« Ce qui est important, ce n’est pas qui je suis mais ce que je suis. »
José Saramago
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On le sait maintenant et « Un monde à portée de mains » le confirme à nouveau, Maylis de Kerangal excelle pour immerger le lecteur dans un monde inconnu, singulier. Elle nous permet cette fois avec Paula, Jonas et Kate de découvrir un pan du monde artistique : ils ont appris dans une école bruxelloise l’art de la recopie, du trompe l’œil, l’art de l’illusion. Ils savent reproduire les mêmes gestes que des artistes ont effectués des années, voire des siècles plus tôt. Ils assurent ainsi un lien marqué entre les hommes d’hier et d’aujourd’hui, malaxent le temps, contredisent l’oubli et l’effacement mais aussi interrogent l’évolution et l’état de l’humanité. Ils savent créer et assembler les couleurs, choisir les matières naturelles, les observer, sorte de faussaires officiels, leur art est reconnu. Maylis de Kerangal est précise (comme son écriture), elle maîtrise parfaitement son sujet et enrichit naturellement la découverte de ce monde par ses personnages, une histoire humaine avec de la passion amoureuse mais aussi une passion absolue pour leur métier qui les place à part, des espoirs et des doutes, des rêves. Toujours aussi passionnant !
« Je croyais que tu voulais être peintre. Paula sursaute : je veux peindre, c’est tout. »
« … peindre vraiment, aimer vraiment, s’aimer vraiment, c’était la même chose. »
Fiche #2230
Thème(s) : Littérature française
Le Transsibérien accueille en sus des voyageurs classiques les appelés qui rejoignent leur garnison sans trop en connaître le lieu exact. Aliocha est de ceux là car il n’a pu éviter l’incorporation tant redoutée. Une fois dans le train, il décide de déserter et de descendre avant la destination finale. Sur un regard, par solidarité, Hélène, une Française l’accueille dans son compartiment, le protège et le cache. Comme lui, elle est en fuite, elle a quitté son amant russe et part à la rencontre du Pacifique à l’autre extrémité du pays. Tout les oppose dans cette promiscuité soudaine, il ne parle pas Français ni elle Russe, des regards, des gestes, sont les seuls partages possibles, une relation singulière se noue au cœur de la traque du déserteur, un îlot de calme au milieu d’une violence à peine contenue. Ce récit est aussi le roman des oppositions, par les personnages que tout sépare au milieu de passagers eux-mêmes hétérogènes, il dure le temps d’un trajet et pourtant le temps s’estompe tandis que les fuseaux horaires défilent, il se déroule dans un compartiment alors qu’il traverse l’immensité de la Russie, le roman est court alors que le voyage est long et le suspense grandissant. Maylis de Kerangal démontre encore sa grande maîtrise de l’art de la description, le récit est dense et nous offre un texte haletant et contrasté de deux personnages aux logiques différentes qui se rapprocheront de manière singulière le temps d’un long voyage dans le mythique Transsibérien.
Ecouter la lecture de la première page de "Tangente vers l'est"Fiche #1120
Thème(s) : Littérature française