« L’œil n’est pas fait pour voir mais pour recevoir. »
Franck Pavloff

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Le Castor Astral

John LYNCH

La déchirure de l'eau
Le Castor Astral

6 | 240 pages | 22-06-2015 | 17€

James Lavery a 17 ans. Neuf ans auparavant, son père, Conn, est mort. Pour l'Irlande, bien sûr. En héros, évidemment. Sa mère a alors plongé dans l'alcool et s'est rapprochée de Sully, un gars hâbleur et pas trop fiable. Le jeune homme a dû tenter de se construire écrasé par la présence posthume du héros alors que c'est son père qui lui manque, le poids de l'Irlande, la mort et la violence omniprésentes. Il est si facile de suivre le même chemin. Pourtant, courageusement, à partir de ses rêves qu'il nous fait partager, James saura adopter un autre itinéraire, découvrir en Conn un père, puis l'apaisement, et éteindre la culpabilité, la colère et la violence qui l'animaient en éloignant ainsi la mort de son quotidien. Un superbe et émouvant roman d'initiation avec cette ambiance si singulière qu'apportent l'Irlande et son histoire.

Premier roman

« J'aime L'Irlande. J'aime ses ciels bas et étroits. J'aime sa silhouette fragile sur les cartes. Je suis sur le point de mourir pour l'Irlande. Je vais devenir immortel. Je vivrai dans les paroles des chansons que chantent les anciens… Mon sang sera une rivière où d'autres patriotes se baigneront, ils puiseront leur force dans ma bravoure.  »

Ecouter la lecture de la première page de "La déchirure de l'eau"

Fiche #1647
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Richard Bégault


Verena HANF

Simon, Anna, les lunes et les soleils
Le Castor Astral

5 | 150 pages | 30-07-2014 | 12€

en stock

Simon est perdu. Sa compagne l’a quitté, brutalement, sans explication, « la déserteuse est partie, la bataille est finie, il n’y a plus que moi, un moi vaincu, à genoux ». Désemparé, il garde silence et décide de partir, « partir seul comme un grand, lécher ses plaies, essayer de se relever, de se refaire une fierté », de se ressourcer, sur les traces de son enfance et de retourner là où, enfant, il fut heureux avec ses parents. Le petit hôtel du village alsacien a bien changé, et Simon y croise rapidement Anna, une femme un peu austère et aussi perdue que lui. « Madame Non » se confie, Simon a le temps, il l’écoute et lui raconte également sa vie et ce qui l’a amené jusqu’ici. Au cœur de leur dialogue se retrouve évidemment la famille, ses non-dits et ses relations humaines parfois heurtées. Mais ensemble, en s’entraidant et se soutenant, ils prouveront que les épreuves peuvent être supportées et acceptées. Deux confessions qui les surprendront, les bousculeront, les aideront à surmonter leurs angoisses et surtout, leur ouvriront les portes d’une nouvelle vie. Un second roman à l’image de « Tango tranquille » qui trouve le ton juste et traite des épreuves de la vie avec humanité, humour et optimisme.

« Je la regarde et me dis qu’il y a des moments dans la vie qui sauvent le reste, qui valent le tout. Des moments de grâce qui font se volatiliser les routes désertes, les drapeaux en berne, les demoiselles hautaines vexées et l’abîme des années perdues. »

Ecouter la lecture de la première page de "Simon, Anna, les lunes et les soleils"

Fiche #1485
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Verena Hanf lus par Vaux Livres


Verena HANF

Tango tranquille
Le Castor Astral

4 | 170 pages | 18-09-2013 | 13€

Violette est une femme « d’un certain âge, quel bel euphémisme », seule, en effet elle a choisi volontairement « le silence social ». Elle s’est isolée des liens familiaux (marre d’être « la tache grise » des réunions familiales) et sociaux. Elle n’attend rien des autres et préfère se parler vertement d’ailleurs, la dame est directe et n’a pas la langue dans sa poche ! Enrique jeune Bolivien exilé et sans papiers est seul également, mais il subit sa solitude comme sa pauvreté. Il ne comprend pas pourquoi les gens ont peur de lui. Mais « l’île déserte n’existe pas » et le hasard des rencontres illumine parfois les vies. Les deux se croisent, un sourire (« son sourire soulage mon silence social »), un regard, elle décide de l’aider, ce « maigrelet ». Elle repoussera les barrières dont elle s’était entourée, elle redevient humaine, elle renouera les liens avec le monde et le passé qui n’est jamais mort mais aussi avec l’homme qu’elle a quitté. C’est décidé, elle arrête de « mordre ». Enrique reconnaîtra dans « madame patate » sa grand-mère, trouvera une nouvelle famille, une protection, de l’amitié et une véritable place à leurs côtés. Un bel hommage aux rencontres lumineuses qui peuvent bouleverser nos vies et écorner les préjugés, à l’attention portée aux autres qui peut tous nous sauver. Un style vif et personnel pour ce très joli premier roman.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Tango tranquille"

Fiche #1360
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Verena Hanf lus par Vaux Livres


Lorenzo CECCHI

Nature morte aux papillons
Le Castor Astral

3 | 175 pages | 21-10-2012 | 14€

A Bruxelles, dans les années 70, Vincent étudiant en sociologie observe, réfléchit et doute. Il observe ses parents et leur amour étouffant, son père en train de mourir, sa promise Carine, son pote Nedad qui souhaite devenir sculpteur. Au milieu de ce quotidien prévisible et pesant surgit Suzanne, femme libre et libérée, et lorsqu’il la saura manipulatrice, il l’oubliera ainsi que Nedad. Vincent a toujours su se protéger des autres, il s’attachera à garder une distance pour mieux observer, ne pas se laisser accaparer mais aussi s’observer. Des potes, oui, il en aura, mais des amis, il n’en aura qu’un (« Nedad conclut que l’amitié est un égoïsme extrême, un narcissisme poussé à son comble où chacun prend son pied en solo en jouissant de son propre reflet dans un alter ego qu’il appelle son ami : une pratique spirituelle substitutive à l’inavouable désir charnel. »). Des années plus tard, Suzanne et Nedad resurgissent brutalement dans sa vie et lui confirment sa fragilité et le long périple qu’il lui reste à parcourir pour devenir un homme. Un texte sensible et désabusé sur l’amour, l’amitié, la faiblesse des hommes, leurs difficultés d’aimer, de s’engager.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Nature morte aux papillons"

Fiche #1197
Thème(s) : Littérature étrangère


Régine VANDAMME

Feu
Le Castor Astral

2 | 152 pages | 30-01-2010 | 13.2€

Feu couvre une journée de canicule du narrateur, Hughes Worm, journaliste de 44 ans, brillant à ses débuts qui sombre dans le désespoir et vit retiré du monde. Le lecteur le suit heure après heure dans son isolement, il n’a plus guère de contact avec le monde extérieur, seuls quelques appels à sa mère, sa femme et sa maîtresse. L’histoire banale d’un homme qui finalement a toujours été malheureux, en marge, et qui rapidement a renoncé à lutter, a laissé la solitude l’étouffer et continue de se laisser envahir par le désespoir. Un mal être que l’on ressent, obsédant, que l’on sent inexorable, trop fort pour cet homme qui ne peut lutter et se laisser submerger en attendant la mort. Un livre fort écrit à la seconde personne du singulier, le ton y est donc direct, froid, les vérités sont scandées, sans discussion, comme un cri de désespoir.

Fiche #712
Thème(s) : Littérature étrangère


Philippe BLASBAND

Irina Poignet
Le Castor Astral

1 | 160 pages | 13-07-2008 | 13€

en stock

Maguy est veuve et grand-mère d’un petit garçon très malade, atteint par une maladie orpheline. Le diagnostic est très réservé. Un traitement pourrait le sauver mais il demeure extrêmement coûteux (et non remboursé…). Les parents de Félix l’ont abandonné et seule Maguy continue à espérer alors qu’elle n’a pas les moyens pour assurer le financement de ce traitement. Ancienne hôtesse d’accueil à la RTBF, elle va devoir trouver un emploi mais à son âge, toutes les portes restent closes ! Proche d’abandonner, en passant dans un quartier, elle lit une affichette « Cherchons hôtesse », et elle va enfin être acceptée dans ce nouvel emploi inattendu qui bouleversera sa vie. Hôtesse du « Sexy fun », Maguy va être surnommée « Irina Poignet », la reine de la branlette, si consciencieuse qu’elle sera atteinte d’un « pénis elbow » et qu’elle fera de l’ombre à ses collègues. Un travail qui lui permettra de sauver son petit-fils et de rencontrer l’amour, elle qui n’y croyait plus. Ce roman de Philippe Blasband base du scenario de « Irina Palm » évite les écueils du sujet et oscille avec réussite entre gravité et humour. Un bon moment belge…

« Comment tu trouves ton nouveau boulot, Irina Poignet ?
Luisa se remet à rire. Mais Maguy a pris la question au sérieux. Elle réfléchit :
- Je ne savais pas qu’il y en avait tellement, des zizis.
- Un par homme ! Et comme ils sont trois milliards…
- Je les imaginais pas si différents. Je ne savais pas qu’il y avait tant de possibilités.
- C’est comme les nez, ou les chiens. Des petits chiens. Des gros chiens. Des chiens à poils ras…
- Tu avais raison. C’est comme des petits animaux.
»

Fiche #415
Thème(s) : Littérature étrangère





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