« Je ne tue jamais le lundi. C'est une question d'exigence personnelle et de rythme. Il ne faut y ni superstition, ni vieille habitude de célibataire. J'ai toujours préféré les fins de semaine pour réaliser cette partie de mon oeuvre. »
Jean-Baptiste Destremau
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L’héroïne de Boulder est à avant tout une femme libre, une aventurière dans tous les sens du terme, une femme amoureuse du provisoire, toujours sur le départ. On la rencontre pour la première fois dans les cuisines d’un bateau qui longe les côtes de l’Amérique du Sud. Climat austère, boulot répétitif, peu de contacts, rythme effréné, mais cela semble lui convenir. Ne lui manque que l’amour et les relations sexuelles. Heureusement les ports sont toujours là pour ça. Jusqu’au jour, une rencontre deviendra beaucoup plus qu’une aventure sexuelle, l’amour est au rendez-vous. Elles se retrouvent régulièrement jusqu’à ce que Samsa l’entraîne avec elle à Reykjavik. L’amour est plus fort, Boulder (c’est le surnom que lui a donné Samsa) abandonne les grands espaces pour la capitale islandaise et les Islandais. Elle semble accepter autant que faire se peut cette nouvelle vie, ce nouvel environnement, grâce notamment à Ragnar le patron d’un pub qui lui offre son épaule, son écoute et ses boissons quand le blues et l'appel du large chantent à ses oreilles. Et puis Samsa lui annonce qu’elle veut être mère, aucune négociation possible. Boulder doit accepter cette PMA, la partage, l'observe mais voit peu à peu les murs et le piège se refermer autour d’elle, Samsa s’éloigner, leur relation et leur amour s’étiolent et Boulder se sent exclue même si elle noue une vraie relation avec leur petite fille. Un portrait émouvant d’une femme libre et attachante qui refuse de se laisser enfermer par qui que ce soit, même par l’amour et la maternité, dans un style poétique superbe, avec une grande acuité dans l’analyse des sentiments, beaucoup de vérité et une pointe d’ironie.
« Seul le langage fait que tu appartiens à un lieu, que tu ne t’égares pas. C’est un substrat nourrissant. »
« L’alcool est la tempête qui congestionne et balaie la lucidité. »
« Combien de siècles faut-il pour qu’une femme accouche et que cela n’ait pas l’air d’une expérimentation ? »
« ... la maternité est le tatouage qui fixe et numérote la vie sur ton bras, la tache qui inhibe la liberté. »
« ... j’ai découvert qu’on ne peut pas balancer un enfant sans sourire... Les petits ont ce pouvoir, ils imposent leur joie au mal-être ordinaire des adultes. »
Fiche #2886
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Annie Bats
L’héroïne auteure de cette confession aime tant la vie qu’elle entretient une longue idylle avec la mort. La famille l’oppresse et l’aspire dans une vie gelée alors elle se protège, cherche ailleurs, quitte temporairement Barcelone après des études d’art quelque peu laborieuses pour l’Ecosse, multiplie les rencontres, enchaîne les aventures sexuelles en assumant son homosexualité, s’enivre dans la lecture. Et pour être vivante, définitivement vivante, elle faudra qu’elle passe par cette confession, expose ses sentiments, son corps avec franchise, folie, humour et ironie ce qui entraîne joyeusement le lecteur dans sa folle et vertigineuse ronde qui permettra de briser son permafrost et rejoindre le camp de la vie.
Premier roman
« Je ne dors pas mais mon fixe est débranché, mon portable éteint. Et alors ? C’est ma façon d’être humaine. »
« ... rien ne rend plus aveugle qu’un lien de parenté. »
« Le doute, petite fissure par où s’infiltre la chaleur du monde, violation hardie du permafrost. »
« Je pleure comme le fruit pendu trop longtemps à l’arbre pleure l’excès de sucre. »
Fiche #2578
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Annie Bats