« Plaider, finalement, c’est comme nager dans une eau froide et agitée, une lutte physique contre les éléments contraires. »
Pascale Robert-Diard

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Alexandre Seurat

Alexandre SEURAT

Le funambule
Le Rouergue

2 | 84 pages | 15-01-2018 | 12€

Un jeune homme est installé dans la maison de vacances de ses parents située en bord de mer, la haute saison est finie, il est seul, à part. Comme d’habitude, il se sent isolé, entraîné par un glissement sans fin, glisser ou chuter, mais toujours tomber : « C’était une amertume qu’il ne parvenait pas à contenir, à la fois une haine et une envie de pleurer, mais il ne savait pas pourquoi. » Il ne sait pourquoi, mais c’est inéluctable, une douleur qu’il ne peut surmonter ni maîtriser, une sensation de vide, de trou noir qui l'aspire. Le silence l’a envahi, les mots ont disparu. Mais un billet de train a été déposé sur la table. Pour la fête des mères, il va, il doit les retrouver tous. Sa mère, son père, sa sœur. Il revoit le regard de sa mère, froid, sans sentiment, obsédant, et le sourire constant de sa sœur. Il se rappelle le regard des autres sur lui et n’y a jamais détecté d’amour. Un très court texte douloureux et émouvant à l’écriture subtile, sobre et poétique, qui plonge au plus profond d’un jeune homme qui reste tragiquement en dehors du monde.

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Fiche #2064
Thème(s) : Littérature française


Alexandre SEURAT

L'administrateur provisoire
Le Rouergue

1 | 185 pages | 29-08-2016 | 18.5€

Le narrateur ne sait pas grand-chose de son arrière-grand-père, Raoul H.. Sa famille en parlait rarement, et peu d’informations filtraient : « C’était un monde où les vivants étaient sévèrement gardés par des ombres gigantesques. », ombres des adultes, ombres du passé, ombres des morts. Et puis le narrateur comme le lecteur, dès les premières pages, découvre le secret qui entoure l’existence de Raoul : il fut administrateur provisoire pendant la seconde guerre et s’occupa donc de la spoliation des biens juifs, de récupérer leurs biens, au service de l’Etat évidemment, il ne faisait donc que son devoir... Mais le narrateur ne se contente pas des silences de sa famille, « Tu dois prendre de la distance avec tout ça, et tu verras c’est beaucoup plus simple après. », et choisit d’enquêter dans la mémoire familiale et aux Archives, d’aller au bout, de percer les silences et non-dits, pour la vérité et pour son frère, hanté par la Shoah, qui s’est suicidé. Peu à peu, l’ombre de Raoul devient plus marquée, et l’homme prend forme avec toute son horreur. Alexandre Seurat nous offre un deuxième roman tourmenté, noir, déstabilisant, à la construction singulière oscillant entre rêve, enquête, analyse historique, procès fictif. Très fort et nécessaire !

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Fiche #1836
Thème(s) : Littérature française