« Moi, la création, je la mets à un niveau organique, j’écris comme je pisse. Et je pisse rarement dans la cuvette, j’éclabousse le sol, je me salis le pantalon et les doigts. Ouais, c’est ça l’écriture pour moi, un machin supposé rendre l’imperfection du monde en lui conférant une touche de beauté. »
Olivier Jacquemond

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Marie Darrieussecq

Marie DARRIEUSSECQ

La mer à l'envers
POL

2 | 250 pages | 10-08-2019 | 18.5€

Rose et ses deux enfants changent temporairement d’environnement, une pause dans un quotidien peut-être répétitif. Elle abandonne quelques temps le centre médico-psycho-pédagogiques et ses patients : elle s’est fait payer une croisière pour noël, la Méditerranée, le repos, les animations, la fête, quelques escales et visites touristiques ou historiques, « une excursion hors de sa vie ». Une ville luxueuse embarquée avec éventuellement quelques rencontres amicales voire plus. Son mari, agent immobilier perfectionniste, est resté à quais. Ils envisagent un déménagement en province, retour à Clèves, non loin de l’Espagne, pour enfin quitter les tracas parisiens et son ciel triste et pollué. Le voyage commence dans la joie, Emma et Guillaume prennent leurs marques. Mais sur la Méditerranée il n’y a pas que des yachts qui naviguent, de frêles esquifs surchargés de passagers sont en quête de liberté et d’un nouveau monde. Certains font la fête sous les lampions, d’autres combattent pour leur survie. Dans le même espace. Contraste terrible et terrifiant. Indécence absolue. Mais est-il plus indécent de boire une coupe de champagne avec un bâbord une barque prête à basculer que de se baigner sur les plages varoises dans le plus grand cimetière maritime voire d’admirer le paysage depuis les calanques de Cassis ou de compter les morts chaque soir devant le 20h ? Marie Darrieussecq rappelle que la situation n’est pas inédite, « la petite fille aux allumettes est morte de faim et de froid sous les fenêtres des festins », n’avons donc nous pas changé ? Or le yacht de Rose croisera l’un de ces bateaux en perdition et le capitaine « brave » et courageux décidera de mettre les chaloupes à la mer et d’en remonter les occupants. Les survivants sauf un, décédé. Rose choisit et décide de stopper la fête et de venir voir, et même d’aider. Un choix de héros, sans le savoir : elle croise le regard de Younès, et lui confie le portable de son fils. Le fil rouge entre les deux ne se coupera plus. Elle mènera Rose sur des chemins inattendus, de Calais à Clèves, un chemin humain, d’entraide, de solidarité, un petite goutte d’eau pour un monde meilleur où l’on accepte de partager et d’ouvrir ses portes à l’autre.

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Fiche #2390
Thème(s) : Littérature française


Marie DARRIEUSSECQ

Tom est mort
POL

1 | 247 pages | 03-09-2007 | 17.25€

Tom est mort accidentellement, de manière inattendue et définitive ! Il avait quatre ans et demi. Sa mère nous livre ses sentiments dix ans après. Peut-on combler cette absence si pesante et infinie ? Peut-on faire le deuil d'un petit bout de quatre ans ? D'ailleurs qu'est-ce que c'est que cette expression "faire le deuil" ?... Comment survivre en Australie encore entourée de deux enfants et d'un mari ? Le nouveau fantôme de Marie Darrieussecq est cette fois bien présent et encore bien vivant malgré sa disparition. Marie Darrieussecq met son style inimitable qu service d'une dissection pointilleuse des sentiments d'une mère brisée à jamais.

"Le deuil qu'ils décrivent est un processus naturel qui dégoûte. Une digestion. On entre dedans et on avance, qu'on le veuille ou non, comme à travers une série de boyaux. La mort de Tom passe à travers nos corps. On n'a pas fini, je ne dis pas qu'il faut dix ans. Je ne dis rien. Est-ce que je souffre moins qu'avant."

"Avant il s'appelait Tom Winter, maintenant il s'appelle Tom est mort. Il est mort depuis bien plus longtemps qu'il n'a été vivant. Mon petit garçon est mort. Je ne dis pas que j'aie gardé la raison."

Fiche #295
Thème(s) : Littérature française