« Oui, l’amour est une négation du temps, disait-elle. Nous sommes éphémères comme le monde mais éternels comme la jouissance. »
Olivier Liron

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Galaade

Rhéa GALANAKI

L'ultime humiliation
Galaade

14 | 292 pages | 11-08-2016 | 24€

Rhéa Galanaki dresse un triple portrait dans L’ultime humiliation : deux vieilles dames au caractère trempé qui vivent dans un foyer-appartement et ont décidé de s’appeler Tirésia et Nymphe et Athènes, la ville à l’histoire grandissime et au quotidien révolutionnaire. Nous sommes en effet en 2012. Athènes vit et subit la crise, les Athéniens n’ont alors pas encore abdiqué devant le roulot compresseur européen et la rue athénienne s’en ressent ! Les deux femmes vivent les évènements par procuration depuis leur appartement, à la télé, devant leur fenêtre tout en caressant le chat Balthazar, par la venue dans leur antre de quelques acteurs de la révolte. Et puis, un jour, elles veulent se confronter à la réalité, rejoindre le peuple des invisibles, et discrètement s’évadent. Elles mettront de long mois à retoruver le chemin du foyer… Rhéa Galanaki ne contente pas de dresser un portrait indirect de la tragédie grecque, elle glisse tout au long des aventures de Tirésia et Nymphe quelques pistes historiques sur ses causes.

« Tragédie et démocratie sont les enfants d’une même mère, mais qui n’ont pas été conçus au même moment. »

« Sa vie à elle lui avait appris de la façon la plus amère qu’aucune espèce d’hommes, pas même les gens d’Eglise, n’appartient à une seule catégorie, que primo, les humains diffèrent entre eux et que secundo, ils changent en fonction des époques et de la société dans laquelle ils vivent. »

« ...la douleur éprouvée par un sans-abri excède même ce qu’il peut en dire, qu’il ait ou non de l’éducation ou un diplôme. Elle est plus profonde, plus sourde, plus sombre que ces mots morts-nés dont nous disposons pour communiquer chaque jour et peut-être aussi que tous les vocables dont nous nous servons pour écrire… Nous ne croyons plus aux lettres : elles n’ont pas su protéger de la chute ceux qui les maîtrisaient. »

« Les animaux ne versent pas de larmes quand ils pleurent. »

« Car la terre natale est un pays étranger quand on prend, des années plus tard, le chemin du retour… C’est moins le pays que l’homme qui change au fil du temps… »

Ecouter la lecture de la première page de "L'ultime humiliation"

Fiche #1826
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Loïc Marcou


Hakan GÜNDAY

Encore
Galaade

13 | 375 pages | 24-01-2016 | 24€

Quatre tableaux durs, brutaux pour dresser le portrait de Gazâ, un enfant d’une dizaine d’années, devenu adulte trop tôt, sans enfance et qui aurait pu mourir dès sa naissance. Sa mère morte peu après sa naissance, il suit son père, passeur turc, cynique, sans scrupules ni limites, bien décidé à exploiter au mieux la misère des hommes sur le chemin de l’Europe. L’homme comme une marchandise. Avant leur départ, il doit les garder, les stocker… Trafic inhumain, racket, vol, viol, chantage, barbarie, au sein de cette clandestinité, l’horreur est permanente, l’impuissance des clandestins immense. Et Gazâ et son père ne sont pas les seuls à en profiter… Pourtant, par étourderie, Gazâ deviendra meurtrier, et sera accompagné par le fantôme du disparu. Il en sera ébranlé même s’il continuera à accompagner son père. Un livre coup-de-poing particulièrement réaliste qui explore la noirceur de la nature humaine, les relations de pouvoir. Puissant et terrifiant.

« Le fait d’obéir et de se soumettre permettait de commettre en toute sérénité tous les pêchés, tous les crimes du monde sans être l’auteur de ses propres actions. L’obéissance était un vrai miracle… Plus de responsabilité, plus de remords. Tout le monde aurait dû obéir, pour rejeter ses fautes sur autrui. Que l’on dirigeât une nation ou une bande de gamins, c’était l’unique moyen de rester sain d’esprit. »

« Je pleurai tout mon soûl ! C’est cela, la véritable liberté de l’homme. Pleurer tout son soûl. Et aussi, peut-être, pleurer pour ce qu’il veut… »

Ecouter la lecture de la première page de "Encore"

Fiche #1743
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean Descat


Albena DIMITROVA

Nous dînerons en français
Galaade

12 | 210 pages | 19-07-2015 | 18€

Alba a dix-sept ans lorsqu'elle est admise à l'hôpital du gouvernement bulgare pour une paralysie galopante. Loin de son milieu habituel, elle va faire La Rencontre avec Guéo, cinquante-cinq ans et membre du Politburo. La complicité initiale se mue rapidement en passion. L'histoire se déroule quelques années avant la chute du mur et les régimes communistes tendent à disparaître. Et Guéo est bien placé pour le savoir, il a toujours été militant et rédige alors un rapport destiné à sauver le régime. Alors surveillance ou espionnage ne l'émeuvent guère. Il préfère la vie (sans contraintes) et Alba. Pourtant le quotidien s'embrume et il décide de faire partir Alba, définitivement marquée par cet homme et cette rencontre, en France où il la rejoindra dès que possible. « Nous dînerons en français » est le roman de la fin d'une période en Bulgarie, d'une passion entre deux êtres différents, d'un rendez-vous manqué et Albena Dimitrova a choisi de nous le faire partager avec son accent dans sa langue d'adoption qu'est le Français ce qui renforce la poésie et la fraîcheur du trait.

Ce roman a été réédité en 2023 par les éditions Intervalles.

Premier roman

« En toute chose politique c'est pareil, une fois les extrémités bien bordées, il faut attraper la bonne mais boudeuse voix du milieu »

« Je n'ai jamais possédé le cœur de Guéo. Lui non plus, il n'a jamais possédé le mien. Nous les avons juste fait battre ensemble. Etions-nous libres? »

Ecouter la lecture de la première page de "Nous dînerons en français"

Fiche #1665
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Albena Dimitrova lus par Vaux Livres


Tuna KIREMITÇI

Un été
Galaade

11 | 356 pages | 29-06-2013 | 22€

A partir de trois portraits croisés, « Un été » nous parle de la Turquie d’aujourd’hui mais aussi de l’Europe. Yakup quitte pour la première fois la Turquie pour venir en France où il rencontre d’autres exilés européens. Il a croisé peu de temps auparavant la jeune Leyla qui vient d’apprendre que son mari Halil s’apprête à la quitter sans raison apparente. Elle nous emmène dans une errance sur les traces de son enfance et son père qui vient de se suicider à travers Istanbul la belle. Un livre dense avec trois personnages que les évènements n’ont pas épargnés mais qui reste attachés à leur pays et à la vie.

Ecouter la lecture de la première page de "Un été"

Fiche #1318
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Skvor


Arnost LUSTIG

La danseuse de Varsovie
Galaade

10 | 215 pages | 07-01-2013 | 18€

A Auschwitz en 1943, une vingtaine de riches hommes d’affaires juifs continuent de croire que leur argent les protège, que leur liberté peut s’acheter et Friedrich Brenske fait tout pour entretenir ce mirage. Et peut-être car « les femmes ont ce quelque chose qui fait vivre les poètes », Herman Cohen, le porte-parole du groupe, choisit une jeune femme, Katarzyna Horowitz, et l’entraîne avec eux, la liberté comme but ultime, mais quel prix sont-ils prêts à payer, quel prix est-elle prête à payer ? Pervers et cynique, Friedrich Brenske est un fin manipulateur, en effet l’espoir infini de vie du groupe le place dans une situation favorable. Arnost Lustig dissèque ces manipulations dans un huis clos malsain entre le bourreau et ses victimes, le bourreau s’efforçant d’édulcorer ses violences et espérant paraître conciliant face à des victimes qu’il sait sans limites, jusqu’à la docilité extrême, prêtes à tout pour continuer d’espérer, pour gagner quelques instants de vie. Seule Katarzyna Horowitz saura même à l’ultime instant ne pas courber l’échine et rappeler toute son humanité. Après « Elle avait les yeux verts », Arnost Lustig propose un deuxième volet encore plus bouleversant et terrifiant.

Ecouter la lecture de la première page de "La danseuse de Varsovie"

Fiche #1217
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Erika Abrams

Les titres de Arnost Lustig lus par Vaux Livres


Ursula HEGI

Brûlures d'enfance
Galaade

9 | 375 pages | 07-09-2012 | 21€

Ursula Hegi mène de front le portrait de Thekla Jansen une jeune institutrice allemande, et la description de la période où le nazisme prit son essor et ses idées rencontrèrent un écho dans l’opinion allemande. Un an après l’incendie du Reichstag, la peur s’est installée et la propagande devenue permanente. Alors que Thekla estimait et admirait son ancienne maîtresse contrainte de quitter son poste du fait de sa judéité, elle accepta pourtant de la remplacer, premier petit renoncement, premier pas vers l’acceptation d’une réalité violente et oppressante. Les garçons de sa classe s'enrôlent dans les jeunesses hitlériennes tandis qu’elle tente de les protéger, de les éveiller. Mais l’oppression s’accroît, la censure s’installe et ses tentatives deviennent timides. Sans jamais être convaincue, elle tente de comprendre ses élèves et estime, entre naïveté et ignorance, que ce n’est qu’une mauvaise période, un épisode à passer qui sera vite oublié. Pourtant l’ingérence du IIIe Reich dans la vie de tous l’obligera elle aussi à dévoiler et gérer un passé qu’elle ignorait et qui bouleversera son appréhension du quotidien. Après « Trudi la naine », Ursula Hegi confirme son talent à mêler portraits intimes et évocations historiques.

Ecouter la lecture de la première page de "Brûlures d'enfance"

Fiche #1182
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Guillaume Villeneuve

Les titres de Ursula Hegi lus par Vaux Livres


Arnost LUSTIG

Elle avait les yeux verts
Galaade

8 | 484 pages | 18-08-2010 | 23€

en stock

Hanka a seize ans quand elle arrive dans les camps avec ses parents et son jeune frère. Son père choisira la mort plutôt que l’internement alors qu’elle sera l'unique survivante de la famille. Un peu par hasard, les circonstances, les rencontres la poussent vers la vie, mais quelle vie ! Hanka bien que juive devient Fine et prostituée dans un bordel militaire. Douze militaires au minimum par jour, tous les jours. Quelques officiers. Toujours sur le fil de la vie (« Elle doutait que sa vie vaille le prix qu’elle la payait… Elle payait sa vie de son sexe, de ses cuisses, de ses bras, jambes, doigts, lèvres, langue, - et de son âme. »). Elle conserve pourtant une once de désir de vie dans cette descente en enfer, dans l’inhumain (« Elle ne voulait plus se demander s’il n’était pas indigne de vivre ainsi. Pourquoi elle était née. Si on lui avait posé la question, elle savait désormais ce dont les hommes faits. Ce qui est ou non dans la nature humaine. »). Miroir de cette inhumanité, la confession de cette jeune fille révèle toute son humanité. « La guerre finie, elle se mêla à la petite foule des survivants qui avaient eu la chance de voir un autre mourir à leur place. ». Elle erre au milieu des hommes, apeurée, sa mémoire pesant terriblement sur son présent et son avenir (« Si la mémoire était une personne, elle ne serait pas quelqu’un que tu aurais envie de rencontrer la nuit. »). Pourra-t-elle éviter cette fuite éperdue vers laquelle peut l’entraîner son passé gravé à jamais au plus profond d’elle-même et se reconstruire ? « Que sommes-nous ? Un morceau de chair et une âme brisée. »

Fiche #811
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Erika Abrams

Les titres de Arnost Lustig lus par Vaux Livres


Juan José MILLAS

Une vie qui n'était pas la sienne
Galaade

7 | 192 pages | 21-06-2010 | 15.2€

Laura et Julio forment un couple sans histoire... et sans enfants. Ils se connaissent de longue date et la routine s’est quelque peu installée jusqu’au jour où un jeune voisin s’installe dans l’appartement contigu. Manuel est un écrivain sans œuvre, désoeuvré il vit grâce à la forutne de son père diplomate qui vit loin de lui. José n’apprécie guère ce genre de personnage, pourtant peu à peu, un trio se forme et Manuel devient un intime du couple. L’amitié prend forme et parait effective, même si parfois, Manuel semble prendre la place de l’enfant que le couple n’a jamais eu. Jusqu’à l’accident de Manuel qui tombe dans le coma et le miroir dans lequel chaque membre du trio se regardait et regardait les deux autres explose littéralement ! Comme dans son précédent roman, Juan José Millas apprécie l’étude fine des relations amoureuses, des sentiments au sein d’un trio adulte où le secret ne peut perdurer.

Fiche #786
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : André Gabastou

Les titres de Juan José Millas lus par Vaux Livres


Murat UYURKULAK

Tol
Galaade

6 | 380 pages | 20-06-2010 | 22.2€

Tol est l’histoire d’une vengeance et démarre sur un rythme effréné qui ne faiblira pas, les premières pages secouent le lecteur : « Tranquillement, comme s’il allait à la boulangerie : je sors. Je vais me venger et je reviens. ». Trois personnages prédominent et mêlent leur voix en enchassant leurs récits : Oguz révolutionnaire de la cause kurde des années 60-70, Sair activiste de la même génération qui s’exilera à Paris avant de revenir en Turquie après l’amnistie, Yusuf qui n’a pas connu son père en quête d’identité. Trois trajectoires qui luttent contre l'oppression, oeuvrent pour plus de liberté et témoignent de l’histoire de leur pays par leurs engagements, leurs illusions puis leurs désillusions et leurs échecs qu’ils peineront à supporter. Un roman noir, brûlant, exigeant tant dans sa construction et que dans son écriture.

Fiche #780
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean Descat


Hugo LAMARCK

Myrtille
Galaade

5 | 151 pages | 01-05-2010 | 13.1€

Myrtille est une jeune femme dynamique, sorte de feu follet née avec une tache de vin sur le visage, reine de l'imaginaire et du rêve. Sa recherche du bonheur est marquée par sa rencontre au parc Monceau avec un étrange personnage au masque d'oiseau, maître de deux inséparables, par son amour pour Angelo et enfin par un livre qui n'est pas arrivé par hasard entre ses mains (comme Myrtille n'arrivera pas par hasard non plus entre les votres...). Un joli conte entre Prévert et Amélie Poulain, débordant de fantaisie et de joie, hymne aux mots et aux livres, lumineux et poétique où chaque lecteur puisera son propre bonheur. Un pur plaisir !

Premier roman

Fiche #763
Thème(s) : Littérature française


Marie CASANOVA

Et l’odeur des narcisses
Galaade

4 | 118 pages | 24-08-2009 | 15.1€

Thérèse est seule dans sa maison d’un petit village corse. Sa solitude entre autres suscite ses confidences totales, elle raconte à trois compères singuliers ce qu’elle n’a certainement jamais exprimé. Une vie à double facettes : calme et tempête, amour et haine, beauté et laideur... Thérèse découvre subrepticement au même instant l’horreur d’une exécution capitale à Cayenne et l’amour par un baiser à l’odeur de tabac. Tout au long de son existence, Thérèse continuera d’espérer et d’attendre l’amour mais en même temps le redoutera. Après un passage revigorant en Italie, elle rejoint avec sa famille le village corse où elle sera crainte et moquée. La vie de Thérèse bascule en effet le jour où sa lourde compagne, « la gamba », la rejoint pour une union désespérante. De son second amour naîtra sa fille, Juliette, qui soufflera encore le chaud et le froid sur l’existence de Thérèse. Un beau portrait de femme singulière au triste destin servi par une belle écriture.

Premier roman

Fiche #623
Thème(s) : Littérature française


Clare SAMBROOK

Je n'ai pas encore dix ans
Galaade

3 | 288 pages | 22-01-2009 | 22.2€

La famille Pickles est heureuse, Mo la mère, Pa le père médecin, deux enfants Daniel le héros de la famille et Harry l’ainé passionné de course à pied court vers ses dix ans. Pourtant ce livre est la confession d’un drame. Alors que Harry et Daniel reviennent d'une sortie scolaire en bus, Daniel disparaît et Harry endosse sur ses petites épaules la responsabilité de cette disparition, de cet abandon (« Tu n’as pas vérifié, voilà ce que je veux crier. Tu n’as pas vérifié. Tu n’as pas vérifié ni braillé. »). Ecarté par les adultes (et les enfants), esseulé il assiste impuissant, sans aide, aux conséquences désastreuses et pénibles de cette disparition. La disparition restant inexpliquée, le couple part en vrille et le tient à l’écart. Seul son oncle Otis l’épaule dans la détresse. Harry crie sa douleur avec ses mots d’enfants, et malgré la dérive sans espoir de ses parents continue d’espérer que la vie les rattrape. Vous serez happé par l’univers déchiré de ce petit bonhomme qui hurle son désespoir, son envie de vivre, ses angoisses, ses attentes et ses rêves les plus fous. Le rythme est élevé (ce n’est pas pour rien que Harry est adepte de la course), les phrases courtes et saccadées et vous dévorerez ce livre avec émotion.

« Où est Daniel ? me dit-elle.
– Il n’est pas avec vous ? » ai-je dit.
Alors deux choses arrivèrent en même temps. Le visage de Mo s’allongea. Et je sus ce que les adultes veulent dire quand ils disent qu’un cœur chavire.
»

Premier roman

Fiche #505
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvie Taussig


Ursula HEGI

Trudi la naine
Galaade

2 | 664 pages | 02-09-2007 | 26.4€

en stock

Trudi Montag vit à Burgdorf, près de Düsseldorf. Née au début de la première guerre mondiale, elle est rejetée rapidement par sa mère, elle se sent vite différente des autres, sentiment confirmé lorsqu’elle apprend que sa taille restera celle d’un enfant. Dès son plus jeune âge, elle devient experte dans l’observation des autres, observation facilitée et influencée par sa différence : elle est ignorée et chacun se laisse aller à des confidences qu’il n’aurait pas exprimées en présence de quelqu’un d’autre. Elle les observera donc avec lucidité, toujours et encore, tentera de déterminer sans complaisance leur mode de pensée et mettra à nu leurs comportements, leurs sentiments, leurs faiblesses… La société allemande est auscultée au plus près. Chaque chapitre du livre couvre une période de 1915 à 1952, des lendemains de la première guerre jusqu’à la reconstruction en passant évidemment par la montée du nazisme et par son règne, tout y est : ceux qui résistent, ceux qui adhèrent, ceux qui se taisent, ceux qui se laissent entraîner… Rien n’échappe à son œil acéré et personne n’est épargné. Peut-être de par son statut différent, sa vision de la progression lente du nazisme et le glissement vers la barbarie n’en sont que plus réalistes, démonstratifs et pleins d’enseignement.
Une écriture très vivante pour cette fresque qui retrace avec brio l’histoire d’un pays à partir de la vision de personnages particulièrement humains et attachants en accompagnant Trudi et son entourage tout au long de sa vie. Un pavé (664 pages) que vous ne lâcherez pas !

"Enfant, Trudi Montag croyait que chaque être humain savait ce qui se passait dans la tête des autres. C'était avant qu'elle comprenne en quoi sa différence faisait force. Et son angoisse."

« Folle de joie d’être enfin entourée d’autres enfants, elle ressentit plus que jamais sa différence, aussi. Ce n’était pas seulement la taille de son corps et les vêtements mal ajustés, dessinés pour des enfants de trois ans, qui faisaient d’elle une étrangère ; c’était aussi sa volonté farouche d’être admise. »

« Les gens murmurent de plus en plus… Tu sais que lorsque ce genre de messes basses commence à apparaître, c’est qu’on se dirige tout droit vers une guerre. La rumeur de la ville, du pays tout entier, baisse d’un ton… Même le fleuve, les oiseaux… »

« "Nos jeunes, dit Léo, sont facilement entraînés par tous ces discours… Ils ont été frustrés pendant tellement longtemps qu’ils sont maintenant séduits par les promesses, par la camaraderie instantanée. Il y a toujours quelqu’un pour les inspirer, pour les persuader…" Il secoua la tête. "De vrais petits soldats, y compris les filles, avec leur fierté de ce drapeau vulgaire, à faire froid dans le dos. Je suis content que tu ne fasses pas partie de tout cela. Ils ne voudraient pas de moi." »

Fiche #294
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Clément Baude

Les titres de Ursula Hegi lus par Vaux Livres


Juan José MILLAS

Le désordre de ton nom
Galaade

1 | 215 pages | 21-02-2007 | 19.3€

en stock

Julio Orgaz éditeur en mal d’écriture souffre d'hallucinations auditives : il entend L’Internationale aux moments les plus inopportuns. Pour tenter d’y remédier, il suit une analyse auprès d’un psy, Carlos Rodo. Après chaque séance, il se rend dans un parc où il rencontre Laura et de laquelle il tombe amoureux. Laura, femme mariée, ressemble étrangement à Teresa, une ancienne maîtresse disparue dans un accident de voiture. Mais, sans le savoir, Julio se lie « en réalité » avec la femme du psy. Le couple quant à lui saisit progressivement la situation incongrue mais chacun garde le silence, le psy étant fasciné de retrouver sa femme à travers Julio. Un beau texte sur l’écriture et l’imagination, et sur la frontière entre fiction et réalité.

Fiche #197
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eduardo Jimenez

Les titres de Juan José Millas lus par Vaux Livres





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