« La seule richesse à tirer de la douleur, si richesse il y avait, était une capacité à supporter une douleur plus grande. »
Alex Taylor
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« Clio exerce le métier de chercheuse en – peu importe, chercheuse du fond de la tasse, de la cuillère immergée, de la courbure hachée des ongles... » alors rien d’étonnant que Clio parte sur les traces de son grand-père Donato. Un grand-père qui peu à peu perd ses souvenirs qu’il n’a d’ailleurs que peu partagés : « Dans une toute autre vie, décidemment, Donato se serait raconté comme on raconte des histoires. » Un gamin des Pouilles, emblématique d’un certaine catégorie de la population à la sortie de la guerre, en lutte face aux difficultés de la vie. Il devra quitter la lumière éclatante des Pouilles pour la noirceur et l’âpreté des mines belges auxquelles il s’évertuera à résister ; la survie dans la pauvreté, toujours et encore. Alors Clio reliera les étapes d’une vie guère mise en avant : « Quand on cherche à reconstruire la mémoire de quelqu’un, fatalement, on s’efforce (on se maltraite un peu) à convoquer des images qui ne sont pas les nôtres, à évoquer des évènements étrangers, à entendre, voir, s’émouvoir, pleurer, sentir, jouir, comme l’autre, à remplir sa boîte interne (la former, l’informer) d’une matière insaisissable et, par conséquent, insuffisante. » Portrait (aussi imaginé) attachant d’une vie dépeinte avec un style travaillé, précieux, foisonnant de trouvailles, de mots anciens ou littéraires, d’associations de mots. Un premier roman raffiné et ambitieux.
Premier roman
« ...le langage peut maltraiter celui qui est faible à son endroit... »
Fiche #3069
Thème(s) : Littérature française
Lynx sait frapper les arbres pas les mots, il sait les admirer, les observer, les sentir : « Son vrai monde, c’est la forêt. Seuls les arbres lui sont une famille. Avec ce qu’ils contiennent de vent broyé, d’épaisseurs, de solitude blanche. » Pourtant il pressent que les mots sont aussi forts et puissants que les arbres. Il a grandi avec un père taiseux et une mère délicate. Lynx est parti, a parcouru le monde avant de revenir. La mort brutale de son père (accident, suicide ou …) écrasé par un tronc et l'envie de partir renaît. Et puis Lilia arrive. C’est une femme, mais pas comme les autres, pas comme celles d’une nuit. Et puis elle a un petit. Elle sera à part. Alors Lynx leur propose la maison d’enfance. Elle acceptera. Lui opte pour la grange, il a préféré s’éloigner de son enfance. Lilia parle peu, elle aussi, elle préfère manier et travailler les mots à l’écrit, bûcheron écrivain, quelle différence ? Les mots comme la forêt peuvent être doux et accueillants, les mots comme la forêt peuvent être noirs et violents. Il est possible de s’y perdre. Ils demandent tous les deux autant de précision et d’attention. Et cet été, le plus chaud depuis très longtemps, l’atmosphère est pesante… Un style poétique envoûtant qui sait jouer avec les temps, le conditionnel interrogeant toujours le lecteur, au cœur d’une forêt, de ses arbres, de ses silences mais aussi du processus d’écriture.
Ecouter la lecture de la première page de "Lynx"Fiche #2252
Thème(s) : Littérature étrangère