes aux cieux
Belfond

4 | 160 pages | 03-10-2007 | 18€

Carlos Vallejo maire de Tamesis et homosexuel grand amateur d’hommes se lance dans la campagne électorale que son frère, le narrateur, va nous faire partager. Carlos est le cinquième enfant d’une large fratrie qu’il entraîne dans son aventure, chacun d’eux y trouvant son rôle tout comme son amant, le dentiste Memo. Il est entouré également de la première dame, Mailu Vasquez Velasquez et du curé, le père Sanchez, personnages tous plus truculents les uns que les autres. Une période de campagne électorale qui autorise toutes les dérives : la tournée du cimetière pour faire voter les morts est vraiment un bijou dans son genre. Ironie, humour et réalisme éclairent ce récit qui nous fait partager sourire aux lèvres le quotidien des Colombiens.

Fiche #309
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Marie Saint-Lu


Khaled HOSSEINI

Mille soleils splendides
Belfond

3 | 404 pages | 11-09-2007 | 21€

Après le remarquable « Les cerfs-volants de Kaboul », Khaled Hosseini nous convie à nouveau en Afghanistan où le destin de deux femmes nous permettra de (re)découvrir une société dominée par les hommes (« De même que l’aiguille d’une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours. ») et écrasée par les conflits et la religion. Les quatre parties du livre présentent quatre tranches de vie de ces deux femmes de 1960 à nos jours. Mariam vit à la campagne seule avec sa mère. Elle adore son père et attend avec impatience ses visites trop courtes. Il la mariera pourtant de force à un homme de trente ans son aîné habitant Kaboul. Elle subira alors quotidiennement la violence de cet homme surtout qu’elle ne pourra lui assurer une descendance (masculine). Laila est une enfant de Kaboul, protégée par son père, homme de savoir, ouvert et progressiste (« …Je sais que tu es encore jeune, disait-il, mais je veux que tu comprennes une chose dès maintenant : le mariage peut attendre. Pas l’éducation. Tu es une fille très, très intelligente. Vraiment. Tu pourras faire ce que tu veux plus tard, Laila. Je le sais. Et je sais aussi que lorsque cette guerre sera terminée, l’Afghanistan aura besoin de toi autant que de ses hommes, et peut-être même davantage. Parce qu’une société n’a aucune chance de prospérer si ces femmes ne sont pas instruites, Laila. Aucune chance. ». Sa famille disparue, elle rejoindra le foyer de Mariam pour en devenir la seconde femme. Mariam verra en elle dans un premier temps une rivale mais peu à peu, une complicité indéfectible unira ces deux femmes jusqu’au sacrifice ultime de l’une d’elles. Deux portraits émouvants de femmes auxquelles le lecteur s’attache progressivement complété par un regard objectif et franc de la réalité afghane (« Elle est sidérée de voir combien le destin de chaque Afghan est marqué par la mort, le deuil et la douleur. Et pourtant, force lui est de constater que les gens réussissent à survivre ») qui rend ce roman essentiel et passionnant.

Fiche #301
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois

Les titres de Khaled Hosseini lus par Vaux Livres


Hugo BORIS

La délégation norvégienne
Belfond

2 | 275 pages | 19-08-2007 | 17.5€

René Derain rejoint une forêt du nord de l’Europe avec son chien pour un stage de chasse. Cinq hommes et deux femmes de différents pays européens partageront son quotidien pendant quelques jours. Pas encore arrivé à destination, il s’arrête et observe la forêt ; même son chien s’inquiète et reste paralysé, immobile, sans voie devant ce mur. Elle semble étrange, interdite, refermée, absorbante. Il poursuit pourtant son chemin et est le dernier à arriver à destination. Bizarrement, le propriétaire du pavillon de chasse responsable du stage est absent. Les stagiaires prennent possession du chalet et entreprennent leurs premières sorties. Peu à peu, Derain ressent une tension poindre au travers des anecdotes contées lors des veillées et de ces sorties. Chacun semble jouer un rôle déjà écrit et la fin lui paraît peu à peu inéluctable. Un piège puissant, machiavélique et fantastique se referme sur lui. Son assassinat ne saurait tarder, c’est écrit ! Mais qui tire les fils de cette histoire ? Ce qui est certain, c'est que le lecteur aura son rôle et sans son intervention, l'histoire restera sans fin ! Hugo Boris réussit à installer une atmosphère lourde et inquiétante par petites touches et le fantastique de la situation accroît le suspense et l’intérêt du lecteur pour cette épopée tragique. On retrouve l’environnement de l’excellent « Scène de chasse en blanc » mais sa violence est remplacée par une dose mesurée de fantastique qui accroît l'étrangeté du récit et l'oppression ressentie par la lecteur.

« Une peur singulière le gagne, lui, le garde forestier, qui n’a jamais rien ressenti de tel dans son pays. La peur de l’ombre, la peur du silence, la peur du bois sombre à la tombée de la nuit. Il y a quelque chose d’inquiétant dans cette montée de la peur lorsqu’il n’y a évidemment personne. Et son chien qui n’aboie pas... Quelque chose ne va pas. Le chien est anormalement immobile. ».

Fiche #266
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Boris lus par Vaux Livres


Colum MCCANN

Zoli
Belfond

1 | 329 pages | 19-08-2007 | 21€

Un récit qui nous fait traverser l’Europe, de la Bohème à la France, de 1930 à nos jours et suivre l’épopée de Zoli dès l’âge de 6 ans. Elle échappe alors à la mort avec son grand-père Stanislaus et leur cheval Rouge. Ils sont les seuls rescapés de leur communauté tzigane que les Hlinkas (fascistes) ont interpelée. Le destin de Zoli est terrible. Le lecteur partage sa vie quotidienne : fichages par les autorités, rencontres avec les autres tziganes, vie à l’école, confrontation aux gadjé, mariage forcé... Alors que l’écriture est réservée aux anciens (« Il m’a expliqué que c’était la tradition, seuls les anciens savent lire, c’était comme ça depuis toujours, un jour tout s’éclaircirait »), Zoli se découvre des talents d’écriture qui lui permettent de faire connaître et comprendre espère-t-elle l’histoire et la culture du peuple rom. Son mari tolère cette activité qui l’amène à rencontrer Martin Stransky poète communiste qui aimerait qu’elle devienne « le parfait poète prolétarien » et Stephen Swann exilé irlandais, traducteur de Stransky, qui désire la publier envers et contre tout. Ils comprendront trop tardivement que « nous avons fait irruption dans sa solitude pour tromper la nôtre ». S. Swann la volera et la trahira pour mener à bien son projet et elle seule en subira de lourdes conséquences... Un livre émouvant et très riche par les multiples sujets évoqués : la survie d’une culture et d’une langue marginalisées, l’identité et la différence, l’exil d’une femme libre et indépendante et pourtant attachée à ses racines... Magnifique !

« J’ai gardé espoir jusqu’à la toute fin. L’espérance est une vieille habitude des roms. »

« Il voulait dire, je suppose, que plus les gens accaparaient le pouvoir, plus ils méprisaient ce qui leur avait permis d’y accéder. »

Fiche #278
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Luc Piningre

Les titres de Colum McCann lus par Vaux Livres





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