« Le bonheur a peu d'avenir, mais le malheur a des félures qui laissent parfois passer le jour. »
Chantal Pelletier
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Une nuit par pleine lune, dans le parc d’un château, un corps flotte dans un étang. Prélude à un thriller gothique haletant ? Minh Tran Huy est aux commandes avec la maîtrise du suspense effectivement mais elle vous accompagnera bien plus loin, du côté des contes noires, du fantastique et aussi au plus proche d’une réflexion sur notre société. Lise a rencontré Louis et Louis a rencontré Lise. Marqués à jamais. Un amour puissant, le premier, celui qu'on espère éternel. Mais ils appartiennent à des mondes différents, à des classes différentes, il a toujours eu tout, elle a connu le manque. Lise est la fille d’un couple d’exilés d’un milieu modeste qui a gravi les échelons de la hiérarchie à force d’études et de travail ; intégré professionnellement ils ne se sentiront jamais légitimes, jamais vraiment à leur place faute d’avoir assimilé les codes. Lise mal-aimée par sa mère souffre de la jalousie de sa sœur. Louis vient d’un milieu riche où règnent les lois de l’apparence, du superficiel et de l’argent, amasser sans trop savoir pourquoi, paraître dans un entre soi et un égoïsme affirmés. L’amour du prince et de la princesse pourra-t-il résister à son environnement ? Lise veut laisser vivre sa naïveté et espérer en cet amour absolu mais la réalité est souvent plus cruelle que les rêves d’une petite fille. Deux voix nous font connaître entre amour et mystère l’histoire de ce couple, celle de Lise et celle de l’Autre, personnage mystérieux qui se révèlera à l’issue du récit. Un conte noir captivant qui rappelle que l’amour engendre bien souvent autant de bonheur que d’« inconsolés ».
Ecouter la lecture de la première page de "Les inconsolés"Fiche #2486
Thème(s) : Littérature française
Minh Tran Huy a déjà abordé avec succès la douleur de l’exil et aurait pu continuer avec l’histoire de Line et de son père qui, en elle seule, présente matière, densité, émotion, et suscite réflexion sur cette blessure que représente l’abandon de son pays d’origine (« … il tachait de trouver son chemin traçant sa route avec cette tranquille obstination qui lui avait permis de surmonter des fléaux qui, pour moi, n’étaient que des mots : la pauvreté, la maladie, la guerre. Son quotidien du temps où il vivait au Viêtnam, dont seul l’exil l’avait sauvé. »). Line réussira enfin briser le silence de son père mais la douleur demeurera immense et la blessure ouverte (« Seulement, si le présent m’échappe comme il m’a toujours échappé, plus instable et fuyant qu’une coulée de sable ou de poussière, le passé continue de vivre en moi avec une telle netteté, une telle clarté… Toutes ces années où je me suis tu, je n’ai pas pour autant perdu la mémoire. »). Pourtant Minh Tran Huy choisit une autre voie avec beaucoup de singularité. Elle étend le thème aux voyages contraints et nous propose de suivre deux voyageurs, personnages modestes et oubliés ayant existé. Albert Dadas, premier cas officiel de tourisme pathologique (dromomanie), parcourut le monde sans vraiment savoir pourquoi, fréquenta régulièrement les prisons du monde et les consultations du docteur Tissié. Samia Yusuf Omar représenta son pays la Somalie aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Arrivée dernière, elle n’aura de cesse ensuite de courir, courir encore, pour gagner. Mais la guerre la contraindra à partir pour pouvoir continuer d’assouvir sa passion, son obsession. Entre le documentaire, le roman et l’autobiographie, « Voyageur malgré lui » représente un superbe et très émouvant hommage à un père, à trois anonymes emblématiques de l’errance et du déracinement et permet ainsi de ne pas les oublier.
Ecouter la lecture de la première page de "Voyageur malgré lui"Fiche #1540
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur de « La double vie d’Anna Song » est Paul Desroches mari d’Anna Song amoureux depuis leur tendre jeunesse. La narration est entrecoupée de coupures de presse rendant compte de l’aventure de Paul et Anna. Paul orphelin a rencontré Anna chez sa grand-mère. Paul devient très proche d’Anna par cette relation tendre qui le porte, le soutient, la passion d’Anna pour la musique, ses dons exceptionnels, les légendes vietnamiennes qu’elle lui conte illuminent le quotidien de Paul. La carrière d’Anna est brisée par une maladie qui l’empêche de mener à bien ses projets. Mais l’amour et la passion de Paul sont plus forts que la mort. Il crée un studio d’enregistrement, et diffuse les CD d’Anna. Grâce à Internet notamment, le succès d’Anna devient gigantesque et les admirateurs conquis extrêmement nombreux. Jusqu’au jour, où l’un d’eux découvre la supercherie. Anna n’a pas enregistré une note, les morceaux ont été créés de toute pièce à partir de différentes interprétations. Le scandale éclate et contraint Paul à exposer ses confidences et le mythe qu’il a créé et qui l’a épaulé dans sa vie de tous les jours. Minh Tran Huy confirme ici la réussite de son premier roman avec cette histoire (inspirée d’une histoire vraie) sur la passion, la folie d’aimer, les mythes, la musique et toujours et encore en arrière-fond le Vietnam.
Fiche #617
Thème(s) : Littérature française
Lors d’un voyage en Angleterre, une jeune française d’origine vietnamienne croit reconnaître en Nam un réfugié vietnamien son prince charmant. Ils ne se quitteront plus du voyage et pourtant ils n’ont rien de commun, même leur passé et l’appréhension de leur origine commune sont différents. A son grand désespoir, Nam la considère comme sa petite sœur. Leur dialogue va pourtant l’éveiller à son passé qui se dévoilera pas à pas lors de deux voyages au Vietnam avec ses parents peu diserts sur leur passé. Et puis Nam partira, sans explication, sans trace. Rupture dans la construction de cette ado qu’un livre achèvera peut-être des années plus tard. Récit sur l’exil, le grand écart entre deux pays, deux histoires, entremêlés de contes qui renforcent la puissant du texte, un conte n’est pas un roman...
Premier roman
« Il était inutile de renier que de se charger du poids du passé : connaître l’histoire de ma famille et l’assumer pouvait être considéré comme un devoir, en aucun cas comme une raison d’être »
« Toutes les politesses de rigueur au Vietnam entre gens de même sang ne pouvait dissimuler qu’il existait entre mes cousines et moi un fossé à la mesure de l’océan qui séparait la France et son ancienne colonie. Je n’avais pas connu la pauvreté, la faim, l’ennui de ne rien pouvoir faire d’autre que subir, patienter, au mieux espérer, au pire se résigner aux lendemains qui déchantent. »
Fiche #268
Thème(s) : Littérature française