« Le bonheur a peu d'avenir, mais le malheur a des félures qui laissent parfois passer le jour. »
Chantal Pelletier
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A Auschwitz en 1943, une vingtaine de riches hommes d’affaires juifs continuent de croire que leur argent les protège, que leur liberté peut s’acheter et Friedrich Brenske fait tout pour entretenir ce mirage. Et peut-être car « les femmes ont ce quelque chose qui fait vivre les poètes », Herman Cohen, le porte-parole du groupe, choisit une jeune femme, Katarzyna Horowitz, et l’entraîne avec eux, la liberté comme but ultime, mais quel prix sont-ils prêts à payer, quel prix est-elle prête à payer ? Pervers et cynique, Friedrich Brenske est un fin manipulateur, en effet l’espoir infini de vie du groupe le place dans une situation favorable. Arnost Lustig dissèque ces manipulations dans un huis clos malsain entre le bourreau et ses victimes, le bourreau s’efforçant d’édulcorer ses violences et espérant paraître conciliant face à des victimes qu’il sait sans limites, jusqu’à la docilité extrême, prêtes à tout pour continuer d’espérer, pour gagner quelques instants de vie. Seule Katarzyna Horowitz saura même à l’ultime instant ne pas courber l’échine et rappeler toute son humanité. Après « Elle avait les yeux verts », Arnost Lustig propose un deuxième volet encore plus bouleversant et terrifiant.
Ecouter la lecture de la première page de "La danseuse de Varsovie"Fiche #1217
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Erika Abrams
Hanka a seize ans quand elle arrive dans les camps avec ses parents et son jeune frère. Son père choisira la mort plutôt que l’internement alors qu’elle sera l'unique survivante de la famille. Un peu par hasard, les circonstances, les rencontres la poussent vers la vie, mais quelle vie ! Hanka bien que juive devient Fine et prostituée dans un bordel militaire. Douze militaires au minimum par jour, tous les jours. Quelques officiers. Toujours sur le fil de la vie (« Elle doutait que sa vie vaille le prix qu’elle la payait… Elle payait sa vie de son sexe, de ses cuisses, de ses bras, jambes, doigts, lèvres, langue, - et de son âme. »). Elle conserve pourtant une once de désir de vie dans cette descente en enfer, dans l’inhumain (« Elle ne voulait plus se demander s’il n’était pas indigne de vivre ainsi. Pourquoi elle était née. Si on lui avait posé la question, elle savait désormais ce dont les hommes faits. Ce qui est ou non dans la nature humaine. »). Miroir de cette inhumanité, la confession de cette jeune fille révèle toute son humanité. « La guerre finie, elle se mêla à la petite foule des survivants qui avaient eu la chance de voir un autre mourir à leur place. ». Elle erre au milieu des hommes, apeurée, sa mémoire pesant terriblement sur son présent et son avenir (« Si la mémoire était une personne, elle ne serait pas quelqu’un que tu aurais envie de rencontrer la nuit. »). Pourra-t-elle éviter cette fuite éperdue vers laquelle peut l’entraîner son passé gravé à jamais au plus profond d’elle-même et se reconstruire ? « Que sommes-nous ? Un morceau de chair et une âme brisée. »
Fiche #811
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Erika Abrams