« Oui, vouloir aimer ce qui existe pour la première fois, cela relève de l’exploit. »
Christophe Carpentier
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Un roman qui relate une séquestration singulière. Une nuit de neige, une vieille femme écrivaine retient un pianiste, spécialiste de Bach, d’habitude toujours en errance. Deux solitudes un instant réunies. Elle vit une double attirance, pour ce pianiste, ce qu’il est, ce qu’il représente, sa musique, mais aussi pour un renard, quasiment pour les mêmes raisons, pour ce qu’il est, sa beauté, sa sauvagerie, sa liberté, sa solitude, toujours en mouvement. Des solitudes en quête de vie, en quête de beauté dans un monde où elle continue de disparaître. Un superbe texte aux thèmes multiples : odes à la nature, à la forêt, à la musique, questionnements sur la vieillesse, la solitude et l’exil, l’ordre du monde avec la beauté pour nous sauver. On ressent clairement la passion de l’auteure pour les mots, pour tous les sons, sons des mots, sons de la nature, sons de la musique. Doux, beau, attirant, étonnant et poétique.
« Si on ne se soumet à rien ni à personne, il reste l’expérience vécue. Personnelle. Il reste la singularité d’un individu semblable à nul autre dans sa solitude effrayante et exquise. Il reste la solitude. »
Fiche #3216
Thème(s) : Littérature française
Odile, photographe à Paris, mariée à André prof de grec ancien, se rend très régulièrement dans les années 50 sur l’île grecque de Saint Spyridon. Les habitants ont appris à la connaître et à l’apprécier. Une île pauvre, la guerre civile a laissé des traces et la misère est partagée par beaucoup. Clio, une jeune grecque, aide la famille et Odile et rentre parfois en rivalité avec Pénélope la fille d’Odile. Lors d’un séjour, alors que Clio est entrée au monastère, Pénélope disparaît. Clio rentre dans un monde rigide, froid, dur, les jeunes filles sont incitées à la mutilation : faire disparaître les corps, les réduire au silence. Mais Clio se découvre un talent pour la photographie et prend des clichés de ces femmes et de leur corps. Odile exposera ces photos déclenchant un scandale sur l'île. Metin Arditi développe avec douceur et tact dans un roman très rythmé ses thèmes favoris, l’art, la beauté, les corps, la religion, les traditions, la pauvreté, l’exil, la puissance et la fragilité des femmes.
« Les mutilations et les photos, c’est la même chose. Tu veux te convaincre que tu existes et tu te mutiles… La photo ne grave pas la vie dans la chair, elle l’inscrit sur le papier, mais le propos est le même. Rendre l’instant éternel. »
« Qu’en définitive, photographier ou entrer au monastère, c’était la même chose : ne plus s’occuper de soi pour s’occuper de l’autre. Que c’était ça, la foi. »
Fiche #3179
Thème(s) : Littérature étrangère
Son divorce et la mort de son père décident Yann de Kérambrun, historien, à partir et rejoindre la maison familiale. Quitter Paris, quitter son métier. Retour à Saint-Malo face à l’île de Cézembre. Contempler la mer, le sable, le ciel… Toujours présents, toujours différents. Un lieu qui attire, hypnotise, apaise ou bouscule. Un lieu qui lui rappelle sa propre enfance notamment ses vacances avec sa grand-mère Léone mais bientôt bien au-delà. Les archives familiales et des rencontres le mènent en effet sur les traces de son arrière-grand-père, Octave, fondateur d’une compagnie maritime. Un capitaine d’industrie, brillant, qui fréquentera la haute société, mais un homme qui cachera toujours ses souffrances, ses failles, ses inquiétudes. Yan les découvre et s’y reconnaît. La légende familiale prend corps, le rôle de la mer s’éclaire, l’impact de l’histoire apparaît (conséquence de la seconde guerre, Cézembre restera interdite au public jusqu’en 2019), le silence familial se lézarde. Comprendre ces silences et ces aïeux, mettre à jour les secrets, un chemin vers une vie apaisée, peut-être à l’écart mais avec Rebecca… « Je songeais aux noms qui peuplaient les cahiers d’Octave, silhouettes incertaines qui, à chaque pièce exhumée, s’incarnaient davantage. A mon envie d’interroger leur destinée, après des décennies d’indifférence. », tout est dit : un document, une photo, une partition, et Hélène Gestern se lance brillamment sur les traces du passé, des silences, tissent des fils entre hier et aujourd’hui, nous envoûte pour mieux appréhender l’Histoire et ses conséquences, et comprendre l’héritage d’une généalogie et ses transmissions.
« Depuis le ciel, Cézembre paraît minuscule et quiète. On se demande comment un si petit promontoire a pu héberger tant de douleur et de fureur. »
« Voulu croire qu’on domestiquait ses démons comme on attache des chiens, que la force de l’esprit est assez puissante pour reconfigurer le cours des événements. Quelle illusion. »
« … le souci des vivants a plus de prix que les égarements des morts. »
Fiche #3157
Thème(s) : Littérature française
Nouveau drame : un écrivain est sauvagement agressé et poignardé. Un de ses textes, certaines de ses phrases, quelques-uns de ses mots ont heurté l’agresseur qui se devait d’agir, de réagir. Une salariée de Feel good, une maison d’édition dans l’ère du temps, décide de prendre les choses en main pour éviter qu’un même drame ne se reproduise. La base : devenir consensuel, personne ne doit se sentir heurté, agressé, bousculé. Alors il faut corriger, tempérer, couper… Les écrivains sont encadrés de près, une charte spécifie les règles à suivre. Certains applaudissent, les actionnaires notamment, certaines lectrices, certains lecteurs… Mais cela suffira-t-il à éradiquer la violence et à retrouver un vivre ensemble apaisé ? Tania de Montaigne a trouvé le ton juste pour rendre hommage à la littérature et à l’intelligence en décrivant avec distance, humour et ironie des situations qui tendent en effet à se répéter, en démasquant les lobbyings de plus en puissants de diverses communautés qui à terme visent à anéantir la réflexion, la pensée, la littérature (« Et si on supprimait la fiction, la fiction est un RISQUE. »), en dénonçant l’hypocrisie ambiante, et donc en incitant à une réflexion avant qu’il ne soit trop tard !
« Il me semble que la littérature comme tous les arts est un des rares espaces où l’on peut voyager dans l’Autre, être quelqu’un ou quelque chose qu’on n’est pas dans la vie réelle. Ce qui, en soi, est un risque. Non ? »
Fiche #3109
Thème(s) : Littérature française
Belle-Île-en-mer et son triste et célèbre bagne ! Créé en 1848 pour accueillir d’abord des révolutionnaires, puis des communards et finalement des gamins. Des gamins isolés, seuls, orphelins, abandonnés, coupables de délits anodins. Ils sont enfermés, ils sont exploités, ils ont froid, faim, soif. Ils subissent violence, viols, tortures… Parmi eux se trouve Jules Bonneau. Abandonné par sa famille, arrivé à treize ans, il vécut de 1927 à 1937 sur l’île dont sept ans dans le pénitencier où il devint la Teigne. Il fit partie des cinquante-six gamins qui se révoltèrent, et qui, sachant que l’espoir d’évasion sur une île était nul, prirent néanmoins la poudre d’escampette. Sorj Chalandon nous fait alors vivre la chasse à l’enfant qui suivra. Chaque habitant de l’île prendra sa part, les têtes enfantines mises à prix, chacun touchera sa prime à l’enfant… terrifiant ! Tous seront repris sauf un : Jules qui se cachera puis trouvera refuge chez un couple Sophie et Ronan. Il « deviendra » leur neveu, vivra avec eux et travaillera avec Ronan, une lueur d’espoir, un bol d’air marin dans la vie de Jules, des instants de vie « Pour que tu desserres le poing » car Jules garde les poings fermés, la mâchoire serrée : colère, violence, haine, rage sont ancrées en lui, le constituent. Pourra-t-il un jour canaliser cette violence ? Le pénitencier et les adultes ont engendré un nœud de violence et de haine inextricables, Sophie, Ronan et quelques autres, en bon marins, vont ramer contre les vents contraires pour que Jules apprenne à faire confiance, à profiter de quelques instants de sérénité. Sorj Chalandon reprend une histoire connue (on croise même Prévert) mais en l’incarnant avec le portrait et le destin de Jules lui donne une puissance dramatique exceptionnelle, un roman poignant. La société en méprisant, excluant et violentant certaines catégories génère une boule de violence prête à exploser à tout instant, mais, heureusement, quelques îlots (Sophie et Ronan ici) d’humanité subsistent !
« L’ami, c’est celui qui t’ouvre sa porte au milieu de la nuit sans te poser de questions. »
Fiche #3084
Thème(s) : Littérature française
Strange est la confession ou la lettre d’un enfant à son père. Ce père gardien de prison est veuf. C’est un père aimant qui n’a pas reproduit ce que lui-même a vécu pendant son enfance. Mais c’est aussi un père qui n’a pas vu, pas su voir la douleur de Raphaël. Dès l’enfance, Raphaël ne se sentait pas bien dans son corps de garçon, les autres le voyaient, le sentaient, alors il subit injures, mépris, violence. Aujourd’hui, Raphaël est devenu Nora et affronte enfin ces questions « Qui je suis ? Qui je ne suis pas ? » qui le hante depuis toujours. Avant leur prochaine rencontre il est temps que son père le sache et espère-t-elle l’accepte pour ce qu’elle est : Nora lui confie ici son histoire avec guère de moments paisibles, peu de rencontres bienveillantes, fragile mais tenace, son départ pour Bruxelles, son entrée au conservatoire de musique. En effet, douée en musique, elle se plonge dans le chant mais sa voix change, suscitant douleur et angoisse ; elle doit trouver sa voix et sa voie, le long voyage vers son identité passe aussi par le chant. Elle revient sur les mensonges qui l’ont accompagnée jusqu’à aujourd’hui, sur le parcours éprouvant de la transition qu’elle mène. Geneviève Damas s’empare à nouveau avec justesse, compréhension et une immense humanité d’un long parcours douloureux, des obstacles à franchir pour se construire, s’accepter et libérer la parole.
Ecouter la lecture de la première page de "Strange"Fiche #3083
Thème(s) : Littérature étrangère
Alia est lycéenne à Tanger et Alia subit le regard insistant des hommes sur son corps. Ses parents lui recommandent la discrétion, le silence… mais rien n’y fait. Elle ne comprend pas ces regards, ces sifflements, ces interpellations… Alors pour tenter de mieux appréhender son corps, de l’apprivoiser, elle se prend en photo dans sa chambre. Au lycée, elle fréquente Quentin, un Français d’une famille d’expat, donc de passage, un monde bien éloigné du sien mais qui l'attire. Sa confiance est violée par ce goujat, et ses photos se retrouvent en ligne ce qui la contraint à l’exil. Elle s’installe à Lyon, abandonne ses études et à nouveau, son visage typé la met à l’index. Sa différence est remarquée, raillée, affichée. La mise à l’index provient autant des blancs que de ses compatriotes exilés. Elle craint même de retrouver Quentin à Lyon alors retourner à Tanger ? Pour qui ? Pour quoi ? Un roman d’une grande justesse, puissant et percutant qui décrit les difficultés voire l’impossibilité d’une petite fille, d’une adolescente, puis d’une femme à trouver sa place, qui nous parle du corps des femmes et du regard inquisiteur des hommes, de la différence et du regard des autres, et de déracinement sans retour possible.
Premier roman
Fiche #3059
Thème(s) : Littérature française
Maria est une femme amoureuse. Elle aime partager son existence avec William, son second compagnon. Elle aime particulièrement son petit-fils de trois ans, Marcus. Ils sont très liés, forte complicité qui semble indestructible, elle sait l’écouter, le regarder, le guider tout en lui laissant toute liberté. Elle l’accompagne dans sa passion pour les oiseaux toujours prête à s’envoler à ses côtés. Alors qu’un deuxième enfant est annoncé dans la famille, Marcus préfère parfois porter une robe plutôt qu’un short, ses ongles prennent parfois des couleurs inhabituelles et ses cheveux s’allongent. Dans le même temps, ses parents décident de ne pas faire connaître le sexe du nouveau-né, ce sera un bébé, un enfant, pour le genre, il aura tout le temps de choisir, « leur enfant vaut mieux que ces fadaises de garçon ou de fille. ». Marcus, quant à lui, choisit de changer de prénom, pourquoi l’en empêcher ? Maria, sans rien dire, en évitant de laisser transparaître ses doutes et ses sentiments qu’elle peine à formuler et même à identifier, est bousculée. Sa place, sa position évoluent, pas son amour. Chaque mot doit être pensé, chaque regard pesé. La spontanéité disparaît et l’équilibre familial change. Chacun y trouvera-t-il sa place ? Qui résistera ? Qui tombera ? Qui s’éloignera, qui restera ? Les liens s’estomperont-ils ? Angélique Villeneuve nous offre un nouveau bijou, entre puissance et douceur. Comme souvent, elle demeure dans le sentiment, le ressenti, évite tout jugement ou cliché. Maria n’est pas un livre à thèse, juste un livre d’amour puissamment humain. On est dans l’émotion pure et maîtrisée et dans la délicatesse. Angélique Villeneuve continue avec un immense talent et son écriture envoûtante (le roman se lit d’une traite) à construire son panthéon de portraits féminins et Maria vient d’y prendre une très belle place.
Ecouter la lecture de la première page de "Maria"Fiche #2118
Thème(s) : Littérature française
Elles sont sœurs et ne font qu’une malgré leur grande différence d’âge, dix-neuf années les séparant. En effet, devenue adulte, la narratrice, la plus jeune d’entre elles, se décide enfin à revenir sur leur existence. Ses cinq premières années furent baignées par son admiration et son amour absolus pour sa grande sœur. Une sœur différente, restée enfant, versatile, aussi joyeuse que triste, aussi rieuse que désespérée. La cause restait mystérieuse pour la petite fille, une maladie infantile, la terreur ressentie pendant les bombardements de Brest ou autre chose… Leur relation oscille entre joie et souffrance, compréhension et incompréhension, puis les adultes décidèrent de les séparer, la petite a cinq ans, et l’éloignement de sa sœur la bouleverse. Les rôles s’inverseront rapidement, la petite portera la famille sur ses frêles épaules, toujours, jusqu’à la fin, une vie sous influence, effacée, ignorée, bien loin de la liberté : « Alors il n’y avait plus rien, plus rien qu’elle, elle encore, la Sœur qui prenait toute la place, qui me volait ma vie jusqu’au bout, jusqu’à ce que je n’en puisse plus de lutter pour ma liberté. Comme si j’avais eu un autre chemin que le sien ! Comme si j’avais eu une autre peau que la sienne collée à la mienne ! Comme si j’avais eu un seul désir et la liberté de le réaliser ! » Elle passera beaucoup de temps dans les établissements médicaux, pour suivre sa sœur mais aussi sa mère. Un chemin oppressant, exclusif qui aurait pu la voir se perdre. Le personnel médical, pas toujours à la hauteur, est parfois loin de mesurer le poids de cette prise en charge solitaire. Puis son regard évolue, son appréhension de cette sœur différente change, les questions commencent à poindre, les silences questionnent, quelques énigmes apparaissent... Un long chemin, une émouvante confession où folie et amour s’unissent pour découvrir une vérité stupéfiante qui libèrera enfin la narratrice.
« Les normaux ne comprennent rien, ce sont eux qui sont fous. »
« Faut-il donc des êtres qui souffrent pour que les autres puissent goûter avec plus de délices leur misérable bonheur, savourer leurs joies dérisoires, s’empiffrer de leurs minuscules plaisirs d’un bout à l’autre de leur vie ? »
« Les fous marchent sur la crête de la vie, un souffle les renverse. »
Fiche #1931
Thème(s) : Littérature française
Une mère, Angélique Villeneuve, est à terre. Elle est atteinte, son fils, une nuit, dans sa chambre, s’est tué. Vingt ans de bonheur, de partage, pulvérisés en un instant. Les interrogations s’imposent, deviennent omniprésentes sans pour autant nous relater le passé de la famille et les éventuelles raisons de cet acte. Est-il parti accompagné de ces lumineux instants partagés ? Comment continuer sans lui, avec lui, sans créer de chapelle et de mausolée ? Les mots évidemment sont au centre du chemin emprunté par la mère : les entendre, les dire, les accepter, comme ce mot suicide qui siffle comme un serpent jailli d’un taillis ou comme ce mot qui néanmoins n’existe pas en Français qui la désignerait comme « orpheline d’enfant » ou plus simplement comme son prénom tant de fois exprimé sans y prêter attention. Comment vivre avec sa présence permanente malgré son absence définitive ? Pourra-t-elle être autre que la mère d’un suicidé ? Le regard des autres, leur peur, évolueront-ils ? Angélique Villeneuve nous parle avec franchise de son parcours intime dans ce chaos, de l’état de choc qui l’anéantit jusqu’à ces petits instants où la vie la pince et lui envoie de légers flashs de lumière. Pour cela, elle pratique dans ce récit le tutoiement, impliquant évidemment immédiatement le lecteur et établit ainsi un dialogue entre la mère dévastée et l’écrivain voire entre deux mères. On retrouve naturellement la superbe et précise écriture d’Angélique Villeneuve dans ce récit juste, pudique, digne, émouvant, doux et chaud par l’humanité qui s’en dégage, il rejoint le camp des livres qui nous font grandir et nous aident à vivre.
« Lorsqu’un enfant meurt, est-on toujours sa mère, est-ce qu’un enfant perd sa mère en même temps que la vie ? »
« Faudrait-il, de surcroît, se remettre de ce que l’on vit ? »
Fiche #1801
Thème(s) : Littérature française
Jean-Louis Fournier écrit une longue lettre pour « écrire des choses que je n’ai jamais dites… à ses deux fils Thomas et Mathieu, lettre qu’ils ne liront du fait de leur handicap. Mais par sa lettre, il s’adresse évidemment aussi à son entourage proche et moins proche, à ceux qui n’ont jamais su qu’il avait deux enfants handicapés, à chaque père, mais aussi à chaque mère, à chacun de nous. Avec pudeur et distance, retenue et humour, sans compassion, voyeurisme et misérabilisme, il raconte simplement et sincèrement le quotidien d’un père que sa femme a quitté face à ses difficultés, ses peines et ses joies, sa culpabilité et ses regrets. Le ton est à la hauteur du drame, sans fausse note. La dérision et l’autodérision le font tenir et emportent le lecteur sans toutefois cacher totalement les sentiments réels de ce père si humain. De l’émotion à l’état brut.
« Un père d’enfant handicapé doit porter sa croix avec un masque de douleur. Il n’a plus le droit de faire rire ce serait du plus parfait mauvais goût. Avec deux, il doit avoir l’air deux fois plus malheureux. C’est une question de savoir vivre. »
Fiche #479
Thème(s) : Littérature française
Sorj Chalandon nous fait rencontrer Jacques Rougeron, douze ans, bègue et fils unique d’un père dur et à la main lourde et d’une mère en retrait. La famille est pauvre et habite Lyon. Malheureux de son bégaiement, sa vie est plus légère grâce à son ami, à son frère, à son confident, Bonzi qui l’aide et le soutient. Ils ne font qu’un. Jacques tente de se soigner grâce aux herbes jusqu’à en être malade. Son bégaiement ne l’empêche pas d’être amoureux des mots (et de Guignol). Le lecteur suit avec intérêt les aventures de ce gamin et sa lutte contre ce bégaiement qui n’en finit plus. Un livre touchant sur l’imaginaire des enfants, sur le langage et le bégaiement.
Fiche #372
Thème(s) : Littérature française
Béatrix Beck nous offre un conte enchanteur qui ravira les lecteurs amateurs de chat ou non(« Ecrire comme on rêve »). La narratrice, Olga Bredaine, prof de lettres à la retraite, veuve, sans enfant, reçoit un petit chaton (Soizic) en cadeau. Olga va conserver le chat et sa place va devenir de plus en plus grande ; d’abord près d’elle puis contre elle. Un jour d’orage, le miracle se produit : il parle ! Et ce n’est que le début… Le chat exprime ses désirs (d’enfant) et ses peurs. Olga s’y habitue rapidement, l’écoute et l’observe avec attendrissement, même si Soizic reste et restera un chat (« C’est normal, ne pouvant être une vraie enfant, elle se veut une vraie chatte »). Une vraie écriture au service d’un conte merveilleux sur une nature toute en poésie et en harmonie avec les humains.
Fiche #334
Thème(s) : Littérature française
Par sa révolte, son désir de liberté et d’indépendance dans un monde d’hommes, une Algérienne devient médecin écrivain. Elle ne le doit qu’à sa ténacité et à son amour de la vie qu’elle prend bien en main, elle ne laissera personne décider quoi que ce soit pour elle. Sa vie est éclairée par des rencontres amicales ou amoureuses qu’elle vit sans retenue et avec fougue. Pourtant elle ne pourra jamais refermer la plaie représentée par son désir de trancher avec le modèle de vie parental. Un combat pour l’indépendance et pour la liberté.
Fiche #248
Thème(s) : Littérature étrangère
Le titre l'indique : c'est l'histoire d'une promesse. Une promesse qu'un groupe de sept amis d'un petit village mayennais s'est faite. Mais cette promesse, ils l'ont aussi faite à Etienne et Fauvette qu'ils visitent à tour de rôle dans leur maison "Ker Ael". Elle s'occupe en faisant des mots croisés, il regarde et regarde encore un timbre mais surtout ils continuent de s'aimer tendrement. Ces visites réglées sont leur seul contact extérieur. Chaque visiteur a une tâche particulière et consigne sa visite dans le carnet gardé précieusement par Bosco, cafetier du village. Pourtant la mort rode alors que cette promesse reste un obstacle mais pourra-t-elle durer ? Un beau texte sur l'amitié, la fraternité, la fidélité, le dévouement et la mort.
Prix Médicis 2006
Fiche #177
Thème(s) : Littérature française
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