« … le diable n’est que le nom qu’on donne aux choses horribles qu’on se fait les uns aux autres. »
S.A. Cosby
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« Le Crépuscule des Vainqueurs » en se situant au cœur d’une grande société cotée (surcotée ?), multinationale de la finance, dépeint l’état actuel de notre monde : financiarisation, profit à outrance, folle consommation, omniprésence des grandes marques, absence de sens, vacuité de nos existences et disparition de vraies relations humaines, digitalisation à outrance, mépris des classes dirigeantes, peur du chômage, compétition permanente entre les salariés, hiérarchisation, catastrophe écologique… Le portrait est réaliste et direct avec un ton ironique, acerbe, drôle et parfois cynique. Mais notre quotidien est devenu le cadre idéal à des manipulations tant locales qu'à l’échelle de notre société donc globales et mondiales. La machine semble devenue incontrôlable et qui sera prêt à l’affronter, à la reprogrammer ? Les soulèvements prévisibles voire attendus suffiront-ils ? « Le Crépuscule des vainqueurs » est aussi une affaire de survie, et pointe là peut-être le problème essentiel, survivre d’accord, mais pourquoi ? Notre société devenue folle, notre économie, notre consommation, ont réussi à nous le faire oublier.
Premier roman
« C’est l’avantage avec les gens désespérés, ils sont prêts à croire n’importe quoi pourvu qu’on leur promette un monde meilleur. L’espoir fait vivre, mec. Ils vont élire un nouveau gouvernement tout beau tout neuf et on pourra repartir de plus belle pour cinq ans. »
« La corruption, c’est pas une question d’éthique, c’est une question de zéros, p’tit gars ! »
Fiche #2545
Thème(s) : Littérature française
Antoine jeune garçon suit ou subit une éducation classique. Son père nourrit de grandes ambitions pour lui. De retour de l’école, Antoine reste à l’écart et observe dans un mutisme profond (« Antoine détestait qu’on l’obligeât à donner des gages de ce qu’il deviendrait quelques années plus tard. Un homme, un vrai, comme les autres ») : il observe les fourmis et les jambes des clients du café de son père. Puis un jour, après son bac, Antoine décide de ne plus participer à la vie des hommes et de partir pour ne pas laisser de trace. Il veut désapprendre (« Pour la première fois, il doutait de pouvoir un jour oublier tout ce qu’il avait dans le crâne »), revenir à un état animal. Il marche sans bruits, sans paroles, il marche sans but (« Marcher, aller, était le seul moyen qu’il avait trouver de déserter la trace immédiate des pas qui précèdent les pas à venir »), avec entêtement sans se retourner, sans avenir (« Qu’on pût lui dire à plus tard, à tout à l’heure, à bientôt, à demain, lui semblait un atteinte à sa liberté et l’encourageait à ne plus revenir. Il ne cessait de répéter, je vais où je suis, je suis où je vais. Que le Nord perdît sa trace ! Il dénonçait l’espoir et tout ce qui paralyse l’homme et l’oblige à rester. »). Sur son chemin, il rencontrera une femme qui le suivra comme une espèce de délivrance mais sans vraiment savoir pourquoi. Elle ne le comprendra pas mais suivra à quelques mètres de lui jusqu’à l’issue du voyage. Antoine est brutal, sans sentiment mais ne fournit pas d’explication et ne cherche ni à se justifier ni à ce que l’on le comprenne. Il avance. Pour «aller au diable»...
Fiche #247
Thème(s) : Littérature française
Roman posthume de Bernard Manciet. Un homme affolé, angoissé, fuit et cherche à se fondre dans une nature hostile et parfois amie... Le lecteur reste en attente et le suit attentivement dans sa marche au milieu de cette forêt inconnue avec l’eau actrice ou compagne omniprésente : qui poursuit cet homme ? un homme ? un animal ? quel ennemi ? lui-même ? parabole sur l’existence humaine ? Que le lecteur n'attende pas de réponse. Une écriture parfaite, limpide et formidablement maîtrisée emporte le lecteur dans ces sous-bois humides, parfois accueillants et parfois inquiétants. Une vraie écriture !
Fiche #222
Thème(s) : Littérature française
Hélène Lanscotte nous plonge dans dans la vie d'un village isolé où le silence et la pierre occupent une place prépondérante. Avec un style simple et direct, elle dresse une galerie de portraits de "taiseux" qui s'observent et se jaugent mutuellement. Seule l'arrivée inattendue de "l'homme du gouvernement" venu recruté des hommes pour la guerre viendra rompre la quiétude du village. Les langues se délieront ce qui provoquera chez ces villageois habituellement silencieux l'éclatement au grand jour des haines et rancoeurs qui sommeillaient. A découvrir (sortie en février).
Fiche #178
Thème(s) : Littérature française
Dans son premier roman, Christophe Caillé nous emporte au XVème siècle pour nous conter les histoires parallèles et proches de Gilles de Rais (ou Retz) et de Jacques, son compagnon d'enfance. Le roman, mais là n'est pas le propos, n'apporte pas de faits nouveaux concernant l'histoire de cette légende sombre, fou sanguinaire amoureux de jeunes garçons et jouissant de leurs souffrances. Dès sa naissance, Jacques est lié irrémédiablement à Gilles qui devient son maître : "je le connais comme le chien connaît son maître... c'est un homme extravagant qui fait à tout moment ce qu'il a envie de faire et dit ce qui lui passe par la tête. Ne prête pas attention à ce qu'il raconte, ce n'est pas un homme bon." répondra un jour Jacques à sa femme qui l'interroge sur Gilles. Le récit montre la fuite et le délire de Gilles de Rais : "Il murmurait que c'était plus fort que lui, qu'il avait beau essayer de ne pas écouter son désir, il l'entendait constamment, et même, plus il voulait le réprimer plus il s'exaspérait, et sa tête alors semblait sur le point d'éclater ; jusqu'au moment où n'en pouvant plus il retombait dans la débauche comme le chien retourne à son vomi". Il finira sur un gibet accompagné de deux de ses plus proches acolytes, exécuteurs des basses oeuvres... Jacques assiste au déroulement de cette vie diabolique mais refuse de croire les rumeurs entourant Gilles et ses pressentiments. La mort de Gilles provoquera sa fin et il deviendra lui-même la proie des démons avant de basculer dans la damnation éternelle.
Une écriture pure, limpide et directe au milieu de la folie, des croyances et de la sorcellerie.
Fiche #112
Thème(s) : Littérature française
Antoine Percheron décède à 25 ans d'une tumeur au cerveau. Ce court texte inachevé fut retrouvé dans ses papiers. Ce texte exceptionnel est la métaphore d’une maladie où l’auteur s’imagine plante, métaphore pourtant réaliste puisque la tumeur d’Antoine Percheron était un oligodendrogliome dont la caractéristique est de naitre des racines au fond du cerveau.
Un petit bijou lumineux à découvrir.
Fiche #46
Thème(s) : Littérature française
- Leclerc - Glykos - Manciet - Lanscotte - Caillé - Percheron