« Qui vit sans folie, n'est pas si sage qu'il croit ! »
François De La Rochefoucauld

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Elyzad

Yamen MANAI

Bel abîme
Elyzad

5 | 120 pages | 10-09-2021 | 14.5€

Bel abîme est le monologue d’un adolescent tunisien qui laisse exploser sa haine, sa rage et sa violence. Depuis son plus jeune âge, la violence et l’humiliation, il connaît,violence du père sous l’œil silencieux de la mère, violence des autres gamins, brimades et mépris des enseignants... Alors lorsqu’il recueille un chiot abandonné, sa vie change, il rencontre l’Amour, l’Amour inconditionnel et fusionnel. Il élève d’abord la jeune chienne en cachette, puis, pour la première fois, s’oppose à la figure paternelle et impose Bella. Les deux ne font qu'un, juste assez longtemps pour créer un lien unique, exclusif et absolu. Mais la famille n’a pas dit son dernier mot, ni l’Etat qui a décidé d’éradiquer les chiens errants, ces impurs, pour faire disparaître la rage. Annihiler la rage, pour ce gamin, c’est trop tard, la promesse d'une vie libre et adulte s'est éteinte alors il vacille, la justice doit passer, les coupables vont devoir payer, la vengeance est en marche… Bella abîme ou Bel abîme est un cri de rage mais aussi d’amour, un portrait d’adolescent emblématique de la jeunesse tunisienne qui espère un instant compléter l’amour des livres par celui de Bella mais se voit détruit par la société. C'est aussi une triste photographie de la société tunisienne après ce qu’on a appelé sa révolution qui a laissé sa jeunesse dans le même dénuement. Un véritable uppercut !

Ecouter la lecture de la première page de "Bel abîme"

Fiche #2759
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Yamen Manai lus par Vaux Livres


Emilienne MALFATTO

Que sur toi se lamente le tigre
Elyzad

4 | 80 pages | 30-07-2021 | 13.9€

En Irak, sur les rives du Tigre, une jeune fille et un jeune homme s’aiment, s’approchent, apprennent à se connaître, discrètement évidemment. Le jeune homme va partir à la guerre et alors, ils commettent l’irréparable, hors mariage. Puis le jeune homme meurt rapidement et la jeune fille est enceinte. L’honneur de la famille est bafouée, tout le monde sait qu’il n’y a qu’une issue. Certains ne la remettent pas en cause, l’admettent, la soutiennent, d’autres la redoutent, aimeraient voir une autre solution mais personne ne se lèvera contre l’irréparable : le frère ainé responsable de la famille doit laver l’affront et tuer sa sœur : « Ce n’est pas moi qui tuerai, mais la rue, le quartier, la ville. Le pays. ». En une série de courts tableaux, Emilienne Malfatto expose les sentiments de chaque membre de la famille, les doutes et convictions au coeur d’une société (définitivement ?) masculine (« Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes. ») avec son code d’honneur (« L’honneur est plus important que la vie. ») bien marqué et dissèque avec sensibilité cette tragédie qui perdure dans ce « pays de mutilés, d’ensanglantés, un pays d’ombres et de fantômes. ». Aussi succinct que puissant et efficace.

Premier roman (Goncourt du premier roman 2021)

Ecouter la lecture de la première page de "Que sur toi se lamente le tigre"

Fiche #2717
Thème(s) : Littérature française


Jadd HILAL

Des ailes au loin
Elyzad

3 | 210 pages | 26-03-2018 | 18.5€

en stock

Quatre générations de femmes, un siècle de vie et un même destin. Ces quatre femmes libano-palestiniennes vivront plusieurs exils, connaîtront la tristesse des séparations et les joies des retrouvailles. Elles partageront l’angoisse des bombardements comme la violence des hommes mais apprendront à les maîtriser voire les ignorer. Elles opteront toujours pour le camp de la vie, en Palestine, à Beyrouth, à Bagdad, en France ou à Genève, Beyrouth conservant une place à part dans leur cœur : l’instant où on la quitte, le tumulte, le bruit et la vie plutôt que l’ordre, le calme et le train-train suisse (« …vie de tiraillement entre la légèreté libanaise d’un côté et la responsabilité franco-suisse de l’autre, entre l’insouciance de l’enfance et la maternité de l’âge adulte. »). Néanmoins « C’est drôle le Liban, comme les autres pays choisissent systématiquement de s’y attaquer. », l’insouciance a donc dû mal à résister face au déferlement récurrent de violence, l’exil s’imposera, toujours et encore, elles partiront mais emmèneront avec elles leur histoire, leur passé et le Liban. Un premier roman au rythme enlevé et au ton plaisant qui relate le dialogue entre ces quatre femmes attachantes qui, au-delà de leurs portraits, nous parlent à hauteur de femmes de ce pays déchiré par ses relations chaotiques avec ses voisins.

Premier roman

« Qu’est-ce qu’il y a de plus irresponsable que l’enfance ? »

« J’ai compris que détester, c’est s’interdire d’être l’autre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Des ailes au loin"

Fiche #2117
Thème(s) : Littérature étrangère


Yamen MANAI

La sérénade d'Ibrahim Santos
Elyzad

2 | 275 pages | 16-10-2011 | 18.9€

Santa Clara est une petite ville isolée. Tellement isolée qu’elle ignore que depuis vingt ans, la Révolution salvatrice a eu lieu : le tyrannique Général Burgos a été remplacé par le Général Alvaro Benitez dont l’unique obsession est évidemment le bonheur du peuple ! Tout a évolué dans le pays : l'hymne a changé, le drapeau, les portraits affichés dans les bâtiments administratifs, le nom des rues... Sauf à Santa Clara qui continue de vivre sereinement au rythme de la production de son rhum et des sérénades d’Ibrahim Santos qui sait prévoir la météo. Pourtant, un jour, le Général goûte ce rhum, impressionné, il envoie tout d’abord un jeune ingénieur agronome en éclaireur, bientôt rejoint par les troupes or « il n’est jamais bon, à Santa Clara comme ailleurs, de voir débarquer des militaires de bon matin. ». La Révolution saura-t-elle exploiter à grande échelle ce rhum si extraordinaire ou le rhum aura-t-il raison d’elle ? Yamen Manai nous propose une fable juste, ironique, critique et non dénuée d’humour des pouvoirs dictatoriaux mais aussi de notre croyance aveugle et parfois forcenée en la science face aux connaissances séculaires de nos anciens.

« Tout au long de sa vie, l’homme troque tout pour le souvenir. Il troque sa jeunesse pour des souvenirs de jeunesse… Au bout du compte, il ne gagne de la vie que les souvenirs, c’est là son seul trésor. »

« A vrai dire remplacer des militaires par des militaires ne s’appelle pas une Révolution, senõr Uribe, mais un putsch. »

Fiche #1038
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Yamen Manai lus par Vaux Livres


Leïla SEBBAR

Mon cher fils
Elyzad

1 | 153 pages | 17-02-2009 | 15€

en stock

Trente ans de labeur. Le vieil Algérien a travaillé trente ans chez Renault à Boulogne Billancourt pour son fils et ses sept filles. Un unique garçon dont il est sans nouvelles. De retour seul (sa femme est restée en France) à Alger, il rencontre une jeune fille, Alma, écrivain public, afin de faire écrire les lettres destinées à son fils. Elles décrivent l’histoire d’un homme déraciné, exilé, vie en retrait qui annihile toute relation avec ses enfants. Ces rencontres entre deux générations incitent aussi Alma à se dévoiler, à parler de son père joueur de luth, de sa mère partie brusquement d’Algérie, de la vie en Algérie et du pays, de son ambiance, de sa culture… Chaque jour, le vieil homme vient faire écrire une nouvelle lettre, souvent désespérée, pour raconter sa vie et tout ce qu’il n’a jamais osé dévoiler à son fils. Le silence est souvent trop lourd et ses conséquences feutrées mais dramatiques. Les rapports familiaux et parents-enfants au centre du livre, au centre de notre vie et de notre monde, se retrouvent biaisés par ce douloureux exil induisant perte d’identité et absence. Un très beau roman très humain et particulièrement émouvant.

« Les pères avaient ensemble pris leur décision, les mères complices comme d’habitude, les mères contre les filles. Vous le savez ? Vous avez une mère, vous aussi, elle est comment votre mère ? Avec vous ou contre vous ? »

Fiche #517
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Leïla Sebbar lus par Vaux Livres





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