« Mais le monde ne tient pas en carte. »
Simon Parcot
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Auguste C. c’est Auguste Comte. Brillant philosophe, il fut le père d’un courant philosophique majeur du XIX ème, le positivisme. « La mijaurée d’Auguste C. » nous parle de l’homme, de l’homme amoureux, de son intimité. L’homme sera-t-il à la hauteur du philosophe, rien n’est moins sûr… L’amour traverse ce récit, Auguste est mariée à Caroline Massin et aime éperdument Clotilde de Vaux, deux femmes, deux amours qui le rendront certain « … que l’amour est la raison suffisante du monde… » et dévoileront aussi le petit homme qui se cache derrière le philosophe, le concret met parfois à mal les belles théories. Son amour est entravé par le fait que Clotilde est mariée et malade. Il décrit l’une à l’autre, partage son amour, ses souffrances. Dans un moment lumineux et singulier, les deux rivales se rencontreront, se découvriront, bien loin de l’idée qu’elles s’étaient faites l’une de l’autre à partir des dires d’Auguste. Un instant où elles sauront qu’elles auraient pu être amies, sœurs, dans un autre cadre mais le petit Auguste C. demeure un obstacle alors que le grand Auguste C. et ses concepts théoriques découvre la puissance des femmes et leur impact.
Ecouter la lecture de la première page de "La mijaurée d'Auguste C."Fiche #3195
Thème(s) : Littérature française
Eva-Jeanne Szlomowicz est née à Lublin le 12 mars 1922 et suivit sa famille dans son exil français. Elle vécut une première mort à vingt ans, mais « mourir à vingt ans n’empêche pas la survie. » : Eva disparut pour laisser place à Jeanne et passa sa vie à survivre. Puis le jour où un Américain posait son pied sur la lune, une deuxième mort la consuma, l’enfant prit la décision de les quitter, l’enfant qui lui avait toujours dénié le titre de mère (« Tu n’es pas une mère comme il faut… Une mère doit juste être assez, partager la vie et passer le relais. »). L’enfant devant son refus de répondre à ses interrogations sur son histoire, leur histoire, n’avait pu grandir, se construire. Déportée à Ravensbrück en 1944, Jeanne à son retour choisit le silence (« Elle avait tout de suite su, quand elle était revenue, qu’il y aurait deux catégories de rescapés : ceux qui parleraient et ceux qui se tairaient. »), impossible de décrire l’horreur absolue, avait ignoré sa fille « préférant » son entreprise de parfums. Maintenant que Myriam n’est plus là physiquement, les souvenirs peuvent enfin percer, les fantômes reviennent et Jeanne peut mettre des mots sur son histoire, sur l’Histoire, et les tragédies multiples qui les accompagnent et qu’elle subit : un long dialogue avec la morte, car « ceux qui sont morts ne sont jamais partis… » Une confidence douloureuse d’une femme qui survécut seule et qui ne pouvait que marquer la fin d’une trajectoire cristallisée. Une écriture ciselée et épurée associée à une construction singulière et maîtrisée.
« L’absence est la plus assourdissante des présences… »
« Le passé devient fable quand il est récité, elle le sait, et se fier à sa mémoire est frôler l’imposture souvent. »
Fiche #2154
Thème(s) : Littérature française
La jument de Socrate
Les Editions du Sonneur
2 | 120 pages | 07-06-2017 | 15.5€
Socrate fut mariée à Xanthippe, une femme beaucoup plus jeune que lui que l’histoire a oubliée. Pourtant, alors que Socrate est condamné à boire la ciguë, c’est elle qui parcourt, comme une jument folle, Athènes, la ville à qui Socrate a tout donné, pour tenter d’obtenir une révision de son procès. Le lecteur accompagne Xanthippe dans une visite guidée de la ville, de sa justice, de son monde intellectuel, du déroulement du procès. Elle aimerait tant le sauver (« Le jour où on écoutera une femme n’est pas venu encore. »), lui, qui lui a accordé une vraie place dans leur intimité (« Grâce à lui, elle était épouse et mère, mais aussi quelque chose de plus, elle ne saurait dire quoi, ni comment cela s’était fait. ») en permettant une relation équilibrée. Elle espère plus que tout continuer de l’écouter, encore et encore. Le portrait érudit d’une femme amoureuse, en colère, pleine de fougue, déterminée à livrer combat, une femme libre déjà si moderne.
« Pourquoi se mettre en peine du vulgaire et de son opinion ? »
« La beauté est-elle dans la chose regardée ou dans l’œil qui regarde ? »
« Une liberté dont on ne fait rien, est-ce encore liberté ? »
Fiche #1962
Thème(s) : Littérature française
Julienne est née le 31 décembre 1925. A 85 ans (« J’en suis à l’âge du singe, je l’ai même dépassé »), elle nous conte son histoire depuis un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Elle y est rentrée encore active et forte mais « Une page était tournée, j’avais franchi un point de non-retour, je le savais. Ma vie vivante était passée, des jours à ne plus savoir les compter, tels nuages en ciel, comme a écrit je ne sais plus qui. ». Elle montre alors comment en vieillissant, elle disparaît progressivement aux yeux des autres. Le vieillissement est détaillé, mais la Julienne reste vive, les retours sur son passé, sur une lignée de femmes souvent quittées par les hommes, les jours qui passent, ses préoccupations passées ou présentes, tout respire la vie, elle a vécu debout et continue de le rester. Tous les sentiments continuent de l’animer, la colère, la révolte ne l’ont pas abandonnée malgré « le glissement » inéluctable. Le ton est alerte, le portrait attachant et le récit rythmé se lit d’une traite !
« Si je reviens avec entêtement aux eaux glauques de mon passé, c’est avec l’espoir de m’y noyer. »
Premier roman
Fiche #1058
Thème(s) : Littérature française