« Voilà pourquoi nous sommes si dépendants de la dame au pelvis. Un poulain marche dès la naissance, un babouin sait s’arrimer au dos de sa génitrice : très vite les bêtes oublient leurs mères. Il n’y a que nous qui nous y accrochons tels des vampires. Les bébés sont des monstres prématurés dans lesquels rien ne fonctionne, des ni-faits-ni-à-faire, dont la totale absence de défense vis-à-vis de l’extérieur est effrayante. Un bébé n’a rien d’admirable, un bébé est une erreur que l’on veut bien corriger. »
François Beaune
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Gillian se réveille sur un lit. Un lit d’hopital, une blouse blanche au-dessus d’elle. Elle ne se souvient pas de l’accident. Elle était à une soirée avec son mari Matthias (qu’est-il devenu ?), une soirée bien arrosée, une dispute, et un retour en voiture… Résultat : hôpital, des douleurs et un visage à reconstruire totalement. Une façade disparaît, une vie s'estompe. La journaliste accomplie qui passait à la télévision voit son monde s’écrouler, sa beauté disparaître et revient sur son histoire. Sa rencontre avec Hubert un artiste qui se spécialise pendant un temps dans la peinture de nus féminins à partir de photographies. Ils se reverront, il la photographiera sans réussir à la peindre, mais Matthias trouvera les photos ce qui provoquera leur ultime dispute, des photos assassines qui renforceront la culpabilité de Gillian à son réveil. Pour sa convalescence, elle part avec un nouveau visage reconstruit dans la résidence secondaire de ses parents. Nouvelle identité, nouvelle vie, elle semble avoir accepté son destin. Toutefois, elle retrouve pas hasard (ou presque) Hubert qui vit de son côté une période difficile. Ils se retrouvent, et troublés, renouent très lentement une relation que l’on peut espérer durable. Mais Peter Stamm sait surprendre le lecteur évitant le pathos tout en faisant ressentir parfaitement et suggérer les sentiments et la psychologie de ses personnages, à son rythme, tranquillement mais efficacement.
« Gillian se demandait comment elle se débrouillait avec la perte de sa beauté, si c’était plus facile quand ça arrivait doucement ou quand ça se produisait d’un seul coup. »
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Pierre Deshusses