« Nous n’avons rien à espérer du passé. Ce sont les hommes seuls qui ont eu l’audace d’inventer le temps, d’en faire des cloisons pour leur vie. Pas un seul ne peut vivre assez longtemps pour se croire exister, pas un seul n’est en mesure de saisir la vie quand elle le traverse… »
Franck Bouysse

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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L'Age d'Homme

Olivier VANGHENT

L'entre-sort
L'Age d'Homme

2 | 150 pages | 22-10-2012 | 13€

C’est l’histoire d’Elle et de Lui. Une histoire d’amour. Il est immobile, paralysé, l’infini l’appelle. Pourtant ses pensées courent encore et il peut la regarder, elle, toujours aussi belle et aimante. Elle transcrit les mots qu’il aligne, péniblement. Pourra-t-elle continuer de l’aimer et le délivrer ? Jusqu’où est-elle prête à le suivre ? Un cri angoissant, un texte dérangeant voire violent qui bouscule le lecteur, un style indéniable, une maîtrise du rythme, du fond comme de la forme.

Premier roman

« Nous sommes entrés dans le monde par un cri. La vie aura permis d’en sortir avec des mots, qui ne sont jamais les mêmes, sont les seuls, peut-être, les derniers qui nous distinguent vraiment. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'entre-sort"

Fiche #1199
Thème(s) : Littérature française


Albert CARACO

Bréviaire du chaos
L'Age d'Homme

1 | 126 pages | 30-12-2005 | 12€

Lydie Salvayre dans une chronique récente mit en avant Albert Caraco et j'ai donc suivi ses conseils avisés : un texte dur, terrible et à ne pas mettre dans toutes les mains. En tous cas, il soulève moult questions et même si certaines solutions et affirmations soulèvent l'incompréhension et la révolte, la lecture vaut le détour.

Albert Caraco est né en 1919 d'une famille juive et connait rapidement l'exil. Il programme sa mort et se suicide après la mort de son père comme prévu. Dans tous ses textes, il clame sa détestation des milieux lettrés, de la politique, de la charité, sa détestation de lui-même et de la condition humaine : "Je fais profession de haïr le monde". Il prévoit la montée des racismes et des fanatismes et démontre l'impossibilité de tout humanisme : des livres absolument noirs et pessimistes.

Dans "Bréviaire du Chaos", il crie en particulier sa haine de la masse et de la surpopulation qui selon lui nous conduit directement à l'extinction ide l'homme : des phrases terribles parsèment ce texte. Feu d'artifice brulant avec quelques citations du "Bréviaire du Chaos" :

- "... Un jour, nous métamorphoserons toute chose en nourritures succulentes... un jour nous coloniserons, l'une après l'autre les planètes... Ces contes à dormir debout sont publiés au moment où les trois quarts de l'espèce vivent plus mal que nos chiens ou nos chats, sans espérance de sortir de leur abjection, au moment où le dernier quart, auquel on promet l'abondance sans limites, a quelque raison de douter de la validité de ces merveilles..."

- "... Les marchands veulent des consommateurs, les prêtres veulent des familles, la guerre les effraye moins que le dépeuplement : c'est dans les marchands et les prêtres que l'ordre pour la mort trouve ses appuis les plus fermes. L'humanité devra se souvenir de cette conspiration..."

- "...Le Nationalisme est une frénésie pareille à celle qui s'empare des sociétés animales, devenues trop nombreuses... Le Nationalisme est l'art de consoler la masse de n'être qu'une masse et de lui présenter le miroir de Narcisse : notre avenir rompra ce miroir..."

- "...Car l’homme n’est pas ici-bas pour produire et pour consommer, produire et consommer n’aura jamais été que l’accessoire, il s’agit d’être et de sentir que l’on existe, le reste nous ravale au rang de fourmis, de termites et d’abeilles..."

- "... Lorsque les gens seront persuadés que leurs enfants seront plus malheureux que ceux qui les engendrent et leurs petits-enfants plus malheureux encore... ils s'abandonneront au désespoir et végéteront dans leur mécréance, mais ils mourront stériles... Le refus d'espérer et le refus de croire entraînent infailliblement le refus d'engendrer, c'est une liaison que l'on s'efforce de nier..."

- "... Nous n'éviterons ni la faim ni le Racisme et nous ne pourrons nous soustraire à l'une qu'en nous abandonnant à l'autre, nous nous ferons un jour Racistes pour manger..."

Fiche #85
Thème(s) : Littérature étrangère





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