« L’héroïne, c’est une maison avec un feu de bois, un canapé et une couette. On y entre et on ne veut plus en sortir. Pour quelle raison ? Dehors, tout est froid et difficile. »
Jérôme Chantreau
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Les vingt-deux personnages de « Peine perdue » habitent dans une station balnéaire de la Côte d’Azur. Région paradisiaque et pourtant, derrière l’image idyllique, les arrières cours sont souvent troubles et la violence couve ; ces personnages ont d’autres préoccupations que d’admirer la mer, d’ailleurs même cette mer, à l’unisson de ces femmes et hommes et de leurs environnements va se fâcher, pleine de colère et de rancœur, elle se déchaînera, lâchera ses coups, comme d’autres sur un terrain de foot ou ailleurs... Olivier Adam réussit parfaitement à dresser ces vingt-deux portraits, à exposer leurs intimités, à tisser des liens puis les mailles de son filet, et le lecteur, douloureusement, s’y laisse prendre. Olivier Adam continue de s’intéresser aux invisibles, aux sans-grades, à cette majorité qui constitue la France mais qui se tait et subit la loi et la violence de notre société et des puissants qui la façonnent, ses personnages sont en perdition, abandonnés, en lutte pour la vie, la détresse n’est jamais loin, précaires dans tous les sens du terme. Emotion, noirceur, réalisme, sensibilité, fraternité, tout y est, un roman choral magistral !
« Pourquoi est-ce que pour moi la vie ne va pas de soi ? Et puis elle se reprend. Est-ce que c’est seulement le cas pour quelqu’un en en ce monde ? »
« Sidération, culpabilité, colère. La valse à trois temps de ceux qui restent. »
« C’est le problème avec la vie, a pensé Antoine. La nôtre est toujours trop étriquée, et celle à laquelle on voudrait prétendre est trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles, c’est l’infini qui revient à zéro. Au final, ça passe. Ça finit toujours par passer. »
« Ne lui demandez pas qui c’est ‘’ils’’, il n’en sait rien. Mais il a souvent l’impression qu’ils existent et qu’ils sont bien décidés à les user jusqu’à la corde. Ne lui demandez pas non plus de qui il parle quand il dit ‘’nous’’. Nous c’est nous. C’est tout. Ceux qui en sont le savent très bien. Et les autres aussi. Chacun sait où il est. De quel côté de la barrière. »
Fiche #1515
Thème(s) : Littérature française