« De toute façon, mourir est un truc bizarre en général. »
Fabienne Swiatly
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Tass, dans son enfance, a été baignée par des histoires touchant sa terre natale, la Nouvelle-Calédonie. Et le jour est venu où elle doit choisir entre Nouvelle-Calédonie, remplacement et célibat et métropole, titularisation et Thomas. Elle choisit le retour et un poste de remplaçant de prof de français. Dans sa classe, elle observe des jumeaux, Célestin et Pénélope, qui vont rapidement disparaître. Elle ira à leur recherche mais aussi à la rencontre de la Nouvelle-Calédonie et de son histoire, de la Nouvelle-Calédonie pénitentiaire, du colonialisme qui a marqué d’une empreinte indélébile le pays, du racisme, des clans, des langues, des Kanaks, des déportés d’Algérie, des déportés de la Commune : variété des origines, des niveaux sociaux, des cultures, des croyances, tout ayant été toujours fait pour les communautés au mieux s’ignorent. Tass partira ainsi sur les traces de son arrière grand-père venu de Kakylie. Une quête intime qui nous livre également une masse d’informations sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et l’impact toujours pesant du colonialisme sur les identités et le quotidien de la Nouvelle-Calédonie et propose quelques clés pour comprendre les derniers évènements (et ceux à venir).
Ecouter la lecture de la première page de "Frapper l'épopée"Fiche #3254
Thème(s) : Littérature française
L’art de perdre convoque l’Histoire au cœur d’une saga familiale sur trois générations, histoire tumultueuse entre l’Algérie et la France, histoire des Algériens qui firent le choix de la France, histoire de leur accueil, de leur silence, de leur perte d’identité, et de toutes leurs pertes. C’est Naïma, la petite dernière, qui souhaite entreprendre ce voyage vers le passé, revenir sur ses racines, son histoire et l’ambiance de la France en 2015 n’y est pas pour rien... Ali, le grand-père est celui qui prit La décision. Il avait déjà combattu lors de la dernière guerre pour la France et il préféra la rejoindre. Lui et sa famille devinrent « harkis » dans les camps de transit, connurent l’humiliation et le mépris pour finalement rejoindre le camp des invisibles. Son fils, Hamid, voulut oublier l’Algérie, les silences de son père, sa soumission, la religion mais lui-même choisit aussi le silence (« Ils ne veulent pas du monde de leurs parents, un monde minuscule qui ne va que de l’appartement à l’usine, ou de l’appartement aux magasins… Un monde qui n’existe pas parce qu’il est une Algérie qui n’existe plus ou n’a jamais existé, recréée à la marge de la France. Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent pas dire merci pour les miettes qui leur sont données. »). Naïma, la troisième génération, veut comprendre : elle va entreprendre un voyage aux sources, vers Alger puis la Kabylie, qui lui ouvrira les portes de son passé et de l’apaisement. Alice Zeniter fait parfaitement ressentir l’effet des traumatismes engendrés par l’exil et le déracinement : chacun peut le ressentir à sa manière, mais tous préfèrent se taire et ne peuvent se soulager de ce poids qui les étouffe, seuls les regards permettent de comprendre. Brillant, intelligent, 500 pages passionnantes qui exposent en détail le ressenti de trois générations sur leur histoire, qui nous parle objectivement de l’Algérie et de la France, d’hier et d’aujourd’hui et alimente sereinement le débat récurrent (et parfois répétitif) sur l’identité.
« L’histoire est écrite par les vainqueurs. »
« Tu peux venir d’un pays sans lui appartenir, suppose Ifren. Il y a des choses qui se perdent… On peut perdre un pays. »
Fiche #2054
Thème(s) : Littérature française