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Au nord de la Hongrie, à la frontière slovaque, un hôpital est installé. Il accueille dès leur naissance des enfants abandonnés par leurs parents terrifiés : ces enfants aux corps déformés sont les victimes après coup de Tchernobyl. Klara, la jeune femme narratrice, nous raconte sa vie après son engagement dans cet hôpital comme soignante afin d’obtenir un salaire et éviter d’attendre que le temps passe (« je n’ai jamais rien vu de plus repoussant. Je n’ai jamais rien senti d’aussi attirant »). Elle montre comment progressivement elle s’habitue à ces enfants et à leurs malformations, leur apporte réconfort et trouve en eux des qualités qu’elle n’a pas vues ailleurs. Elle devient pas à pas une autre à leur contact. (« Je découvrais des émotions… Je me demandais jusqu’où pouvait aller le reniement de ce que l’on a appris. A quel moment, mes parents, en comparaison avec les malades me sembleraient difformes »). L’hôpital devient sa maison. Ces enfants peuvent rire, penser, ils veulent être dignes et elle les défend, les protège, les aime. Leurs vies s’imbriquent dans celles des soignants : « Ensemble. Dans cet enfer. Ensemble. En enfer. C’est doux ». Deux béquilles aident Klara dans son quotidien : son amour de la poésie (« il a écrit des livres pour que des gens comme moi ne sombrent pas ») et son admiration pour les chiens (« le chien l’emporte sur l’humain »). Un livre douloureux sur ces enfants mais aussi sur Klara, inattendue, qui n’aura jamais été indispensable à ses parents. Un texte composé de phrases courtes, voire d’enchainements de mots, d’un style ciselé qui renforce sa dureté et sa douleur. Premier roman de E.K. Mindszenti à découvrir.
Thème(s) : Littérature étrangère
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