« Les forts haïssent les faibles, c’est là leur seule faiblesse. »
Thomas B. Reverdy

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

101885665

Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Flammarion

Alice ZENITER

Frapper l'épopée
Flammarion

80 | 345 pages | 30-09-2024 | 22€

en stock

Tass, dans son enfance, a été baignée par des histoires touchant sa terre natale, la Nouvelle-Calédonie. Et le jour est venu où elle doit choisir entre Nouvelle-Calédonie, remplacement et célibat et métropole, titularisation et Thomas. Elle choisit le retour et un poste de remplaçant de prof de français. Dans sa classe, elle observe des jumeaux, Célestin et Pénélope, qui vont rapidement disparaître. Elle ira à leur recherche mais aussi à la rencontre de la Nouvelle-Calédonie et de son histoire, de la Nouvelle-Calédonie pénitentiaire, du colonialisme qui a marqué d’une empreinte indélébile le pays, du racisme, des clans, des langues, des Kanaks, des déportés d’Algérie, des déportés de la Commune : variété des origines, des niveaux sociaux, des cultures, des croyances, tout ayant été toujours fait pour les communautés au mieux s’ignorent. Tass partira ainsi sur les traces de son arrière grand-père venu de Kakylie. Une quête intime qui nous livre également une masse d’informations sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et l’impact toujours pesant du colonialisme sur les identités et le quotidien de la Nouvelle-Calédonie et propose quelques clés pour comprendre les derniers évènements (et ceux à venir).

Ecouter la lecture de la première page de "Frapper l'épopée"

Fiche #3254
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Zeniter lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Il ne se passe jamais rien ici
Flammarion

79 | 362 pages | 09-06-2024 | 22€

Cadre idyllique, aussi beau qu’étouffant, Annecy et ses alentours, la montagne, le lac, la lumière, le ciel… Les touristes sont maintenant partis laissant une petite communauté retrouver ses marques. Olivier Adam donne la parole aux protagonistes de l’affaire. Notamment, Antoine, éternel adolescent qui paie quand il le peut un loyer à ses parents qui logent sous son studio et qui vit séparé de sa femme et de son fils, Claire sa sœur, Benoît son frère sorte de m’as-tu vu image d'une certaine réussite, Alain son père qui le méprise, Pedretti le flic coutumier du racisme ordinaire… Les haines, les silences, les non-dits vont apparaître après la découverte du corps de Fanny, une ex d’Antoine à l’origine de sa séparation avec sa femme, après une soirée où le dernier a l’avoir vue est Antoine. Son histoire, son caractère, le jugement de ses proches, font de lui le coupable idéal ! Dans ce roman noir addictif et terriblement efficace, Olivier Adam dissèque les sentiments, les ressentiments, les silences, les failles et fragilités, les tourments, la violence d’une famille et de son entourage, portrait d’une société où ceux qui ne peuvent s’y fondre rencontrent une solitude profonde.

Ecouter la lecture de la première page de "Il ne se passe jamais rien ici"

Fiche #3186
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Elodie FIABANE

Dans la ville
Flammarion

78 | 175 pages | 25-03-2024 | 18€

La narratrice a deux vies, et le lecteur la suit dans l’une d’elles, dans ses maraudes avec l’uniforme de l’Institution : de nuit, avec quelques autres, elle parcourt la ville, les rues (« La rue a sa propre force agissante sur les humains... »), au contact des sans abris. Au cœur d'une grande ville, certains passent sans les voir, les ignorent et franchissent la porte du grand restaurant réputé sans un regard, d’autres en effet s’arrêtent. Deux mondes se font face, coexistent avec une frontière infranchissable. Les bénévoles réguliers connaissent ceux qui sont là de longue date, connaissent leur adresse (« … les sans-domicile-fixe qu’on rencontre ont tous une adresse précise… Les sans-domicile-fixe sont fixes. »), découvrent ceux qui viennent d’arriver et vont rester, croisent ceux qui ne font que passer. Principalement des hommes, mais aussi quelques femmes. La plume d’Elodie Fiabane est précise, descriptions de la fragilité, des corps, des blessures, des odeurs, des regards, des souffrances… Face à cette douleur, une troupe, un groupe de bénévoles, souvent jeunes. Ils ne font qu’un, apprennent à parler, apprennent les mots adéquats, apprennent à questionner, à écouter, à donner. A l’issue de chaque nuit, ils se quittent et savent qu’il faudra recommencer. Un combat vain ? Le doute voire le découragement peuvent de temps à autre les torturer. Ils partagent parfois le sentiment de honte avec les SDF qu’ils aident, honte d’être à la rue, honte d’être aidé, honte de posséder, honte de ses envies de posséder : « Nous ne pouvons pas nous considérer comme responsables de ce qui nous arrive, nous subissons notre position sociale. Il n’y a ni honte ni fierté à avoir. ». Et puis, parfois, la joie, la satisfaction d’en sauver un, de « le mettre à l’intérieur de la ville, avec nous, de notre côté. » Un premier roman digne de Terres Humaines, eux, nous, elle, dans la ville pour in fine des vies guère satisfaisantes, chacun faisant l’autruche. Jusqu’à quand ?

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Dans la ville"

Fiche #3156
Thème(s) : Littérature française


Sylvain PATTIEU

Une vie qui se cabre
Flammarion

77 | 345 pages | 17-03-2024 | 21.5€

en stock

L’uchronie originale proposée par Sylvain Pattieu dans Une vie se cabre plonge ses racines dans une loi largement oubliée (est-ce un hasard ?), la loi Lamine Guèye (votée le 25 avril 1946), député socialiste de Dakar, qui devait accorder la citoyenneté française et les mêmes droits à tous les ressortissants de l’Empire, métropole et colonies. Sylvain Pattieu imagine que la France hexagonale, la petite France , laisse donc le pouvoir ; Aimé Césaire préside en effet, rapidement remplacé après son assassinat par sa femme Suzanne. Quels impact sur la vie de chacun ? sur le collectif ? Les conséquences du colonialisme en auraient-elles été modifiées ? Le récit accompagne le destin de Marie-des-Neiges, une jeune femme qui quitte Dakar, sa professeur Maryse Condé, ses parents pour Aix-en-Provence et la liberté. Liberté d’apprendre et de faire apprendre en devenant institutrice. Au milieu d’un groupe d’amis unis et bigarrés, les idées se confrontent, se frottent, relations intimes et politiques se déploient. Entre Aix et Marseille, la destinée de Marie-des-Neiges nous offre moult rencontres, des anonymes ou non (Léopold Senghor, Aimé Césaire, Suzanne Roussi-Césaire, Maryse Condé, Gerty Archimède, Jenny Alpha, Fabienne Ega, Claude McKay…) et nous rappelle les douloureux soubresauts de l’histoire des années 60. Une humanité commune pouvait-elle encore naître malgré l’histoire, malgré les évènements, les affronts et les déchirements ? Sylvain Pattieu, optimiste, cible brillamment et avec érudition ce moment particulier de la loi Guèye comme un instant possible de bifurcation, espérons qu’il y en aura d’autres…

Ecouter la lecture de la première page de "Une vie qui se cabre"

Fiche #3151
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sylvain Pattieu lus par Vaux Livres


Thomas B. REVERDY

Le grand secours
Flammarion

76 | 318 pages | 15-08-2023 | 21.5€

Description minutée et chronologique d’une journée particulière en respectant l’emploi du temps d’un lycée, avec notamment Candice, prof de français et de théâtre et Paul, écrivain venu animé son premier atelier d’écriture : un lycée, un emploi du temps, une journée. A Bondy. Bondy nord. Différents protagonistes vont nous faire partager cette journée particulière qui démarre très tôt sur le chemin du lycée avec Mo et Mahdi. Au coeur une zone guère attirante, entre autoroutes, ronds-points, camp de Roms, zone industrielle... Mahdi après une altercation se fait tabasser par un adulte baraqué au crane rasé. Mo retrouve le gars dans le bus, le photographie presque par hasard et constate que c’est un flic. La photo se retrouve sur les réseaux qui s’enflamment immédiatement. En parallèle, pendant que l’orage couve puis gronde, la journée au lycée débute. Le récit dresse le portrait de l’état de délabrement dans lequel se trouve le lycée, le Titanic tangue, le bateau prend l'eau de toute part, l'iceberg se rapproche, tout le monde le sait, les profs, les CPE, les surveillants écopent, écopent, jusqu’à l’épuisement, mais jusqu’à quand ? Paul prend ses marques, rencontre des gamins attachants, différents, volontaires pour certains, découvre la vie du lycée, ses codes, ses soubresauts, ses éclats, sa lumière comme sa noirceur, le lourd combat permanent du personnel éducatif pour faire grandir, réfléchir, progresser les lycéens. Thomas B. Reverdy continue d’explorer l’humain avec maîtrise tant de le fond que dans la forme : ses personnages toujours contrastés et multiples, leurs questionnements et leurs choix dans un cadre singulier, leurs espoirs, et cette fois, il revient au bout de notre rue, dans notre espace. Vingt-quatre heures dans un lycée entre apprentissage et émeute : une journée, un état des lieux, une explosion, une nouvelle émeute comme énième avertissement mais « C’est ça, tu vois, qui est un peu fatigant. Ils ne veulent pas que ça marche. Juste, que ça ne fasse pas de vagues. », pourtant les vagues deviennent de plus en plus répétitives et puissantes...

« C’est une délicieuse torture, le désir. »

« Un écrivain, c’est comme ça, peut-être. Quelqu’un qui rêve plus qu’il ne vit. »

« ... la sociabilité, chez les adolescents, est un champ de mines... »

Ecouter la lecture de la première page de "Le grand secours"

Fiche #3073
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


Hugo LINDENBERG

La nuit imaginaire
Flammarion

75 | 220 pages | 04-08-2023 | 21€

Un jeune étudiant, 21 ans, erre dans Paris. Il a perdu sa mère à six ans et rejoint le triste appartement de son père. Or il vient d’apprendre que sa mère s’était suicidée. Nous allons partager son mal être, sa désolation, son immense tristesse qu’il noie dans ses pérégrinations au cœur des nuits parisiennes (« La nuit est une berceuse sans fin… »), les rencontres entre garçons, jeunes hommes, hommes, observer, essayer, se cacher, oublier mais toute relation semble compliquée ou ambiguë. Il aimerait en savoir plus sa mère et sa mort et retrouve quelques-unes de ses anciennes amies espérant comprendre et se libérer, quête perdue d’avance : « Parfois j’aimerais être déjà vieux pour m’épargner les incertitudes de l’existence. M’épargner l’angoisse de chaque instant pour les drames possibles du suivant. »

« L’angoisse est un ours noir qu’il faut chasser à force de rires et de cris, sinon il revient poser sa patte sur toi et tu ne peux plus bouger. »

« Ne pas avoir peur de mourir, est-ce en avoir envie ? »

« Il faut beaucoup de courage pour être fou. »

Ecouter la lecture de la première page de "La nuit imaginaire"

Fiche #3062
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Lindenberg lus par Vaux Livres


Clément BÉNECH

Un vrai dépaysement
Flammarion

74 | 298 pages | 21-02-2023 | 19.5€

Romain d’Astéries est le fils d’une grande famille, tous plus excellents et brillants les uns que les autres, alors quand il annonce qu’il souhaite être prof, professeur certifié, même pas agrégé, il doit faire face à l’ironie voire le mépris. Mais il est bien décidé, personne ne l’arrêtera vers son souhait d’enseigner, d’apprendre, de faire apprendre en faisant bouger les lignes, les méthodes pédagogiques... En outre, il opte pour un dépaysement total puisqu’il demande un poste en Guyane. Première déconvenue avec le monstre administratif, dépaysement, oui, il va le vivre, mais en Auvergne, dans un petit collège isolé. Il constatera rapidement qu'il n'ait pas besoin d’aller en Guyane pour que sa fougue et son envie rencontrent des obstacles et de la réticence. Mais le jeune prof ne se laissera pas endormir, malgré quelques déceptions, déconvenues et mauvaises surprises, il réussira à embarquer tout le monde sur le chemin du savoir et la découverte de l’autre. Plein de vie, drôle avec un zeste d’optimisme.

« Il s’agissait dans ces lieux d’apprendre à apprendre. Mais ce que recouvrait cette expression limpide pouvait varier vivement selon les formateurs. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un vrai dépaysement"

Fiche #2983
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clément Bénech lus par Vaux Livres


Véronique OVALDÉ

Fille en colère sur un banc de pierre
Flammarion

73 | 305 pages | 23-01-2023 | 21€

Salvatore fut le père d’une famille insulaire, quatre enfants, quatre filles, qu’il était bien décidé à protéger sur ce petit caillou au sud de la Sicile : Violetta, Gilda, Aïda et la petite Mimi. Une fête et la disparition de Mimi viennent déchirer la famille. Chacune s’éloigne et Aïda bannie par la famille emporte avec elle le poids de sa culpabilité. Le roman s’ouvre à la mort de Salvatore. Restée sans nouvelles depuis quinze ans, Aïda retrouve en effet le clan. L’ombre de Mimi accompagne les retrouvailles, le lecteur est pris à témoin, observe les relations entre les sœurs, leurs vies différentes, leurs désirs différents, leurs caractères différents, leurs réactions différentes, leurs passions, leurs amours, leur jalousie, les accommodements de chacune et de la famille face au drame… Le temps est peut-être venu de passer outre ces petits arrangements et d’affronter le passé et ce ne pouvait être qu’un personnage extérieur au clan, Pippo, le cantonnier de l’île, qui rappelle la réalité du passé mais pourra-t-il annihiler les rancoeurs et les désirs de vengeance…

Ecouter la lecture de la première page de "Fille en colère sur un banc de pierre"

Fiche #2970
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Ovaldé lus par Vaux Livres


Pierre GUÉNARD

Zéro gloire
Flammarion

72 | 125 pages | 26-09-2022 | 16€

Aurélien Moreau est surnommé Harry en référence au petit sorcier auquel il ressemble, et de la magie, il va en falloir une bonne dose pour arriver au bout de ses espoirs et de ses rêves. Aurélien si jeune se retourne déjà sur sa vie d’enfant, d’ado, et de jeune adulte. L’école, le collège, le lycée, les potes, les sorties, la musique, la drague, une espèce d’obsession pour le sexe et les premiers morts tragiques, la coloc... Il va devoir travailler très rapidement, deux boulots enchaînés, MacDo la nuit, les pompes funèbres la journée : « Je me demande si je sens la mort autant que la frite. », et dans les deux cas, l’envie persistante de vomir. Mais heureusement, Aurélien a une idée en tête pour son avenir, et il ne lâchera rien, il va réussir à accomplir ce qu’il aime, à se réaliser. Au moins un de sauvé ! Une succession d’images, de moments pour dresser avec une dose de réalisme, une dose d’humour et d’ironie, une dose de poésie, le portrait d’une jeunesse qui malgré l’atmosphère, l’ambiance, les tragédies de la vie, doit absolument continuer de rêver, rêver pour vivre.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Zéro gloire"

Fiche #2929
Thème(s) : Littérature française


Brigitte GIRAUD

Vivre vite
Flammarion

71 | 206 pages | 25-09-2022 | 20€

Vingt ans auront été nécessaires, vingt ans pour quitter la maison, vingt ans pour tenter de comprendre, vingt ans pour écrire sur le drame, la mort brutale de son mari dans un accident de moto, vingt ans pour mettre sur le papier les questions qui continuent de tarauder Brigitte. La rage s’est peut-être atténuée mais les interrogations demeurent. Pourquoi ? Et si ? En effet, l’accident est l’issue fatale d’une suite d’évènements, d’enchaînements anodins et pourtant singuliers. Alors le questionnement perdure, pourquoi un autre évènement n’est-il pas venu rompre la chaîne tragique, pourquoi l’un d’eux ne s’est-il pas effacé venant annihiler la tragédie ? Pourquoi n’a-t-il pas pris sa propre moto et préféré la Honda 900 CBR Fireblade dangereuse de son frère ? Pourquoi ce jour particulier est-ce lui qui devait aller chercher leur fils ? Evidemment derrière ce questionnement constant pointe la culpabilité. Ils étaient en train de déménager et dans la douleur, elle va s’installer avec son jeune fils dans la maison mais au bout de vingt ans, elle rend les armes, la vend (une route viendra la remplacer…) et va fermer la porte derrière elle, clore l’enquête et tenter d’oublier les Si. Une enquête intime, tendue, franche et émouvante sur un amour perdu.

Ecouter la lecture de la première page de "Vivre vite"

Fiche #2927
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Brigitte Giraud lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Dessous les roses
Flammarion

70 | 248 pages | 27-07-2022 | 21€

Le père vient de mourir et la famille se retrouve pour l’enterrement. Deux garçons et une fille. Antoine le benjamin et Claire l’aînée commencent de se confier. Puis viendra le tour de Paul, le mouton noir, l’artiste homosexuel qui donne en pâture dans ses créations ses proches et leur intimité, et il n’est pas tendre… Chaque raconte ses souvenirs, ce qu’il a ressenti, les rancoeurs, les non-dits, les colères mais aussi les beaux moments : « … nous n’avons pas connu les mêmes parents… aucun n’avait connu la même enfance » et pourtant chaque parent est persuadé ou se persuade du contraire. Il pense avoir traité, regardé, aimé, de la même façon chaque enfant, et pourtant… une vraie différence ? Un ressenti différent ? une personnalité différente qui fait appréhender la relation différemment ? Dans ce moment particulier, le passé enfoui ressurgit et le trio semble se reformer, mais peut-il encore exister, a-t-il vraiment déjà existé ? Le trio nous fait également partager leur quotidien, chacun occupant une place bien différente dans notre société alors qu’ils sont peut-être à un tournant de leur vie. Olivier Adam continue son exploration des relations filiales d’un père avec ses enfants et familiales , c’est grinçant, parfois drôle, toujours réaliste et questionnant, cette nouvelle pièce de Paul va encore rendre fou Antoine !

« Le vieillissement frappait ainsi. Par à-coups. Au gré des épreuves, des maladies, des deuils. Ce n’était pas vrai qu’on vieillissait peu à peu. Non. On vieillissait subitement. Mais à plusieurs reprises. Par paliers. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dessous les roses"

Fiche #2868
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Victor JESTIN

L'homme qui danse
Flammarion

69 | 187 pages | 26-07-2022 | 19€

Arthur a toujours été mal dans sa peau, à la recherche d’une place, d’un regard, d’un contact, d’un amour, d’un double. Impossibilité de s’intégrer durablement à un groupe, la solitude restera sa compagne de toujours : « Ce n’était même pas la drague qui échouait, mais la relation la plus élémentaire, le premier contacet amical. Je n’accrochais rien. Les gens me glissaient entre les mains. ». Seule la lumière de la nuit entretient l’espoir impossible, les pistes de la boite de nuit, la Plage. On s’y côtoie, on s’y frotte, le temps s’arrête, alors pourquoi pas lui ? Des moments fugaces partagés, s’exprimer avec son corps, une façon d’être, espérer être remarqué, regardé. A vingt-six ans, il décide de prendre des cours de danse, son corps se transforme. Que d’efforts ! Mais tout ça reste assez vain, même les boîtes sont amenées à disparaître, « C’est comme ça. Tout disparaît à un moment. Avant c’étaient les fêtes de villages, les dancings... Les boîtes aussi, ça finira. », on reste toujours seul au monde, alors on danse !

Ecouter la lecture de la première page de "L'homme qui danse"

Fiche #2867
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Victor Jestin lus par Vaux Livres


Amélie CORDONNIER

Pas ce soir
Flammarion

68 | 250 pages | 20-06-2022 | 19€

Une femme et un homme. Les enfants ont quitté le nid familial. Ils ont la cinquantaine, ils s’aiment. Depuis longtemps. Trop longtemps ? Huit mois, deux semaines et quatre jours qu’ils n’ont pas fait l’amour. Et ce jour particulier, elle lui annonce qu’ils feront chambre à part. Que faire ? Que s’est-il passé ? L’homme ne comprend pas, plus de rapport, plus aucun contact physique et même plus aucun réel partage. Et pourtant, l’amour semble toujours présent. Il voit leur connivence s’éloigner, c’est violent et douloureux, même les souvenirs font mal. Le train-train ? L’usure ? L’éloignement des enfants ? La fatigue du quotidien ? Le questionnement vire à l’obsession et les réponses restent hésitantes. Que reste-t-il d’un couple jusque là épanoui frappé par l’abstinence sexuelle ?

« Est-ce qu’on peut rester cul et chemise avec sa femme quand elle ne vous montre plus son cul et refuse d’enlever sa chemise ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Pas ce soir"

Fiche #2851
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Amélie Cordonnier lus par Vaux Livres


Timothée STANCULESCU

L'éblouissement des petites filles
Flammarion

67 | 362 pages | 05-12-2021 | 19€

Justine vit seule avec sa mère à Cressac, un village où il ne se passe jamais rien. Mais cet été est particulier, tout d’abord une chaleur pesante puis Océane une lycéenne du même établissement que Justine disparaît. Trouble, inquiétude, peurs viennent perturber le village et réveillent l’envie de Justine de partir, de s’évader de la prison de l’enfance, « hâte d’arriver à cet âge où l’on n’est plus trop jeune », de découvrir le monde, les autres, d’embrasser la liberté. Justine s’étiole en effet à Cressac, ne demande qu'attention et amour, rêves et désirs. Alors une rencontre et elle devient la rencontre absolue, définitive et la chute sera terrible, le monde s’écroulera, le temps s’arrêtera : l’absolu et l’intensité de l’adolescence. Elle doute d’elle-même, ne se sent pas à sa place, se pense invisible, pas aimée, pas capable. « L’éblouissement des petites filles » dénoue les fils d’une disparition inquiétante et dissèque avec réalisme et délicatesse la psychologie d’une jeune adolescente qui s’apprête à entrer dans l’âge adulte avec ses doutes, ses rêves et ses peurs qui ne demande qu’à être éblouie par la vie et l’amour.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'éblouissement des petites filles"

Fiche #2788
Thème(s) : Littérature française


Thomas B. REVERDY

Climax
Flammarion

66 | 335 pages | 13-08-2021 | 20€

C’est le roman de la fin du monde : à la fois récit, roman, roman d’aventures, conte, essai... qui croise la fin de notre monde et un récit fantastique ou une prophétie de la fin du monde de la mythologie nordique. Une montée en puissance hélas mortifère jusqu’au climax, « le moment où tout bascule. » Le constat est maintenant à peu près partagé, notre monde dans son état actuel arrive au bout du chemin mais l’économie mondiale ne dévie pas. Qui prendra la responsabilité de la stopper, de la réorienter, de la ralentir ? « Qui veut expliquer à ses enfants que le monde est pourri de l’intérieur, comme une grosse pomme ? » alors le Titanic garde avec ses œillères son cap... La Norvège continue donc d’exploiter les ressources pétrolières et a construit un nouveau monstre, Sigurd, une plateforme offshore qui va bientôt tourner à plein rendement sous les ordres d’un ancien militaire russe sans aucun scrupules. Un expert est dépêché sur place pour une dernière expertise. Noah connaît bien l’endroit puisqu’il y a vécu sa jeunesse et l’a quitté après un grave accident. Mais le climat a bien changé : « C’est à l’endroit le plus froid de la planète qu’on mesure le mieux son réchauffement... » : hiver moins long, froid moins intense, dégel précoce, pluie plus fréquente, impact sur la faune... Les équilibres sont rompus, et comme tout est lié, un monde se referme. « On approchait de la fin du monde. On finissait par s’y attendre – on l’avait tellement attendue. » Bientôt « le monde nous aura désertés ». Il retrouve néanmoins son premier amour et la bande de copains qui l’admiraient et avec qui il menait des jeux de rôle : tous sont restés sur place et éprouvent les conséquences de son métier. Des retrouvailles qui ne seront pas épargnées par la fin du monde... Passionnant, puissant, un roman ample (plusieurs romans dans le même) aussi brillant dans la forme que dans le fond.

« La lumière, c’est aussi évident pour reconnaître son pays que la couleur du sol et les essences des arbres, la forme des montagnes, les odeurs des villes et l’arrière des maisons. »

« Les grands méchants ne sont plus climatosceptiques. Au contraire : ils ont compris tout le profit qu’on pouvait tirer du réchauffement, et qui l’accentuera à son tour. Il n’y a pas de raisons que ça s’arrête, avant d’avoir achevé la destruction de notre écosystème. »

« C’est infini, la douleur. Ca ne se guérit que par épuisement. »

Ecouter la lecture de la première page de "Climax"

Fiche #2739
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


Marie PAVLENKO

Un été avec Albert
Flammarion

65 | 215 pages | 22-07-2021 | 14€

C’est l’année du bac pour Soledad. Une fois cette formalité accomplie, un été d’enfer l’attend : départ pour des vacances en toute liberté avec copines et copains. Mais patatras, quelques jours avant, tout s’écroule. Ses parents se séparent, sa mère part en Sicile avec son nouveau compagnon et son père déprime. Résultat : direction les Pyrénées pour un séjour avec sa grand-mère, « ces trois semaines s’annoncent grises et maussades » ! L’enfer et l’ennui annoncés ! Pas de wifi, pas de télé, la campagne, coincée… Sa grand-mère prend soin d’elle, fait tout pour qu’elle ne s’ennuie pas, la confie à Doméné et son van un herboriste accompli. C’est avec lui qu’elle découvre sa cabane saccagée et un couteau ensanglanté : la peur pointe son nez… Des évènements étranges voire violents s’enchaînent mais sa grand-mère la rassure, elles seront toujours protégées par le chêne Albert qui veille depuis qu’elle et feu le grand-père l’ont planté… Un été qui va donc s’avérer beaucoup plus mouvementé que prévu… Une aventure qui mêle avec réussite le réalisme et l’imaginaire des contes

Ecouter la lecture de la première page de "Un été avec Albert"

Fiche #2711
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Marie Pavlenko lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Tout peut s'oublier
Flammarion

64 | 264 pages | 16-04-2021 | 20€

Après une rupture brutale et inattendue avec Claire, Nathan repart vers leur passion commune, le Japon. Il y rencontrera Jun, une jeune Japonaise, qu’il épousera. Ils s’installeront en France, en Bretagne et auront un fils. Puis Jun s’éloignera, se lassera et ils divorceront avec une garde alternée. Jusqu’au jour où Jun et Léo disparaissent, Jun est repartie au Japon avec Léo, sans prévenir, sans un mot, sans laisser d’adresse. Alors Nathan repart au Japon pour un combat inégal, les pères au Japon n’ont pas de place réelle et aucune disparition n’est inquiétante. Lui l’amoureux du Japon et de sa culture découvre l’envers des sublimes cerisiers en fleur, ce qui se cache derrière les sourires de façade et derrière une douceur apparente, une violence latente et inouïe, voire cruelle. Personne ne pourra l’aider, la France, le Japon. Mais, lui tentera d’épauler sa voisine, Lise, qui, elle aussi, s’est retrouvée privée son fils. Ces deux parents, pour des raisons différentes, ont vu le lien unique avec leur enfant rompu, rupture de la filiation. Entre la Bretagne et le Japon, la quête désespérée d’un père pas très à l’aise dans sa vie et ses sentiments, dans le monde qui l’entoure, pour retrouver son fils. Douloureux et bouleversant.

Ecouter la lecture de la première page de "Tout peut s'oublier"

Fiche #2667
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Marie PAVLENKO

Bientôt minuit
Flammarion

63 | 280 pages | 05-04-2021 | 19€

Ils sont nombreux les invisibles dans notre société moderne (pourquoi perdre du temps avec ces non-productifs ?) et « Bientôt minuit » nous ouvre les portes du repaire de l’une d'elles : les anciens, les personnes âgées, le 4ème âge… Séjour dans un établissement côté, la pension des Alouettes, une pension qui se paie au prix fort, au plus près du quotidien de Lucien qui, après s’être retrouvé en pyjama, perdu, au milieu de la rue, décide que c’est peut-être le moment. Il invite un ancien amour à le rejoindre, ils s’étaient promis de finir ensemble, alors Emma va le retrouver. Ils ne se font pas d’illusion sur ce qu’ils sont et sur où ils vont (« Ils sont enceints tous les deux, gros de leur mort, reste à connaître le terme. »), mais désirent partager leurs derniers moments et si possible, quelques-uns seront beaux. Mais l’environnement et cet isolement sont-il propices à laisser poindre ces quelques instants lumineux ? Chaque être est différent, dans son histoire, dans son ressenti, dans son état actuel, mais l’individu est nié, effacé, devient invisible, absent. Infantilisation, violence, délaissement, mépris, manque de temps, horaires inattendus, goûters, repas douteux, douches quand c'est possible, liberté perdue… Les quelques personnes attentives et attentionnées ne permettent d’oublier ces épreuves. Heureusement les souvenirs partagés permettent de s’évader quelques instants mais la seule solution ne serait-elle pas de partir, « Partir. Partir et faire comme si ils avaient un avenir. ». Dans cet espace inhospitalier (doux euphémisme), Marie Pavlenko réussit néanmoins à dégager quelques moments de tendresse et même de sourires, mais hélas, quiconque a déjà franchi la porte de ces établissements, reconnaîtra le réalisme de la description, inhumanité et violence transforment ces établissements en triste et terrible mouroir où tout amour, empathie et attention sont absents.

Ecouter la lecture de la première page de "Bientôt minuit"

Fiche #2663
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Pavlenko lus par Vaux Livres


Serge JONCOUR

Nature humaine
Flammarion

62 | 398 pages | 10-09-2020 | 21€

1999 fut peut-être une année charnière, la tempête de cette fin d’année avant de changer de siècle pourrait en effet être le début de la traduction environnementale du monde créé par l’homme, le début d’une série de catastrophes toujours en cours. Cette année là, comme les précédentes, Alexandre est dans sa ferme dans le Lot, il a choisi de reprendre la ferme de ses parents, a préféré la nature à l’exode, ses sœurs sont parties vers la ville. C’est le moment pour se retourner, revenir sur son passé intime, ses rencontres, ses engagements, son travail, ses luttes. Car Alexandre n’est pas un homme isolé, perdu sur sa colline, reclus dans sa ferme, l’homme est résolument tourné vers les autres, bien ancré dans un certain collectif humain et le monde ne l’oublie pas, il impacte son quotidien au jour le jour. Alexandre est un fidèle : fidèle à sa terre qu’il aime plus que tout, fidèle à ses idées, fidèle à la nature, fidèle à Constanze une est-allemande qu’il sait éprise de liberté et prête à parcourir le monde. Alors Alexandre sera aussi un militant, rêvera en une certaine société, espèrera en quelques politiques avant de subir leurs trahison et renoncements. En vivant aussi les mutations de notre société et du monde agricole depuis sa ferme, son intelligence et sa clairvoyance lui permettront de déceler les failles et dangers des choix politiques nationaux (voire même à l’échelle supérieure), de l’élevage intensif, des politiques énergétiques, de la religion aveuglante du progrès… Trente ans d’histoire, histoire humaine, histoire sociale, histoire politique, histoire de la France et du monde avec au centre Alexandre, agriculteur et paysan du Lot. Serge Joncour est un romancier, il écrit donc des fictions et pourtant il reste toujours dans le vrai, dans l’authentique et nous touche par sa franchise et sa lucidité. Le lien avec ses personnages est toujours immédiat et profond. Cet homme est un magicien !

« Ce qui compte c’est pas de bouger, c’est d’être là. »

« …et faire de la politique, c’est apprendre à ne plus penser par soi-même… »

Ecouter la lecture de la première page de "Nature humaine"

Fiche #2589
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Antonio G. ITURBE

La bibliothécaire d'Auschwitz
Flammarion

61 | 505 pages | 29-07-2020 | 19.9€

Comment survivre au mal absolu quand on a quatorze ans ? Comment étouffer ses cris, sa révolte, sa douleur ? Dita a en effet douze ans quand elle découvre son premier camp nazi, ce sera Terezin, puis Auschwitz. Evidemment, elle sera confrontée à l’horreur, à la mort, à la maladie, à la souffrance, à la peur, mais un rayon de lumière viendra des livres. Huit livres. Huit livres à protéger, à cacher, à réparer. Huit livres à chérir. Désignée comme responsable, elle sera « Mademoiselle la bibliothécaire ». Des hommes prendront d’énormes risques pour assurer un semblant de classe, pour parler de ses livres, de leurs récits, rencontrer leurs personnages, les commenter, les compléter, s’envoler ailleurs, dans un autre monde, un monde libre, vers la vie, le monde d’hier, le monde de demain. Un instant, un bref instant, mais si vital. Un roman (basé sur des faits réels) bouleversant autour d’une héroïne exceptionnelle qui rappelle le trésor qu’est la littérature et comment elle peut nous aider à vivre même au cœur de l’horreur absolue.

Ecouter la lecture de la première page de "La bibliothécaire d'Auschwitz"

Fiche #2562
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Myriam Chirousse


Amélie CORDONNIER

Un loup quelque part
Flammarion

60 | 270 pages | 01-05-2020 | 19€

Visite de contrôle chez le pédiatre. Visite de routine. Enfin presque. L’auscultation ne révèle rien si ce n’est qu’Alban est en parfaite santé. RAS. Mais, au moment de le rhabiller, la mère repère une petite tâche noire dans les plis du cou, un petit point anodin, rien dit le pédiatre, juste une légère pigmentation sans importance. Vincent, son mari, ne voit pas non plus le problème, mais, pour elle, l’inquiétude a déjà poussé la porte et s’installe entre elle et sa famille, Esther, la grande sœur, Alban et Vincent. Elle ne peut l’exprimer, elle ne peut la partager. Alors évidemment, le sentiment va croître, évoluer, passer différents stades dans cette solitude, l’angoisse, l’affolement, la colère, la culpabilité, l’effroi, jusqu’à l’obsession voire la psychose. La jeune mère ne se reconnaît plus, elle ne reconnaît plus la mère aimante et attentionnée qu’elle fut avec Esther, et rentre dans une grande souffrance, voit le mal qu’elle fait, imagine celui qu’elle pourrait faire, et ne sait comment réagir, comment évoluer, comment aimer, comment maîtriser ce rejet. Elle cache Alban et subit sa métamorphose. Elle panique devant sa dureté et la maltraitance qu’elle fait subir à Alban, tout en étant consciente du puits de désamour dans lequel elle sombre et dans lequel elle entraîne Alban. Et elle sait qu’elle ne pourra trouver seule la solution lorsqu’elle part sans prévenir Vincent rejoindre son père à l’autre bout de la France : en retrouvant son père, peut-être pourra-t-elle trouver son fils… Le récit d’Amélie Cordonnier sur un sujet difficile reste sans artifice ni jugement, direct, place le lecteur au cœur des pensées, des sentiments d’une mère en souffrance qui pense ne pas pouvoir aimer son enfant, le rejette littéralement voire le maltraite. Elle étouffe devant son incapacité à aimer et le lecteur suffoque avec elle et espère jusqu’à la fin qu’elle trouvera le chemin lui permettant d’exprimer ses sentiments, de les partager pour mieux retrouver la voie de l’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Un loup quelque part"

Fiche #2535
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Amélie Cordonnier lus par Vaux Livres


Marie-Eve LACASSE

Autobiographie de l'étranger
Flammarion

59 | 182 pages | 25-04-2020 | 18€

Marie-Eve Lacasse à travers 94 courts récits dresse le portrait d’une jeune femme (à peine quarante ans) nulle part chez elle, toujours à part, à l’extérieur, jamais à sa place, étrangère à sa vie. Originaire du Canada, exilée en France, naturalisée avec difficulté, donc ni Canadienne, ni Française. Elle a toujours été embarrassée, tiraillée avec ce qu’elle est, son image, ses idées, sa façon de se comporter, sa relation aux autres, avec sa petite fille, la révélation de son homosexualité, elle est sans concession avec elle-même et les remises en question permanentes. Seul espace de sérénité et de plénitude, le chemin qu’elle suit avec ses écrivains favoris et la littérature. Alors progressivement, elle acceptera de les rejoindre et d’écrire, mais « Ecrire pour le livre, pour servir le livre, car il n’y aucun autre espace de liberté possible. » Une introspection vive et percutante qui évite le nombrilisme et anime une jeune femme sur le chemin de la liberté et de l’acceptation de soi : « Mais qu’est-ce qu’être soi, sinon la succession des transformations qui nous composent, comme un palimpseste ? »

« Aimer c’est comme écrire : il faut être attentif aux choses. »

Ecouter la lecture de la première page de "Autobiographie de l'étranger"

Fiche #2531
Thème(s) : Littérature française


Antoine LAURAIN

Le service des manuscrits
Flammarion

58 | 215 pages | 20-01-2020 | 18€

Violaine Lepage, 44 ans, est une éditrice parisienne reconnue. Très belle femme, un mari très amoureux, elle sait s’entourer de collaborateurs efficaces et ses choix d’édition sont reconnus. Peu de temps après un grave accident qui la plonge dans un coma temporaire, un manuscrit, « Les fleurs de sucre », fait l’unanimité dans son équipe et est publié même si son auteur reste inconnu. Pour Violaine, son récit est particulier et rappelle de douloureux souvenirs intimes que peu connaissent. Lorsque le roman apparaît sur la liste du Goncourt, la maison s’active pour retrouver l’auteur. Une autre enquête, policière cette fois, débute en parallèle : des meurtres similaires à ceux du roman se produisent… Une immersion tendue dans le monde de l’édition avec une enquête très scénarisée, ne reste plus qu’à attendre l’adaptation !

Ecouter la lecture de la première page de "Le service des manuscrits"

Fiche #2474
Thème(s) : Littérature française


Constance DEBRÉ

Love me tender
Flammarion

57 | 189 pages | 15-12-2019 | 18€

« Love me tender » ou la longue apnée d’une femme qui a choisi sa place envers et contre tous. Contre sa famille, contre son ex-mari. Elle fut jeune avocate, mariée, mère, et elle quitte tout, pour s’affirmer, loin de sa famille et de son confort matériel, ne cache plus et revendique son homosexualité. Alors hors ses longues séances de natation, elle subit l’oppression, le rejet des autres. Son ex est prêt à tout pour la salir aux yeux de son fils dont il a la garde. Elle sert les dents, se révolte, hurle, crie avec violence ses sentiments et explore les questions essentielles de son existence : L’amour ? Le sexe, « Ca déstresse le sexe. Et puis c’est gratuit, c’est comme la messe. » ? Le sexe et l’amour ? Le sexe sans l’amour ? L’amour pour son fils ? Etre mère ? La rupture ? La liberté ? La famille ? La différence ? Le rejet et le jugement des autres ? Un style percutant et rythmé, un cri, un uppercut d’une femme qui ne veut plus se plier aveuglément à ce qu’« on » lui dit et choisit son destin malgré la violence qu’elle va subir mais « on » reste fort et puissant, et pourra-t-elle éviter la résignation ?

Ecouter la lecture de la première page de "Love me tender"

Fiche #2454
Thème(s) : Littérature française


Victor JESTIN

La chaleur
Flammarion

56 | 140 pages | 12-09-2019 | 15€

Un camping, le bord de mer, les Landes, fin de vacances, les baignades, les premiers amours, le soleil et la chaleur, les fêtes et les animations en continu avec injonction d'y participer. Pourtant Léonard s’ennuie. Il traîne, reste quelque peu à l’écart et croise le chemin d’Oscar et de Luce. Mais Oscar va mourir. Léonard le regardera mourir étranglé par les cordes d’une balançoire. Il poussera à l’extrême sa propension à l’indécision, ne fera rien, ne bougera pas. Que faire ensuite ? Cacher le corps ? Se taire ? Appeler à l’aide ? Avouer ? Pourquoi va-t-il décider d’enterrer le corps et choisir le silence ? N’est-ce pas lui in fine qui a tué Oscar qu’il ne connaissait qu’à peine ? Le lendemain, alors que Luce se rapproche de lui à son grand étonnement, toutes ces questions et la culpabilité commenceront de l’obséder ; le choix de silence deviendra vite étouffant et renforcera sa solitude déjà pesante. Très rythmé, efficace, on accompagne avec un léger malaise dans une atmosphère poisseuse et molle cet ado qui n’a pas su prendre la « bonne » décision dans l’instant basculant sa vie dans une autre dimension.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La chaleur"

Fiche #2417
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Victor Jestin lus par Vaux Livres


Brigitte GIRAUD

Jour de courage
Flammarion

55 | 160 pages | 01-08-2019 | 18€

Livio a dix-sept ans et doit faire un exposé sur les premiers autodafés des nazis. En faisant ses recherches, il découvre que dans les années 20, à Berlin, Magnus Hirschfeld, médecin juif allemand, a œuvré pour l’égalité homme-femme et a défendu le droit des homosexuels. Il a créé un institut où les comportements sexuels étaient étudiés et une large bibliothèque constituée. Livio ose et franchit le pas, il présentera ce médecin et la destruction de sa bibliothèque puis son exil. Mais son discours est double, car dans le même temps, il mêlera sa propre histoire, son intimité, sorte de coming out, au yeux de tous, il annoncera sa différence, Camille sa promise le découvrira, les autres élèves, les enseignants, sa famille. Il s’est toujours su différent, a vécu dans l’inquiétude et la peur, il est homosexuel et c’est le jour pour le dire. Le monde a-t-il évolué ? Comment la différence est-elle aujourd’hui vécue, admise ? Les autodafés (« Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes. », Heinrich Heine) font-ils définitivement partie du passé ? Quelles seront les conséquences de cette confession ? Comment ses relations avec ses proches vont-elles évoluer ? Une vie apaisée ou une fuite comme Magnus ? Le titre dit tout, il faut encore aujourd’hui beaucoup de courage pour assumer sa différence, mais il faut craindre qu’un unique jour ne suffira pas… La différence reste encore périlleuse, angoissante et crainte et la condamnation facile et commode. Un livre engagé et essentiel aujourd’hui sur la différence, l’homosexualité, le courage et la résistance.

Ecouter la lecture de la première page de "Jour de courage"

Fiche #2378
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Brigitte Giraud lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Une partie de badminton
Flammarion

54 | 378 pages | 31-07-2019 | 21€

Paul Lerner est de retour, le double d’Olivier Adam a vu ses beaux jours parisiens s’obscurcir, ses derniers romans se sont moins vendus, l’argent ne coule plus à flots et le microcosme parisien l’oublie peu à peu. Il est temps avec sa famille (sa femme, sa fille et son fils) pour un retour en Bretagne. Il rejoint comme journaliste un journal local et sera donc en première ligne pour observer, découvrir, ressentir et connaître ce qui anime et remue le pays. Ce retour est évidemment propice à une introspection, un bilan, sans aucune autosatisfaction mais plutôt avec autodérision voire remise en question. D’autant plus que même en Bretagne, la vie n’est pas nécessairement un long fleuve tranquille ! En effet une série d’évènements inattendus vont venir ébranler la famille et son entourage. Il a maintenant 45 ans et sait que ses casseroles l’ont suivi, qu’il a l’âge de prendre la vie comme elle vient, attendre et voir venir, et de profiter des moments de bonheur quand ils arrivent sans avoir à l’évidence répondu à la question « comment exister ? » A nouveau, Olivier Adam mêle avec bonheur et fluidité l’intime et les évènements et tensions (racisme, réfugiés, mariage pour tous, homophobie, corruption…) qui traversent le pays et viennent percuter le quotidien des individus, de leur couple et de leur famille. Un seul regret, inviter Paul dans un gymnase, sur un terrain de badminton afin qu’il découvre qu’il lui aurait été plus confortable de se mettre au sport de rue !

Ecouter la lecture de la première page de "Une partie de badminton"

Fiche #2376
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Nicolas LE GOLVAN

Regarde ton père
Flammarion

53 | 201 pages | 01-06-2019 | 17€

Les parents de Rose sont divorcés. Claire vit à Paris et le père à Giens. Ils ont tenté de la préserver, sans cris ni pleurs, malgré ses allers-retours chaque week-end entre Paris et Giens. Quelques mois après un accident de la route à un feu rouge grillé par un autre conducteur, Rose assure qu’elle ne voit plus les couleurs. Elle se retrouve dans un monde gris, noir et blanc, sans couleurs. Le père qui a toujours voulu la protéger, la regardait grandir avec amour et attention, s’en retrouve bouleversé. Il s’interroge sur le monde, doit affronter sa vérité, son environnement, il devient encore plus attentif en continuant de tout partager avec elle, les petits gestes anodins du quotidien, la littérature, la peinture, tout en espérant que cela ne s’arrête jamais. Un récit tendre, doux et sensible d’un homme qui s’interroge sur la paternité et l’amour partagé entre une petite fille et son père.

Ecouter la lecture de la première page de "Regarde ton père"

Fiche #2348
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nicolas Le Golvan lus par Vaux Livres


Alain GILLOT

S'inventer une île
Flammarion

52 | 208 pages | 04-03-2019 | 17€

Dani est un père absent. Il gagne bien sa vie mais parcourt le monde pour son travail en laissant Nora, sa femme, gérer tout et s’occuper de leur fils Tom. Alors que Tom a sept ans, Dani reçoit un terrible appel de Lauren, sa belle-sœur. Un appel qui bouleverse tout, immédiatement, Tom était à la plage accompagné par sa grand-mère et Tom s’est noyé. Dani rentre immédiatement, retrouve sa femme et doit s’occuper dans un état second des formalités. La culpabilité l’assaille, il se reproche son absence, d’avoir si peu partagé avec Tom, il a peur d’oublier les expressions de Tom, ses rires, ses gestes... Alors comme si Tom répondait à ses prières, il se retrouve à ses côtés : « Bien sûr, c’était une hérésie de croire à cette vision, mais avais-je d’autres alternatives ? ». Le moment du partage et de la complicité sont enfin venus, ils vont partir tous les deux pour Belle-Île, construire un univers bien à eux, une île unique où ils vont pouvoir retrouver l’essentiel et le chemin d’une nouvelle vie, autrement, avec et sans Tom. Nora quant à elle suivra un chemin encore plus douloureux. Un roman évidemment bouleversant mais Alain Gillot notamment avec la présence artificielle mais vivante de Tom a trouvé le ton juste évitant les larmes et nous offre un livre tendre et délicat.

« Ce que l’homme recherche par-dessus tout, c’est un peu de tendresse, je l’avais compris désormais, mais il ne sait pas la demander, encore moins la procurer, car il doit pour cela tomber l’armure et il n’a jamais appris à le faire. Il faut que la mort frappe, que le rideau se déchire pour qu’il commence à en prendre conscience. La plupart du temps beaucoup trop tard. »

Ecouter la lecture de la première page de "S'inventer une île"

Fiche #2306
Thème(s) : Littérature française


Laurent SEKSIK

Un fils obéissant
Flammarion

51 | 250 pages | 03-03-2019 | 19€

Laurent Seksik nous propose un texte assez différent de ses précédents, car cette fois, il affronte frontalement son histoire personnelle et principalement sa relation à son père. Il se rend sur sa tombe un an après son décès, une année de deuil, le moment de se confier est venu pour lui le fils obéissant qui a comblé ses parents en devenant médecin et écrivain. La douleur de la mort de son père est immense, le chagrin immense, il se rappelle donc les moments de connivence, les confidences, le partage de leur passé commun mais aussi la maladie qui progresse, annonce le pire même si l’on refuse longtemps de l’admettre et dessine la triste fin : « Un homme appartient à son passé et à ceux dont il doit bâtir l’avenir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un fils obéissant"

Fiche #2304
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Seksik lus par Vaux Livres


Matthieu MÉGEVAND

La bonne vie
Flammarion

50 | 155 pages | 18-02-2019 | 16€

« La bonne vie » revient sur le destin de Roger Gilbert-Lecomte né en 1907 mort en 1943, fondateur avec trois amis inséparables (dont Roger Vailland) de la revue « Le Grand Jeu ». Dès le lycée, ils sont différents, croquent la vie, exècrent sa banalité. Ils sont prêts à toutes les expériences : « Ce qu’il hait plus que tout : les petites certitudes et la petite vie. » Il côtoie le milieu culturel des années 30 (Breton, Artaud…) et suit tous les chemins possibles qui mènent à la création, sans aucun compromis : « … l’écriture, les amitiés, l’amour et l’aspect sont une seule et même chose qui doivent tous tendre vers l’Absolu. » Un portrait émouvant d’une descente aux enfers d’un amoureux de la vie qui s’est épuisé en refusant le petit confort bourgeois qui l’attendait, en préférant créer et tenter d’atteindre à chaque seconde le Suprême, l’Absolu, mais dans la vie, il y a parfois quelques instants de poésie, et toujours la mort.

Ecouter la lecture de la première page de "La bonne vie"

Fiche #2296
Thème(s) : Littérature française


Constance JOLY

Le matin est un tigre
Flammarion

49 | 155 pages | 13-02-2019 | 16€

Alma est une mère en souffrance. Elle voit en effet Billie, sa fille, dépérir, s’affaiblir progressivement. Devant l’échec des traitements, les médecins envisagent une opération. Pour Alma, ce n’est pas la solution, le mal est ailleurs, un chardon pousserait à l’intérieur de sa fille. La mère et la fille sont très liées, voire reliées par un fil invisible, s’épaulent mutuellement, et si elles partageaient ce mal ? Si les graines du chardon avaient été plantées par Alma ? Alma va chercher dans les livres anciens pour élucider ce mal, elle observe tous les signes avec application et cherche explications et solutions. Dans ce double combat pour faire fleurir le chardon, pour alléger les valises de leur vie, la mère et la fille partagent leurs obsessions, des instants de douleur, de tendresse et de doute. Un premier roman émouvant et prenant dans une langue poétique (éclairée par quelques références littéraires) sur la transmission, sur le lien étroit entre une mère et sa fille et l’équilibre de leur relation.

Premier roman

« Le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge. »

« On n’entre pas facilement dans le malheur des autres, il est comme un bois trop sombre, une terre dévastée et lointaine pleine des grincements de la nuit. »

« Admirer la vie et s’en sentir dépossédée ? Est-ce cela la mélancolie ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Le matin est un tigre"

Fiche #2291
Thème(s) : Littérature française


Véronique OVALDÉ

Personne n'a peur des gens qui sourient
Flammarion

48 | 268 pages | 11-02-2019 | 19€

C'est décidé, Gloria quitte la Côte d’Azur lumineuse et ensoleillée pour le brouillard de l’Est de la France et ses forêts. Elle fait ses valises et avec ses deux filles part pour un voyage sans retour : elle s’installe dans une maison isolée dans la forêt où enfant, elle passait ses vacances. Pourquoi cette fuite ? De qui ou de quoi a-t-elle peur ? Pour elle ? Pour ses filles ? Cherche-t-elle à se protéger ou à les protéger ? Pourquoi les isoler à ce point ? Le récit tendu alterne les chapitres concernant le passé et le présent et revient sur les évènements sombres qui ont marqué le passé de Gloria comme sur les fantômes qui la hantent. Que cache son sourire ? D’où vient cette sourde peur et cette colère ? Leur impact sur le caractère et le comportement de Gloria pourra-t-il s’estomper ? Gloria vient compléter la déjà large bibliothèque de portraits féminins de Véronique Ovaldé, il prend une place singulière sur l’étagère, noire, sombre et questionnante.

« Il suffit d’un sourire pour que l’on te croie neutralisée. »

Ecouter la lecture de la première page de "Personne n'a peur des gens qui sourient"

Fiche #2289
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Ovaldé lus par Vaux Livres


Serge JONCOUR

Chien-loup
Flammarion

47 | 496 pages | 09-09-2018 | 21€

Lise est une actrice qui ne tourne plus et Franck un producteur dont les dernières réalisations n’ont pas rencontré leur public. Sa trésorerie commence à montrer des signes de faiblesse et il a dû s’associer avec deux jeunes aux dents longues qu’il soupçonne de vouloir l’évincer. Lise a loué une maison isolée dans le Lot pour trois semaines, pas de téléphone, pas de WIFI, un confort spartiate ; peu enthousisaste, Franck suit Lise… Elle se sent tout de suite chez elle alors que Franck est troublé par des peurs répétées. En outre, cette maison a une lourde histoire : le récit alterne entre 1917 et 2017 créant un pont naturel entre les époques. En effet, en 1914, il ne reste que peu d’hommes (et Serge Joncour nous parlera avec émotion et tendresse des femmes restées ancrées dans leur domaine) lorsque Wolfang, un Allemand, vient s’installer sur les sommets surplombant le village, il est dompteur et cherche un endroit isolé pour s’établir avec ses bêtes sauvages et s’éloigner du conflit. Le maire acceptera mais certains verront en lui l’incarnation des Allemands et de la guerre, sans compter la peur que ses bêtes sauvages viennent terrifier leurs troupeaux… Mais, à chaque mort sur le front à annoncer aux familles, la sauvagerie animale apparaît toute relative : « Souvent les animaux font cela, les chiens s’adonnent à ce genre de tueries gratuites, et aussi les loups quand ils déboulent dans des cheptels de bêtes vives, comme les hommes en ce moment même, balançant des grenades dans des tranchées farcies de soldats, l’homme n’est pas le seul animal à être bestial. Pour Franck, l’installation est problématique, il découvre avec crainte un autre monde, la nature, les villageois, les chasseurs, même sa rencontre avec ce chien mi-loup mi-chien aiguise ses craintes. Mais il réussira à apprivoiser cet environnement, il se sentira lié à ce lieu et son histoire, et lui, le vieux loup, invitera même ses deux jeunes loups des villes associés pour mettre au clair leur collaboration… Serge Joncour nous offre à nouveau un récit prenant où l’homme et l’animal se partage un quotidien âpre, de beaux personnages denses et toujours une nature aussi protectrice que dangereuse, les bruits, les odeurs, les couleurs, le vent. La sauvagerie de l’animal n’est pas grand-chose face à celle de l’homme et le chien-loup rappelle à l’évidence cette ambivalence, la liberté des quelques animaux sauvages survivant restant une ambition, voire une utopie, pour certains hommes.

« Et même si vivre à l’écart, vivre pleinement à l’abri des autres ne se peut pas, parce qu’il n’y a plus la moindre zone sacrée, plus la moindre zone blanche sur les cartes, pas le moindre territoire où la vie sorte toujours victorieuse, il existe au moins des zones d’accalmie coincées entre deux combats, des zones à l’écart. »

Ecouter la lecture de la première page de "Chien-loup"

Fiche #2216
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Thomas B. REVERDY

L'hiver du mécontentement
Flammarion

46 | 220 pages | 16-08-2018 | 18€

Fin 78, la colère gronde en Angleterre, la grève s’étend, l’économie est proche de l’arrêt : « ... en ce commencement d’automne 1978, quand l’histoire est déjà entamée, qu’elle vient de plus loin, comme en dehors d’elle, mais qu’on ne sait pas encore où elle va ni comment les choses vont se nouer exactement. A ce stade de l’histoire, personne ne sait trop bien ce qui peut arriver. » Les manants commencent de relever la tête et de ne plus accepter leur condition : « Toute l’Angleterre était au bord d’une espèce de précipice en 1978. » Tous les secteurs sont touchés, les relations dans les entreprises changent et prennent en compte ce ralentissement et cette incertitude : « ... lorsque le dérèglement est général, rien ne peut l’arrêter, c’est comme une révolution sans armes. » Parmi eux, Candice est une jeune femme qui jongle entre son boulot de coursier à vélo et ses répétitions théâtrales : elle jouera le rôle titre dans Richard III. Aujourd’hui et hier, il est donc question de pouvoir, de comédie, de conquête du pouvoir, finalement peu d’évolution ! C’est le moment aussi où une femme d’abord discrète apparaît, elle sourit, joue habilement avec les images et les symboles (« Il n’y a pas besoin de faire pour régner. Juste d’attendre... Le pays est tellement exaspéré qu’elle n’a rien à faire. »), les travaillistes seront balayés par Margaret Thatcher qui assistera à la première des Shakespearettes et l’hiver du mécontentement donnera naissance à un nouveau monde, une nouvelle ère, les manants (le mouvement Punk ne résistera pas non plus) rejoindront leur place pour très longtemps !

« Les forts haïssent les faibles, c’est là leur seule faiblesse. »

« Le chaos, c’est quand tout devient possible. Personne n’est assez malin pour maîtriser ça, sauf peut-être le diable. »

« On dirait que les familles sont faites pour ça. Elles créent des rôles, des règles, des interdits et des silences infranchissables. Tu deviens un individu, mais dans la famille non, tu dois tenir un rôle, respecter les règles, ne pas transgresser, se taire. A la fin c’est toujours à elle qu’on en veut... »

« Car c’est cela, le pouvoir, ce n’est que cela : une comédie. Comme mettre une claque à un gamin. Humilier un subalterne. Forcer une femme. Allons ce n’est pas sérieux. Comment peut-on se prendre au sérieux en faisant cela ? Comment peut-on s’enorgueillir d’être ainsi un fort parmi les faibles ? Comment peut-on y croire soi-même ? »

« Aujourd’hui, fini de rêver. Il n’y a pas d’alternative. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'hiver du mécontentement"

Fiche #2201
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


David TRUEBA

Bientôt viendront les jours sans toi
Flammarion

45 | 392 pages | 11-08-2018 | 21€

Dani Mosca, musicien, a quarante ans lorsque son père meurt. Malgré leurs relations tendues, il décide un an après son décès de s’occuper du rapatriement du cercueil dans sa ville natal au nord de l’Espagne. Ce voyage sera propice à un bilan de vie, une réflexion intime sur son existence. Il revient naturellement sur son enfance avec ses parents, la formation de son groupe de musique avec deux collégiens qui fonderont une amitié forte et fidèle et partageront des expériences fondatrices et inoubliables, puis sa vie d’homme, ses amours, ses aventures, ses goûts musicaux, et sur l’Espagne... Les souvenirs alternent avec les péripéties du voyage avec un chauffeur patient et à l’écoute. Un long discours frais, franc et direct, souvent drôle, qui apporte quelles pistes aux questions bilan : Quels étaient nos projets ? Que sont-ils devenus ? Qu’a-t-on fait de notre vie ? Que sont devenus nos idéaux et quels sont-ils aujourd’hui ?

« Devenir adulte signifie peut-être accepter le chaos, du moins apprendre à vivre avec. Chaos qui trouble l’enfant. C’est pourquoi il invente un monde solide, comme celui qu’il fabrique avec ses blocs de construction. Avec des mots puissants comme papa, maman, famille, avenir. »

« Nous connaissons tous la fin. Et elle n’est pas heureuse. C’est une drôle d’histoire : nous en savons le dénouement mais en ignorons la trame. »

« On ne triomphe pas parce qu’on a du talent, mais parce qu’on est moins mauvais que les autres. »

« Dire du mal des politiques, c’est comme commenter le froid chaque fois qu’arrive l’hiver. »

« Mais on ne doit pas vendre sa liberté, il faut résister, aussi compliqué que ce soit. Pas de question de se marginaliser, il faut se battre avec une certaine visibilité qui ne soit pas contraire à ses principes. »

« L’art de ne pas faire ce qu’on attend de vous exige la précision du chirurgien et l’entêtement du fou. »

« Contrairement à ce qu’on croit, on meurt à petit feu. »

Ecouter la lecture de la première page de "Bientôt viendront les jours sans toi"

Fiche #2199
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne Plantagenet


Pascale KRAMER

Une famille
Flammarion

44 | 190 pages | 08-05-2018 | 18€

Pascale Kramer choisit de nous conter le quotidien d’une famille bordelaise bourgeoise. Ils auraient pu être heureux et sereins, voire insouciants. Mais une ombre pèse lourdement depuis tant d’années sur l’ensemble de ses membres : Romain, le fils, le frère, l’oncle, le beau-frère… pourtant doué, doux et aimant, les a quittés, il a emprunté le chemin de l’autodestruction et de l’alcool. Son isolement occupe les esprits de tous (« Romain était l’objet d’une attention écrasante. ») qui chercheront toujours à cerner et comprendre son éloignement, sa chute et ses rechutes avec toujours ce sentiment de culpabilité et ces regrets qui usent et usent encore. Enigme insoluble(« Rien, jamais, ne transparaissait du mal-être qui le poussait à engranger certains soirs de quoi s’abrutir quasiment jusqu’au coma en seulement quelques heures. ») menant à l’épuisement (« Cela demandait tant d’énergie d’affronter la persécutante violence des rechutes de Romain. »). Comment l’aider ? Peut-on l’aider ? Doit-on l’aider ? Le silence doit-il répondre au silence ou faudrait-il le briser violemment ? Romain est le personnage principal et néanmoins, jamais ne s’exprimera. Son portrait s’imposera par le regard des autres, par leurs visions, leurs réactions et la grande palette de sentiments qui les animera. Pascal Kramer montre parfaitement l’impact profond et permanent d’une fêlure (ici due à l’alcool) sur l’ensemble d’une famille, du plus jeune au plus âgé entravant le chemin de la vie et du bonheur partagé.

Ecouter la lecture de la première page de "Une famille"

Fiche #2148
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Pascale Kramer lus par Vaux Livres


Marin LEDUN

Ils ont voulu nous civiliser
Flammarion

43 | 230 pages | 15-01-2018 | 19€

Thomas vit au cœur de la forêt landaise ou plutôt survit entre la forêt et la mer. Des petits boulots, de la récup de ferraille aux vols de volailles dans les fermes du coin, une vie sans lumière et espoir. Jusqu’au jour où son rabatteur tente de l’escroquer. Thomas s’énerve, veut sa part et frappe le truand, le laisse pour mort et récupère l’argent caché dans son bureau. Instant de bascule, point de non retour. Une belle somme, trop belle. Le truand se relève, appelle ses amis, deux frères violents et sans pitié surtout que l’argent leur appartient : la course poursuite est lancée alors qu’une violente tempête est annoncée sur la région. Thomas arrivera par hasard chez Alezan, un vieux loup solitaire toujours prêt au combat qui n’a pas fini sa guerre d’Algérie. Une nuit où personne ne sortira indemne. Un récit noir très rythmé sans temps mort (comme le vent de cette nuit singulière) où l’on retrouve avec grand plaisir l’atmosphère de « En douce » et le portrait social sous-jacent des perdants ou des survivants de notre société.

Ecouter la lecture de la première page de "Ils ont voulu nous civiliser"

Fiche #2063
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Marin Ledun lus par Vaux Livres


Alice ZENITER

L'art de perdre
Flammarion

42 | 510 pages | 07-01-2018 | 22€

L’art de perdre convoque l’Histoire au cœur d’une saga familiale sur trois générations, histoire tumultueuse entre l’Algérie et la France, histoire des Algériens qui firent le choix de la France, histoire de leur accueil, de leur silence, de leur perte d’identité, et de toutes leurs pertes. C’est Naïma, la petite dernière, qui souhaite entreprendre ce voyage vers le passé, revenir sur ses racines, son histoire et l’ambiance de la France en 2015 n’y est pas pour rien... Ali, le grand-père est celui qui prit La décision. Il avait déjà combattu lors de la dernière guerre pour la France et il préféra la rejoindre. Lui et sa famille devinrent « harkis » dans les camps de transit, connurent l’humiliation et le mépris pour finalement rejoindre le camp des invisibles. Son fils, Hamid, voulut oublier l’Algérie, les silences de son père, sa soumission, la religion mais lui-même choisit aussi le silence (« Ils ne veulent pas du monde de leurs parents, un monde minuscule qui ne va que de l’appartement à l’usine, ou de l’appartement aux magasins… Un monde qui n’existe pas parce qu’il est une Algérie qui n’existe plus ou n’a jamais existé, recréée à la marge de la France. Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent pas dire merci pour les miettes qui leur sont données. »). Naïma, la troisième génération, veut comprendre : elle va entreprendre un voyage aux sources, vers Alger puis la Kabylie, qui lui ouvrira les portes de son passé et de l’apaisement. Alice Zeniter fait parfaitement ressentir l’effet des traumatismes engendrés par l’exil et le déracinement : chacun peut le ressentir à sa manière, mais tous préfèrent se taire et ne peuvent se soulager de ce poids qui les étouffe, seuls les regards permettent de comprendre. Brillant, intelligent, 500 pages passionnantes qui exposent en détail le ressenti de trois générations sur leur histoire, qui nous parle objectivement de l’Algérie et de la France, d’hier et d’aujourd’hui et alimente sereinement le débat récurrent (et parfois répétitif) sur l’identité.

« L’histoire est écrite par les vainqueurs. »

« Tu peux venir d’un pays sans lui appartenir, suppose Ifren. Il y a des choses qui se perdent… On peut perdre un pays. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'art de perdre"

Fiche #2054
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Zeniter lus par Vaux Livres


Jean-Luc SEIGLE

Femme à la mobylette
Flammarion

41 | 240 pages | 13-09-2017 | 19€

Reine n’a que 35 ans mais déjà au bout du rouleau. Usée, fatiguée, les finances et le moral sont au plus bas. Au chômage, trois enfants. Et pourtant, elle trouve enfin du travail, elle nettoiera les morts, et petit coup du destin, elle trouve dans les détritus entassés dans son jardin cet attendrissant symbole populaire, une vieille mobylette bleue et miracle, elle démarrera. Reine pourra ainsi se déplacer, se rendre au travail et en revenir. Second rai de lumière, sa rencontre avec Jorgen, un routier artiste qui a laissé tomber le pinceau par rejet de l’art moderne. Voilà les seuls moments de vie qu’elle trouvera mais aucun monde parallèle qui pourrait lui permettre de poursuivre sereinement, avec espoir. Néanmoins, la lutte pour la vie continue malgré le monde et la société qui l’étreignent, l’étouffent sans cesse. Archétype des invisibles, des oubliés, des insignifiants, des méprisés, elle traversera la France avec sa mobylette pour revoir les yeux de ses enfants qui lui ont été retirés. Ultime voyage témoin d’un passé qu’elle ne retrouvera jamais. Bouleversant, un texte qui prend aux tripes, et dresse un portrait précis et réaliste d’une femme emblématique des oppressés et exclus qui continuent d’être abandonnés et broyés par nos sociétés.

« Il faudrait que les pauvres se contentent de la joie d’être en vie. »

« Tout finit dans l’absence et le silence absolu du monde. »

« … on ne tue plus à bout portant les pauvres qui se rebellent. Aujourd’hui on les tue en les abandonnant, en les affamant, en les oubliant. »

Ecouter la lecture de la première page de "Femme à la mobylette"

Fiche #2020
Thème(s) : Littérature française


Brigitte GIRAUD

Un loup pour l'homme
Flammarion

40 | 246 pages | 01-08-2017 | 19€

Antoine est appelé pour l’Algérie en 1960. Fils d’un communiste qui refuse l’Algérie française, il ne portera pas les armes mais les brancards. Pourtant sauver et soigner se révèleront tout aussi éprouvants et dangereux que combattre. Non seulement, la mort peut le rattraper à tout instant comme chaque soldat mais il est aussi confronté quotidiennement aux morts, aux blessés, aux membres déchiquetés, aux souffrances corporelles ou psychiques, aux peurs. Et à chaque fois, il doit décider quitte à se tromper, « … cette responsabilité, celle de ne pas accomplir les bons gestes à temps. ». Il se transforme parfois en confident et se retrouve face à la guerre et à ses horreurs. Comment réussir à se soustraire à ce cauchemar ? Comment sortir du silence qu’imposent ces faits ? Lila, sa femme, enceinte (elle accouchera d’une petite fille), a décidé malgré le danger de le rejoindre à Sidi-Bel-Abbès, « Antoine va et vient entre les blessés et sa femme, ici la mort qui rôde et là la vie à venir. C’est un étrange face-à-face… ». Et surtout, il passe beaucoup de temps avec Oscar amputé d’une jambe qui refuse de parler ; il finira par gagner sa confiance et apprendra sa tragique histoire. Brigitte Giraud nous délivre un roman poignant, portrait d’un homme modeste qui jamais n’oubliera sa fraternité ni naturellement les ravages de la guerre et saura résister pour ne jamais sombrer dans la sauvagerie et la barbarie.

Ecouter la lecture de la première page de "Un loup pour l'homme"

Fiche #1995
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Brigitte Giraud lus par Vaux Livres


Charlotte PONS

Parmi les miens
Flammarion

39 | 190 pages | 26-07-2017 | 18€

Manon apprend le grave accident de sa mère par sa sœur, au téléphone. La situation est grave, elle est plongée dans un profond coma. Manon n’a pas oublié les discussions avec sa mère quand elle était encore en pleine santé et possession de ses moyens : ne pas devenir un légume, en finir avant tout état végétatif, c’était une évidence. Alors Manon clame immédiatement, sans retenue, sans réfléchir, naturellement, « Autant qu’elle meure. ». Le père, et les deux autres enfants, choqués par cette réaction, refusent cette issue et la trouvent prématurée (« A partir de quand, me dis-je, à partir de quand est-il raisonnable de prononcer le mot ‘euthanasie’ sans passer pour un monstre ? »). Le premier roman de Charlotte Pons aborde donc au cœur d’une famille la fin de vie et l’euthanasie. Manon s’installe chez son père, frère et sœurs se retrouvent, ils ont grandi, vieilli mais sont encore enfants sans plus partager grand-chose (« Nos vies d’adulte pèsent bien plus que notre histoire commune et si elles nous éloignent les uns des autres, voire nous dressent les uns contre les autres, nous n’y trouvons rien à redire. »). L’état de la mère devient une préoccupation de tous les instants, agir, attendre, qui doit décider, quand décider… La question touche au présent mais aussi au passé, aux relations entre la mère et ses enfants, entre le frère et ses sœurs, entre les sœurs, entre le père et la mère, aux relations familiales dans leur globalité : « Il n’est pas question seulement d’euthanasie mais bien du lien que chacun d’entre nous entretient avec elle. Il est question d’être encore un enfant, une bonne fille, un bon fils. ». Charlotte Pons réussit à aborder de front une tragédie ordinaire qui guette chacun d’entre nous avec émotion naturellement, mais sans tristesse, met clairement en évidence les tensions familiales, l’impact du passé familial, malaxe l’humain et sa psychologie avec réalisme.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Parmi les miens"

Fiche #1989
Thème(s) : Littérature française


Hubert BEN KEMOUN

Piégés dans le train de l'enfer
Flammarion

38 | 164 pages | 10-05-2017 | 13€

en stock

Le lecteur comme les héros de « Piégés dans le train de l’enfer » ont trois heures devant eux pour démêler les fils de l’intrigue et se sauver de l’enchaînement d’évènements improbables et inattendus ! Le lecteur sera dans son canapé confortablement installé, nous l’espérons, les protagonistes dans un train à destination de Toulouse qui fera une halte à Bordeaux. Peu de voyageurs dans le wagon concerné : chacun aura sa part de l’histoire et nous fera partager son point de vue. Teddy est ce qu’on appelle une mule, il convoie pour une belle somme (et ce n’est pas la première fois) un sac de sport fermé par un mince cadenas dont il ignore le contenu. Dimitri a pris place par hasard dans ce train pour passer le temps et apprécier la valeur de ses derniers larcins. Un couple de touristes, deux loustics qui passent leur temps à se provoquer, une jeune femme que son amant vient de quitter et qui a l’air un peu perdue, et quelques autres anonymes. Tous espèrent un voyage calme et sans anicroche… Néanmoins, leurs destins vont se croiser, voire se heurter, ils ne sont pas au bout de leur surprise et se souviendront longtemps de ce voyage singulier, certains d’ailleurs n’en reviendront pas… Le rythme est échevelé, l’intrigue parfaitement construite, le suspense brillant, la construction maîtrisée et justifiée. Un huis clos très très addictif, bravo !

Fiche #1948
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Hubert Ben Kemoun lus par Vaux Livres


Claude BENDEL

L'Accident
Flammarion

37 | 188 pages | 16-04-2017 | 16€

Thomas Leurling adore les livres et se plonger dans leurs univers, un refuge salvateur. Quand il osera écrire, il écrira le livre de sa vie et ce sera le seul. C’est son avocat commis d’office qui le lui avait demandé alors qu’il était en prison après un Accident mortel où tout l’accuse, même s’il continue de clamer son innocence. En écrivant, il remonte l’histoire de sa vie dans les années 60 dans l’Est de la France, de son enfance, de sa famille (sans fantaisie) et de ses secrets, de sa destinée tragique mais finalement attendue, aucun avenir n’était en effet prévu pour lui. Un premier roman avec une superbe écriture, où la littérature a un rôle bien plus attachant et émouvant que la justice !

Premier roman

« La justice serait un monde cruel où règnent le hasard et la violence. »

« … un des plaisirs de la lecture est la découverte, le hasard, le tâtonnement. Fréquente les librairies, lis quelques lignes, tu trouveras ta voie. Puis un livre conduit toujours à un autre livre, je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. »

« L’un des mystères insondables de la vie est celui de la présence dans la même personnes d’une intelligence supérieure et d’une âme basse. Le talent ne préserve pas de l’ignominie… »

Ecouter la lecture de la première page de "L'Accident"

Fiche #1944
Thème(s) : Littérature française


Karine REYSSET

La fille sur la photo
Flammarion

36 | 294 pages | 09-02-2017 | 19€

Anna, la narratrice, a vécu plus de dix années avec Serge et ses trois enfants. Anna était la troisième compagne de Serge. Il eut un garçon avec sa première femme qui s’est suicidée et deux filles avec la deuxième. Un modèle de famille recomposée donc. Elle raconte la complicité qui s’était installée avec ces enfants qui n’étaient pas les siens, les rires, les jeux, leur connivence et les moments inoubliables… Mais elle raconte aussi, petit à petit, son éloignement de Serge, l’impression de ne pas exister. Elle attend tout de lui, il ne donnera rien. Elle revient également sur son enfance et son abandon par sa mère. Alors elle quittera elle aussi Serge et partira vers un amour plus chaotique. Un roman intimiste qui décline la fragilité des êtres, explore l’abandon, la séparation et les traumatismes qu’elle génère, les marques indélébiles de l’enfance et montre que nos choix d’adulte y sont souvent directement reliés.

Ecouter la lecture de la première page de "La fille sur la photo"

Fiche #1900
Thème(s) : Littérature française


Véronique OVALDÉ

Soyez imprudents les enfants
Flammarion

35 | 348 pages | 27-10-2016 | 20€

Atanasia est une jeune adolescente pleine de rêves et d’espoir, mais le monde est triste, il faut en effet le changer, c’est simple et si vrai. D’autant plus qu’elle appartient à une famille d’imprudents touchée par « cette fatalité qui leur fait prendre leurs rêves pour argent comptant, qui leur attribue la conviction candide qu’ils pourront changer le cours des choses et qui les fait sombrer dans la mélancolie. » Etre imprudent n’est pas tous les jours facile, mais « … c’est quand on ne fait pas ce qu’on a toujours voulu faire qu’on devient un vieux con dépité. » Pour Atanasia, le déclic se produira lors d’une visite du musée de Bilbao devant une toile de Roberto Diaz Uribe. Cette peinture lui parle et elle souhaiterait rencontrer le peintre qu’on dit retiré sur une île. Atanasia part donc à sa recherche et l’enquête prendra la forme d’un voyage initiatique ouvrant les portes du monde et de la vie à Atanasia. Un nouveau personnage féminin attachant, vif et volontaire à la palette ovaldienne, le seul risque après la lecture de ce nouveau roman, c’est que vous refusiez de mettre un orteil à l’eau devant la vision de la moindre méduse, un animal loin d’être en voie de disparition !

Ecouter la lecture de la première page de "Soyez imprudents les enfants"

Fiche #1867
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Ovaldé lus par Vaux Livres


Yasmina REZA

Babylone
Flammarion

34 | 220 pages | 23-08-2016 | 20€

Dans un immeuble, les voisins se croisent, se saluent et puis un soir, c’est l’invitation. Les Manoscrivi, Lydie et Jean-Lino, se retrouvent dans l’appartement d’Elisabeth et Pierre. Petite soirée tranquille avec les proches d’Elisabeth et Pierre et ces nouveaux venus, chacun tente de charmer l’autre, de plaisanter, on boit un peu plus que d’habitude, mais la raison veille. Et puis, chacun regagne ses appartements. Lydie et Jean-Lino continue la soirée, et un mot en appelle un autre, et un agacement devient énervement, et extraordinairement Jean-Lino tue Lydie, pour Lydie, c’était le moment : « On est quelque dans le paysage jusqu’au jour où on n’y est plus. » Sans réaction, ne sachant que faire, il court avouer à Elisabeth et Pierre son acte. Que faire ? Elisabeth et Pierre n’appréhendent pas de la même façon le fait divers et ses conséquences… Et chaque minute qui passe, chaque geste, peuvent laisser des séquelles, sauf pour Lydie, il est trop tard… Yasmina Reza décrypte avec humour l’engrenage qui amène parfois certains sur des chemins incertains…

« Toi aussi tu avances en âge de même que tous ceux que tu connais, et je me suis sentie comme appartenant à cette foule en route, main dans la main, avançant en âge vers une chose inconnue. »

« L’autre jour à la télé, j’ai entendu un type pas du tout vieux dire, Dieu me guide, chaque jour je lui demande conseil, même avant de venir sur ce plateau. Je me souviens d’une époque où une phrase pareille aurait provoqué l’hilarité. Aujourd’hui tout le monde trouve ça normal y compris sur les plateaux de télé intellos. »

« Ils ont du bol ceux qui pensent que la vie fait partie d’un ensemble ordonné. »

Ecouter la lecture de la première page de "Babylone"

Fiche #1831
Thème(s) : Littérature française


Serge JONCOUR

Repose-toi sur moi
Flammarion

33 | 428 pages | 03-08-2016 | 21€

Aurore et Ludovic ne partagent qu’une chose : la cour sur laquelle donne leur domicile respectif. Sinon absolument tout les sépare : leur origine sociale, leur éducation, leur niveau social, leur vision du monde, leur aspect, leur habitat, leur intégration à la vie parisienne... Et pourtant, au hasard d’une rencontre, l’état d’esprit de l’instant, une réaction particulière, et une relation forte va naitre entre eux deux. Ludovic vient de la campagne, il a laissé la ferme familiale à sa sœur et son beau-frère, et comme une sorte de corbeau des villes, il œuvre dans le recouvrement de dettes et côtoie en permanence « ces braves endettés qui se font piéger par des crédits… le plus souvent c’est à des vaincus qu’il a affaire… ». Il vit seul dans un petit appartement vétuste. Aurore poursuit une belle carrière de styliste, Parisienne typique, mariée à un Américain, cadre supérieur et sûr de lui, de beaux salaires, un bel appartement luxueux, deux enfants. Ils se croisent parfois et s’ignorent toujours. Puis, un jour, il s’aperçoit qu’elle ressent une peur bleue à la vue de deux corbeaux qui ont élu domicile dans leur cour. Et pour elle, il les tuera, acte singulier et violent mais néanmoins fondateur de leur relation ! Ils vont se rencontrer, se côtoyer, apprendre à se connaître et s’aimer mais aussi à se soutenir, se reposer l’un sur l’autre. Serge Joncour nous captive une nouvelle fois par ce double portrait qu’il dresse avec tendresse et humour mais aussi par la description de notre société, de ses dérives et de nos comportements et comme toujours, il fait preuve d’un grand discernement sur notre monde qui ne pourra être sauvé que par l’Amour !

« Il le sent bien, où qu’on aille on est d’ailleurs, et c’est sans fin qu’on n’est pas d’ici. »

« Une famille, c’est une embarcation fragile… »

« Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment. »

Ecouter la lecture de la première page de "Repose-toi sur moi"

Fiche #1819
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

La renverse
Flammarion

32 | 268 pages | 03-02-2016 | 19€

Antoine, 25 ans, vit en Normandie au milieu des livres, il travaille chez un vieux libraire. Il apprend lors d’un flash TV la mort de Jean-François Laborde, un politique à l’origine de l’explosion de sa famille et de son départ. Il vivait alors en banlieue, lui au lycée, son petit frère au collège. Laborde représente l’image emblématique du politique classique, cumulard, proche du pouvoir et affilié au principal parti de droite. Cette annonce inattendue laisse Antoine interdit, dans un état stationnaire, « à la renverse », mais les évènements du passé, si pénible pour l’enfant qu’il était alors, remontent à la surface. Sa mère qui travaillait à la mairie aux côtés de Laborde fut mêlée à un scandale (abus sexuels) touchant également le maire. Laborde (et son équipe) pour se dédouaner n’eut aucune limite, peu importe les conséquences, et notamment pour les proches des femmes impliquées que le dégoût envahit et ne quitta plus. Olivier Adam n’oublie jamais les lisières et les dommages collatéraux ! Comment grandir ensuite, « On ne pouvait rien bâtir avec moi, rien projeter. Vivre à mes côtés, c’était plonger sa main dans l’eau et la regarder filer entre les doigts. », comment pouvoir éprouver encore des sentiments, le vide devient l’évidence. Etranger à sa propre vie. Les enfants subissaient de plein fouet le scandale, et n’étaient pas épargnés loin de là dans leurs établissements et leur quotidien, le regard d’autrui devint alors insupportable. Antoine décide de se rendre aux obsèques de Laborde et de se retrouver face au passé, dresser le bilan (noir) de la génération de ses parents, le comprendre pour peut-être enfin renaître, « La vie n’est pas finie. ». Olivier Adam continue brillamment de tracer son sillon et aborde cette fois le fait divers ébranlant un monde politique si prévisible et évidemment ne s’intéresse pas aux héros à la une des médias, mais à ceux qui sont à leurs côtés, invisibles, et à leur souffrance. Une ville de banlieue, la mer et le vent, l’enfance, la fratrie et la famille, les déchirures indélébiles de l’enfance, univers « adamesque » par excellence avec une écriture toujours aussi précise, qui fait mouche une nouvelle fois.

Ecouter la lecture de la première page de "La renverse"

Fiche #1750
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Thomas B. REVERDY

Il était une ville
Flammarion

31 | 270 pages | 28-07-2015 | 19€

Detroit, la ville de l'automobile, le mythe, « le travail est un divertissement puissant. ». Puis un jour en 2008, les voitures s'en vont, les hommes suivent, enfin ceux qui le peuvent. Pour d'autres fuir est impossible et ils demeurent dans cette ville fantôme dévastée (« Traverser la ville me donne toujours l'impression de regarder un porno. Tu sais, une fascination coupable. »), cimetière de notre civilisation, en tentant de survivre et en espérant peut-être découvrir le nouveau rêve américain. Et les comportements classiques de l'homo sapiens persistent au milieu de cette misère, quand certains se soutiennent et s'entraident, d'autres se laissent aller à exploiter cette détresse. Comme dans un western classique, un cow-boy solitaire débarque de manière incongrue dans la ville désertée à la grande surprise des survivants. Il s'appelle Eugène, jeune ingénieur français, il doit concrétiser un projet de transformation pour l'industrie automobile mais Eugène préférera partir à la rencontre de cette ville et de ses habitants. Il croisera dans un bar Candice et son histoire aussi chaotique que celle de Detroit, et ces deux là apprendront à se connaître dans cet environnement bien singulier. Dans ce même quartier, le petit Charlie comme beaucoup d'autres enfants vient de disparaître et sa grand-mère Gloria avec l'inspecteur Brown partent à sa recherche. Par ces deux biais, Thomas B. Reverdy happe le lecteur et place à nouveau son histoire et ses personnages au cœur d'une catastrophe éprouvante, catastrophe économique cette fois, qui, pratiquement du jour au lendemain, bouleverse, transforme, maltraite la vie, les espoirs et les rêves. Fort, percutant et sensible !

Ecouter la lecture de la première page de "Il était une ville"

Fiche #1669
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


Nathalie CÔTE

Le renversement des pôles
Flammarion

30 | 192 pages | 10-07-2015 | 16€

Deux couples prennent le chemin des vacances, personnages emblématiques de la classe moyenne de notre société, « le camp des modernes ». Deux appartements mitoyens vont accueillir les Bourdon et les Laforêt, tous ravis de pouvoir prendre un peu de bon temps avec leurs enfants. Mais le temps libre est aussi propice à la réflexion, à l'analyse et parfois à faire apparaître au grand jour les failles et frustrations tues depuis de longues années comme les envies (ou fantasme?) furieuses de changement. Un premier roman qui aborde parfois cruellement, mais toujours avec le sourire voire ironie, les dérives de notre société et qui, à travers le quotidien de deux couples ordinaires, parle du monde du travail, des relations de couple et d'amour ou de désamour, de l'argent et du matérialisme, de l'apparence et de la consommation, mais aussi de l'ennui. Un portrait aussi grinçant que drôle et vif !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le renversement des pôles"

Fiche #1655
Thème(s) : Littérature française


Nicolas HÉNIN

Pierre TORRES

Papa hérisson rentrera-t-il à la maison ?
Flammarion

29 | 01-05-2015 | 13.5€

Papa Hérisson se retrouve par mégarde dans un panier de pique-nique et disparait bien loin de sa famille. Mais Papa Hérisson est bien décidé à retrouver les siens. Il entreprend un long voyage périlleux qui lui fait découvrir le monde et surtout lui permettra de revenir auprès de ses enfants.

Fiche #1626
Thème(s) : Jeunesse


Jennifer CLEMENT

Prières pour celles qui furent volées
Flammarion

28 | 212 pages | 11-01-2015 | 20€

Plus grand monde n’habite dans les montagnes du Guerrero au Mexique. Les hommes quittent la région dès qu’ils le peuvent. Demeure les femmes et les filles et ... les trafiquants de drogue. Ladydi, quatorze ans, partage son quotidien avec les autres filles et leurs mères, dans la peur de ces hommes sans limite qui viennent très régulièrement les voler et faire « leur marché », choisissent les plus belles, tuent ceux qui tentent de faire obstacle. Quand un enfant naît ici, tout le monde prie pour que ce soit un garçon ! Les mères utilisent tous les stratagèmes possibles pour garder leurs filles et éviter qu’ils les leur volent : les déguiser en garçon, les enlaidir, les cacher. Une chasse sans fin, le prédateur est persévérant, personne ne semble pouvoir l’arrêter et la vie de ces femmes délaissées mais courageuses et solidaires semble figée dans une ambiance mortifère de guerre et de trafic. Un roman témoignage inoubliable qui suscite immédiatement l’admiration pour ses personnages féminins aux destins douloureux et hélas tracés.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Prières pour celles qui furent volées"

Fiche #1569
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patricia Reznikov


Minh TRAN HUY

Voyageur malgré lui
Flammarion

27 | 232 pages | 29-10-2014 | 18€

Minh Tran Huy a déjà abordé avec succès la douleur de l’exil et aurait pu continuer avec l’histoire de Line et de son père qui, en elle seule, présente matière, densité, émotion, et suscite réflexion sur cette blessure que représente l’abandon de son pays d’origine (« … il tachait de trouver son chemin traçant sa route avec cette tranquille obstination qui lui avait permis de surmonter des fléaux qui, pour moi, n’étaient que des mots : la pauvreté, la maladie, la guerre. Son quotidien du temps où il vivait au Viêtnam, dont seul l’exil l’avait sauvé. »). Line réussira enfin briser le silence de son père mais la douleur demeurera immense et la blessure ouverte (« Seulement, si le présent m’échappe comme il m’a toujours échappé, plus instable et fuyant qu’une coulée de sable ou de poussière, le passé continue de vivre en moi avec une telle netteté, une telle clarté… Toutes ces années où je me suis tu, je n’ai pas pour autant perdu la mémoire. »). Pourtant Minh Tran Huy choisit une autre voie avec beaucoup de singularité. Elle étend le thème aux voyages contraints et nous propose de suivre deux voyageurs, personnages modestes et oubliés ayant existé. Albert Dadas, premier cas officiel de tourisme pathologique (dromomanie), parcourut le monde sans vraiment savoir pourquoi, fréquenta régulièrement les prisons du monde et les consultations du docteur Tissié. Samia Yusuf Omar représenta son pays la Somalie aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Arrivée dernière, elle n’aura de cesse ensuite de courir, courir encore, pour gagner. Mais la guerre la contraindra à partir pour pouvoir continuer d’assouvir sa passion, son obsession. Entre le documentaire, le roman et l’autobiographie, « Voyageur malgré lui » représente un superbe et très émouvant hommage à un père, à trois anonymes emblématiques de l’errance et du déracinement et permet ainsi de ne pas les oublier.

Ecouter la lecture de la première page de "Voyageur malgré lui"

Fiche #1540
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Peine perdue
Flammarion

26 | 415 pages | 18-09-2014 | 21.5€

Les vingt-deux personnages de « Peine perdue » habitent dans une station balnéaire de la Côte d’Azur. Région paradisiaque et pourtant, derrière l’image idyllique, les arrières cours sont souvent troubles et la violence couve ; ces personnages ont d’autres préoccupations que d’admirer la mer, d’ailleurs même cette mer, à l’unisson de ces femmes et hommes et de leurs environnements va se fâcher, pleine de colère et de rancœur, elle se déchaînera, lâchera ses coups, comme d’autres sur un terrain de foot ou ailleurs... Olivier Adam réussit parfaitement à dresser ces vingt-deux portraits, à exposer leurs intimités, à tisser des liens puis les mailles de son filet, et le lecteur, douloureusement, s’y laisse prendre. Olivier Adam continue de s’intéresser aux invisibles, aux sans-grades, à cette majorité qui constitue la France mais qui se tait et subit la loi et la violence de notre société et des puissants qui la façonnent, ses personnages sont en perdition, abandonnés, en lutte pour la vie, la détresse n’est jamais loin, précaires dans tous les sens du terme. Emotion, noirceur, réalisme, sensibilité, fraternité, tout y est, un roman choral magistral !

« Pourquoi est-ce que pour moi la vie ne va pas de soi ? Et puis elle se reprend. Est-ce que c’est seulement le cas pour quelqu’un en en ce monde ? »

« Sidération, culpabilité, colère. La valse à trois temps de ceux qui restent. »

« C’est le problème avec la vie, a pensé Antoine. La nôtre est toujours trop étriquée, et celle à laquelle on voudrait prétendre est trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles, c’est l’infini qui revient à zéro. Au final, ça passe. Ça finit toujours par passer. »

« Ne lui demandez pas qui c’est ‘’ils’’, il n’en sait rien. Mais il a souvent l’impression qu’ils existent et qu’ils sont bien décidés à les user jusqu’à la corde. Ne lui demandez pas non plus de qui il parle quand il dit ‘’nous’’. Nous c’est nous. C’est tout. Ceux qui en sont le savent très bien. Et les autres aussi. Chacun sait où il est. De quel côté de la barrière. »

Ecouter la lecture de la première page de "Peine perdue"

Fiche #1515
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Inès BENAROYA

Dans la remise
Flammarion

25 | 303 pages | 27-02-2014 | 18€

Anna est avocate et mariée à Bertrand. Le couple s’est installé à la campagne et semble baigner dans le bonheur. Ils ont décidé de vivre pour eux, sans enfant. Pourtant deux évènements vont venir ébranler Anna. Elle croit voir un enfant s’introduire pour la nuit dans une vieille remise au fond du jardin. Elle l’observe, il devient son petit (« Se penser mère. » alors qu’elle est consciente que « Dans ma famille, les mères n’aiment pas leurs enfants. ») sans pourtant oser dévoiler à d’autres son existence. Dans le même temps, Ava, sa mère, disparaît. Une mère qui ne lui jamais apporté ce qu’elle attendait. Anna n’a connu de courts instants de tendresse qu’avec sa grand-mère. Cette disparition l’incite à être différente, elle change et revient progressivement sur son passé, ses désirs, ses manques. Ava avait définitivement pris possession d’Anna et Anna, marquée à jamais par cette enfance, profitera-t-elle sereinement de cette libération ou plongera dans une folie incontrôlée et sans fin ? Un portrait émouvant d’une femme animée de sentiments complexes que la souffrance mine puissamment et pousse à l’isolement.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Dans la remise"

Fiche #1414
Thème(s) : Littérature française


Nina BOURAOUI

Standard
Flammarion

24 | 285 pages | 20-01-2014 | 19€

Bruno Kerjen vit en région parisienne et travaille dans une grande entreprise de l’électronique : « Il n’aimait ni ne détestait son métier, l’accomplissant davantage par devoir que par passion, soucieux du travail bien fait. ». On pourrait dire la même chose pour sa vie, un environnement très restreint, peu de rencontres, peur des autres et des femmes, peu d’espoir, de rêves et d’envies, amoureux du silence. Bruno, lucide et « larbin de sa propre vie », craintif et non totalement désespéré, « Voilà ce qu'on est, Bruno, des middle, des mecs qu'on voit sans voir, qu'on fréquente sans aimer, des mecs comme il y en a tant dans le paysage, des types qui ne manquent à personne mais dont on ne peut pas se passer parce que ça fait ressortir les autres, les têtes de vainqueur. », c'est comme ça, c'est sa vie. Lors d’un retour à Saint-Malo où il retrouve un ancien camarade, il croise Marlène, la belle Marlène, son premier amour inscrit en lui, la dangereuse Marlène de ses années de lycées. Une lumière s’allume, il rêve de l’avoir pour lui seul, elle jouera de cette envie, de cet espoir. Bruno avait-t-il droit au rêve ou ne restera-t-il qu’un standard ? Nina Bouraoui dresse ainsi le portrait douloureux de la France des invisibles, « ils étaient nombreux et leur nombre voué à augmenter. »

Ecouter la lecture de la première page de "Standard"

Fiche #1396
Thème(s) : Littérature française


Maud TABACHNIK

Si tu meurs, elle reviendra
Flammarion

23 | 190 pages | 20-01-2014 | 13€

Maureen et Francis O’Mara habitent une modeste maison de Froggie, non loin du Loch Ness. Ils partagent une grande fierté, leur fille unique, Patricia. Ils ont tout fait pour elle et ne sont pas peu fiers du dernier prestigieux diplôme qu’elle vient d’obtenir. Ces jours-ci, c’est l’euphorie et l’agitation. Patricia vient passer quelques jours avec eux pour fêter ses 25 ans. Ils ont tout prévu et la fête sera inoubliable ! Francis envoie un chauffeur pour récupérer Patricia à la descente de son train et c’est le drame, l’horreur. Patricia est retrouvée morte au bord de la route et le chauffard ne s’est pas arrêté. Le couple tombe dans une torpeur profonde alors que l’enquête officielle débute. Rapidement, dans le silence, ils tombent d’accord. L’enquête traîne et il leur faut trouver le coupable par eux-mêmes et venger la mort de leur Patricia. Francis ira jusqu’au bout, rien ne l’arrêtera, pas même les vents de l’enfer. Pour démarrer, un seul indice, une trace de pneus, mais il en faut plus pour décourager et stopper le têtu Francis, la traque est lancée… Noir, captivant et tendu !

Ecouter la lecture de la première page de "Si tu meurs, elle reviendra"

Fiche #1397
Thème(s) : Jeunesse


Hélène GRÉMILLON

La garçonnière
Flammarion

22 | 360 pages | 03-12-2013 | 20€

1987. Buenos Aires. Le couple de Vittorio et Lisandra vacille. Il est psy, elle danse le tango. C’est alors que Lisandra est retrouvée morte, sur le trottoir. Défenestrée. Evidemment, les discordes du couple viennent rapidement aux oreilles des policiers et Vittorio coupable idéal est emprisonné. Une de ses patientes, Eva Maria, ne croit pas à sa culpabilité. Alors qu’elle va le voir en prison, il lui confie les cassettes sur lesquelles il a enregistré ses conversations avec ses patients. Eva Maria découvre alors un autre homme et remonte le fil de l’histoire argentine, elle qui n’a toujours pas accepté la disparition de sa fille mais n’a pas rejointe les Mères de la place de Mai. Sous l’œil protecteur d’Esteban son fils, Eva Maria mène son enquête sans envisager qu’elle peut aussi rejoindre le camp des suspects… Avec une écriture rythmée et un style vif, des personnages ambivalents, Hélène Grémillon nous offre à la fois une intrigue tendue et haletante au cœur d’un drame psychologique et familial dans l’Argentine post-dictature et une analyse fine et éprouvante de la jalousie, de l’amour, de l’enfance et du poids du passé où histoire individuelle et grande histoire se mêlent à la perfection.

« … souffrir ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. »

Ecouter la lecture de la première page de "La garçonnière"

Fiche #1380
Thème(s) : Littérature française


Thomas B. REVERDY

Les évaporés
Flammarion

21 | 305 pages | 28-10-2013 | 19€

Au Japon, les disparitions n’engendrent que le silence, la vie continue, aucune recherche n’est lancée (« Il faut que vous sachiez d’abord qu’ici, au Japon, un adulte a légalement le droit de disparaître… Dans le fond c’est une sorte de déménagement, mais sans laisser d’adresse. »). Les évaporés (ou johatsus) ne laissent pas de trace (« Qu’on ne retrouve pas les évaporés du Japon. ») et s’éloignent simplement. Richard B. un Américain poète suit pourtant Yukiko, la femme qu’il aime encore et qui avait fui des années plus tôt le Japon, afin d’enquêter et de comprendre pourquoi Kaze, son père, s’est évaporé. Cette enquête le mène à la rencontre des Yakuzas modernes et dans les quartiers pauvres de l’île, au cœur des camps de réfugiés ; après le tsunami et Fukushima (« Tout est blanc, même le bruit. »), le Japon et son économie sauront trouver et employer ces évaporés… Evidemment la fuite est au cœur de ce roman troublant et sensible : Pourquoi partir ou fuir ? Fuir, n’est-ce pas continuer de lutter pour vivre ? Peut-on imposer ce départ aux siens ? Que vont-ils ressentir ? Doivent-ils chercher les disparus ou accepter ? Peut-on oublier le passé ? Quid du contrôle de nos vies ? Notre vie est-elle vraiment notre vie ? A partir de quatre voix, de quatre itinéraires, de quatre visions, Thomas B. Reverdy nous offre un portrait instructif du Japon et de ses mystères, mais aussi un polar et un roman d’amour, et enfin un hommage à Richard Brautigan.

« La misère est une énergie renouvelable. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les évaporés"

Fiche #1373
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


Geling YAN

Fleurs de guerre
Flammarion

20 | 300 pages | 08-07-2013 | 19€

1937, Chine et Japon s’affrontent. La bataille de Nankin sera terrible et terrifiante, massacres, viols… les pires atrocités seront commises. Au cœur de la ville, dans une église, sont réfugiées des jeunes filles rapidement rejointes par un groupe de prostituées. Dans cet espace réduit, des personnes très différentes, aux préjugés marqués, cohabitent sous la pression de la guerre, l’ennemi ayant décidé d’ignorer la neutralité de ce lieu. La promiscuité exacerbe ces différences, chaque comportement, chaque sentiment ne peuvent échapper à l’autre. Les jeunes filles fascinées par ces femmes différentes ne cachent pas non plus leur mépris. Situations tragiques où chacune et chacun se révèlent : méchanceté, rivalité, jalousie, petitesse, violence mais aussi pour d’autres dévouement, solidarité, entraide, douceur, honneur et sacrifice, « Il leur faudrait du temps, il leur faudrait grandir beaucoup encore, pour comprendre vraiment ce qui s’était passé ce soir-là, comprendre ces femmes qu’elles avaient considérées comme la lie de la société. ».

« Une belle mort ne vaut pas une vie médiocre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Fleurs de guerre"

Fiche #1321
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Chantal Chen-Andro


Clément BÉNECH

L'été slovène
Flammarion

19 | 127 pages | 28-04-2013 | 14€

Deux jeunes amoureux partent pour la Slovénie pour concrétiser cet amour ou y mettre un point final ? « Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons ». Le jeune homme est le narrateur mais il donne aussi son interprétation et le lecteur profite donc d’une double vision. Il est lucide, parfois désinvolte, décrit les faits quotidiens anodins ou singuliers mais surtout la vie du couple. Leur différence point rapidement et leur périple chaotique dans ce pays mystérieux la mettra en évidence voire l’exacerbera. Un premier roman délicat et élégant non dénué d’humour sur un couple sans lendemain.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'été slovène"

Fiche #1287
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clément Bénech lus par Vaux Livres


Daniela KRIEN

Un jour nous nous raconterons tout
Flammarion

18 | 235 pages | 03-03-2013 | 19€

Maria Bergman a seize ans lorsqu’elle décide de quitter sa mère pour rejoindre son petit ami Johannes Brendel et sa famille dans une ferme de Saxe appartenant alors encore à l’Allemagne de l’Est. Elle s’insère progressivement dans cette famille qui l’accepte et elle prend sa part de la rudesse de leur quotidien et affronte avec eux les tourmentes de la vie en RDA. Son destin semble tracer entre ce quotidien et ses lectures des Frères Karamazov mais c’est sans compter la passion qu’elle va rencontrer avec Henner, le fermier solitaire du domaine voisin. Un homme solitaire, cultivé et grossier, dur et tendre, violent et doux, protecteur et menaçant. Elle devient son objet, le souhaite et le désire (« Je lui murmure à l’oreille : ‘’fais de moi ce que tu voudras’’. Et c’est qu’il fait. »), une passion violente et torride qui la plonge dans le mensonge, l’écartèle entre deux mondes alors que les craintes de la réunification commencent de poindre. Le récit à l’écriture directe et limpide suit cette passion sans retenue, sans remords ni culpabilité, mais les passions sont souvent éphémères et leurs fins violentes. Daniela Krien relie ainsi subrepticement ce destin personnel et le destin d’une nation, fin d’un amour et d’une enfance qui coïncident avec les derniers instants d’un pays qui se préparent à des retrouvailles inquiètes.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Un jour nous nous raconterons tout"

Fiche #1254
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Lortholary


Nicolas LE GOLVAN

Reste l'été
Flammarion

17 | 162 pages | 06-09-2012 | 16€

Quarante ans. Où en est-il ? L’amour peut-il durer ? Un homme en vacances avec sa femme et ses enfants dans la maison de famille, comme chaque été, au bord de la mer, s’interroge. Tout lui pèse, un sentiment de lassitude l’envahit, tout ça ne cacherait-il pas une solitude déguisée ? Une vieille déchirure en profite pour se réveiller. Il continue pourtant d’aimer sa femme, mais son amour semble parfois suivre le mouvement de la marée. Alors il décide de les laisser repartir et de prolonger son séjour sur l’île de Ré. Réfléchir, se remémorer leur histoire pour mieux l’appréhender, la jauger, en espérant la dominer, devenir enfin acteur de sa propre vie pour prolonger leur histoire. Mais pendant ce temps, a-t-il penser à ce que fera sa femme ? L’éloignement recèle intrinsèquement certains dangers, saura-t-elle patienter ? Cette pause lui sera-t-elle permise ? Une prose riche et poétique pour ce regard perçant, douloureux et cruel sur un amour que l’on souhaiterait éternel…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Reste l'été"

Fiche #1181
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nicolas Le Golvan lus par Vaux Livres


Serge JONCOUR

L'amour sans le faire
Flammarion

16 | 320 pages | 06-09-2012 | 19€

Frank a quitté la ferme familiale très jeune et n’y est revenu que très rarement. Après dix ans de silence, alors qu’il vient de se séparer de sa femme, Frank choisit de téléphoner à ses parents. Un enfant décroche, il dit se prénommer Alexandre. Etrange… Le frère cadet de Frank décédé s’appelait Alexandre. Il décide alors de revenir sur ses pas, à la rencontre de son passé. Il y retrouve ses parents vieillis, une propriété délabrée au coeur d'une nature intacte, mais une nature intacte et surtout Louise, sa belle-sœur revenue de la ville pour revoir cet enfant qu’elle a confiée à ses beaux-parents. Le refus du risque et du danger, la peur, la vie semblent rendre l’amour impossible entre ces deux là, « … tout rater pour ne rien avoir à perdre… », mais de quel amour parle-t-on ? Frank et Louise étaient destinés à se rencontrer, à se connaître, s’aimer à distance peut-être, sans douleur. Ils se découvrent tendrement, appréhendent silencieusement et avec délicatesse qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. Au cœur d’une nature vivante et éblouissante, Frank et Louise, à défaut de refaire leurs vies, sauront et choisiront peut-être de la réinventer. Serge Joncour fait preuve dans ce roman d’une extrême tendresse et décrit la nature et cette relation avec le ton juste, avec mesure et par-dessus tout avec amour et vous ne pourrez que vous laissez entraîner par ce tourbillon d'amour.

« Faire attention, ça devient vite comme un réflexe, un mode de vie. »

« …sa vie, on ne la refait pas, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'amour sans le faire"

Fiche #1180
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Les lisières
Flammarion

15 | 457 pages | 18-08-2012 | 21€

Paul Steiner aborde un tournant de son existence. Sa femme, sa seule passion, demeure dans leur maison malouine avec leurs deux enfants mais sans lui. Elle vient de le quitter, et déchiré, il ne l’accepte pas. Ses parents qui habitent toujours dans la maison de banlieue sud parisienne où il a essayé péniblement de vivre son enfance, vieillissent. Sa mère dépérit, son père égal à lui-même reste muet, distant et Paul reste interdit devant sa dérive vers « la Blonde » et le Front National. Son frère l’exhorte à venir s’en occuper quelque temps. De retour sur ces lieux qui l’ont fondé et auquel il espère toujours appartenir, il se voit confronter à cet espace périphérique qui constitue maintenant principalement la France et à ses évolutions. Nombre de ses anciens amis sont restés là mais rapidement, il se rend compte que, lui l’écrivain reconnu mais dans un certain milieu, est de fait exclus de ce monde. Il a vécu là, il s’est construit là mais il « était passé de l’autre côté ». Pourtant il n’appartient pas non plus à cet autre côté qu’il abhorre, étranger, il reste donc « condamné à errer au milieu de nulle part ». Et ces deux mondes savent lui rappeler vertement. Par la multiplicité des portraits, ce roman ample, sincère et attachant captive, aimante et bouscule parfois le lecteur : portait de la France des lisières, d’une banlieue, de l’exclusion, de mondes qui s’opposent ou s’ignorent, portrait d’un écrivain avec ses doutes, ses colères et ses convictions, portrait d’un homme sans territoire qui cherche sa place et son histoire.

« Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables. »

« On est ce qu’on peut. Mais de le savoir, rien ne nous console… »

« Je suis un être périphérique. Et j’ai le sentiment que tout vient de là. Les bordures m’ont fondé. Je ne peux jamais appartenir à quoi que ce soit. Et au monde pas plus qu’à autre chose. Je suis sur la tranche. Présent, absent. A l’intérieur, à l’extérieur. Je ne peux jamais gagner le centre. J’ignore même où il se trouve et s’il existe vraiment. La périphérie m’a fondé. Mais je ne m’y sens plus chez moi. Je ne me sens aucune appartenance nulle part. Pareil pour ma famille. Je ne me sens plus y appartenir mais elle m’a défini. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les lisières"

Fiche #1174
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Takuji ICHIKAWA

Je reviendrai avec la pluie
Flammarion

14 | 322 pages | 19-02-2012 | 19.5€

A la mort de sa femme, Takumi se retrouve seul avec son fils Yûji, petit bonhomme de six ans. Quelques temps plus tôt, elle leur a annoncé « Je ne serai bientôt plus de ce monde, mais lorsque la saison des pluies sera de retour, je reviendrai sans faute voir comment vous débrouillez, tous les deux ». Cette promesse et leur amour pour Mio malgré leur souffrance leur permettent de vivre, unis dans l’attente de son retour. Quand le moment tant souhaité est venu, le temps s’arrête pour six semaines merveilleuses comme un bonheur suspendu. Mio a perdu ses souvenirs, les redécouvrent, apprend sur eux comme sur elle-même. Ils savent qu’elle repartira mais font tout pour profiter de leurs retrouvailles. Hymne à l’amour éternel, ce joli conte philosophique, tout en délicatesse et retenue, sensible et douloureux, entre rêve et réalité ne pourra vous laisser indifférent.

« Le souffle du vent l’a finalement emportée, elle aussi. Il ne restait plus que son odeur. Cette odeur. Le message le plus intime qu’elle m’ait transmis. Le seul message au monde. »

Ecouter la lecture de la première page de "Je reviendrai avec la pluie"

Fiche #1076
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Mathilde Bouhon


Philippe POLLET-VILLARD

Mondial Nomade
Flammarion

13 | 233 pages | 27-11-2011 | 18.3€

Jean-Charles Rem est à la tête de l'entreprise qu'il a fondée il y a maintenant bien longtemps. Une idée lumineuse, une richesse immense, peu de préoccupations humanistes... Il vient de céder son empire quand la recherche d'un sens à sa vie le bouscule et l'incite à un voyage sur les traces de sa jeunesse et de son destin.

Ecouter la lecture de la première page de "Mondial Nomade"

Fiche #1049
Thème(s) : Littérature française


Daniel ARSAND

Un certain mois d'avril à Adana
Flammarion

12 | 374 pages | 28-08-2011 | 20.3€

Daniel Arsand dans ce roman a choisi d’incarner le génocide arménien, de lui donner un visage. A Adana, au sud de la Turquie, les communautés arméniennes et musulmanes vivaient côte à côte de longue date, mais évidemment sans se mélanger, en feignant de s’ignorer. L’auteur évoque les changements de comportements, les mensonges portés par une minorité qui finissent par emporter la majorité, les non ingérences et ingérences coupables des représentations étrangères, les comportements individuels et collectifs… Il revient sur la folie meurtrière collective qui emporte tout et tout le monde. Chacun réagit avec sa personnalité mais la folie est plus puissante, plus rapide, plus violente. Tout le monde est dépassé. Un roman éprouvant sur la folie humaine qui, hélas, continuera de s’exprimer en d’autres lieux, en d’autres temps…

« Des anciens marmonnent qu’il n’est pas un agneau qui ne désire être un loup. »

Fiche #1015
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Daniel Arsand lus par Vaux Livres


Fanny SAINTENOY

Juste avant
Flammarion

11 | 125 pages | 22-08-2011 | 12.2€

Fanny est dans une panade globale mais à l’annonce du décès de Granny, son arrière-grand-mère, elle part immédiatement vers Bergerac pour une dernière rencontre. Au cours de cette veillée funèbre pourtant emprunte d’une certaine gaieté, les deux femmes dans une complicité accomplie entament un dialogue, chapitre après chapitre, se remémorant cinq générations de femmes, expériences de la vie, souvent joyeuses parfois âpres et terrifiantes mais le caractère de la vieille dame adoucit constamment le propos. Un tendre hommage à cette vieille dame et à la vie, en toute simplicité.

Premier roman

« … on ne s’habitue que doucement aux gens qui prennent soin de vous, on ne pense jamais que c’est seulement leur travail. »

« J’étais de retour dans la guerre et, malheureusement, dans le domaine, l’expérience ne sert quasiment à rien, les hommes s’arrangent toujours pour être inventifs en la matière. Il est nécessaire que les gens soient encore plus terrifiés que pour la dernière. »

Fiche #1012
Thème(s) : Littérature française


Julia FRANCK

Feu de camp
Flammarion

10 | 330 pages | 01-08-2011 | 21.4€

Julia Franck revient sur le temps où l’Allemagne était divisée en deux. Exceptionnellement, après de longues enquêtes et moult humiliations, certains habitants (« traîtres ») de l’Allemagne de l’Est obtenaient le droit de rejoindre l’Ouest. Pourtant, passer la frontière ne marquait qu’une étape quasiment anodine de leur exil. En effet, la suite passait par le camp de Marienfelde à Berlin dont Julia Franck retrace le quotidien par une série de portraits émouvants. Nelly Senff dont le mari a disparu rejoint l’Ouest avec ses deux enfants pour théoriquement se remarier. Déterminée, obstinée, réfléchie, intelligente, cette femme allait se heurter à la promiscuité, aux enquêtes et interrogatoires de la CIA, aux suspicions et doutes y compris dans le camp. Les communautés issues du bloc de l’Est ne s’y mélangent pas, elles s’observent, s’épient, parfois agissent en espérant se protéger… Un roman bouleversant sur une période contemporaine de l’Allemagne maintenant réunifiée.

Sélection Prix Page des Libraires 2011

Fiche #995
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes


Andrée CHEDID

Les quatre morts de Jean de Dieu
Flammarion

9 | 178 pages | 23-08-2010 | 17.3€

Dans son dernier roman, Andrée Chedid dresse le portrait d’un enfant qui traversa le vingtième siècle avec sa droiture, ses convictions, sa fidélité. Jean partagea sa vie avec Isabelita qui après sa mort revient sur leur parcours au cours duquel Jean subit des épreuves marquées par quatre morts. Elevé dans la religion, il devint libre penseur. L’Espagne franquiste, les errements du communisme dès la seconde guerre mondiale lui infligèrent une seconde mort. « L’Alzheimer positif » continua de l’éprouver avant que la maladie « la salope » soit plus forte que lui. Andrée Chedid met sa prose poétique au service de ce portrait d’un homme exemplaire complété par moult réflexions sur la vie, la vieillesse, la mort, la famille mais aussi la politique, la poésie et sa puissance, l’art…

« Il disait qu’il fallait se méfier des mots, les approcher et surtout les caresser avec prudence, car pour lui les ``vrais mots de poésie étaient femelles. Ce sont des chattes. Si vous les fâchez, ajoutait-il, elles peuvent vous mordre ou, pire encore, vous fuir.’’ »

« Les bonnes relations de familles sont proportionnelles au carré de la distance. »

Fiche #819
Thème(s) : Littérature française


Fatou DIOME

Celles qui attendent
Flammarion

8 | 330 pages | 05-07-2010 | 21€

Fatou Diome a choisi un axe singulier pour dresser le portrait d’une Afrique contemporaine toujours aussi liée à l’Europe. Avec sa fougue, elle met en avant quatre femmes demeurées au Sénégal, quatre femmes de deux générations qui attendent, avec fatalisme ("mektoub"), leurs maris, leurs fils, les mandats, les appels téléphoniques, l’argent, les nouvelles, la prochaine femme de leurs maris ou de leurs fils, la prochaine naissance… sans jamais montrer sa peine et son chagrin. Arame et Bougna sont les mères de deux clandestins partis pour l’Europe alors que Coumba et Daba sont les épouses des deux émigrés. Une vie d’attente mais une vie cependant, même si le poids des traditions continue de les orienter, ces vies s’écoulent lentement loin des émigrés. Des vies douloureuses sans grand espoir conditionnées par l’attente que Fatou Diome décrit avec lucidité, toujours avec un style vif et maîtrisé agrémenté de nombreux proverbes et dictons qui facilitent l’immersion du lecteur dans le quotidien de ce continent attachant et envoûtant où les difficultés et douleurs des femmes demeurent permanentes et insistantes...

"Un homme, ce n'est jamais insignifiant dans une demeure"

Fiche #791
Thème(s) : Littérature étrangère


Andrew GROSS

Marée sombre
Flammarion

7 | 366 pages | 16-11-2009 | 21.4€

Charles Friedman a réussi sa vie professionnelle et personnelle à New York : il est gérant d'un fonds de placement, il est marié à une femme amoureuse et a deux enfants. Jusqu'au jour, où, exceptionnellement, il doit prendre le train pour se rendre à son travail. Un train qui n'arrivera pas à destination, les premiers wagons sont pulvérisés par une explosion. Le même jour, un homme est retrouvé mort au milieu de la chaussée. Deux évènements apparemment sans liens. Mais lorsque Karen découvre que la gestion de son mari n'était pas aussi limpide que prévu, elle se lance alors épaulée par un flic solitaire, amoureux et indépendant dans une enquête périlleuse qui les plonge au coeur des milieux financiers où l'argent sale se mêle allègrement aux placements financiers communs. Un thriller efficace et intense.

Fiche #694
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Nathalie Bru

Les titres de Andrew Gross lus par Vaux Livres


Alain MONNIER

Je vous raconterai
Flammarion

6 | 190 pages | 23-07-2009 | 17.3€

« Je vous raconterai » expose la confession sans retenue d’un « homme sans qualité », témoignage d’un homme lucide sur lui-même, sur vous, lecteur voyeur et acteur, sur le monde, au parcours si contemporain et hélas de moins en moins singulier : une perte d’emploi, un divorce, et la rue, cette rue qui devient immédiatement pesante, violente, absurde, excluant. Pourtant, au bord du suicide, cet homme devenu S.D.F. va défier la vie et son destin. Un homme mystérieux lui propose de l’aider à mourir sans souffrances : dans un lieu luxueux, devant une assistance attentive et tendue, il doit jouer à la roulette russe, un revolver, une balle, une gachette, un tir. La tension ressentie, la sensation de pouvoir et de maitrise, la proximité de la mort, l’attention du public (l’Autre), la victoire sur la vie et sur la mort, tout est fait pour qu’il poursuive le jeu, jeu qui tangue avec la folie mais ses victoires aussi inattendues que provocatrices en font le Protégé. On ne sort cependant pas indemne de cette expérience et de ces miracles, et il va devoir recouvrer son passé, pour mieux apprécier ses nouvelles passions, et achever l’élaboration de sa légende. Un texte sans concession, provoquant ou attendrissant, déstabilisant ou tout en retenue, il interpelle, prend à témoin le lecteur et l'aspire littéralement, entre témoin et acteur, dans une spirale infernale.

Sélection Prix Page des Libraires 2009

Fiche #611
Thème(s) : Littérature française


Stéphane GUIBOURGÉ

La première nuit de tranquillité
Flammarion

5 | 381 pages | 01-09-2008 | 19.3€

Roman à plusieurs voix, à plusieurs histoires, qui explorent mélancoliquement le mystère de la vie et les lendemains d’un abandon. Vincent et Anne se rencontrent et se découvrent lentement, progressivement, au rythme de l’infusion d’un thé... Vincent est en perdition, il vit reclus après la faillite de son entreprise d’exportation de thé. Anne est une femme très vivante, attachée à sa liberté mais insatisfaite. Elle court de travail en travail, d’un homme à l’autre, sans jamais s’attacher. Et puis, ils vont se reconnaître, il va l’initier aux mystères du thé (« Le thé nous guide vers le cœur de la vie : la compassion, la frugalité, la modestie… ») et de la culture indienne, se confier, raconter son enfance et son itinéraire en oubliant le temps (« L’avenir ignore notre existence. Quant au passé… Vincent transformait chaque instant présent en souvenir. Il mélangeait les temps. Il vivait écartelé entre toutes les époques de son existence. ») ; elle va le ramener à la vie en acceptant son passé mais suivre elle aussi le même cheminement. En parallèle, sous forme épistolaire, Stéphane Guibourgé, le narrateur, conte, entre adoption et abandon, son histoire (il a appris brutalement à neuf ans qu’il était un enfant adopté), la quête de sa mère, sa souffrance et ses interrogations. Deux histoires entre fiction et réalité qui finalement n’en font qu’une et qui bouleverseront à coups sûr le lecteur.

« Les hommes reviennent sur leurs pas, non par nostalgie, mais parce qu’ils ne savent plus où aller »

« Lui aussi se souvient. Ce qu’il a perdu en route. Ce que le fric et la réussite ne pourront jamais acheter. Ou plutôt, ce qu’ils ne parviendront pas à éteindre tout à fait, à ensevelir, à apaiser même. L’allégresse d’être vivant. »

Fiche #455
Thème(s) : Littérature française


Kressmann TAYLOR

Jours d'orage
Flammarion

4 | 227 pages | 16-06-2008 | 20.2€

Amanda, jeune veuve américaine, revient sur les traces de sa jeunesse en Italie qu’elle souhaite faire découvrir à sa fille Lisa. Lors d’une excursion au hasard des routes italiennes, elles se retrouvent totalement isolées, coupées du monde, après un violent orage ayant provoqué un éboulement. Elles y font la connaissance du marquis Eduardo Carleone, ingénieur à la retraite et sculpteur amateur alors que le village est remué par le passé. En effet, un groupe de touristes allemands s’est installé dans le village et le terrible passé rejaillit. Quinze ans auparavant, les bataillons nazis occupèrent le village et leur barbarie ne peut être oubliée par les villageois. Leur haine est extrême envers l’ex- capitaine Herr Grussmann et certains décident de faire justice eux-mêmes. Tensions, émotions, amours, vengeance et pardon, tout y est !

Fiche #405
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Samuel Sfez


Andrew GROSS

Blue zone
Flammarion

3 | 334 pages | 29-03-2008 | 20.2€

La famille Raab coule des jours heureux à New York. Le père, Benjamin, revendeur d’or, assure un train de vie aisée à sa femme et ses trois enfants. Kate, plus âgée que ses frère et sœur, est chercheur dans un laboratoire. Jusqu’au jour où le FBI débarque dans le bureau du père avec un mandat d’arrêt. Il aurait participer au blanchiment d’argent au profit de trafiquants colombiens. Presqu’instantanément l’édifice Raab s’écroule. Le père doit témoigner avant d’être condamné. La famille est contrainte de prendre part à un programme de protection du FBI et doit déménager et changer d’identité. Sauf Kate qui refuse et ainsi se sépare définitivement de ses proches. Mais les règles d’honneur du cartel colombien ne permettent pas de se perdre dans la nature si simplement. Ces tueurs sans pitié sont sur les traces du père, de la famille et de leurs proches. Qui tirent les fils de cette traque ? Pourquoi Benjamin après avoir témoigné et purgé sa peine disparaît-il ? Il vous faudra attendre les dernières pages pour démêler les rôles et responsabilités de chacun et ce qui est sûr, c’est que vous y arriverez très vite tant l’intrigue, le suspens et la tension habitent chacune des pages. Un thriller palpitant, très cinématographique, au rythme échevelé que vous dévorerez aux côtés de Kate qui lutte pour sauver sa peau à chaque instant.

« Blue zone : Expression employée par les agents du programme de protection des témoins quand le sujet protégé a disparu. Quand personne ne sait s’il est mort ou vivant. »

« La zone bleue, répéta le directeur adjoint en le foudroyant du regard. C’est quoi ça ? Du jargon Witsec pour dire "j’en sais foutre rien" ? »

Fiche #376
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Alexandre Boldrini

Les titres de Andrew Gross lus par Vaux Livres


Serge JONCOUR

Combien de fois je t'aime
Flammarion

2 | 212 pages | 16-02-2008 | 18.9€

Serge Joncour vous propose dix-sept rencontres, entre amour et solitude, dix-sept personnages qui n'en finissent pas d'aimer. Dix-sept instantanés parfaitement ancrés dans la réalité et la modernité et vous avez déjà certainement rencontré l’un des personnages de S. Joncour !

Fiche #360
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Ma JIAN

Nouilles chinoises
Flammarion

1 | 237 pages | 04-10-2006 | 19.3€

Ce livre nous transporte en Chine pour suivre la discussion entre un écrivain et un donneur de sang professionnels qui ont connu tous deux les camps de rééducation. L'écrivain qui rêve d'entrer dans le Grand Dictionnaire des Auteurs Chinois a été chargé par le Parti de raconter l'histoire d'un soldat ordinaire. Il nous emmène pourtant à la rencontre des personnes vivant dans son entourage images de la Chine des petites gens. Sept personnages, plus ou moins liés entre eux ayant un lien avec le narrateur ou avec le donneur de sang participent à sept histoires dérangeantes, déroutantes parfois, souvent à la frontière de l'absurde qui nous exposent la survie de ce peuple dans une société oscillant entre communisme et capitalisme. La gent humaine ne ressort pas grandie de ce livre...

Fiche #156
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Constance de Saint-Mont





- Zeniter - Adam - Fiabane - Pattieu - Reverdy - Lindenberg - Bénech - Ovaldé - Guénard - Giraud - Adam - Jestin - Cordonnier - Stanculescu - Reverdy - Pavlenko - Adam - Pavlenko - Joncour - Iturbe - Cordonnier - Lacasse - Laurain - Debré - Jestin - Giraud - Adam - Le Golvan - Gillot - Seksik - Mégevand - Joly - Ovaldé - Joncour - Reverdy - Trueba - Kramer - Ledun - Zeniter - Seigle - Giraud - Pons - Ben Kemoun - Bendel - Reysset - Ovaldé - Reza - Joncour - Adam - Reverdy - Côte - Hénin - Clement - Tran Huy - Adam - Benaroya - Bouraoui - Tabachnik - Grémillon - Reverdy - Yan - Bénech - Krien - Le Golvan - Joncour - Adam - Ichikawa - Pollet-Villard - Arsand - Saintenoy - Franck - Chedid - Diome - Gross - Monnier - Guibourgé - Taylor - Gross - Joncour - Jian