« Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »
Laurent Petitmangin

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Emmanuel VENET

Contrefeu
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18 | 128 pages | 18-12-2023 | 16.5€

Un feu inexpliqué dans une cathédrale en Province et les masques tombent sous la plume précise d’Emmanuel Venet qui dépeint avec un ton ironique et sans pitié la comédie humaine : vils sentiments, roublardises, mensonges, trahisons, ambitions, mesquineries, petite politique intéressée occupent ceux qui veulent cacher ce qu’ils sont, ceux qui veulent se protéger ou protéger un proche, ceux qui veulent profiter de l’occasion. Certains (dont peut-être le lecteur) chercheront le coupable, d’autres passeront rapidement à autre chose. Une palette de personnages bigarrés : un évêque et son amante que Dieu a certainement punis en autorisant ce feu, un migrant africain coupable idéal, un sans abri, un fils de bonne famille… au centre d’un conte ou satire politique et sociétale non dénuée d’humour.

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Fiche #3121
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Venet lus par Vaux Livres


Eva BALTASAR

Boulder
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17 | 128 pages | 03-08-2022 | 18.5€

en stock

L’héroïne de Boulder est à avant tout une femme libre, une aventurière dans tous les sens du terme, une femme amoureuse du provisoire, toujours sur le départ. On la rencontre pour la première fois dans les cuisines d’un bateau qui longe les côtes de l’Amérique du Sud. Climat austère, boulot répétitif, peu de contacts, rythme effréné, mais cela semble lui convenir. Ne lui manque que l’amour et les relations sexuelles. Heureusement les ports sont toujours là pour ça. Jusqu’au jour, une rencontre deviendra beaucoup plus qu’une aventure sexuelle, l’amour est au rendez-vous. Elles se retrouvent régulièrement jusqu’à ce que Samsa l’entraîne avec elle à Reykjavik. L’amour est plus fort, Boulder (c’est le surnom que lui a donné Samsa) abandonne les grands espaces pour la capitale islandaise et les Islandais. Elle semble accepter autant que faire se peut cette nouvelle vie, ce nouvel environnement, grâce notamment à Ragnar le patron d’un pub qui lui offre son épaule, son écoute et ses boissons quand le blues et l'appel du large chantent à ses oreilles. Et puis Samsa lui annonce qu’elle veut être mère, aucune négociation possible. Boulder doit accepter cette PMA, la partage, l'observe mais voit peu à peu les murs et le piège se refermer autour d’elle, Samsa s’éloigner, leur relation et leur amour s’étiolent et Boulder se sent exclue même si elle noue une vraie relation avec leur petite fille. Un portrait émouvant d’une femme libre et attachante qui refuse de se laisser enfermer par qui que ce soit, même par l’amour et la maternité, dans un style poétique superbe, avec une grande acuité dans l’analyse des sentiments, beaucoup de vérité et une pointe d’ironie.

« Seul le langage fait que tu appartiens à un lieu, que tu ne t’égares pas. C’est un substrat nourrissant. »

« L’alcool est la tempête qui congestionne et balaie la lucidité. »

« Combien de siècles faut-il pour qu’une femme accouche et que cela n’ait pas l’air d’une expérimentation ? »

« ... la maternité est le tatouage qui fixe et numérote la vie sur ton bras, la tache qui inhibe la liberté. »

« ... j’ai découvert qu’on ne peut pas balancer un enfant sans sourire... Les petits ont ce pouvoir, ils imposent leur joie au mal-être ordinaire des adultes. »

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Fiche #2886
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Annie Bats

Les titres de Eva Baltasar lus par Vaux Livres


Rebecca GISLER

D'oncle
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16 | 122 pages | 04-12-2021 | 15€

La narratrice contrainte et forcée retrouve son oncle. Elle va l’observer, le scruter : un oncle à part, solitaire au physique particulier, sale, très sale. La solitude crée des manies et des comportements parfois étranges, il peut manger à peu près tout, cet ogre, peu de retenues, de limites, extérieur à la société, un enfant au corps d'adulte dans un chaos insalubre… Il vit dans la maison familiale de ses parents. A travers cet oncle atypique, c’est donc aussi le portrait de cette famille et de ses enfances qui nous est offert. Un style éblouissant pour relater une observation rigoureuse d’un homme atypique, de sa famille et de son environnement.

Premier roman

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Fiche #2787
Thème(s) : Littérature étrangère


Wolfang HERMANN

Monsieur Faustini part en voyage
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15 | 125 pages | 09-08-2021 | 16.5€

en stock

Monsieur Faustini, retraité, vit sur les hauteurs de lac de Constance. Solitaire, célibataire, sa seule compagnie est son chat et sa femme de ménage, reine de la casse. Il prend périodiquement le bus pour aller sur les rives du lac et observe avec acuité ses congénères. L’homme est doux, calme, naïf, candide, imaginatif, aime autant le dialogue que le silence (« Monsieur Faustini plaçait toute sa confiance dans le silence qui régnait sur les eaux ») et a gardé toute sa capacité d’émerveillement qu’il nous fait partager. Même si sa vie semble rangée et quelque peu monotone, son envie de vivre reste intacte, mais la vie qu’il a choisie. Ses descriptions et ses expressions sont toujours imagées, souvent singulières et drôles. C’est donc avec un plaisir évident que nous suivons ses analyses des gestes quotidiens, ses pérégrinations, ses rêves et interrogations. « Mais n’était-ce pas le privilège du voyageur que de vagabonder par la pensée ? », et quel voyageur ce Monsieur Faustini ! Un portrait émouvant et attachant d’un homme à part, différent, avec une vision apaisante du monde.

« De nos jours, tout était lesté de sens, et il s’agissait de s’affranchir de cette pesanteur. »

« Aussi la solitude n’existe-t-elle pas, pour celui qui garde à l’esprit qu’il est à chaque instant en relation avec son prochain et avec le reste du monde. »

Fiche #2736
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Le Lay


Eva BALTASAR

Permafrost
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14 | 125 pages | 17-08-2020 | 15.5€

L’héroïne auteure de cette confession aime tant la vie qu’elle entretient une longue idylle avec la mort. La famille l’oppresse et l’aspire dans une vie gelée alors elle se protège, cherche ailleurs, quitte temporairement Barcelone après des études d’art quelque peu laborieuses pour l’Ecosse, multiplie les rencontres, enchaîne les aventures sexuelles en assumant son homosexualité, s’enivre dans la lecture. Et pour être vivante, définitivement vivante, elle faudra qu’elle passe par cette confession, expose ses sentiments, son corps avec franchise, folie, humour et ironie ce qui entraîne joyeusement le lecteur dans sa folle et vertigineuse ronde qui permettra de briser son permafrost et rejoindre le camp de la vie.

Premier roman

« Je ne dors pas mais mon fixe est débranché, mon portable éteint. Et alors ? C’est ma façon d’être humaine. »

« ... rien ne rend plus aveugle qu’un lien de parenté. »

« Le doute, petite fissure par où s’infiltre la chaleur du monde, violation hardie du permafrost. »

« Je pleure comme le fruit pendu trop longtemps à l’arbre pleure l’excès de sucre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Permafrost"

Fiche #2578
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Annie Bats

Les titres de Eva Baltasar lus par Vaux Livres


Antoine WAUTERS

Pense aux pierres sous tes pas
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13 | 188 pages | 17-02-2019 | 15€

Cette fable se passe dans un pays imaginaire, un pays où les dictatures et les coups d’état s’enchaînent. La situation politique ne fait qu’empirer. L’état oppresse mais la famille aussi : Léonora et Marcio en témoignent. Ils sont jumeaux et vivent dans la ferme de leurs parents durs et violents. La région est pauvre et le programme de production de la ferme exténuant et intraitable. Tout est noir autour de Léonora et Marcio alors jamais ils n’abandonnent l’espoir de la joie et ils se construisent leur bulle, un amour fusionnel et incestueux et un jeu sur l’identité (qui est le garçon ? qui est la fille ?). Quand le père les surprend, il les sépare et l’on va suivre le chemin des jumeaux pour se retrouver, pour se trouver, pour enfin se connaître, grandir, se réinventer et devenir autonome : « Les mots que vous allez lire n'ont d'autre ambition que de témoigner de notre histoire, depuis notre enfance compliquée jusqu'au temps de l'apaisement. » Un joli texte souvent noir mais qui n’abandonne pas l’espoir sous les pierres.

« Posez-vous dans votre fauteuil, oubliez tout et criez les mots qui vous viennent. Criez-les plusieurs fois, doucement puis de plus en plus fort. Si vous ne ressentez rien après quelques minutes, c’est hélas qu’on ne peut rien pour vous : sans que vous le sachiez encore, vous êtes morts. »

« Il n’y a pas de destin, sauf celui de demeurer qui vous avez à être… quoi que vous fassiez, quoi que vous perdiez, quoi que vous acquériez, vous restez avec vos fantômes. Avec vos peurs couleur corbeau. Avec vos manques venus de l’enfance. »

Ecouter la lecture de la première page de "Pense aux pierres sous tes pas"

Fiche #2295
Thème(s) : Littérature française


Pierre DEMARTY

Le petit garçon sur la plage
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12 | 125 pages | 28-07-2017 | 13€

Deux images d’enfants bouleversent un homme, un père, « Des images on ne ressort pas, ni ceux qui les habitent, ni ceux qui les regardent. ». On affirme parfois que tous les enfants sont les mêmes ou se ressemblent, mais ces deux enfants là sont différents. Le premier est couché sur une plage, immobile, silencieux, et mort. Le second vient de voir la mer engloutir ses êtres chers et il gesticule et hurle son désespoir. Deux chocs, deux images, une fixe une animée, une fictionnelle une réelle, deux images qui s’entrechoquent, s’unissent et se repoussent. Mais pour une explosion émotive similaire. Deux petits garçons qui lui rappellent naturellement son enfance mais aussi ses deux enfants. Que lui racontent ces deux images sur lui-même, sur son enfance au bord de la mer ? Que font-elles de lui ? Quel fantôme réveillent-elles ? Un roman qui bouscule le lecteur, par le fond et la forme, en abordant avec émotion et retenue, la force de l’image, les hommes devenus père, la paternité et l’enfance, et la vie et ses fantômes.

« On répond comme on peut. Mais ça ne suffit pas. Ca ne suffit jamais. »

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Fiche #1992
Thème(s) : Littérature française


Emmanuel VENET

Marcher droit, tourner en rond
Verdier

11 | 125 pages | 14-02-2017 | 7.5€

Le monologue du narrateur prend naissance lors des funérailles de sa grand-mère. La personne qui prononce le discours est évidemment élogieuse, les morts flirtent toujours avec la perfection, n’est-ce pas ? Et ceci a le don d’exaspérer le narrateur. Il est en effet atteint du syndrome d’Asperger et pour lui, tout compromis est interdit, seules la vérité et la logique priment : « Le syndrome d’Asperger me rend non seulement cohérent avec moi-même et d’une franchise absolue, mais aussi routinier et solitaire. Il me déplairait qu’on gomme ou atténue ces qualités morales quand on prononcera mon oraison funèbre. » Il dressera donc le portrait de sa grand-mère et passera en revue les personnes présentes ou absentes à cet enterrement. Sans compromis, les mots font mouche, les petits mensonges pour conserver sa tranquillité sont dévoilés sans artifice et les travers individuels sont aussi révélateurs de notre société ! Et naturellement, ceci n’est possible que dans une certaine solitude, « un esseulement radical ». Même dans sa vie amoureuse, il adopte le même comportement, « un engagement absolu, une constante préoccupation pour le bonheur de l’être aimé et une droiture sans faille à son égard. », et continue de rêver de Sophie Sylvestre, son amour d’adolescent. Un portrait émouvant, un miroir qui interroge chacun de nous, d’un solitaire idéaliste sans compromis (donc en colère) à l’appréhension toute particulière de la vie et des relations qui la composent.

Ecouter la lecture de la première page de "Marcher droit, tourner en rond"

Fiche #1906
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Venet lus par Vaux Livres


Antonio MORESCO

Les incendiés
Verdier

10 | 188 pages | 02-10-2016 | 16€

Un homme anonyme, on ne sait qui il est, d’où il vient, est malheureux. Il sait enfin qu’il a tout raté, et préfère s’éloigner, être seul. Enfin presque. Il est vieux, elle est jeune. Il va la chercher, ils vont se retrouver. Le monde est en train de brûler, l’esclavagisme a adopté d’autres formes et les hommes demeurent enchaînés, les mondes des vivants et des morts se rejoignent jusqu’à se confondre. Une fable bien noire où l’on retrouve en plus sombre les thèmes de « Fable d’amour », l’amour impossible, un vieil homme crasseux et une jeune princesse, le sexe, la mort, l’absurdité de notre monde et sa fin annoncée.

"Pour qu'il n'y ait plus de morts, il ne faut plus qu'il y ait de vivants."

Ecouter la lecture de la première page de "Les incendiés"

Fiche #1856
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laurent Lombard

Les titres de Antonio Moresco lus par Vaux Livres


Laure des ACCORDS

Grichka
Verdier

9 | 120 pages | 05-08-2016 | 13€

Grichka Vyssotski a sa place au fond de la salle de classe, seul, comme souvent, comme toujours. Il semble ailleurs, enfermé dans son silence, « A l’école, il est Grichka-sans-voix ». Sa professeur de français rage d’être impuissante, se révolte intérieurement, mais reste sans réaction, désarmée devant ce mur impressionnant et qui l'émeut singulièrement. Et, puis un jour, au hasard d’une poésie, Grichka détourne les yeux vers sa prof, premier regard pour se confronter à la vie. De la poésie au théâtre, il n’y a que quelques mots d’écart… Et Grichka franchira cet espace vers un théâtre philosophique lui permettant de briser le silence, de révéler les secrets qui l’accompagnent lui et ses proches douloureusement éprouvés par la violence des hommes, donc de se libérer et trouver enfin sa route. Un livre ambitieux tant sur le fond que la forme et aux références multiples, sur le silence, la solitude, les horreurs commises par les hommes, les mots, le théâtre, la puissance de la poésie et de la littérature.

« Ce soir je veux seulement entendre le bruit de ta voix, le bruit de ta chemise sur mon ventre, oublier les silences de Mika, les silences de mon fils, les silences de ma mère. Entre les mots, il y a toujours ces silencieux petits secrets, noirs, effrayants, ou trop grands pour moi ou trop vivants, parce que peut-être il est déjà trop tard. »

Ecouter la lecture de la première page de "Grichka"

Fiche #1822
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laure des Accords lus par Vaux Livres


Mathieu RIBOULET

Entre les deux il n'y a rien
Verdier

8 | 136 pages | 23-08-2015 | 14€

En 1972, le narrateur est encore jeune mais du haut de ses douze ans, il accompagne ses parents, observe, écoute et se souvient aujourd'hui des évènements violents qui traversèrent l’Europe. Maintenant âgé de cinquante cinq ans, il livre ses pensées, ses souvenirs, ses remarques, ses analyses à partir de cette année 1972 où il se rendit en Pologne avec ses parents. Il dresse la liste des morts disparus du fait de leurs idées, leurs actes, ils ont osé se dresser contre l’état et mourront comme des chiens (« Nous cherchons à penser comme des hommes mais il arrive encore qu’on nous abatte comme des chiens parce que parmi les hommes il s’en trouve toujours qui se sentent supérieurs aux chiens. »). Il souhaite faire éclater cette violence d’état obscure et sans limite, la rappeler, sans cesse, afin que l’on n’oublie pas le trouble de cette période qui aura (et a) des conséquences vis-à-vis du fameux projet européen que l’on nous vend depuis des années. Certains choisiront aussi la voie de la violence, d’autres non, mais ils ne seront pas épargnés non plus. Face à cette situation, il rappelle l’incapacité des pays voisins à réagir, leur atonie malsaine (« Naturellement nous ne ferons rien. »). Mais le narrateur nous parle (parfois crûment) aussi de minorités, d’amours, de sexe et de rencontres. Un retour terrifiant sous forme de cri sur la période d’après 68, époque d’espoir et de colère qui induira chez certains un terrible désespoir envers la politique et qui nous interroge brutalement sur notre passé et notre avenir.

Ecouter la lecture de la première page de "Entre les deux il n'y a rien"

Fiche #1689
Thème(s) : Littérature française


Antonio MORESCO

Fable d'amour
Verdier

7 | 127 pages | 18-08-2015 | 14€

Dans les fables et parfois dans la vie, des rencontres inattendues et singulières peuvent se produire. « Il était une fois un vieil homme », un clochard, vieux, sale, isolé (« Lui non plus ne savait pas qui il avait été. Il se souvenait juste que tout l’avait déçu, qu’il avait abandonné sa maison, sa vie, et qu’il s’était mis à dormir dans la rue, en plein froid, dans le monde vide. »), qui ne rit plus et a quasiment perdu la mémoire et la raison, pourrait-il rencontrer une jeune femme merveilleusement belle ? « Fable d’amour » non seulement la rend possible mais introduit l’amour au cœur de cette rencontre. Elle l’accueille, l’épaule, lui réapprend tout, « Ensemble nous allons faire quelque chose de grand ». Mais cet amour aussi puissant soit-il peut-il durer et résister à la vie et au-delà ? Espérer en l’inespéré a-t-il un sens ? Cette fable philosophique subversive et évidemment sans concession nous interroge à propos d’Amour, de vie et de mort, de saleté et de beauté, de cruauté et de tendresse, de douleur et de douceur.

« Car il est tout aussi facile de passer de la vie à la mort que de la mort à la vie, même si les vivants ne le savent pas. Même s’ils ne savent pas que le monde des vivants est empli de morts : ils ne peuvent pas le savoir parce qu’ils sont morts. »

Ecouter la lecture de la première page de "Fable d'amour"

Fiche #1684
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laurent Lombard

Les titres de Antonio Moresco lus par Vaux Livres


Michel JULLIEN

Yparkho
Verdier

6 | 140 pages | 03-01-2015 | 13.5€

Ilias vit en Crète dans une petite maison basse. Il travaille, pêche, une vie simple, ordinaire, et Yparkho est le récit de cette vie. Cependant Ilias, comme sa mère, est sourd et muet, « empoté des oreilles », deux êtres qui existent dans le silence. Ilias aime à regarder un tourne-disque tourner et tourner encore et imaginer ses effets. Il prend particulièrement soin de ses yeux et tous ses autres sens sont étrangement aiguisés. C’est peut-être aussi pourquoi l’écriture de cette vie est si précise, riche, fouillée, détaillée avec une minutie extrême. La relation sans mots, par gestes et regards, avec sa mère qui arrive au bout du chemin déborde de tendresse et d’attentions. Les mots, la prose de Michel Jullien requièrent l’attention du lecteur et l’emportent dans une ronde musicale et étourdissante. Un texte aussi éblouissant que le reflet du soleil sur la blancheur des murs crétois.

Ecouter la lecture de la première page de "Yparkho"

Fiche #1565
Thème(s) : Littérature française


Laure des ACCORDS

L'envoleuse
Verdier

5 | 90 pages | 27-08-2014 | 11.8€

Guillemette et Romain à l’orée de leur vie reviennent sur leur enfance, les souvenirs oscillent entre rêve, fantasme et réalité. Ils se sont rencontrés et aimés depuis leur plus jeune âge. Et le pilier de cet amour est Gisèle, différente la grosse Gisèle et pourtant emblématique de l’Amour. Gisèle les hypnotise, les attire, chacun partagera un secret avec elle, « Avec Gisèle, je suis entrée en désobéissance. ». Le désir perdure, amours éternels, l’attirance aussi, entre eux, entre eux et Gisèle, Gisèle qui les a aidés à dévoiler et réaliser leur amour. Un premier roman ambitieux, troublant et intriguant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'envoleuse"

Fiche #1505
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laure des Accords lus par Vaux Livres


Anne SERRE

Petite table, sois mise !
Verdier

4 | 60 pages | 10-03-2013 | 6.8€

Très loin de l’autofiction et du témoignage, Anne Serre s’empare d’un thème devenu tabou dans la littérature et construit un conte dérangeant, absolument pas graveleux seulement Écrit : la candeur et la douceur de cette écriture, les humeurs décrites contrastent avec les situations partagées par les jeunes filles. Le sexe, tous les plaisirs et jeux sexuels sont au cœur d’une famille, mère, père, enfants, amis… Ils ne font qu’un, un corps en constante évolution et qui n’en finit pas de se révéler, toute le monde participe à la découverte et au plaisir de l’autre, notamment autour de « la table au disque luisant » où tout semble si naturel : « Notre maison était évidemment pareille à un corps, pareille à une âme, avec ici ses désordres, là ses lacs de calme, ici encore sa froideur, et là, sa profondeur veloutée ». Les sentiments sont absents, la place étant occupée par le plaisir omniprésent et goûté par tous. Mais tous les contes ont une fin et les filles quitteront la famille chacune à leur manière. La narratrice, une des trois fillettes devenue adulte, s’extraira de ce huis clos familial par « la rampe » de l’écriture et continuera le jeu par l’écriture en espérant voir les émotions la rattrapent un jour, peut-être. L’écriture n’a pas d’interdits, Anne Serre le prouve encore !

« Longtemps, j'ai été privée de sentiments. Maintenant que j'approche de la quarantaine et qu'il m'est arrivé, grâce à Dieu, d'éprouver ici ou là de la tendresse, de l'affection, je considère cet âge où je ne sentais rien sinon ma force, avec curiosité. »

Ecouter la lecture de la première page de "Petite table, sois mise !"

Fiche #1256
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Serre lus par Vaux Livres


François DOMINIQUE

Solène
Verdier

3 | 131 pages | 21-06-2011 | 14.7€

Une famille de six personnes (deux adultes, deux ados et deux jeunes enfants) après un désastre et un exode, vit réfugiée et isolée dans une maison, loin du monde extérieur où les dangers divers et variés sont de tous les instants et interdisent toute incursion, les ombres vous avalent, les Ravagés vous mangent. Ils vivent en autarcie, sur leurs réserves. Que faire face à cette adversité, comment y résister ? Où aller ? Qu’espérer ? Un système de défense protège la maison et son jardin des invasions. Mais les vivres diminuent et le système de protection faiblit. Solène une voix étrange qui lit dans les pensées narre le quotidien de la famille. Une puce incrustée dans le crâne enregistre ses paroles, ses pensées, ses rêves. L’inquiétude croit, l’étrange grandit, les mots exprimés ou non, du passé, du présent ou du futur deviennent dangereux, l’oppression devient constante alors que l’empathie du lecteur pour la famille s’installe. La prose de François Dominique oscille entre des descriptions précises, pointilleuses, exhaustives et une économie de mots aussi efficace. Un récit inquiétant, aussi étrange qu'émouvant, qui frise avec le fantastique à écouter avec en fond « La mort d’Orion » de Gérard Manset.

Fiche #970
Thème(s) : Littérature française


Pierre SILVAIN

Assise devant la mer
Verdier

2 | 116 pages | 16-07-2009 | 14.2€

Par une écriture raffinée, délicate et travaillée, empreinte de mélancolie, Pierre Silvain expose le lien fort et indéfectible d’un enfant à sa mère. L’enfant se souvient de sa vie au Maroc où sa mère résignée a rejoint son père avant sa naissance. Une vie imposée et supportée avec langueur. Il se souvient avec tendresse de leur soutien mutuel, de leur complicité et souhaiterait la voir durer indéfiniment. Il se souvient des moments où assise devant la mer, elle semble si lointaine et oublie totalement son environnement en regardant au loin, là où les autres ne peuvent voir, des pages particulièrement émouvantes. Mais comment ne pas céder à la nostalgie et prolonger cette complicité sinon en remontant le temps pour ne plus faire qu’un.

Fiche #606
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Pierre Silvain lus par Vaux Livres


Pierre SILVAIN

Julien Letrouvé colporteur
Verdier

1 | 120 pages | 19-08-2007 | 11.16€

Julien Letrouvé marche sans fin. Enfant abandonné de la fin du XVIIIème, il est colporteur de livres lui qui ne sait pas lire. Il adore les livres plus que tout et ils lui rappellent les deux rencontres qui marqueront à jamais et définitivement sa vie. La première est la femme qui lit les livres. Au fond d’une écreigne, sous terre, dans un monde de femmes où il est le seul admis, elle fait la lecture aux fileuses. A 15 ans, devenu homme, il doit quitter ce monde et part sur les routes pour proposer à d’autres les petits livres bleus. Du côté de Valmy, il fera la seconde rencontre qui marquera son destin en la personne d’un Prussien déserteur avec qui il partagera tout lors de leur cheminement commun : son histoire, sa passion des livres. Ils n’auront plus de secrets l’un pour l’autre et leur séparation tragique marquera la fin de son errance. Une vraie écriture pour cette belle histoire.

« Il avait abandonné un corps multiple et prestigieux de l’armée du roi de Prusse pour un corps individuel mais qu’il n’avait toujours pas rejoint sous sa défroque, sous l’apparence en laquelle lui-même ne se fût pas reconnu s’il l’avait croisée dans sa propre fuite. »

Fiche #274
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Pierre Silvain lus par Vaux Livres





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