« Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde. Dans la hantise des vivres et du couvert. Toutes ! A devoir, en plus, vous protéger, vous rassurer, vous soigner, vous ménager ! »
Dominique Celis
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Benjamin devenu tardivement danseur dans sa solitude genevoise se retourne vers son passé, retrouve la lignée de pères qui l’ont fait naître et à l’origine de ce qu’il est quoiqu’ils en pensent. Benjamin vit en effet en Suisse, loin de ses origines camerounaises et de l’homophobie de sa famille et des autres. Son père aimait danser le funky-makossa, Benjamin la danse classique. Tout est dit. Max Lobe mêle à nouveau l’histoire intime, le lien aux ancêtres, l’histoire politique et les résistances multiples, résistance face à « la chose blanche », résistance face aux hommes politiques africains, résistance face à l’homophobie, les rapports intrafamiliaux. Comme un griot africain, Max Lobe enchaine les mots, les phrases qui se disent, se scandent, mélange de français, anglais, camerounais, jouant sur les sonorités. La danse sauve, la littérature et l’écriture aussi. Quand politique et poésie se marient avec bonheur !
Ecouter la lecture de la première page de "La danse des pères"Fiche #3318
Thème(s) : Littérature étrangère
Loin de Douala relate le voyage de deux jeunes Camerounais de Douala vers Yaoundé et le nord du Cameroun. En effet, après la mort du père de famille, les tensions devinrent insupportables pour Roger, l’un des fils, celui qui venait d’obtenir difficilement son brevet et n’avait qu’un seul Dieu, Roger Milla, le footballeur camerounais mythique. Alors, discrètement, il s’est éclipsé et a décidé de faire boza, c’est-à-dire rejoindre clandestinement l’Europe et ses beaux terrains de football. Le petit Jean et son ami-frère Simon (qui ne le laisse pas indifférent) ne peuvent l’accepter et partent vers le nord où Boko Haram sévit pour tenter le retrouver. Un voyage remuant, dangereux, initiatique, débordant de vie, de frasques, éclairant sur le quotidien du peuple camerounais. Du rythme, du souffle, de l’humour, un style singulier et attachant tant les images et le vocabulaire sont frappants, vous apprendrez peut-être ce qu’est un tourne-dos voire un plantain… Max Lobe nous plonge avec bonheur dans un quotidien où l’humour réussit semble-t-il à étouffer littéralement le danger et la misère.
Ecouter la lecture de la première page de "Loin de Douala"Fiche #2109
Thème(s) : Littérature étrangère
Max Lobe est enfin de retour au pays avec « la joie, mais aussi la peur de rentrer à la maison. » Il a en effet passé ses dix-huit premières années au Cameroun où il est né puis s’est installé en Suisse. Alors qui de mieux que Mâ Maliga du haut de ses quatre-vingts ans pour lui conter l’histoire de son pays, elle l’a vécue, elle a vu les Allemands, les Anglais, les Français s’installer, profiter, s’enrichir puis partir. Elle a observé le mouvement pour l’indépendance triompher alors que son père le redoutait et sa mère l’attendait. Et Mâ Maliga raconte tout ça avec sa verve – « Je vais te raconter la vraie vérité sur tout ce que je connais de cette histoire-là. », sa vivacité, sa franchise, et l’alcool délie les langues, Mâ Maliga aime en effet partager le matango (vin de palme) avec Max ! Le récit alterne le discours de Mâ Maliga et la vision du Cameroun, de sa famille, de son histoire personnelle par Max. Cela entraîne évidemment un rappel du déroulement de la colonisation et de ses conséquences, de ses principaux acteurs notamment Pierre Messmer pour la France et Ruben Um Nyobè pour le Cameroun mais aussi un questionnement sur l’histoire intime et les racines d’un exilé installé de longue date dans un pays européen. Telle une discussion (non dénuée d’humour) sous l’arbre à palabre, Max Lobe entraîne dans sa quête d’identité le lecteur qui a parfois l’impression de toucher et d’entendre la voix chantante de Mâ Maliga, un personnage et une langue que l’on n’oublie pas !
Ecouter la lecture de la première page de "Confidences"Fiche #1914
Thème(s) : Littérature étrangère