« La mort ne commence rien, à part ce sentiment de perte qui habite nos insomnies. »
Lyonel Trouillot
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Sofia la grise à la fin de l’ère communiste continue d’accueillir les Wunderkind dans son Conservatoire pour Enfants Prodiges. Konstantin, pétri de talent, est l’un des meilleurs. Ils sont trois, différents, impétueux, rebelles, orgueilleux, fiers parfois prétentieux et arrogants mais tous obsédés par leurs instruments et leurs interprétations et en rupture totale. Ils acceptent seulement de s’effacer devant la musique, berceau de leur liberté. Des ados qui refusent l’institution et sa violence permanente, le pays et son régime politique, les autres élèves vus comme des moutons, leurs parents… Deux exceptions pour Konstantin, sa prof de piano qui croit en lui et a réussi à établir une confiance partagée et un respect mutuel, et son oncle Ilya emprisonné pendant plus de trente ans qui tente de lui faire partager sa sagesse. Ces ados, déjà adultes et pourtant encore enfants, épris de liberté (« La clé de la liberté se trouvait au bout de mes doigts. ») découvrent aussi l’amour et ils en profitent bien malgré l’institution qui veille. Toujours sur le fil, l’exclusion les menace à chaque instant : On m’avait fait croire que j’apportais la lumière. Et voilà que j’avançais à tâtons dans l’obscurité. C’était plutôt cruel. ». Entre ses réflexions sur son art, Konstantin nous fait partager sa vie, ses passions et déchirements tout en dressant en creux un portrait cruel de la Bulgarie des années 80. Un superbe concert dense et particulièrement rythmé que ce « Wunderkind ».
« Si nous naissions tous idéalistes, alors l’existence ne pouvait être qu’une longue déception. Heureusement, il y avait la musique. »
« Le mal naît toujours d’une éthique en or massif. »
« Il est facile de prononcer les mots, de reproduire comme un perroquet, l’intonation de chaque phrase, d’imiter les inflexions de la parole humaine. Tous les ambitieux le font, c’est à celui qui saura le mieux parfaire l’expression de la marionnette universelle. Mais croire aux mots, être les mots, les suivre dans l’abîme : cela réclame rien de moins qu’une aptitude au martyre. Avec la musique impossible de mentir impunément. Chaque trahison se traduit par une banalité mélodique. La cupidité et la complaisance se transforment en pauvreté harmonique, la colère et le nihilisme en bruit et en dissonance. L’esprit superficiel étouffe le rythme de la phrase musicale ; il n’a pas d’oreille. »
« La vie n’est qu’une répétition générale. »
Fiche #1344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
France Camus-Pichon