« Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. »
Laurent Gaudé
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A la fin du XIX ème, en Géorgie, deux gamins, deux Joseph, partagent les mêmes airs de jeux dans les rues de Gori. L’un est l’arrière-grand-père de Kéthévane Davrichewy et l’autre, que l’on surnomme Sosso, deviendra Staline. Les deux gosses se ressemblent, amis un jour, rivaux le lendemain, affrontements physiques comme intellectuels. L’auteur dresse le portrait de ce duo mais aussi de la Géorgie d’alors. Les gamins grandissent et prennent des chemins différents, Sosso part au séminaire et Joseph au collège où il rencontrera son premier véritable ami Lev Rosenfeld futur membre du triumvirat soviétique avec Staline. L’aventure de la vie mènera Joseph, qui continuera d’espèrer en une Géorgie indépendante, jusqu’en France où il refusera toujours de rejoindre Staline. Des questions restent sans réponse : qui était vraiment Joseph pour Sosso ? Qu’aurait accompli Joseph aux côtés de Sosso ? Le portrait de cet homme seul, incapable de se livrer, courageux, doutant toujours, fidèle à ses premiers engagements et convictions (« Moi je voudrais simplement faire quelque chose pour la Géorgie, qu’on y vive mieux, qu’on nous laisse être Géorgiens. ») permet aussi à l’auteur d’établir un pont entre ce grand-père et son père. Kéthévane Davrichewy plonge dans son histoire personnelle en mêlant avec succès la petite et la grande histoire ; elle dresse avec sa belle écriture un portrait attachant, nous parle de transmission et de non-dits dans une enquête aussi intime qu’historique.
« L’héroïsme se transforme en crime, et le crime en héroïsme selon la comédie que jouent les hommes… »
Fiche #1770
Thème(s) : Littérature française