« Ce que lisent les gens est une porte d’entrée royale sur leur territoire le plus privé, un aveu ou une déclaration publique de tout ce qui agite leur esprit et leurs sentiments, leurs attentes, leur rêves et leurs désirs imaginaires, des plus compromettants parfois, leurs impasses et leurs errements… »
Anne-Marie Garat
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Esther exerce un vieux métier à Johannesburg. Superbe, elle vend ses charmes et son corps dans les hôtels de la ville mais ne s’enrichit guère, car son homme veille et frappe… Et puis, une rencontre fortuite avec un Ministre africain, change son destin. Les rencontres sont mieux payées et surtout son client lui propose de venir avec lui dans son pays, changement de lieu, changement de classe. Surtout qu’à son arrivée, elle devient la première Dame du pays, le vieux Président en effet ne peut rester insensible à ses longues jambes blanches et galbées et au reste… Et Esther sait y faire… Néanmoins Esther ne sera pas une première Dame comme les autres (« Une bonne petite femme comme ça, si généreuse, toujours préoccupée du bien-être de son bon peuple… »), elle se moque des résidences européennes, des fondations factices, des vêtements de luxe, Esther se découvre une âme de révolutionnaire et n’accepte pas ce que l’on fait subir au peuple. Elle crie à l’injustice et lance projet sur projet en obtenant les financements sans limite de son nouveau compagnon ! Mais est-il possible de bousculer les habitudes, surtout quand chacun peut se servir et profiter du pouvoir… Un voyage satirique, dépaysant et drôle au ton direct et très singulier.
Ecouter la lecture de la première page de "La Toubabesse"Fiche #1834
Thème(s) : Littérature étrangère
Trois femmes d’une même famille, trois générations confrontées aux aléas de la vie. Anna-Maria s’éloigne de sa famille fortunée après sa rencontre avec Fabrizio un journaliste engagé auprès de la classe ouvrière. Ils ont rapidement un fils, Gino, mais Fabrizio meurt étrangement au cours d’une manifestation. Anna-Maria choisit de s’exiler en Calabre pour élever son fils seule. Très jeune, Gino rencontre Bruna, Gino l’épouse et un an après la naissance de la petite Graziella, il décède brutalement. Anna-Maria et Bruna se retrouvent ensemble et nouent une relation de confiance, apaisée sans pouvoir se libérer totalement : « Cependant, ni Anna-Maria ni Bruna n’arrivaient à se confier, à évoquer leur désarroi, le manque, les aspirations tues et refoulées. Chacune se campait dans une fausse dignité, de peu de décevoir l’autre qu’elle imaginait plus forte. ». Bruna choisit néanmoins de partir pour Turin. Graziella bouclera la boucle en revenant dans le village qu’avait choisi Anna-Maria. L’Italie découvre à cette époque le fascisme et la guerre. Ces femmes subissent alors la pauvreté, la misère, la solitude, le poids et la violence des hommes quand ils sont présents mais elles se battent et continuent d’espérer en la vie. La situation et la place de la femme n’évoluent guère au cours de ces trois générations qui devront combattre âprement pour espérer obtenir des instants d’apaisement et de bonheur. Un portrait délicat de trois générations de femmes que les évènements n’épargneront pas et en creux de l’Italie du XX ème.
« L’enfant nous demande de l’aider à agir seul. »
Fiche #1776
Thème(s) : Littérature française
Stéphanie CLAVERIE
L'homme qui n'a pas inventé la poudre
La Différence
7 | 175 pages | 29-12-2015 | 17€
A 35 ans, Sébastien est différent. Il l’a toujours été et il n’a pas vieilli, a conservé beaucoup de l’enfance et de cette différence initiale et fondatrice ("...Sébastien s'offre le luxe de vivre comme une grande personne."). Devenu jardinier municipal sur l’île d’Oléron, les fleurs et les plantes sont ses amis comme ceux qui n’ont pas peur de lui et l’acceptent avec sa candeur et sa naïveté. Dans cet univers, Sébastien trouve quelques amis, sa place et son chemin, comme « La terre, il ne faut pas l’enfermer. Elle a besoin d’espace, elle a besoin d’air pour s’épanouir. ». Un bel hommage à la différence que ce chemin singulier et lumineux vers le bonheur.
Premier roman
« Le temps s’étire au jardin. L’angoisse s’apaise. Les tracas de la vie d’homme n’ont pas leur place dans cet univers. Ici, on ne rationalise pas la tâche, on ne fait pas la chasse au temps perdu, aux gestes inutiles. Ici, on se vautre dans l’infini du temps qui s’arrête, on prend racine dans le présent. Ici, on est dans un jardin sur l’île d’Oléron. »
Fiche #1724
Thème(s) : Littérature française
La rumeur court à Cronce, petit village isolé de Haute-Loire. Des étrangers (jamais les bienvenus) au village, couple d’écrivains, se sont installés dans la maison de Marie Belland. Cela devient rapidement le sujet de conversation favori des villageois. Mais au fait, où est cette maison, existe-t-elle d’ailleurs ? Et Marie Belland, qui s’en souvient ? Qui était-elle ? Alors quand il faut apporter une lettre aux écrivains, l’affaire se complique, le mystère s’épaissit… Roman énigmatique et joueur, de l’incertitude comme de la certitude, de la réalité comme du rêve, des croyances et des ignorances à la prose qui court comme la rumeur ! Seule certitude, ce livre existe et il faut le lire !
« Les maisons passent de mains en mains, d’histoires en histoires, jusqu’à l’avènement des ruines. Curieusement, on les nomme demeures. »
Fiche #1302
Thème(s) : Littérature française
Lorsque Tano reçoit un appel téléphonique de Carmen, la fiancée de Manolo son ami de toujours, lui apprenant sa disparition, il décide immédiatement de repartir vers le Guatemala et le lac Atitlán. Il suit ses traces, place ses pas dans les siens, dans un pays où l’armée et les guérilleros s’affrontent. Manolo instituteur photographe s’est fondu dans ce paysage et dans la population pour mieux ressentir et faire ressentir le quotidien des populations indigènes. Une lutte sans merci et sans règles les oppose de longue date à l’armée au service du pouvoir et des grands propriétaires terriens décidés à récupérer leurs terres. Comme un parcours initiatique, Tano retrouve ces paysages et cette nature extraordinaires qui l’avaient déjà tant ému et bouleversé, ce lac qui vous aspire fatalement. Néanmoins, face à cette splendeur, il marche vers son destin et appréhende les injustices, violences, massacres, trahisons et autres manipulations subis par la population. Il n’a pas oublié les motivations profondes de son ami ("Jusqu'à ce que mes yeux soient remplis de terre, je veux voir et montrer ce qui se passe.") mais il se sent obligé malgré tous les dangers à savoir ce qu’il est advenu. Irrémédiablement. Le lecteur suit ce périple avec angoisse et espoir, entend avec émotion la voix des indigènes lucides qui sont conscients que leur monde s'achève. Après « Noir Toscan », Anna Luisa Pignatelli et sa prose poétique confirme son talent à aussi bien décrire avec précision la nature dans tous ses états et à y immerger le lecteur qu'à dresser des portraits d’une grande humanité.
"... les perdants étaient les seules personnes qu'il valait la peine de connaître."
Fiche #1183
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Alvaro
Le narrateur avait entre neuf et quinze ans pendant la seconde guerre. Devenu adulte, au gré des souvenirs, sans véritable chronologie, il revient sur cette période sensible qui a engendré tant de douleurs et l'a enfermé dans une solitude infinie. C’est un cri désespéré d’amour à sa mère Eva qui pourtant l’abandonnait régulièrement à ses grands-parents au gré de ses rencontres. Quand il l’accompagnait, il se retrouvait seul, isolé. Son vrai père était parti sur la route et n’avait pas envie de le connaître, il craignait le deuxième mari de sa mère puis celle-ci commit en cette période l’irréparable. Elle l’emmènera vivre aux côtés des officiers et soldats allemands, seuls Français, ils partageront leur quotidien. Il ressentira pourtant une certaine amitié pour le cuisinier ce qui suscitera un sentiment perpétuel de culpabilité. Aujourd’hui encore, il ne comprend pas pourquoi sa mère l’a emmené vivre avec les Allemands. Il décrit parfaitement son incompréhension qui perdure devant les actes et comportements de sa mère et plus généralement des adultes. Il voulait tant qu’on le regarde, qu’on s’occupe de lui, qu’on lui explique. L’enfant se recroquevillera dans sa solitude et dans ses rêves, cherchera dans la lecture ses réponses. Michel Chaillou et son écriture sublime décrivent parfaitement les sentiments de cet enfant, son incompréhension totale qui demeure, sa profonde solitude, ses questions restées en suspens mais aussi la région nantaise où se déroule cette histoire.
Ecouter la lecture de la première page de "1945"Fiche #1137
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur, Mahmoud, est arrivé en France de son Maroc natal pour étudier. La France n'est encore devenue sa maman et le tracasse dans ses démarches administratives. Sa rencontre avec Nadia sera décisive : "Et si on se mariait... c'en serait fini de tes problèmes de papiers. Tous ses amis rencontrent les mêmes ennuis : Walid qui s'est déguisé en juif pour éviter les incessants contrôles policiers, Boualem un habitué de La Fabrik et de ses soirées arrosées, soirées de rencontres, de débats et de discussions enfumées sur les aléas, bonheurs et malheurs de la vie des émigrés installés en banlieue. Pourtant, lorsque Nadia demande le divorce, l'affaire se corse... Le ton est souvent drôle, toujours réaliste et jamais caricatural. Un texte très contemporain !
Fiche #827
Thème(s) : Littérature française
Un homme venu du sud s’installe dans un village du nord de l’Italie. Les habitants surnomment cet étranger, « Noir ». A la mort de sa femme et après le départ de son fils, « Noir » tel un loup solitaire ne trouve son bonheur que dans la nature. C’est un homme sauvage et attachant qui voue une admiration sans limite à la nature, aux animaux, aux arbres, à une sorte de vie qui disparaît peu à peu sous les coups répétés des hommes et de leur violence (« Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancoeurs accumulées »). Par un dur labeur, il a remis en état une propriété devenue un havre de paix pour la faune et la flore qu’il défend corps et âme notamment contre les chasseurs avides de gibiers. Ainsi quand une louve arrive dans la région, elle aussi traquée, il tente de la protéger mais ces deux solitaires qui effraient tant les autres par leurs différences pourront-ils survivre à la violence des hommes… La très belle écriture d’Anna Luisa Pignatelli fait ressentir parfaitement l’anxiété et l’inquiétude latentes de « Noir » et la violence envers cet homme solitaire et amoureux fou de la nature. Un superbe portrait d’un homme emblématique mais aussi extinction d’un certain type d’hommes et d’un mode de vie respectueux des autres et de la nature.
Fiche #659
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Adaken
Sous une forme épistolaire, Patsy Boone, jeune américaine, rend compte de son séjour à Paris motivé par sa rencontre avec le chaman Nez-percé. Depuis 750 jours, sans explication, Patsy n’a plus de règles ; la science et l’église étant demeurées impuissantes, sa mère adoptive (Grand-mère Grandma Gun) l’oriente vers un chaman new-yorkais. Mme Biche-qui-court débordée l’adresse à M. Nez-percé. Installée à Paris, Patsy qui vit avec les mandats de sa mère, adresse ces lettres à sa concierge parisienne qui l’a accueillie elle, « la petite emmerdeuse du 3ème qui fait des claquettes ». Elle nous fait partager ses rencontres dans le milieu du chamanisme et sa passion pour les claquettes. Nez-percé pratique l’hypnose afin d’invoquer ses ancêtres pour déterminer qui « vole les lunes de Patsy » (les lunes sont les règles). Au cours de ces séances, elle doit tenter d’interpréter ses rêves parfois loufoques afin d’identifier l’ancêtre qui a commis des méfaits dont elle porte la culpabilité sans le savoir. Il faudra remonter jusqu’aux conflits entre les Indiens et les colons pour trouver le coupable et enfin ``d’être à nouveau éclairer par ces lunes’’ et de donner un nouvel envol à sa vie. Un récit léger et joyeux à la langue truculente, fantaisiste et imagée sur une femme bien vivante, ouverte et avide de rencontres.
Fiche #446
Thème(s) : Littérature étrangère
- Despreez - Pilate - Claverie - Langlois - Pignatelli - Chaillou - Hmoudane - Pignatelli - Marsella