« Les possédants sont possédés parce qu’ils possèdent. »
Hadrien Klent
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Noële n’a connu qu’elle, ne connaît qu’elle, la Géante. Elle vit à ses pieds, masse de pierre impressionnante, protectrice ou dangereuse. Noële y est totalement insérée, incluse dans la nature, elle la connaît parfaitement, la respecte, l’écoute, la scrute, la craint. Un peu sorcière, elle connaît les plantes, sait s’en nourrir, comment se soigner. Seul Rimbaud, son frère, qui parle davantage aux arbres qu’aux hommes l’accompagne. Existence spartiate, mais elle semble l’accepter. Jusqu’à l’arrivée de deux inconnus. Deux personnes bien ancrées dans le monde d’aujourd’hui, ouvertes sur l’extérieur. Ils connaissent le monde, elle ne connaît rien du monde, elle connaît La Géante, ils ignorent tout de la Géante. Maxim s’installe dans une maison proche d’elle, malade, il est venu se mettre à l’écart. Noële va jouer le rôle de factrice, et s’occuper des lettres échangées entre Maxim et Carmen. Et Noële les lira, découvrira une autre vie que la sienne, d’autres mots, les apprivoisera, d’autres sentiments jusqu’à interférer dans la relation. L’écriture de Laurence Vilaine magnifie une nature indomptable et le portrait de cette femme solitaire prête à s’éveiller à un autre monde.
Ecouter la lecture de la première page de "La Géante"Fiche #2561
Thème(s) : Littérature française
La narratrice nous raconte par petites touches délicates et sensibles son retour dans la Villa. Elle nous livre le flux ininterrompu de ses pensées, tel l’eau d’un ruisseau calme. La Villa est entourée de la mer et du vent, deux inséparables éternels. Son père et la Villa, eux, ont été séparés, son père est mort. Elle s’adresse à lui, elle souhaiterait renouer, lui dire qu’elle savait et ce qu’elle ne savait pas. Elle revient sur les relations entre son père et son grand-père et sur le silence qui les habitait. Elle nous parle de ses bouées qui l’épaulent dans cet instant, la nage (« Nager m’entraine et m’aide… la seule préoccupation est d’avancer, sans regarder derrière… ») et l’écriture (« Ecrire calme un peu le flux de mes pensées… ») alors que les mots s’échappent au début de cette période : « Comment écrire avec des mots qui rêvent de partir en courant… Comment ferais-je de la littérature avec des mots qui ne répondent pas quand on les demande ? ». Mais peu à peu, la lumière revient, les mots s’articulent entre eux, trouvent leur place, les idées plus sereines continuant de s’enchaîner face à la mer et au vent. Un court texte débordant d’émotion, de tendresse et de poésie éclairé par le style et l’écriture.
Ecouter la lecture de la première page de "La grande villa"Fiche #1813
Thème(s) : Littérature française
Le vieux Miklus, sorte de patriarche, est respecté du clan rom installé sur une rive du beau Danube. Il choisit le prétexte d’une rencontre avec un journaliste à l’occasion des vingt ans de la chute du Mur pour enfin parler, hurler, prendre à témoins, confesser un lourd secret qu’il a toujours tu, qui pèse sur sa conscience comme sur sa communauté. A travers une série de portraits inoubliables, Chnepki la Vieille à la voix d’ange qu’elle a maintenant perdue pour s’isoler et sombrer dans une folie dangereuse et destructive, Lubko le gadjé violoniste virtuose et sculpteur de marionnettes adopté par le groupe, Maruska sa fille adorée, Dilino l’enfant muet différent et exclus, l’histoire des Roms communauté solidaire ou non, où la solitude comme l’intimité sont absentes, toujours repoussée voire opprimée est décrite sans angélisme. A travers ces trajectoires dramatiques, l’oppression explicite ou non est dépeinte. Constamment en évolution et omniprésente, elle pèse de tout son poids sur le destin individuel et collectif en niant la différence et en ignorant l’histoire singulière de la communauté Rom. Ce premier roman dense et émouvant évite tous les clichés ; Laurence Vilaine avec une écriture maîtrisée et musicale telle un violon qui pleure, qui rit, qui vit, réussit parfaitement à immerger le lecteur au sein d’une communauté hélas toujours au cœur de l’actualité !
Premier roman
« Pour qui ne veut prêter ses oreilles au monde, je crois que la musique est un cadeau tombé du ciel. »
« Apprendre la langue du pays où vous vivez, avec le temps, ça tombe sous le sens… mais l’exercice était tout autre : on vous sommait fermement de désapprendre la vôtre. »
« Une farce que le bonheur, il n’est finalement jamais là où l’on est. »
Fiche #992
Thème(s) : Littérature française