« … on est esclave de ce qu’on dit et maître de ce qu’on tait. »
Miguel Bonnefoy
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L’Eden : certains ont toujours une certaine impudeur pour nommer une réalité, l’Eden est en effet une barre d’immeubles à Londres. Bien loin du paradis, naître ici, c’est une vie prédéfinie, un destin réglé, l’Eden, on la fuit ou on y meurt : « On ne quitte jamais vraiment l’Eden, un seul regard suffit à nous y emprisonner de nouveau. » La mère d’Adam (17 ans) et de Lauren a choisi la fuite, les laissant avec un père violent, alcoolique, sans amour ni tendresse. Un abandon qui place Adam dans un rôle de protecteur entre Lauren et son père, l’Autre. Mais, parfois, une rencontre peut tout changer, du moins peut-on l’espérer. Sur un quai de gare, Adam croise Eva, la sauve pense-t-il d’un suicide et tombe amoureux d’une fille d’en face, du côté où la misère n’est pas le quotidien. Cette rencontre le bouleverse et le questionne, sur ses origines, son passé, sa famille, son environnement, sa honte d’être là où il est, d’être ce qu’il est, de son avenir tout tracé, « La vie ne fonctionne pas comme ça… le choix n’existe qu’au-delà des rails. ». Pourra-t-il un jour se soulager de ce fardeau ? Adam nous dit tout, mais aussi les bons moments passés avec ses potes, ses rencontres avec Claire une prof qui l’éveillera à la lecture et à la littérature, avec le patron de l’épicerie dans laquelle il travaille depuis l’âge de treize ans et qui sait ses difficultés, avec sa grand-mère qu’il retrouvera après le départ de sa mère, avec Karolina la sœur d’un de ses potes... De beaux sentiments, de beaux moments alternent avec la violence et la brutalité d’un père et d’une société excluant. Une vraie confirmation (après Ceux que je suis) que ce deuxième roman social, d’apprentissage, contrasté, au cœur du déterminisme social mais à hauteur d’homme (ou d'adolescent) et avec sensibilité, réalisme et sensibilité et non dénué d’espoir.
« La chance, mec, ça n'existe pas. Sauf pour ceux qui sont nés dedans et qui n'en font rien. »
« Promets-moi que, quand tu seras grand, personne ne sera invisible à tes yeux. C’est pire que le mépris. Pire que les coups. »
« La jeunesse fait moins peur quand elle respecte la grammaire. »
Fiche #2845
Thème(s) : Littérature française
Une grande année se prépare pour Marwan : à la rentrée, pour la première fois, il enseignera l’histoire-géographie à une classe de Terminale. Mais son père meurt. Et à sa grande surprise comme celle de ses deux frères, il apprend que celui-ci a décidé de se faire enterrer au Maroc. Cette décision interpelle Marwan et le fait à nouveau réfléchir sur son identité et ses origines : « Je suis né en France. Je n’ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas Marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. » Son père semblait totalement intégré et avait trouvé sa place à Clichy. Alors pourquoi repartir maintenant : « On vit ici, on meurt chez nous. » Il commence d’interroger sa mère et apprend que son père l’a désigné pour accompagner sa dépouille par avion pendant que le reste de la famille fera le voyage en voiture. Accompagné de Kabic ami de la famille et grand-père de substitution, il retrouvera Mi Lalla sa grand-mère et ce retour fera naître de nouvelles questions et jaillir de petits et grands secrets. Olivier Dorchamps a trouvé le ton juste pour cette émouvante chronique familiale qui évoque avec sensibilité, clairvoyance et réalisme l’identité, les racines et l’héritage familial, ses secrets et silences, le deuil, l’exil mais aussi l’impact d’une double culture sur chaque destin.
Premier roman
« Finalement grandir c’est ça : c’est perdre des morceaux de soi. »
« Combien de Voltaire finissent mécaniciens parce qu’ils sont nés plus près d’un garage que d’une école ? »
« … j’ai pris conscience que le temps qui passe, c’est le temps qu’il reste. »
« … l’exil a relégué le bonheur aux souvenirs d’avant. »
Fiche #2371
Thème(s) : Littérature française