« Ouïr, c’est obéir, adhérer à un commandement. Je n’entends pas donc je n’obéis pas. Je fais ce que je veux de moi et des autres. La musique crée le monde et le musicien avec lui. Mon corps sort du ventre de bois, l’instrument m’accouche, me rend à la vie. Avant, dans le silence, j’étais mort. A présent, sur la portée, je vibre et je sens. »
Cécile Ladjali

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Plon

Julien DUFRESNE-LAMY

Les bienheureux
Plon

17 | 237 pages | 24-10-2022 | 19€

« L’histoire qui suit raconte neuf personnages autant que neuf enfants. Ils sont touchés par le même sort. La même maladie orpheline. ». Il s’agit du syndrome de Williams-Beuren, pas de réponse thérapeutique, une maladie qui ne guérit pas, malformations cardiaques, retards dans la croissance et dans l’apprentissage... Des enfants puis des adultes au QI guère élevé mais à grande sensibilité, réceptifs aux émotions, à la joie, à la poésie, à la musique, aux langues, des petits lutins différents en attente d’amour. Alors les parents comme les enfants portent le fardeau de la différence, à l’école, avec les proches, partout, constamment. Le combat est sans fin, lourd et épuisant surtout que ces enfants ne dorment que très peu. A quoi pensent-ils pendant ces longues nuits, le temps qui passe, l’avenir… Un récit émouvant qui éclaire les combats, le courage et l’amour de ces familles confrontées à la différence et à l’incapacité de notre société à l’accepter et à lui faire une place.

Ecouter la lecture de la première page de "Les bienheureux"

Fiche #2950
Thème(s) : Littérature française


Pénélope ROSE

Valse fauve
Plon

16 | 270 pages | 14-08-2022 | 20€

Rose a dix-neuf ans et vit avec ses parents qui rêvent pour elle d’un mari, d’un foyer, d’enfants... Rose a d’autres rêves que celui de bonne épouse et notamment des rêves d’indépendance et de liberté. Une fête sur la place du village bouleversera sa vie. Elle y va transformée en garçon manqué et rencontre un accordéoniste venu de la ville qui vit un peu à l’écart, le village s’en méfiant. Elle découvre rapidement qu’André vit avec Michèle, sa fille. Ils se marient, le trio prend ses marques lorsque le pays est envahi et tombe aux mains des Salauds. L’occupation commence, la traque aussi. Angoisse, violence, meurtre deviennent le lot de tous. Alors certains rejoignent le camp des Insurgés et c’est le cas d’André. Michèle et Rose restent seules et n’auront de nouvelles d’André que par courrier pendant ces très longues années d’occupation. Le temps à tendance à tout effacer, les rêves, l’envie de résister... Comment continuer à faire ses propres choix dans un contexte anxiogène, violent et contraint ? Mais que peuvent espérer les Salauds face à Michèle et Rose, ces deux femmes de caractères qui arrivent tant bien que mal à dompter leurs peurs. Le lecteur assiste avec émotion au double combat de Rose, Michèle et André au cœur d’une longue occupation terrifiante. Un premier roman sous tension avec une vraie vision de la vie sous occupation et une construction et une trame singulières qui donnent toute sa puissance au récit.

Premier roman

« Car aucun tyran au monde ne peut comprendre ce qu’il se passe dans le cœur des survivants. »

« Les corps se confondent, en pile, tous la même peau et le même sang, peu importe le camp. La même odeur, la même texture, le même bruit de chair déchirée lorsque les balles les transpercent... »

« Offrir un espoir que l’on sait faux est la pire des saloperies. »

« Personne ne vivait la guerre de la même façon, et cette différence abyssale entre chacun d’entre nous donnait du pouvoir à nos ennemis. »

« Les gens sont seuls et tristes, ce dont ils rêvent, c’est de se sentir entourés, de mettre fin à leur solitude. Alors il suffit que quelqu’un leur dise : Moi, je vous comprends. Je ne vous abandonnerai jamais. Et paf ! Ils le suivent. Place au dictateur ! »

« Combien de coups fallait-il recevoir afin d’apprendre à faire la différence entre l’intuition et la résignation ? »

« Quitte à choisir, si l'amour était un moyen de combler la solitude, j'aurais préféré un chien. Si j'avais été ma mère, je n'aurais pas choisi mon père mais un bouvier bernois. »

Ecouter la lecture de la première page de "Valse fauve"

Fiche #2903
Thème(s) : Littérature française


Jean-Marie QUÉMÉNER

Sombre éclat
Plon

15 | 135 pages | 24-01-2022 | 14.9€

Charles Ntchorere fut tirailleur sénégalais pendant la première guerre, l’histoire le rattrapera et la deuxième guerre lui sera fatale. Avant d’être exécuté, il engage le dialogue avec un officier allemand, un Prussien, bien droit dans ses bottes. Les Allemands et la Wehrmacht ont fait prisonnier les hommes du capitaine Ntchorere et un tri macabre a été fait. Naturellement, les Noirs, considérés comme des sous hommes voire des animaux, vont mourir. Alors c’est avec un certain étonnement que l’officier allemand constate la culture, l’engagement, la droiture de cet homme. Parler de Kant avec un Noir, quelle surprise ! Ce dialogue même fugace pourra-t-il faire reculer la barbarie ? La vie prendre le pas sur la violence ? Laisser de côté la patrie et apprendre à se connaître, se découvrir, faire reculer ses peurs : des problématiques du passé ? Hélas, certainement pas, mais c’est ce qui fait toute la puissance et l’intérêt de « Sombre éclat », un court texte aussi dense qu’essentiel !

« L’ignorance est mère de la frayeur… L’homme se construit en masse réunie contre un autre. Jamais avec. L’uniformité rassure, la différence, réelle ou supposée inquiète, j’imagine… Jusqu’à ce que la connaissance progresse. »

« Quand le fanatisme prend le pas sur l’intelligence, ne restent que proies et prédateurs, sans discernement. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sombre éclat"

Fiche #2798
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Marie Quéméner lus par Vaux Livres


Xavier-Marie BONNOT

Berlin requiem
Plon

14 | 360 pages | 03-08-2021 | 19€

En 1954, Wilhelm Furtwängler le chef d’orchestre réputé de l’opéra royal du Danemark est en fin de parcours et l’opéra lui cherche un remplaçant. Ce sera Rodolphe Meister un jeune chef de 28 ans. Deux destins opposés marqués par l’Histoire. Wilhelm Furtwängler accompagna la montée (il ne pensait pas qu’Hitler accèderait au pouvoir) puis le règne d’Hitler. Plaçant la musique au-dessus de tout, la musique n’est pas politique, il se laissa avec complaisance manipuler et resta en Allemagne pour continuer de pratiquer son art, prit quelques distances, ne pas laisser l’art et l’Allemagne aux mains de ces gens là. Il lui faudra néanmoins prouver à la fin de la guerre qu’il ne fut pas un vrai nazi. Rodolphe est le fils de la cantatrice célèbre Christa et enfant admirait Wilhelm. Mais pressentant la suite et fuyant les nazis, Christa et Rodolphe s’exilèrent en France où ils furent rattrapés par les nazis. Christa fut déportée et revint détruite des camps alors que Rodolphe entra en résistance. Ces deux musiciens ont donc beaucoup de choses à se dire, à découvrir, à partager, à débattre : la musique, les interprétations et la direction, l’histoire, l’Allemagne mais aussi à leur grande surprise leur histoire intime. Un roman historique captivant qui mêle efficacement la grande histoire et histoire intime et illustre les liens effectifs ou non entre art, musique et politique.

« L’art est le seul placement vraiment impérissable du travail et de l’effort de l’homme. »

Ecouter la lecture de la première page de "Berlin requiem"

Fiche #2727
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Xavier-Marie Bonnot lus par Vaux Livres


Anaïs LLOBET

Les mains lachées
Plon

13 | 155 pages | 02-10-2016 | 16€

Madel est quasiment au paradis : elle vit sur une petite île des Philippines avec son compagnon Jan, un chirurgien esthétique revenu au pays. Elle est journaliste et a été engagée par une radio télé locale. Ils sont dans la maison de Jan, lorsque le typhon annoncé, Yolanda, attaque l’île. Un typhon plus fort, plus puissant que d’habitude, un véritable tsunami qui emporte tout sur son passage en quelques longues minutes sans que la population ne comprenne vraiment ce qui lui arrivait. Jan disparaît et Madel qui tenait la main du petit Radjun ne peut le retenir. Terrifiant, « Le silence des hommes me fait frissonner ; il n’y a que la mer qui parle encore à Tacloban ». L’île et ses habitants ne seront plus jamais comme avant. En un instant, tout a changé. La mer a tout gommé, s’est installé, a tout détruit. Le roman nous parle de l’après, de la recherche obsédante et désespérée des disparus, de l’entraide absolue, du soutien dans la douleur et l’horreur. Mais il est aussi question des médias, de leur rôle, de leur comportement. Et Madel a évidemment un double rôle, c’est une rescapée avec ses propres disparus et sa culpabilité mais c’est aussi une journaliste qui se doit de témoigner, d’informer tout en respectant les victimes et leur douleur, « Nous ne sommes pas des charognes, ne devenez pas des vautours. ». Un roman âpre qui place réellement le lecteur au plus près des victimes, de la douleur, des odeurs, et où la mer n’apparaît pas dans son plus beau rôle, mais « Madel, un jour, il va falloir pardonner à la mer. »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les mains lachées"

Fiche #1854
Thème(s) : Littérature française


Hafid AGGOUNE

Anne F.
Plon

12 | 190 pages | 12-07-2015 | 15.9€

Un attentat est commis à Paris lors de son marathon annuel. Au milieu des concurrents, un anonyme, le père d'un prof de français qui apprend peu de temps après que l'une des personnes impliquées dans cet attentat est l'un de ses anciens élèves à qui il n'a pas su tendre la main au moment crucial, peut-être... La culpabilité l'accable, lui qui a choisi ce métier et son établissement pour aider les enfants à apprendre, à s'en sortir et à grandir. Aussi, alors qu'il relit le texte d'Anne Frank brûlant d'actualité, il se décide à écrire à sa petite sœur juive et à sa petite sœur d'écriture, une lettre par-delà la mort et le temps qui croise deux destins, deux vies non dénuées de points communs. Si ce journal demeure d'actualité, il interroge évidemment notre présent, notre société, son évolution et son futur hélas attendu, et Hafid Aggoune réussit parfaitement à l'intégrer dans notre quotidien. On retrouve ici avec grand plaisir l'écriture poétique et maîtrisée d'Hafid Aggoune. Il confirme encore son art pour bousculer le lecteur et surtout l'inciter (à relire Anne Frank naturellement) à la réflexion et à l'interrogation avec, entre autres, au coeur de ce livre les rapports filiaux, l'écriture (et la course à pied !), la différence, l'émancipation.

Hafid Aggoune nous rendra visite le jeudi 24 mars 2016.

« ...l'étranger n'est pas celui qui vient d'ailleurs, mais celui qui s'éloigne de nous. »

« ...les morts ne sont jamais absents, seuls les vivants nous manquent. »

« Mais nous avons notre part de responsabilité si nous n'aimons pas assez ou mal. »

« ...j'aime les enfants... pour ce qu'ils ne sont pas encore, pour tout ce qu'ils peuvent devenir, et je les aime pour ce présent immense qu'ils vivent comme si la vie était notre unique bien. »

« Où vont les larmes des hommes qui ne pleurent pas ? »

« Je crois que la grande différence entre les êtres quels que soient leurs origines ou leur milieu social, c'est l'amour que l'on reçoit et la nature de cet amour durant l'enfance. »

« Rien n'est plus vertigineux qu'une photo d'enfance, s'y miroiter devant l'être que l'on ne sera plus et qui sommeille en nous revient à tenter de voir un fantôme en plein jour. »

« J'avais oublié à quel point nous ne sommes ni une fonction, ni un métier. Ni une religion, ni un milieu social. Nous sommes des hommes et des femmes faisant de notre mieux le temps de notre existence. »

« On écrit pour que quelqu'un entende un autre coeur battre, même seul. »

Ecouter la lecture de la première page de "Anne F."

Fiche #1656
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hafid Aggoune lus par Vaux Livres


Nikolai GROZNI

Wunderkind
Plon

11 | 325 pages | 21-08-2013 | 21.5€

Sofia la grise à la fin de l’ère communiste continue d’accueillir les Wunderkind dans son Conservatoire pour Enfants Prodiges. Konstantin, pétri de talent, est l’un des meilleurs. Ils sont trois, différents, impétueux, rebelles, orgueilleux, fiers parfois prétentieux et arrogants mais tous obsédés par leurs instruments et leurs interprétations et en rupture totale. Ils acceptent seulement de s’effacer devant la musique, berceau de leur liberté. Des ados qui refusent l’institution et sa violence permanente, le pays et son régime politique, les autres élèves vus comme des moutons, leurs parents… Deux exceptions pour Konstantin, sa prof de piano qui croit en lui et a réussi à établir une confiance partagée et un respect mutuel, et son oncle Ilya emprisonné pendant plus de trente ans qui tente de lui faire partager sa sagesse. Ces ados, déjà adultes et pourtant encore enfants, épris de liberté (« La clé de la liberté se trouvait au bout de mes doigts. ») découvrent aussi l’amour et ils en profitent bien malgré l’institution qui veille. Toujours sur le fil, l’exclusion les menace à chaque instant : On m’avait fait croire que j’apportais la lumière. Et voilà que j’avançais à tâtons dans l’obscurité. C’était plutôt cruel. ». Entre ses réflexions sur son art, Konstantin nous fait partager sa vie, ses passions et déchirements tout en dressant en creux un portrait cruel de la Bulgarie des années 80. Un superbe concert dense et particulièrement rythmé que ce « Wunderkind ».

« Si nous naissions tous idéalistes, alors l’existence ne pouvait être qu’une longue déception. Heureusement, il y avait la musique. »

« Le mal naît toujours d’une éthique en or massif. »

« Il est facile de prononcer les mots, de reproduire comme un perroquet, l’intonation de chaque phrase, d’imiter les inflexions de la parole humaine. Tous les ambitieux le font, c’est à celui qui saura le mieux parfaire l’expression de la marionnette universelle. Mais croire aux mots, être les mots, les suivre dans l’abîme : cela réclame rien de moins qu’une aptitude au martyre. Avec la musique impossible de mentir impunément. Chaque trahison se traduit par une banalité mélodique. La cupidité et la complaisance se transforment en pauvreté harmonique, la colère et le nihilisme en bruit et en dissonance. L’esprit superficiel étouffe le rythme de la phrase musicale ; il n’a pas d’oreille. »

« La vie n’est qu’une répétition générale. »

Ecouter la lecture de la première page de "Wunderkind"

Fiche #1344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon


Léonora MIANO

Ces âmes chagrines
Plon

10 | 285 pages | 30-10-2011 | 20.5€

Antoine Kingué dit Snow vit dans un pays subsaharien. Il se sent beau, élégant, talentueux, croit en son avenir et à son accession au monde futile des riches, il méprise son entourage, haineux la rancœur l’étreint surtout envers sa mère à qui il reproche son manque d’amour. Il exploite sans retenue son entourage pour son bénéfice (« Antoine préférait de loin être du côté des macs : ceux qui vivaient du labeur des autres, tout simplement. »), à l’opposé de son frère Max, toujours prêt à secourir autrui. Lorsque son frère Max si dévoué aux autres (le préféré de sa mère selon Snow) lui annonce son retour accompagné par leur mère, le passé resurgit et lui rappelle ses origines. Un texte oscillant entre tendresse et sévérité, sans concession ni pour les hommes ni pour les pays, où les femmes malgré un quotidien oppressant ne baissent jamais les bras et où les trajectoires de vie sont chaotiques, inattendues et peuvent être bouleversées plusieurs fois dans une même existence.

Fiche #1044
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Léonora Miano lus par Vaux Livres


Mario TOBINO

Trois amis
Plon

9 | 176 pages | 07-08-2011 | 19.5€

Ottaviani est le seul survivant d’un groupe de trois hommes devenus amis (« On se comprend même sans se voir ») alors qu’ils étaient étudiants en médecine dans l’Italie d’avant guerre. Leurs idées communes, leurs rêves identiques fondent et soudent leur amitié : une Italie libre éloignée du fascisme (« Mais ce qui nous unissait, la flamme qui nous animait Turri, Campi et moi, c’était la politique, telle était notre croix, fichée dans notre cœur »). Ces trois hommes resteront fidèles à leurs engagements malgré les évènements, le temps qui passe, les bouleversements politiques (« On a rêvé, on a combattu, on a vaincu »). Campi livré aux Allemands finira en martyr sous la torture en gardant le silence. Turri d’un calme exemplaire deviendra chef de la résistance, mènera des combats impitoyables et n’hésitera pas à sacrifier sa carrière à ses idées. La trajectoire de ce trio adhère à l’histoire de l’Italie, à ses guerres et ses horreurs, à la guerre civile, dépeint les différences prégnantes entre ses régions, l’influence du fascisme...
Ottaviani poète et psychiatre analyse objectivement la psychologie de ces hommes, leurs liens indéfectibles, leurs engagements et leurs vies : « Mais je n’écris pas un roman, j’écris ce qui se presse en moi, une anticipation avant ce qui est dû. Tel un croyant devant le confessionnal, je m’approche de la grille et parle, grands et petits pêchés, à la hâte, en vrac. ».
Un texte fort qui revient sur l’histoire de l’Italie avec comme toile de fond l’amitié, la fidélité, l’engagement et la puissance de la guerre.

« Les amis, c’étaient nous trois, les vrais amis, fraternels : Turri, Campi et moi. Pour nous, Campi n’était pas mort, il était parmi nous… »

« La beauté d’avoir été un héros, puis la vertu d’être humble parce que les conditions ne sont plus là. »

Fiche #1001
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patrick Vighetti

Les titres de Mario Tobino lus par Vaux Livres


Leonora MIANO

Les aubes écarlates, Sankofa cry
Plon

8 | 275 pages | 24-08-2009 | 19.5€

Le continent africain se meurt de ses guerres intestines, de ses haines, de ses rancoeurs… Les rebelles sanguinaires tuent aveuglement, sans regret, au jour le jour, selon leurs humeurs. Trois frères dirigent les troupes et rêvent de grandeur. Ils enrôlent de force les enfants lors de leurs raids meurtriers dans les villages de la région. Pourtant, Epa les a rejoint de son plein gré. Les évènements tragiques lui feront prendre réellement conscience de l’impasse dans laquelle ces guerres fratricides entraînent l’Afrique mais également de tout le poids du passé et de l’histoire du Continent sur la vie d’aujourd’hui (« Cette faille, c’était l’âme crevassée des peuples continentaux, qui ne fraternisaient pas autour de leur avenir, se fédérant sur la croûte d’anciennes meurtrissures »). Epa est différent (« Sans le savoir, je refusais de m’endurcir. Le meurtre ne deviendrait pas, pour moi, un acte banal. ») réussira à s’échapper et à rejoindre Ayané, la fille de l’étrangère qui l’aidera à reprendre goût à la vie en espérant que son destin comme celui de l’Afrique sauront rejoindre des aubes lumineuses et cesseront de s’automutiler en commençant par conjurer les esprits des disparus de la traite négrière qui continuent de veiller sur le Continent.

Sélection Prix Page des Libraires 2009

« Homme, n’aie aucun doute : cette histoire est bien la tienne. Elle parle de tous les arrachements, de tous les enfermements, de toutes les dispersions. Elle dit les pertes innombrables, mais aussi, l’immensité des possibles… Va, maintenant »

Fiche #619
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Leonora Miano lus par Vaux Livres


Jens LAPIDUS

Stockholm noir, vol 2, Mafia blanche
Plon

7 | 559 pages | 21-06-2009 | 30€

Mafia blanche est le deuxième opus de la trilogie noire et mafieuse de J. Lapidus. Trois personnages sont au centre des affaires de ce nouveau volume. Le récit s’ouvre avec Mahmud, à genoux et tenu en joue, dans une mauvaise posture. Le hasard (mais le hasard existe-t-il dans ces cas là ?) lui offre un sursis pour mieux tombé dans les bras venimeux du gang des Yougos. Niklas est un ex-mercenaire revenu de l’enfer qui voue une haine féroce aux hommes faisant subir des violences aux femmes. Sa folie est sans retenue et son expérience militaire en fait un élément extrêmement déterminé et particulièrement dangereux. Thomas est un flic qui prend parfois quelques libertés avec la loi et qui sera amené à mener une enquête parallèle et solitaire suite à un décès plus qu’intriguant le ramenant quelques années en arrière lors de l’assassinat d’O. Palme. Trois destins noirs qui vont se croiser, s’entremêler, destins parfois non maîtrisés mais toujours violents.

Fiche #591
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lucile Claus, Maximilien Stadler

Les titres de Jens Lapidus lus par Vaux Livres


Jens LAPIDUS

Stockholm noir, l'argent facile
Plon

6 | 537 pages | 12-11-2008 | 23.5€

Un nouvel auteur du nord et une nouvelle trilogie qui nous entraînent dans les bas-fonds inconnus d’une société suédoise prétendue aseptisée. Un angle de vue bien inhabituel ! Immersion totale dans le monde de la mafia et plus particulièrement la mafia slave. Mafia particulièrement efficace, organisée et diversifiée avec à sa tête, naturellement, une main de fer. Vous saurez tout des méthodes employées par ce genre d’organisation, du blanchiment jusqu’à la vente de cocaïne en passant par les rackets et le maintien de l’ordre dans l’organisation… Jens Lapidus réussit l’exploit de décrire avec précision et réalisme ce monde de brut, de mafieux sans scrupule qui glace le lecteur par instant et pourtant, il pourra garder une trace de sympathie pour certaines facettes de certains personnages. Mrado, gros bras de la pègre yougoslave, partage son temps entre les services qu’il rend à Radovan, la gestion de son racket et sa petite fille que sa femme lui dispute. JW est un étudiant qui, pour arrondir ses fins de mois et pouvoir partager les nuits des jeunes bourgeois de Stockholm, est chauffeur de taxi (au noir), mais progressivement, rêvera de mieux et d’argent facile... Jorge, dealer latino, est derrière les barreaux mais plus pour longtemps... La course à l’argent poursuivie par ces trois éléments vont progressivement les rapprocher jusqu’à l’implosion finale ! Un excellent début pour cette trilogie.

Premier roman

Fiche #487
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lucile Claus, Maximilien Stadler

Les titres de Jens Lapidus lus par Vaux Livres


Susan FLETCHER

Avis de tempête
Plon

5 | 445 pages | 28-02-2008 | 23.5€

Moïra est au chevet de sa sœur Amy plongée dans le coma depuis cinq ans. Elle lui parle, lui raconte ce qu’elle est, ce qu’elle a été et ne sait si sa sœur l’entend et mieux, la comprend. Moira est tenaillée par les remords, extrêmement sensible, écorchée vive, elle ne s’est jamais acceptée. Petite sauvageonne, elle vit au bord de la mer, sa grande amie, son double : la nature, les oiseaux, la mer éclairent sa solitude. Lorsqu’âgée de onze ans, sa petite sœur naît, c’est la rupture. Elle s’éloigne de sa famille et part loin en internat étudier. Sans amis, elle y demeure isolée. Elle ne se sent aimée et proche que de sa tante Til qui pourtant ne sera pas là lorsqu’elle en aura vraiment besoin. Femme toujours en souffrance, l’amour et l’aide de son mari la laisseront également insatisfaite : elle est différente et demeurera différente des autres. Sa vie est racontée délicatement, avec pudeur et retenue, confession douloureuse de sa vie d’enfant à sa vie de femme, du sentiment de culpabilité depuis l’accident de sa sœur. Récit au féminin envoûtant.

« Quoi qu’il en soit. J’avais appris une leçon, une leçon que tu n’as sans doute pas encore apprise toi-même, et que tu n’auras pas le temps d’apprendre, et c’est la suivante : on suit son cours. On est toujours soi, et on persévère, malgré les deuils, les erreurs. Les femmes, en particulier. Nous savons garder des secrets. Nous lestons d’un poids nos culpabilités, nos passions, nos haines, nos mensonges, et nous les laissons s’enfoncer, au point qu’on pourrait croire que rien de tout cela n’a jamais existé. Mais nous ne sommes pas dupes. Mes secrets, je peux tous les compter. »

Fiche #363
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Marie-Claude Pasquier


Leonora MIANO

Tels des astres éteints
Plon

4 | 409 pages | 10-01-2008 | 20.5€

Amok et Shrapnel sont nés en Afrique alors qu’Amandla vient des territoires d’Outre-mer. Des trajectoires différentes mais un point commun, leur couleur de peau, le noir, pour le meilleur et le pire. Une couleur pesante, qui modifie le regard des autres, biaise les relations, qui ne sera jamais transparente. Elle ne permet pas de s’installer, de prendre racine et les renvoie encore et constamment à des racines plus que lointaines. Cette couleur permet-elle de trouver son identité propre ? Chaque membre du trio la considère différemment : Amandla rasta convaincue la glorifie avec son histoire, Amok la repousse et pourtant appartient viscéralement au monde « noir », Shrapnel en est fier mais ne sait trop où se situer et sa vision est quelque peu brouillée par son amour des femmes blanches... Shrapnel espère en une unification du monde noir intra- et extra-Afrique alors qu’Amandla ne croit qu’en un développement intra-muros. Roman riche, dense, d'une écriture travaillée, sur un thème rarement abordé.

Fiche #346
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Leonora Miano lus par Vaux Livres


Gérard DE CORTANZE

De Gaulle en maillot de bain
Plon

3 | 348 pages | 19-08-2007 | 21.5€

Quels liens existent entre (dans le désordre) : l’épopée d’Alain Bombard, la naissance de la télévision, les Dinky Toys et les Norev, le deuxième sexe, Diên Biên Phu, l’hivers 54, l’apparition du premier bikini, Mendès France, les vingt-quatre heures du Mans, Poujade, les spoutniks, le premier pas sur la lune... Tous ces événements ou personnalités ont accompagné la vie des personnes nées dans les années 50. Comme Gérard de Cortanze enfant qui se raconte de sa naissance (1948) jusqu’aux années 1964 et rappelle dans un style très vivant tous les événements qui lui ont permis de se construire. Fils d’immigrés italiens dont l’installation dans la France d’après guerre ne sera pas simple, Gérard de Cortanze nous fait part de leurs vies, leurs discussions et débats, des événements qui l’ont marqués. Un retour agréable dans notre passé proche qui permet aussi de mieux appréhender notre monde actuel.

« J’ai toujours écrit, seule manière de retrouver mon identité perdue. C’est cela l’écriture : l’île des îles, celle qui comble tous les manques, répare toutes les failles autobiographiques. L’écriture est ce qui sauve, ce qui permet un retour aux origines, non pas en se reniant soi-même, comme je l’ai longtemps pensé, mais en se reconnaissant. »

Fiche #272
Thème(s) : Littérature française


Franck RESPLANDY

Ether
Plon

2 | 235 pages | 15-07-2007 | 19€

L’histoire « d’elle » et « d’un inconnu » nous est contée par « le narrateur ». Elle, fille d’un mineur polonais décédé, est infirmière dans le nord de la France et accompagne les malades en fin de vie. L’inconnu est photographe et vient effectuer un reportage sur les anciennes mines. Ils vont se rencontrer, elle l’invitera, il la violera. Passés les sentiments de révolte et de colère, elle le recherche et devient alors attachée définitivement à lui et sexuellement dépendante (« Son absence est inhumaine. Jamais elle ne renoncera à lui, jamais »). Ils sont pourtant très différents : elle est polonaise catholique, il est juif polonais, ils sont de milieux différents, l’un est parisien, l’autre est provinciale. Le narrateur décortique méthodiquement et minutieusement les pensées et le ressenti de cette femme fascinée par l’amour et la mort. Le lecteur parfois secoué suit ses sentiments, son affolement, cette emprise avec inquiétude. La mort est omniprésente : la « petite mort », la mort de ses patients, la mort de son père… jusqu’à la fin de l’aventure de ce couple fusionnel.

« Quelle nature faut-il avoir pour supporter cette litanie de deuils ? Elle répond simplement que c’est son métier. Elle l’a appris et cherche à l’exercer du mieux possible. Soigner les malades, accompagner les mourants, c’est ça son travail. Elle fait ce qu’il y a à faire, c’est tout. La mort et la souffrance ne la fascinent pas. Si la mort lui fait peur ? elle répond que non. Elle est inévitable de toute manière, inscrite au programme de l’existence. "Lorsqu’une femme met un enfant au monde, elle le condamne" ».

Fiche #256
Thème(s) : Littérature française


Esther J. SINGER

L'élue du harem
Plon

1 | 253 pages | 25-04-2007 | 13.2€

Aliaza, jeune esclave née dans le harem du vizir Djafar al-Bamarki, est remarquée par son maître pour son intelligence et sa sagesse mais aussi sa beauté et son indépendance. Il la place au service de sa fille et lui fait bénéficier des mêmes leçons de mathématiques dispensées par un grand savant. Devenue excellente aux échecs, le puissant khalife Haroun al-Rachid souhaite la rencontrer et l'affronter. Ils deviennent complices et il la charge d'une mission secrète auprès de Charlemagne (Karl), roi des Francs. Une alliance entre les deux hommes fait peur à certains et intrigues, enlèvements, meurtres vont accompagner la route qui mène Aliaza à Aix-la-Chapelle. Aliaza croise alors le regard du bel Arieh, celui qui déjouera tous les pièges meurtriers que l'on place devant elle. Mais ce voyage est aussi un voyage vers son passé puisqu'à sa naissance, sa mère est morte et qu'elle ne connaît pas son père et à la rencontre de l'amour en la personne du bel Arieh. Une fresque historique entre l'Orient et l'Occident à partir de 10 ans.

Fiche #227
Thème(s) : Jeunesse





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