« On vivait et tout à coup, sans raison, on mourait. Les choses se brisaient sans que personne les ait touchées. »
Alessio Forgione
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Longtemps après avoir refermé le livre, on se souvient des êtres qui occupent ou hantent ce lieu. Car c’est surtout l’histoire d’un lieu - une forêt, un verger - que Daniel Mason nous raconte avec une tendresse non dénuée d’humour. Qu’on soit ami de la nature et de la forêt, pomiculteur ou écrivain, lecteur ou ornithologue, peintre, poète ou botaniste professionnel ou amateur, on vagabonde avec plaisir dans ce livre attachant et multiple. Car les douze chapitres ne sont pas seuls à nous « raconter » cette belle fable d’histoire naturelle. On trouve aussi, dans le désordre notamment : partition, poème, relevé topographique, empreinte, chant, ballade, gravure, planche de botanique, photo, dessin, pages d’almanach et même extrait de dossier médical et annonce immobilière ! On passe du récit à l’échange épistolaire quand on n’est pas plongé dans une enquête criminelle, d’un dicton à une note historique sans jamais perdre le fil. Car « seule reste la forêt ». Une forêt aux couleurs et odeurs très présentes, un coin de nature, quelque part dans le Massachusetts, où passent et trépassent des êtres sensibles, étonnants, souvent aimants et bienveillants, parfois cruels ou farfelus. Il y a là aussi une maison, personnage à part entière qui évoluera avec le temps car l’histoire des bois du nord se déroule sur quatre siècles (« Là, des hommes et des femmes pocumtuc avaient cultivé des champs le long du lit majeur de la rivière. Là, les hêtres et les chênes avaient poussé lentement à l’ombre d’arbres protecteurs. Là, les bouleaux avaient surgi après que les hommes du roi avaient coupé les pins pour servir de mâts à leur navire … On aurait dit que le passé se lisait partout dans le paysage. ») !
Arbres, plantes, oiseaux, animaux (parfois sauvages), insectes et même (et surtout) grains, pépins et champignons vivent là, aux côtés de femmes et d’hommes de tous âges et conditions, qu’ils cultivent la terre, les mots ou les arts. Chacun laissera sa trace. Une magnifique façon de parler d’un monde naturel qui disparaît. A moins que tout ne recommence.
Christine J.
« La première pomme. (…) J’ai failli pleurer, en pensant que j’avais gâché la moitié de ma vie avant de déguster ce fruit. Déchirons nos almanachs, datons cette existence d’avant et d’après cet instant. »
Fiche #3242
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Claire-Marie Clévy
Freedom Oliver, joli nom évocateur au parfum poétique et pourtant, dès l'ouverture, la dame vous refroidit : « Je m'appelle Freedom Oliver et j'ai tué ma fille. C'est surréaliste, et je ne sais pas ce qui me fait le plus l'effet d'un rêve : sa mort ou son existence. Je suis coupable des deux. ». Le ton est donné et le personnage s'impose immédiatement. Freedom fut accusée du meurtre de son mari et passa quelques moments en prison. Elle fut alors séparée de ses deux enfants rapidement adoptés par une famille de religieux au-dessus de tout soupçon, famille idéale, dans la droiture, la voilà rassurée… Le coupable en prison, innocentée et protégée par le FBI, elle se terra dans l'Oregon sans jamais révéler sa véritable histoire, même si le sympathique, attentionné mais bourru flic Mattley flairait bien quelques secrets inavoués. Néanmoins, lorsqu'elle apprend quasiment simultanément la sortie de prison de l'accusé et la disparition de sa fille, Freedom ne peut rester insensible et passive. La louve est lâchée et rien, vraiment rien, ne pourra la stopper. Une palette de personnages et de caractères exceptionnels, de la tension, du suspens, de la folie, un ton et une construction singuliers, une vraie réussite!
Premier roman
Fiche #1650
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Claire-Marie Clevy