« L'enfer, c'est la somme de nos remords et de nos regrets. »
Ilija Trojanow
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Strange est la confession ou la lettre d’un enfant à son père. Ce père gardien de prison est veuf. C’est un père aimant qui n’a pas reproduit ce que lui-même a vécu pendant son enfance. Mais c’est aussi un père qui n’a pas vu, pas su voir la douleur de Raphaël. Dès l’enfance, Raphaël ne se sentait pas bien dans son corps de garçon, les autres le voyaient, le sentaient, alors il subit injures, mépris, violence. Aujourd’hui, Raphaël est devenu Nora et affronte enfin ces questions « Qui je suis ? Qui je ne suis pas ? » qui le hante depuis toujours. Avant leur prochaine rencontre il est temps que son père le sache et espère-t-elle l’accepte pour ce qu’elle est : Nora lui confie ici son histoire avec guère de moments paisibles, peu de rencontres bienveillantes, fragile mais tenace, son départ pour Bruxelles, son entrée au conservatoire de musique. En effet, douée en musique, elle se plonge dans le chant mais sa voix change, suscitant douleur et angoisse ; elle doit trouver sa voix et sa voie, le long voyage vers son identité passe aussi par le chant. Elle revient sur les mensonges qui l’ont accompagnée jusqu’à aujourd’hui, sur le parcours éprouvant de la transition qu’elle mène. Geneviève Damas s’empare à nouveau avec justesse, compréhension et une immense humanité d’un long parcours douloureux, des obstacles à franchir pour se construire, s’accepter et libérer la parole.
Ecouter la lecture de la première page de "Strange"Fiche #3083
Thème(s) : Littérature étrangère
Juliette est encore une enfant. Elle vit avec sa mère d’origine polonaise, coiffeuse à domicile, son petit frère et sa petite sœur. Son père a pris la poudre d’escampette avec une plus jeune femme. D’un côté, la galère est souvent le quotidien de sa mère, de l’autre celui de son père est plus serein. Alors quand elle souffre d’un mal de ventre aigu, l’appendicite est naturellement la première hypothèse. Néanmoins, Juliette quitte sa mère devant sa réaction et rejoint sa grand-mère officiellement pour soigner une maladie contagieuse. Il n’en est rien, Juliette est en effet enceinte de plus de six mois. Tom, un Australien de passage qui l’a surnommée Bluebird, est reparti sans savoir. Elle sera seule à assumer, à choisir, à décider : abandonner l’enfant ou le garder. Alors Juliette choisit d’écrire à cet enfant une longue lettre, franche, ne cachant aucun sentiment, aucune sensation. Elle parle de ce déni de grossesse à cet être qu’elle n’a pas su voir ou qui s’est trop bien caché, elle lui parle de l’enfant qu’elle est, de ses doutes, ses peurs, de son questionnement (qu’est-ce qu’être enceinte ? peut-on être mère à seize ans ? …), comme de ses émotions et ses rêves. Elle esquisse ainsi un délicat autoportrait, ses relations avec sa famille, mère, frère et sœur, père, belle-mère, et grand-mère, leur réaction à l’annonce de sa grossesse, son parcours devant la psy et l’assistante sociale. Elle relate aussi sa rencontre avec Yvette, une femme africaine violée, et de son expérience de la maternité puis de l’amour maternel. Un court texte d’une émotion constante, une confession délicate avec les mots universels et intemporels d’une adolescente seule devant la maternité, fondement d’une nouvelle existence quelle que soit sa décision finale.
« On a tous besoin de quelqu’un qui caresse notre visage, qui attache sur nous ses yeux doux, qui nous murmure des mots qui n’appartiennent à personne. »
Fiche #2366
Thème(s) : Littérature étrangère
Patricia, court roman, est partagé en trois parties, trois voix (Jean, Patricia et Vanessa), trois visions intimes partageant la même histoire qui se complètent, s'opposent, se répondent et rythment le récit. Jean Iritimbi est un Centrafricain installé au Canada pour travailler en attendant de faire venir sa famille. Dans l’hôtel où il travaille, il rencontre Patricia, une Française solitaire. Elle veut le protéger, le garder et décide de le remmener avec elle en France. Il avait omis de lui annoncer qu’il avait femme et enfants. Or sa femme l'appelle pour lui apprendre qu’elles prennent un bateau et arriveront prochainement en France. Le bateau fera naufrage et seule Vanessa, l’une de ses filles survivra. Patricia, sans la connaître, fera alors la promesse de veiller sur elle. Et en effet, elle la tiendra et elles apprendront à se connaître. Envers et contre tout et même parfois contre Vanessa ("...à présent que nous sommes dans cet appartement, je ne vois plus que la distance, l'hostilité farouche, le refus définitif. Comment venir à bout de tout cela ? Quelle vie mener ensemble, toi et moi?"). Geneviève Damas nous offre un nouveau roman intense, émouvant, percutant mais jamais larmoyant qui donne corps et identité aux migrants, bien loin des images télévisuelles, qui se suivent et s’oublient aussi vite : Jean et Vanessa vous accompagneront longtemps et vous ne les oublierez pas, ni Patricia et sa volonté totale de trouver solution au mal-être et au désespoir de Vanessa. Tout s’est écroulé autour de la petite et retrouver le chemin de la vie sera un véritable combat ; Patricia a décidé d’ouvrir ses bras et son cœur, elle devait le faire, pour Vanessa, pour elle et pour nous tous. Une abnégation sans aucune retenue, une grande humanité, simple et modeste, à hauteur de femme, qui redonne espoir en l’Homme.
Ecouter la lecture de la première page de "Patricia"Fiche #1960
Thème(s) : Littérature étrangère
Douze (courtes) nouvelles, douze trajectoires, douze moments de vie, douze personnages discrets à qui elle donne la parole, douze rencontres inédites et pourtant le lecteur a déjà l’impression de les connaître tant Geneviève Damas les rend proches, humains, émouvants dans un moment clé de leurs vies. Un joli cadeau offert par Geneviève Damas qui complète parfaitement ses deux romans.
Ecouter la lecture de la première page de "Benny, Samy, Lulu et autres nouvelles"Fiche #1521
Thème(s) : Littérature étrangère
Anita, la cinquantaine bourgeoise, est au centre de l’histoire d’un bonheur. Un mari vénéré, deux enfants, un chien. Tendance égocentrique, elle semble apprécier pleinement sa vie, son univers, « Heureuse d’être là où je suis », et être bien installée dans son petit bonheur bourgeois, facile, si simple… enfin… presque… Elle tente surtout de s’en persuader. Et elle ne pensait certainement pas trouver en Noureddine, un jeune petit voyou déjà bien éprouvé par la vie, une béquille salvatrice, ni que son beau frère, Simon, homme solitaire, triste et marqué par la vie, rencontrerait Nathalie sa voisine perdue après la trahison de son mari. Chacun se frotte à la vie, se heurte aux soucis et tracas alors que nos existences paraissent parfois tracées, imposées voire subies. Pourtant les rencontres peuvent réorienter, sauver, réveiller, susciter quelques instants fugaces ou persistants de bonheur partagé et nous permettre d’emprunter collectivement le chemin de la liberté. En variant les styles au gré des personnages, Geneviève Damas réussit avec «bonheur» un roman polyphonique qui met à mal quelques préjugés en louant les rencontres, le partage dans la différence, la solidarité et l’entraide.
"Peut-être que, la vie, ce n'est rien d'autre que ça, écumer le monde en tout sens en cherchant désespérément le panneau qui vous indique la route pour chez soi."
Fiche #1410
Thème(s) : Littérature étrangère
François Sorrente, « fils de la poussière et du vent », vit dans une ferme d’un côté de la rivière avec son père, sa soeur et ses frères. Illettré mais sensible au cœur d’un quotidien violent, ses seuls amis sont les cochons de la ferme, le dialogue n’est pas le fort de la famille, même seul avec les cochons, les mots lui manquent. La rivière marque une frontière, sur l’autre rive le mystère, zone interdite, une ferme brûlée. Personne ne doit franchir la rivière, pourtant Maryse, la sœur attentionnée, sans que François n'en connaisse les raisons, partira sans se retourner laissant la ferme sans femme, dans le silence et ses secrets. De ne pas pouvoir trouver les mots, François, lettre après lettre, courageux, entêté, apprendra à lire, à grandir. Devenir l’« ami des mots » le transcendera, le transformera en un autre homme décidé à découvrir les secrets et drames de la famille. Un portrait attachant et émouvant d’un jeune homme qui aura le courage d’affronter son ignorance, de forcer les portes du passé pour se construire et s'extraire de sa condition, en espérant devenir maître de son futur et avancer vers une nouvelle vie enfin choisie.
Premier roman
« Moins on parle, mieux ça vaut, si tu as quelque chose à dire, tais-toi, si tu es content, tais-toi, si tu as chagrin, tais-toi. Tais-toi, tais-toi, tais-toi. »
« Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’était prêt à parier que oui. Je veux croire que oui. Déjà que je sais lire et que je ne baisse plus la tête. Il y a bien un pré sur cette terre où je pourrai être heureux sans rien devoir à personne. »
Fiche #972
Thème(s) : Littérature étrangère