« Non, le chaos n'est pas immonde. Le chaos est incontrôlable et c'est ce qui le rend effrayant et magnifique. »
Lenka Hornakova-Civade

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Marie-Hélène Lafon

Marie-Hélène LAFON

Les sources
Buchet-Chastel

6 | 120 pages | 23-01-2023 | 16.5€

« Elle préfère le mot source au mot racine. » Le récit prend sa source un jour de 1967 puis coule jusqu’à nos jours, la vie, tumultueuse, calme, violente s’écoulant dans la vallée de la Santoire, loin de Paris, à proximité d’Aurillac, une ferme isolée au cœur du Cantal. La narratrice de la première partie relate son mariage (1959), « … elle est entrée, en se mariant avec lui, dans une sorte d’hiver qui ne finira pas. », son enfermement dans cette ferme, la naissance très rapide de ses trois enfants, deux filles et un garçon, la violence de son mari et le temps nécessaire pour trouver les mots. Avec pudeur, elle raconte, décrit, explique, peurs, humiliations, coups, le silence, les apparences à sauver, la honte et au milieu, quelques brefs instants de répit. Puis c’est son ancien époux qui prend la parole. Sept ans après le divorce, il ne comprend toujours pas pourquoi elle est partie, sa chose, cette incapable responsable de ce désastre. Enfin, en 2021, l’une des filles clôture au moment de la vente de la ferme le récit familial en revenant à la source de son histoire, et en laissant refluer les souvenirs. Trois actes pour une vie, 120 pages pour une saga familiale, et les mots de Marie-Hélène Lafon et son style limpide comme une eau de source pour décrire la violence conjugale et le chemin douloureux d’une femme pour s’en libérer.

« Pour se calmer et tenir, il faut faire. »

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Fiche #2969
Thème(s) : Littérature française


Marie-Hélène LAFON

Histoire du fils
Buchet-Chastel

5 | 172 pages | 08-08-2020 | 15€

Un siècle de l’histoire de trois générations d’une famille entre Figeac, Aurillac, leurs beaux paysages oubliés, et Paris et notamment l’histoire d’un fils de père inconnu, « A père inconnu, fils inconnu. ». Gabrielle accouche à 37 ans et confie son fils, André, à sa sœur Hélène. Le petit André se retrouve à Figeac avec Hélène et Léon et leurs trois filles, Gabrielle repartant travailler à Paris ne retrouvant André que chaque été. André adopte immédiatement sa nouvelle famille, Léon l’adore et c’est réciproque, « Léon parle comme ça, il a ses mots à lui qu’André aime bien ; ce sont des mots qui arrangent les choses, font rire, ou sourire, et consolent le monde. Il préfèrerait qu’Hélène et Léon soient ses vrais parents, et les cousines ses vraies sœurs. Il préfèrerait mais il a toujours su la vérité. » : il reste néanmoins un vide, ce père inconnu qui ne connaît pas l’existence d’André. Cent ans de vie modeste, de silence, « Soupire rime avec sourire... », d’histoire de vies, de vraies vies, histoire de familles, donc avec son lot de soucis et de tensions mais que l’écriture et le style de Marie-Hélène Lafon apaise et contrebalance avec une certaine sérénité. Comme d’habitude, le seul reproche à faire à Marie-Hélène Lafon est de contraindre le lecteur à sortir trop rapidement du tendre et doux cocon dans lequel elle l’installe si efficacement.

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Fiche #2571
Thème(s) : Littérature française


Marie-Hélène LAFON

Nos vies
Buchet-Chastel

4 | 185 pages | 08-08-2017 | 15€

C’est assez rare pour le souligner, Marie-Hélène Lafon cette fois reste en ville et délaisse la campagne. Néanmoins, le lecteur n’est pas perdu, car dès les premières phrases, il retrouve les mots, le style, les descriptions pointilleuses de Marie-Hélène Lafon, seul, peut-être, le rythme change pour nous parler des urbains, de leurs vies et surtout de leur solitude. Naturellement, les personnages font partie des modestes, des anonymes, et Marie Hélène excelle pour trouver le mot idoine pour décrire, faire ressentir leurs pensées, leurs sentiments, leurs façons de voir, d’exister, de rêver, elle sait trouver le mot juste, le qualificatif adéquat pour chaque personnage qui devient un intime du lecteur page après page. Le Franprix de la rue du Rendez-Vous à Paris est le lieu central où se croisent Gordana, la caissière, un homme qui vient chaque vendredi matin la rencontrer et une femme qui observe, imagine et en racontant les autres se dévoile aussi discrètement et modestement. Chacun vit sa solitude, rêve sa vie, et continue d’espérer pouvoir inventer son existence, « on peut s’attendre longtemps comme ça, on peut rester des années à se contempler, et vivre chacun de son côté. ».

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Fiche #2003
Thème(s) : Littérature française


Marie-Hélène LAFON

Joseph
Buchet-Chastel

3 | 140 pages | 17-08-2014 | 13€

Joseph est emblématique d’un monde qui s’éteint, d’un monde où l’homme avait sa place. Ouvrier agricole, il est engagé dans une ferme par un patron, il y dort, il y mange, il y travaille. L’homme est discret, effacé mais efficace au travail, sans problème, n’a besoin de rien, de demande rien. Il revient sur cette période de mutation du monde agricole et rural au cœur du Cantal. Son métier, les fermes telles qu’il les a toujours connues, sa famille, tout s’éclipse progressivement. Pourtant, Joseph n’est pas triste. En silence, il continue son chemin gardant pour lui ses pensées sur ce monde et ses acteurs. Marie-Hélène Lafon, la puissance de ses descriptions et sa prose délicate nous offrent à nouveau un superbe portrait d’un homme de la terre empreint de tendresse et de douceur.

« Les soirs avant de monter, Joseph dit bonsoir, sans regarder, on l’entend à peine mais on sait qu’il l’a dit. »

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Fiche #1499
Thème(s) : Littérature française


Marie-Hélène LAFON

Les pays
Buchet-Chastel

2 | 205 pages | 09-09-2012 | 15€

Claire a quitté "le pays" pour en rejoindre un autre. Cette fille ne pouvait reprendre la ferme familiale, alors elle quitta le Cantal pour Paris et des études littéraires à la Sorbonne. Elle se consacre totalement à ses études, le choc est brutal, elle rattrape les retards. Elle connaît la campagne, elle apprend la ville et découvre la vie parisienne. Mais son premier pays reste ancré en elle, les odeurs, la nature, les lumières... Puis les pays se multiplient : l’écriture, la littérature, la langue, la transmission. Pourtant elle réussit à estomper leurs frontières et passer allègrement de l’un à l’autre avec toujours, cette toile de fond campagnarde. Avec ce texte littéraire servi par une écriture travaillée, Marie-Hélène Lafon interroge la force de l’enfance et de ses souvenirs sans omettre de nous faire partager ses émotions devant un monde qu’elle a quitté mais jamais oublié.

« Longtemps Claire avait tu ses enfances, non qu’elle en fût ni honteuse ni orgueilleuse, mais c’était un pays tellement autre et comme échappé du monde qu’elle n’eût pas su le convoquer à coups de mots autour d’une table avec ses amis de Paris. Elle avait laissé les choses parler pour elle, un morceau de frêne à l ‘écorce grenue, ou une ardoise festonnée de lichens roux qu’elle avait conservée au moment de la réfection du toit de la grange, dix ans après son départ. »

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Fiche #1184
Thème(s) : Littérature française


Marie-Hélène LAFON

L'annonce
Buchet-Chastel

1 | 196 pages | 16-07-2009 | 15€

Paul vit dans une ferme à Fridières, dans le Cantal. Pourtant entouré de sa sœur et de ses deux oncles, il est seul et ne veut pas disparaître seul. Aussi, il passe une annonce dans le Chasseur français pour rechercher une compagne. A l’autre bout de la France, dans le Nord, Annette, 37 ans, vit avec son fils et peine à quitter un mari alcoolique et violent. Mais elle va franchir le pas, pour elle, pour son fils, pour la vie. Les deux meurtris vont d’abord converser au téléphone, puis se rencontrer et enfin franchir le pas dans la douceur et la lucidité, ils se connaissent, connaissent leur passé et leur âge, savent que la folie de la passion ne les animent pas, mais ils sont décidés, obstinés, ils feront un bout de chemin ensemble (« Ni Annette ni Paul n’iraient extirper ce qui restait, s’incrustait, dessous. On ne gratterait pas les vieilles plaies de solitude et de peur, on n’était pas armé pour ça, pas équipé ; on s’arrangerait autrement. »). Pourtant Annette ne trouvera pas une terre d’accueil ouverte et attentive. Chacun a sa place dans le domaine, et elle et Eric viennent quelque peu bousculer des habitudes bien établies. Heureusement, Paul, même si l’on peut le classer parmi les taiseux (ses mains parlent plus que lui), avec obstination et tendresse, saura épauler Annette afin qu’elle trouve sa place et revienne à la vie.

Sélection Prix Page des Libraires 2009

Fiche #607
Thème(s) : Littérature française