« L'ennui dans ce monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés pleins de doute. »
Bertrand Russel
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Ils ont un an d’écart et ne se quittent pas à Thetford Mines, ville de l’industrie québécoise de l’amiante dans les années 80. Steve, neuf ans, et le petit Poulin, dans un environnement évidemment impacté par les mines, jouent, partent à l’aventure, courent sur les terrils, construisent des cabanes, partagent leurs BD et magazines. Ensemble, ils ont créé un cocon de bonheur dans l’insouciance qu’ils ne retrouvent pas à la maison, tout du moins Steve qui a une mère malade en retrait et un père mineur dur, sans bienveillance, tendresse ni amour : « Mon père ne me détestait pas : il ne m’aimait pas spécialement. Je pouvais le comprendre – ainsi que ceci : moi, je le détestais. Moi j’en avais peur. ». Une relation qui va peser davantage après le drame : un jeu qui tourne mal et Steve reste seul avec sa culpabilité, perdu sans son ilot de bonheur disparu. Il déborde de douleur, de mélancolie et de colère et aura constamment du mal à mobiliser son « bon feu ». Deux enfants qui se créent un paradis mais espace fragilisé par des vies familiales impactées par un monde déjà percuté par moult catastrophes. Un premier roman avec un style très maîtrisé tant dans les descriptions des sentiments et des émotions, des relations humaines que de la nature.
Premier roman
Fiche #3230
Thème(s) : Littérature étrangère
« Scènes villageoises sans cochon » est un récit de guerre à hauteur d’enfant. Zeljka est une petite fille qui habite au nord de la Croatie en guerre, en 1991. Par de courts billets ce qui permet de passer rapidement d’une situation, d’une scène de vie ou d’une ambiance à une autre, avec toute sa naïveté et sa franchise, elle nous fait partager sa guerre. Jouer, vivre, rire malgré la guerre, malgré la peur, et malgré la maladie. Elle partage ses sentiments, ses convictions, ses envies : jouer au foot, se faire baptiser sans conviction pour être comme les autres, prendre sa part à la guerre contre les Serbes… Elle nous parle d’elle, de sa famille, de ses amis et donc de la Croatie et de son histoire, le ton est juste et souvent drôle malgré le tragique en arrière plan.
Ecouter la lecture de la première page de "Scènes villageoises sans cochon"Fiche #3166
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Chloé Billon
Un titre qui frappe, qui claque, qui cingle, qui intrigue et qui pique ! Frappabord est en effet un terme canadien qui désigne des mouches piqueuses se délectant notamment de nos épidermes et de notre sang. L’une d’elles se confiera au lecteur tout au long du récit qui rebondit entre 1942 et des temps plus contemporains. En 1942, sur Grosse-Ile, les alliés américain, canadien et britannique ont engagé des dizaines de scientifiques qui, dans le secret absolu, doivent créer et tester de nouvelles armes bactériologiques : qui de mieux qu’une mouche pour propager efficacement un virus ? Des années plus tard, une canicule accompagnée d’une multitude de frappabords frappent la région, l'atmosphère devient tendue, les cas de violence se multiplient… L’auteur installe brillamment, mine de rien, une tension et une angoisse communes aux deux époques et mêle efficacement une histoire intime en suivant le destin de trois personnages principaux (dont une mouche) et la grande histoire. Vous ne regarderez plus de la même façon le prochain taon qui vous approchera !
« On ne peut jamais savoir qui sont nos véritables ennemis avant de leur avoir fait confiance. »
« Il y a des chemins que les hommes ne devraient pas emprunter. »
Fiche #3123
Thème(s) : Littérature étrangère
Shadi et Anna sont toutes deux étudiantes en psychologie encadrées par Thorsten. Elles sont très différentes, différentes par leurs origines, différentes par leur caractère. Shadi vit difficilement sa vie de couple avec Emil alors qu’Anna fait la fête dès qu’elle le peut espérant édulcorer sa peine après le décès de sa mère. Thorsten devine que ces différences créent un duo qui se complète. Et de deuil, il va être en question puisque les deux étudiantes vont devoir s’unir pour rédiger un mémoire sur le deuil avec comme question centrale : peut-on traiter le deuil comme une maladie ? Question qui prend tout son sens puisque Danish Pharma, une société pharmaceutique, avec sa directrice Elisabeth assure avoir mis au point la callacoïne un médicament qui permettrait d’accompagner le deuil et de tempérer la tristesse l’accompagnant. Les deux étudiantes et leur directeur vont devoir choisir, rentrer dans le rang comme tant d’autres universitaires, fermer les yeux sur des statistiques manipulées, sur des effets secondaires niés, ou jouer en dehors de la gamme en menant bataille pour la vérité et la science et contre les collusions entre industrie et communauté universitaire. Un roman tendu, haletant, singulier, plongeant le lecteur dans les mondes scientifique, médical et de la psychanalyse avec un trio de personnages très attachants et émouvants.
Ecouter la lecture de la première page de "En dehors de la gamme"Fiche #3045
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Berlioz, Laila Flink Thullesen
Ys est un minuscule bout de terre, une île perdue entre l’Amérique et l’Europe, au cœur de l’Atlantique Nord. Au XVIIIème, deux mondes y vivent : ceux d’en haut et ceux d’en bas. Ceux d’en haut semblent être à l’abri des tempêtes, des marées, des naufrages… alors que ceux d’en-bas triment et souffrent de la violence de la mer. Ceux d’en bas aimeraient parfois rejoindre ceux d’en haut et il arrive que certains y parviennent et pourront-ils alors peut-être déterminer quelle société est la plus humaine, la plus supportable ? La vie reste en effet un âpre combat dans les deux sociétés. Les femmes des deux mondes ont des vies guère enviables et parmi elles, le destin de la jeune Danaé Berrubé-Portanguen dite Poussin nous est conté, une personne à part puisqu’elle a le privilège (ou pas ?) de savoir nager. Une vie de combat pour la mer, contre la mer, de lutte citoyenne, une vie, une lecture pour savoir définitivement ce qu’est « être issois(e) ». Un récit limpide et addictif d’une grande ampleur au style travaillé, maîtrisé et singulier, une imagination débordante qui crée un monde imaginaire totalement crédible, « La mer parle, il faut savoir l’écouter. » et Dominique Scali nous en donne brillamment les clés.
Ecouter la lecture de la première page de "Les marins ne savent pas nager"Fiche #2954
Thème(s) : Littérature étrangère
On nage parfois pour s’isoler, pour se laisser aller, pour se noyer. Dans une piscine de Grèce, Kat nage aussi pour réfléchir, pour se souvenir : elle a 39 longueurs à faire, une pour chaque année de sa vie, 39 longueurs pour se souvenir, pour analyser, disséquer, comprendre et peut-être décider. Au rythme des longueurs de bassin, au rythme des apnées et des respirations du crawl, tranquillement mais furieusement, elle retrouve son passé, son enfance, son père qui lui appris cette nage, sa mère, ses problèmes de nutrition, son couple, la naissance de sa fille (qui est d’ailleurs au bord du bassin en train de discuter avec Achille, un jeune grec, sorte d’éphèbe tout juste sorti de la mythologie), son infidélité, le désir… Nager laisse le temps d’analyser avec précision les sentiments, les mots, les situations, revenir à la racine. Laissez-vous glisser sur la vague derrière Kat, calez-vous sur son rythme et vous plongerez avec bonheur au plus profond de son introspection poétique.
Ecouter la lecture de la première page de "Elle nage"Fiche #2858
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Madeleine Stratford
Psychanalyste en fin de carrière, il a soixante-douze ans passés, et tout ce temps à écouter et analyser semble quelque peu l’avoir vidé. Il décompte les consultations (« Encore 688 consultations. A cet instant, j’avais le sentiment que c’étaient 688 de trop. ») qu’il lui reste et semble parfois absent, pressé d’en finir. Mais l’arrivée d’une ultime et jeune patiente, Agathe, vient bouleverser ses derniers instants de psychanalyste. Il note immédiatement son odeur de pomme qui lui rappelle son enfance, sa fragilité et l’impression de vide qui l’accompagne. Il l’écoute et elle l’intrigue. Lui qui a toujours su garder une distance et un détachement lui prête une attention et une curiosité inattendues. Il accepte de nouer un dialogue inhabituelle. Il n’est plus seul à poser des questions, elle l’interroge aussi, il s’interroge, il réfléchit sur elle mais aussi sur lui, ils partagent un miroir et sa pratique professionnelle s’en voit brouillée, la frontière habituelle avec sa patiente s’estompe. Un tendre et doux face-à-face de deux êtres vidées par la vie qui sauront rallumer avec douceur, questionnement et écoute l’étincelle de la vie.
Premier roman
« Comment découvre-t-on de quoi on a peur ? »
« … comment pouvez-vous passer votre vie à soulager la souffrance des autres sans avoir un regard pour la vôtre ? »
« Je crois que la vie est à la fois trop courte et bien trop longue. Trop courte pour qu’on ait le temps d’apprendre comment on doit vivre. Trop longue parce que le déclin devient de plus en plus visible chaque jour qui passe. »
Fiche #2379
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Inès Jorgensen
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