« Ce que lisent les gens est une porte d’entrée royale sur leur territoire le plus privé, un aveu ou une déclaration publique de tout ce qui agite leur esprit et leurs sentiments, leurs attentes, leur rêves et leurs désirs imaginaires, des plus compromettants parfois, leurs impasses et leurs errements… »
Anne-Marie Garat
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Danton, Hugo, Churchill. Trois monstres. Trois ogres. Trois grands fauves, à l’affût. Prêts à bondir, à se défendre comme à prendre l’offensive. Très tôt confrontés à la mort, boulimiques de la vie, elle les a happés. Ils sont vifs, alertes comme le style d’Hugo Boris notamment dans la nouvelle sur Danton (ma petite préférée !). Dompteur accompli, Hugo Boris aime décidément surprendre ses lecteurs, quatrième livre, toujours très différents des précédents, entre le recueil de nouvelles, la biographie romancée et le roman historique, il tire un fil ténu entre les trois, nous propose sa vision de leurs destins exceptionnels, trois grands hommes engagés qui ont marqué l’histoire de France et la mémoire collective.
Ecouter la lecture de la première page de "Trois grands fauves"Fiche #1381
Thème(s) : Littérature française
Ivan part pour un long séjour dans l'espace, le plus long. Il sera accompagné périodiquement par deux autres personnes. Départ depuis Baïkonour : Ivan, médecin, laisse sa femme et ses deux enfants pour accompagner deux scientifiques ingénieurs et s’installer dans une station orbitale pendant plus d’un an, course vers un record. Dans cette expérience et dans sa volonté d’exister, Ivan espère donner un sens à sa vie, à la vie, rempli d’espoir en la science. Il est programmé pour réussir et rien d’autre ne compte. Mais dès le départ, l’équipe est bancale ce qui ne facilite pas la cohabitation. Malaise renforcé par l’isolement, l’apesanteur, le confinement et la promiscuité. Ivan n’en sortira pas indemne. Page après page, jour après jour, le lecteur assiste aux profondes mutations psychologiques et physiques d’Ivan qui en devient ainsi plus attachant. Il est parti comme "une bête à expériences", il reviendra Homme. Hugo Boris confirme son don pour étonner et surprendre le lecteur, un troisième livre loin des deux précédents déjà très différents pour notre plus grand plaisir avec toujours au centre l’humain et une écriture particulièrement aboutie.
Fiche #729
Thème(s) : Littérature française
Louis et Fanny se rencontrent à l’hôpital. Il accompagne sa belle-sœur pour un accouchement alors qu’elle est veuve depuis peu. Il est professeur d’économie et de piano. Elle est sage-femme et sera bientôt sourde. En donnant vie à ses enfants, elle a perdu et continue de perdre peu à peu l’ouïe (maladie de Beethoven). Comme une dernière épreuve, un dernier plaisir, elle retrouve Louis (mais pas l’ouïe) pour apprendre le piano. Louis est solitaire, secret et certainement blessé. Au fil de leurs rencontres où la parole est loin d’être maître du jeu, ils vont se dévoiler, se désirer, elle témoignera des naissances qu’elle accompagne chaque jour, il sera exigeant dans l’apprentissage (apprentissage de la musique avec le silence omniprésent et si bien rendu par l’écriture de H. Boris) mais lui dévoilera son intimité la plus profonde. Ces rencontres, le vocabulaire employé, la trame, tout se noue avec réussite pour créer un pont, une concordance entre ces deux métiers et ces deux vies a priori si éloignés. Un texte poétique, sensible et émouvant sur la naissance, la vie, l’amour, le handicap et la mort. Hugo Boris nous propose deux romans à ce jour (La délégation norvégienne), de thèmes totalement différents (la marque d'un vrai écrivain) et à découvrir absolument en attendant le troisième !
Premier roman
Fiche #404
Thème(s) : Littérature française
René Derain rejoint une forêt du nord de l’Europe avec son chien pour un stage de chasse. Cinq hommes et deux femmes de différents pays européens partageront son quotidien pendant quelques jours. Pas encore arrivé à destination, il s’arrête et observe la forêt ; même son chien s’inquiète et reste paralysé, immobile, sans voie devant ce mur. Elle semble étrange, interdite, refermée, absorbante. Il poursuit pourtant son chemin et est le dernier à arriver à destination. Bizarrement, le propriétaire du pavillon de chasse responsable du stage est absent. Les stagiaires prennent possession du chalet et entreprennent leurs premières sorties. Peu à peu, Derain ressent une tension poindre au travers des anecdotes contées lors des veillées et de ces sorties. Chacun semble jouer un rôle déjà écrit et la fin lui paraît peu à peu inéluctable. Un piège puissant, machiavélique et fantastique se referme sur lui. Son assassinat ne saurait tarder, c’est écrit ! Mais qui tire les fils de cette histoire ? Ce qui est certain, c'est que le lecteur aura son rôle et sans son intervention, l'histoire restera sans fin ! Hugo Boris réussit à installer une atmosphère lourde et inquiétante par petites touches et le fantastique de la situation accroît le suspense et l’intérêt du lecteur pour cette épopée tragique. On retrouve l’environnement de l’excellent « Scène de chasse en blanc » mais sa violence est remplacée par une dose mesurée de fantastique qui accroît l'étrangeté du récit et l'oppression ressentie par la lecteur.
« Une peur singulière le gagne, lui, le garde forestier, qui n’a jamais rien ressenti de tel dans son pays. La peur de l’ombre, la peur du silence, la peur du bois sombre à la tombée de la nuit. Il y a quelque chose d’inquiétant dans cette montée de la peur lorsqu’il n’y a évidemment personne. Et son chien qui n’aboie pas... Quelque chose ne va pas. Le chien est anormalement immobile. ».
Fiche #266
Thème(s) : Littérature française