« De nos jours, tout était lesté de sens, et il s’agissait de s’affranchir de cette pesanteur. »
Wolfang Hermann

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Verticales

Elitza GUEORGUIEVA

Odyssée des filles de l'est
Verticales

15 | 165 pages | 04-01-2024 | 17€

en stock

« Odyssée des filles de l’est » retrace le parcours emblématique au début des années 2000 de deux jeunes Bulgares à Lyon. Deux exilées, deux "installations" en France, l’une sera étudiante en cinéma, l’autre travailleuse du sexe. Elles arrivent avec leur image de la France, la France les attend avec son image des filles de l’est, il est donc aussi question de préjugés. Les deux vont suivre les méandres d’un parcours chaotique pour leur émancipation, pour conquérir leur liberté et couper quelques chaînes qui les entravent. Ce pourrait être sombre, lugubre, désespéré mais le récit est tout autre même si le second plan reste éprouvant ; l’auteure respecte avec talent le choix de l’une de ses héroïnes : « … comme seul moyen de défense son ironie et ses expressions fleuries. ». Le ton est en effet vif, enlevé, l’humour omniprésent fleuri d’une ironie malicieuse. Elitza Gueorguieva réussit donc à créer pour ces femmes, « Un espace où vos regards auraient le droit d’exister. », avec un ton léger presque badin pour aborder une thématique douloureuse qui continue de travailler nos sociétés.

Ecouter la lecture de la première page de "Odyssée des filles de l'est"

Fiche #3124
Thème(s) : Littérature française


Gabriela TRUJILLO

L'invention de louvette
Verticales

14 | 253 pages | 23-09-2021 | 19€

L. est une jeune femme qui va subir une opération suite à une lésion oculaire. Alors L. pour ne rien perdre des images passées, ne rien déformer, oublier, se retourne sur son passé, se souvient de Louvette et de ses dix-sept premières années, née dans un pays d’Amérique centrale un jour de tremblement de terre où la violence de la terre est comparable à celle des hommes. Elle est arrivée dans une famille après des jumeaux parfaits alors elle, qui trouve ses pieds tordus, souffre de scoliose, reste immédiatement sur le côté, délaissée par ses parents, elle trouve refuge auprès des animaux, d’Itzel sa nounou, de Santiago le pêcheur et des mots et de la lecture. Elle chérit sa liberté et devient une gentille louve sauvage aux côtés de sa chienne Calli, toujours souriante, ailleurs, décalée, mais avec une envie de vivre toujours intacte malgré les évènements d’une vie qui commence. Un récit initiatique portrait d’une jeune femme libre, passionnée, insaisissable et toujours attachante.

Premier roman

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Fiche #2765
Thème(s) : Littérature française


François BÉGAUDEAU

En guerre
Verticales

13 | 297 pages | 02-11-2018 | 20€

Dans une même rue, dans un même village, dans une même ville, certains pourtant voisins se croisent mais ne se voient pas. Ils appartiennent à des mondes différents. Un mur opaque les sépare et lorsqu’un évènement fortuit laisse apparaître une lucarne sur l’autre monde, cela ne dure qu’un bref instant et elle se referme rapidement, chacun rejoignant son camp. Et naturellement, l’un des côtés permet tout et l’autre seulement peur, survie et douleur, chacun naît d’un côté et y demeure. Les deux mondes ne se comprennent plus, ne peuvent plus appréhender les sentiments de l’autre, la scissure est franche, les chemins sont parallèles et ne peuvent donc plus se croiser. Malgré ce constat et ce pré requis, François Bégaudeau ose envisager qu’une rencontre amoureuse pulvérise ce mur, esthétique gageure avant que tout ne rentre dans l’ordre !

« … la saleté d’un riche est un style, celle d’un pauvre un stigmate. »

« Pour survivre il faut manger, pour manger il faut de l’argent, pour l’argent il faut du travail et il n’y en a pas. Le piège se referme. Un collet sur une cheville. »

« Que ces gens aient pu supporter l’insupportable est la marque, selon Sophie, de l’exceptionnelle adaptabilité de l’espèce humaine. Ou de son accablante docilité, ajoutera la petite voix critique en elle… La girafe parachutée au pôle Nord ne veut pas de cette vie, cette vie ne sied pas à son organisme, et alors elle a la dignité de ne pas s’adapter, elle meurt la tête haute, elle meurt en girafe. L’homme lui s’adapte à tous les milieux. A tout il se fait, à tout se conforme… il se conforme, avec le temps, ça finit par bien lui aller. »

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Fiche #2234
Thème(s) : Littérature française

Les titres de François Bégaudeau lus par Vaux Livres


Maylis DE KERANGAL

Un monde à portée de main
Verticales

12 | 285 pages | 21-10-2018 | 22€

On le sait maintenant et « Un monde à portée de mains » le confirme à nouveau, Maylis de Kerangal excelle pour immerger le lecteur dans un monde inconnu, singulier. Elle nous permet cette fois avec Paula, Jonas et Kate de découvrir un pan du monde artistique : ils ont appris dans une école bruxelloise l’art de la recopie, du trompe l’œil, l’art de l’illusion. Ils savent reproduire les mêmes gestes que des artistes ont effectués des années, voire des siècles plus tôt. Ils assurent ainsi un lien marqué entre les hommes d’hier et d’aujourd’hui, malaxent le temps, contredisent l’oubli et l’effacement mais aussi interrogent l’évolution et l’état de l’humanité. Ils savent créer et assembler les couleurs, choisir les matières naturelles, les observer, sorte de faussaires officiels, leur art est reconnu. Maylis de Kerangal est précise (comme son écriture), elle maîtrise parfaitement son sujet et enrichit naturellement la découverte de ce monde par ses personnages, une histoire humaine avec de la passion amoureuse mais aussi une passion absolue pour leur métier qui les place à part, des espoirs et des doutes, des rêves. Toujours aussi passionnant !

« Je croyais que tu voulais être peintre. Paula sursaute : je veux peindre, c’est tout. »

« … peindre vraiment, aimer vraiment, s’aimer vraiment, c’était la même chose. »

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Fiche #2230
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Maylis De Kerangal lus par Vaux Livres


Maylis DE KERANGAL

Tangente vers l'est
Verticales

11 | 130 pages | 30-04-2012 | 12€

en stock

Le Transsibérien accueille en sus des voyageurs classiques les appelés qui rejoignent leur garnison sans trop en connaître le lieu exact. Aliocha est de ceux là car il n’a pu éviter l’incorporation tant redoutée. Une fois dans le train, il décide de déserter et de descendre avant la destination finale. Sur un regard, par solidarité, Hélène, une Française l’accueille dans son compartiment, le protège et le cache. Comme lui, elle est en fuite, elle a quitté son amant russe et part à la rencontre du Pacifique à l’autre extrémité du pays. Tout les oppose dans cette promiscuité soudaine, il ne parle pas Français ni elle Russe, des regards, des gestes, sont les seuls partages possibles, une relation singulière se noue au cœur de la traque du déserteur, un îlot de calme au milieu d’une violence à peine contenue. Ce récit est aussi le roman des oppositions, par les personnages que tout sépare au milieu de passagers eux-mêmes hétérogènes, il dure le temps d’un trajet et pourtant le temps s’estompe tandis que les fuseaux horaires défilent, il se déroule dans un compartiment alors qu’il traverse l’immensité de la Russie, le roman est court alors que le voyage est long et le suspense grandissant. Maylis de Kerangal démontre encore sa grande maîtrise de l’art de la description, le récit est dense et nous offre un texte haletant et contrasté de deux personnages aux logiques différentes qui se rapprocheront de manière singulière le temps d’un long voyage dans le mythique Transsibérien.

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Fiche #1120
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Maylis De Kerangal lus par Vaux Livres


François BEAUNE

Un ange noir
Verticales

10 | 277 pages | 08-08-2011 | 18.2€

Alexandre Petit a une vie (mais est-ce une vie ?) extrêmement bien rangée entre son travail à la SOFRES, son bénévolat au Restaurant du Cœur. Il loge chez sa mère. Puis un jour, la vie le rattrape. Lors d’une soirée avec ses collègues, il est le dernier à avoir vu une jeune femme retrouvée morte dans sa baignoire. Il préfère disparaître tout en tenant son journal de cavale. De cet exercice périlleux (« Dire les choses et tout s’arrange. On m’a toujours fait croire cela. »), il découvrira sa vraie image dans le miroir brisé qui lui fait face. Son histoire, sa personnalité, son isolement et sa solitude lui éclateront au visage : « J’ai un secret inexplicable, difficile à décrire. Pour résumer, on ne me trouve pas sympathique… L’antipathie que je dégage est telle une seconde nature. Je vis avec depuis toujours. ». De l’étouffement dès sa naissance de sa mère (« …rejeton de ces vieux empires qui enfantent des êtres vieux-nés… »), vieille institutrice aux valeurs traditionnelles à cette vie inexistante : « Je veux le dire très clairement : la vie vécue (disons la vie en vrai, la vôtre, celle des gens) m’a exclu de ses expériences. Ce que les gens appellent l’expérience de la vie n’a été qu’une série d’entailles. ». Sa noirceur et sa folie éclaireront jour après jour son enquête. Il la mènera jusqu’au bout, implacablement, un chemin vers sa vérité et son destin, « à la disposition du Bien sur terre ».

« Voilà pourquoi nous sommes si dépendants de la dame au pelvis. Un poulain marche dès la naissance, un babouin sait s’arrimer au dos de sa génitrice : très vite les bêtes oublient leurs mères. Il n’y a que nous qui nous y accrochons tels des vampires. Les bébés sont des monstres prématurés dans lesquels rien ne fonctionne, des ni-faits-ni-à-faire, dont la totale absence de défense vis-à-vis de l’extérieur est effrayante. Un bébé n’a rien d’admirable, un bébé est une erreur que l’on veut bien corriger. »

« Les gens ne votent pas aujourd’hui, Monsieur, parce qu’ils n’ont qu’une envie : être élus. Tout fonctionne à l’envers. Ils ne se sont pas présentés, ils ne vont pas se déplacer. »

Fiche #1002
Thème(s) : Littérature française


Noëmi LEFEBVRE

L’autoportrait bleu
Verticales

9 | 143 pages | 24-08-2009 | 14.1€

Deux sœurs aux caractères opposés ont pris place dans un avion pour le trajet Berlin-Paris, une heure et trente minutes offertes à l’une d’elles pour un long monologue intérieur. Monologue lancinant, obsédant, redondant (« Tu as des idées sur tout, aurait pu dire le pianiste mais ne l’avait pas dit, il est parfois bon de se taire, aurait-il pu dire, aurait ainsi interrompu, par cette remarque de bon sens, les interminables réflexions et ingénieuses associations d’idées qui me venaient, chaque nouvelle idée plus étonnante, subtile, singulière, et formidable que la précédente… ») formant une autobiographie qui aborde à la fois la personnalité de cette jeune femme désinvolte et torturée mais aussi ses préoccupations artistiques. Le récit oscille donc entre propos légers, propos personnels et considérations sur l’art et l’histoire allemande. Sa rencontre avec un pianiste-compositeur marqué par le destin d’Arnold Schönberg donne le tempo du récit agrémenté par ses lectures des lettres de Theodor W. Adorno à Thomas Mann. De la haute voltige musicale et littéraire parfaitement maîtrisée !

Premier roman

Fiche #632
Thème(s) : Littérature française


Arno BERTINA

Ma solitude s'appelle Brando
Verticales

8 | 90 pages | 21-10-2008 | 12.7€

Arno Bertina nous propose de faire la connaissance de l’un de ses aïeux par sa biographie. Pourtant il ne connaît pas parfaitement cette trajectoire et va donc construire, mot après mot, paragraphe après paragraphes, chapitres après chapitres, « une hypothèse biographique ». Cet aïeul avait un chemin tracé mais préfère partir administrer les colonies où en 1940, livré à lui-même, il devra s’inventer, créer. Le retour en terre natale révèlera selon Arno Bertina sa part de folie… Dans cet exercice, certains mettent en avant l’histoire, les aventures, les rebondissements, la destinée, ici, l’écriture, la poésie, le rythme, le style sont placés au premier plan. Un court texte (90 pages) qui se lit d’une traite.

Fiche #477
Thème(s) : Littérature française


Jane SAUTIÈRE

Nullipare
Verticales

7 | 147 pages | 21-08-2008 | 14.5€

Lors d’une mammographie, la narratrice se voit qualifier de « nullipare » puisqu’elle n’a pas enfanté. Terme ressenti tel une agression, elle se sent blessée. Aussi, elle s’interroge (« Voilà, je voudrais interroger l’ahurissant mystère de ne pas avoir d’enfant comme on interroge l’ahurissant mystère d’en avoir ») et interroge ce terme proche de « nulle part ». Elle revient sur son impossibilité de se fixer, sur ses multiples déménagements. Des repères ponctuels dans une vie, seule et sans enfant. Les fêlures familiales ne sont peut-être pas non plus innocentes. Quoiqu’il en soit, la société qui a défini et entretient ce statut si particulier de « sans enfant » n’est pas sans contradiction et préfère ignorer les nombreux enfants qu’elle a eus tout au long de sa vie amoureuse et professionnelle. Jane Sautière affronte l’un des tabous les plus anciens de nos sociétés sans agressivité, haine, aigreur ou pathos mais avec des sentiments simples, vrais et si humains.

« Mon père me mettait en garde alors que j’étais jeune fille : ``un enfant, ça se fait en une seconde’’, ça me faisait rire intérieurement. Une seconde ! Combien de secondes pour faire une nullipare ? »

Fiche #434
Thème(s) : Littérature française


François BÉGAUDEAU

Fin de l’histoire
Verticales

6 | 140 pages | 29-08-2007 | 12.7€

Le mardi 14 juin 2005, vers 16 heures, Florence Aubenas, détenue depuis plus de six mois en Irak, ouvre sa conférence de presse. La journaliste de Libération raconte par le menu les conditions de son arrestation du 5 janvier avec Hussein Hanoun al-Saadi, de sa détention et de sa libération. Son récit dure trois quarts d’heure.

« Quelqu’un s’avance là et c’est une femme.
Mettons qu’on ne fasse que la regarder et l’entendre. Regarder comment elle parle, entendre comment elle raconte. Non pas ce que ça cache mais ce que ça montre. Quelqu’un s’avance là et tout y est. Le monde entier dans sa voix, ses mots, ses mimiques. Pendant que l’Histoire poursuit son chemin héroïque et vain, un précipité de modernité se pose là et c’est une femme.
»

« Ce dont on va parler aujourd’hui, j’me doute bien qu’vous avez tout un tas de questions diverses, mais moi c’que j’peux vous raconter… j’ai été enfermée dans une cave pendant cinq mois, donc je peux vous raconter cette cave. Ce qui s’est passé en dehors et tout un tas d’autres sujets, je ne les connais pas…»

François Bégaudeau s’empare de ce monologue pour rendre un double hommage : d’abord à Florence Aubenas elle-même (et au-delà à toutes les femmes) mais également à la langue orale et à cette liberté orale que Florence Aubenas a su conquérir et conserver, on est loin de la langue de bois diplomatique... Suivant minutieusement la chronologie de la conférence, il décortique la parole et les attitudes de la journaliste. Puis, en zappeur émérite, il fait pause et commente, digresse, développe ses théories… François Bégaudeau nous offre encore un livre parfaitement maîtrisé dans sa forme et dans son fond (JCP)

Fiche #291
Thème(s) : Littérature française

Les titres de François Bégaudeau lus par Vaux Livres


Olivia ROSENTHAL

On n'est pas là pour disparaître
Verticales

5 | 224 pages | 28-08-2007 | 16.75€

L’histoire de Monsieur T. rejoint la rubrique des faits divers : Madame T. vient de subir une tentative d’assassinat de la part de son mari atteint de la maladie d’Alzheimer. Lors de son interrogatoire, il est incapable de justifier et d’expliquer son geste. Pour nous conter ce drame, Olivia Rosenthal multiplie les angles : faits réels, souvenirs personnels, biographie du docteur Aloïs Alzheimer, confessions de malades, poésies... Elle nous fournit pages après pages toutes les pièces d’un puzzle géant que chacun de nous devra construire ou reconstruire selon sa propre mémoire...
Alzheimer sujet de plus en plus récurrent de l’actualité, de la littérature et du cinéma, alors on se dit naturellement, encore ? Et pourtant, Olivia Rosenthal réussit brillamment son pari. Par son ton singulier parfois drôle parfois grave, par la construction de son histoire, par son inventivité, elle nous propose sur un sujet difficile un livre passionnant, optimiste et désespéré, graver et léger à la fois. Une réussite ! (JCP)

« Le 6 juillet 2004, Monsieur T. a poignardé sa femme de cinq coups de couteau. Quand, lors de son interrogatoire, on a demandé à Monsieur T. pourquoi il avait agi de la sorte, il a été incapable de répondre.
Comment vous appelez-vous ?
Pas moi.
Quel est votre prénom ?
Il ne m’appartient pas.
»

« Faites un exercice. Imaginez que vous puissiez effacer de votre mémoire une personne de votre entourage ainsi que tous les événements afférents à cette personne et dans lesquels vous êtes impliqué. Qui effaceriez-vous ? Sur qui exerceriez-vous ce magnifique pouvoir ? »

Fiche #290
Thème(s) : Littérature française


Claire FERCAK

Rideau de verre
Verticales

4 | 96 pages | 23-08-2007 | 10.65€

Nous voici plongés dans l’enfance d’une femme en cours d’introspection. Va-et-vient continuel dans le temps au gré de ses souvenirs par une narration alternant entre le « je » et le « elle ». Reconstituer pour comprendre, se reconstruire et peut-être guérir : elle demeure sous l’emprise d’une maladie génétique mais aussi de ce père omniprésent, omnipotent pour lequel elle restera toujours une petite fille. Ces deux puissances ne laissent peu de place à la vie. De ses souvenirs de sa psychothérapie, ses trois complices Virginia, Sarah et Sylvia jaillissent comme trois soutiens salvateurs. Ces trois rencontres en réalité fictives puisqu’il s’agit de Virginia Woolf, Sarah Kane, Sylvia Plath (toutes trois suicidées) l’épaulent dans l’épreuve et dans sa guérison qui passera par l’écriture. Pour son premier récit, Claire Fercak fait preuve d’originalité par l’écriture morcelée et intrigante adoptée. (JCP)
Premier roman.

« Elle a commencé à bâtir un refuge transparent et solide que personne ne saurait attaquer, une maison de verre qui lui permettait d’épier toute atteinte extérieure. Une maison fortifiée par isolants phoniques souvenirs-couvercles et laine de verre. Ecrans pour empêcher que ne se projette une image qui pourrait en déborder le cadre. »

« Elle ne sait pas trop comment s’y prendre, de quel côté crier, sur quel ton, dans quelle langue. […] Elle cherche une écriture. Elle court après l’idiome de la première enfance. »

« Voilà plusieurs années qu’elle désirait écrire cela. Elle est pétrifiée, suffoque à toute idée de. Depuis décembre elle s’en approche à pas menus. Être le réceptacle de sa propre douleur c’est être à la fois le bourreau et la victime, le bordel pénible et l’auberge accueillante de ses possibilités. »

« Ce matin est terrible, le monde se déroule infiniment gris. Une matinée sans importance, ça n’ira pas mieux demain. Je ne bouge pas, reste cloîtrée, tapie au fond de ma tête. Rongé, l’os sphénoïde l’a remplie de cendres. La violence est inscrite dans la mémoire de l’espace. Du corps. Au centre de la vitre, une salissure, un poinçon, comme une cataracte : le père. »

Fiche #286
Thème(s) : Littérature française


Pierre SENGES

Sort l'assassin, entre le spectre
Verticales

3 | 91 pages | 21-08-2006 | 10.65€

Monologue introspectif d'un homme qui se souvient avoir été Macbeth mais ne sais plus s'il fut le véritable Macbeth ou un comédien dans le rôle de Macbeth. La question est évidemment vital pour lui : Macbeth débutera son règne par l'assassinat du roi Duncan et se questionnera continuellement sur des thèmes essentiels tels que le destin ou le libre-arbitre, la réalité ou l'affabulation, le pouvoir... L'homme partira donc à la recherche d'indices lui permettant de connaître sa vraie personnalité, quête qui l'occupera jusqu'à sa mort...

Un exercice de style à découvrir.

Fiche #111
Thème(s) : Littérature française


Chloé DELAUME

J'habite la télévision
Verticales

2 | 169 pages | 21-08-2006 | 14.9€

Durant vingt-deux mois, Chloé Delaume nous fait partager son expérience : sentinelle de la télévision. Du lever au coucher, elle regarde, décrypte, scrute, analyse les programmes et les comportements qu'ils induisent devenant elle-même un sujet d'étude. Ses mutations physique et psychique entraînent diverses digressions. Patrick Lelay mais aussi notre voisin Jean-Claude Mignon sont à la une de sa démonstration qui remet en cause notre libre arbitre ainsi que notre esprit critique. Une sonnette d'alarme dont la conclusion pourrait être : éteignez vos télés et lisez !

Fiche #119
Thème(s) : Littérature française


Jean-Louis MAGNAN

Les îles éparses
Verticales

1 | 258 pages | 21-08-2006 | 18.2€

Il y a un demi-siècle, au large de Madagascar, sur l'île de Juan de Nova, quelques mercenaires transforment l'île en enfer colonial et établissent jour après jour un réglement toujours plus draconien. Fascinée par la confession testamentaire et sans regret de Barnabé Dole, son amant, Nathan, enquête sur les exactions terribles de ces mercenaires mais aussi sur la vie sentimentale dissolue de son amant.

Une vraie écriture sur un sujet difficile.

"On ne lutte contre un pouvoir abusif qu’en le racontant. On ajoute des mots, grands et petits, sur des mots qui préexistent. On ne dénonce pas, on révèle des personnages coincés entre l’Histoire et leurs petites histoires, entre majuscules et minuscules."

Fiche #123
Thème(s) : Littérature française





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