« C’est une délicieuse torture, le désir. »
Thomas B. Reverdy
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Un long, magnifique et poignant cri d’amour sous forme de poème : une histoire d’amour, une rencontre, la rencontre, mais c’est un homme d’église. Il faudra qu’il la quitte pour la rejoindre. Il le fera envers et contre tous, l'amour sortira vainqueur. L’amour perdurera : l’amour absolu, unique, exclusif. Les enfants arriveront, le quotidien s’installera, et malgré les craintes, l’amour restera. Jusqu’à la fin, jusqu'à la mort de cet homme, de son homme laissant une femme inconsolable. Totalement dépouillé, chaque mot est à sa place, pas un de trop, pas un ne manque. Superbe. Le souffle de cet amour ne s’éteindra jamais grâce à ce texte et l’amour des parents de Violaine Bérot vous illuminera à jamais.
Ecouter la lecture de la première page de "Nuits de noces"Fiche #3014
Thème(s) : Littérature française
« C’est plus beau là-bas » est le long monologue d’un homme, un professeur d’université, qui se retrouve enfermé avec d’autres, entassés comme des cochons ou des vaches dans un entrepôt. Il ignore les raisons de cet enlèvement, il ignore ce qui se passe à l’extérieur, ce qu’est devenue sa femme. Il devient un prisonnier anonyme, « … il est évident que tu as très bien pris l’habitude de tout accepter tout de suite, de ne pas moufter… » Parfois, on vient chercher quelques-uns d'entre eux, on ne sait ce qu’ils deviennent et l’attente reprend. Un jour, ce sera son tour, il sera dehors mais devra suivre un homme sur les sentiers. Pour aller où ? Pourquoi le suivre ? Est-il toujours prisonnier ? Que se cache-t-il derrière tout ça ? Professeur, il décryptait la société, sa décadence, son absence d’avenir : un professeur qui osait donner les clés d’un monde meilleur, et un professeur qui croyait en la jeunesse et plaçait ses espoir en elle. Et il ne va pas être déçu ! Elle adoptera ses théories, ses paroles, ses écrits pour construire un projet, un nouveau monde. Mais la réalisation de cette utopie est-elle possible ? Ses craintes sont immenses et devant l’obstacle se révèlent. Lui le théoricien va devoir affronter le concret, la réalité, est-il prêt ? Le monde d’hier et ses acteurs vont-ils accepter calmement de perdre leurs petits avantages et s’effacer ? Même lui, « leur maître », a-t-il sa place dans ce nouveau monde ? Est-ce souhaitable pour lui ? pour les autres ? En a-t-il vraiment envie ? Un texte qui nous questionne sur notre monde, notre capacité à changer le cap du Titanic, « Or est-il capable d’évoluer, l’humain ? »
« … toute société en dégénérescence est obnubilée par la surveillance et la peur. »
« … ce n’était pas pour déplaire aux chefs d’Etat qui savent que l’on ne tient jamais un peuple aussi gentiment soumis qu’avec la peur comme alliée. »
« … l’homme est un animal comme les autres sinon qu’il est le seul à ne plus en avoir conscience. »
« Car aimer, tu en es désormais certain, aimer ne dure que le temps où l’on se persuade que l’on aime. »
Fiche #2862
Thème(s) : Littérature française
Elle a dix-neuf ans et sait que sa mort est imminente. Alors elle décide de nous faire partager sa courte existence. Une vie de liberté, de choix personnels assumés, « ... je fais toujours le contraire de ce que l’on me dit » : il s’agit en effet de Jehanne, fille de Jacques d’Arc, l’un des plus riches paysans du village mais rapidement, Jehanne s’en éloignera en refusant un mariage annoncé pour suivre son destin, son « inéluctable destin », qu’elle se fixe très jeune : respecter ce que les voix divines lui ont dicté (mensonge ou vérité...) : lever le siège d’Orléans et conduire le roi à Reims pour son sacre. Les hommes rient devant « la pas-normale » qui veut devenir « la délivreuse de France », pas elle, « Un garçon c’est fort en apparence, mais moi je suis forte en dedans. ». Elle rencontrera de l’adversité, des opposants mais aussi des protecteurs et l’amour et suivra toujours son chemin, jusqu’à la liberté ultime, choisir le moment de sa mort. Un récit rythmé à la première personne qui dresse un portrait lumineux et humain d’une femme libre et volontaire devenue personnage mythique.
Premier roman
Fiche #2718
Thème(s) : Littérature française
Ils sont venus témoigner un à un, subir un interrogatoire, parler de l’Ours, donner leurs impressions parfois leur jugement. Il vient d'être arrêté, c’était un gamin différent, sans père, alors, c’est la tradition dans la vallée, on l’a surnommé l’Ours. Ce surnom lui allait comme un gant, tant il était grand, trapu, costaud, silencieux, grognant parfois. Souffre douleur de la cour d’école, il suscitait autant l’attirance que la répulsion dans cette vallée où certains se retirent, sans se cacher, juste à la marge, vivant de pas grand-chose, continuant d’être surnommés les hippies, pour oublier leur passé, leurs origines dans cette terre vierge, peut-être « terre d’expérimentation » d’une autre société, d’autres relations humaines et avec la terre. L’antre de l’Ours était encore plus isolé, au fin fond de cette vallée, sur les hauteurs, là où personne ne passe. Il y vivait avec Mariette, sa mère, une louve protectrice, dévouée et aimante. L’Ours, sorte d'enfant sauvage, passait beaucoup de temps dans la nature, éprouvant son don de soigner et celui mystérieux de détecter le mal chez ces animaux, et alors il devenait agneau, doux et protecteur. Son repaire était une grotte partagée avec les fées observant les déviances des hommes et protégeant les enfants. La cohabitation avec le village et les autres habitants de la vallée suivait son cours, « mais les brav’s gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux », alors le jour où un évènement singulier se produit, les véritables sentiments, peurs et haines jaillissent et lorsque l’Ours sera découvert avec une petite fille inconnue, venue de nulle part (l’Ours est-il le père ? L’a-t-il enlevée ? Mariette serait-elle la mère ?...) vivant dans la grotte de l’Ours et des fées, la bonne société se doit d'agir, sa mère et lui l’éprouveront violemment et douloureusement. Ce texte sous forme d’une suite de témoignages entrecoupés de poèmes féeriques implique nécessairement le lecteur qui se crispe page à page sentant aux travers des témoignages le mécanisme froid et inhumain de la machine à exclure et à juger ceux qui sont pas dans la norme. Il tremblera jusqu'à la fin redoutant la catastrophe finale. Violaine Bérot complète brillamment sa description précise et directe de la violence des relations humaines par un opus ou conte aussi beau que brutal.
Ecouter la lecture de la première page de "Comme des bêtes"Fiche #2683
Thème(s) : Littérature française
La narratrice est une jeune sculptrice à l’avenir rayonnant quand elle se rend chez un sculpteur plus âgé, un grand artiste. Elle va rester, l’aimer au-dessus de tout, au-dessus de sa vie elle-même. Il deviendra le Maître, elle sera là, il ne la verra pas, « Tu étais celui qui détenait le savoir et moi j’exécutais, c’était aussi simple que cela. ». Jour après jour, il se nourrit d’elle alors qu’elle disparaît progressivement. Il l’utilise au même titre qu’un outil de sculpture. L’œuvre de destruction est en marche, le couple s’établit entre soumission et violence autant psychique que physique à l’insu des visiteurs. L’emprise est totale, elle sait qu’elle doit partir, mais elle reste malgré la peur qui l’étreint (« J’ai peur et je ne sais même pas de quoi. »), et quand elle part enfin, à notre grand désarroi, elle reviendra, « Pour ton sourire, je sais que je pourrais me damner à nouveau. » Le lecteur, tendu, attend le hurlement libérateur qui lui apportera une respiration et la délivrera enfin de cet étouffement. Un roman aussi court qu’intense de souffrance, l’amour peut être aussi douloureux que dangereux !
Ecouter la lecture de la première page de "Nue, sous la lune"Fiche #1904
Thème(s) : Littérature française
Dès la première phrase, le ton de ce conte est donné : « Il était une fois une vilaine petite fille qui venait de naître. L’histoire commence là. ». Aucun membre de la famille n’est nommé, chacune et chacun portent son rang, la petite fille deviendra successivement la fillette, la fille puis l’aînée. Elle est née de l’amour de deux personnes, un amour total, exclusif (« L’amour entre eux est déraisonnable, vertigineux, enragé.). Elle fut donc immédiatement l’intruse dans cette relation. La mère et le père, malgré leurs nombreux enfants, ne vivent que l’un pour l’autre (« Le père ne regarde que la mère. »), et c’est donc l’aînée qui prendra tout ce petit monde en charge. Cela se fait simplement, naturellement, sans que la fille ne soit surprise voire révoltée par son rôle (« Elle s’est habituée depuis toujours, à coup de volonté, de certitudes, à tout maîtriser de son corps et de ses émotions. »). Elle n’aura ainsi pas le temps de l’enfance, de l’insouciance, de l’adolescence, pas le temps de grandir et de se construire, de rêver, adulte et responsable, elle le sera dès son plus jeune âge et portera sans cris, sans mots, le quotidien de cette famille. Par son style et sa construction, Violaine Bérot implique immédiatement le lecteur dans ce conte douloureux et émouvant.
Ecouter la lecture de la première page de "Des mots jamais dits"Fiche #1683
Thème(s) : Littérature française