« Tout l'histoire du monde ne me paraît souvent rien d'autre qu'un livre d'images reflétant le désir le plus violent et le plus aveugle des hommes : le désir d'oublier. »
Herman Hesse
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Entre 1960 et 1980, régulièrement, des personnes s’éclipsent, disparaissent au Japon sans raison évidente, aucune trace, pas d’indices, une enquête succincte, fugue, suicide, évaporés (cf. « Les évaporés ») ou in fine kamikakushi (c’est-à-dire cachés des Dieux)… qui s’arrête rapidement et le mystère demeure. Il faudra attendre longtemps pour en avoir l’explication et Eclipses japonaises nous conte ces événements. L’explosion en 1987 du vol de la Korean Air sera à l’origine de la résolution de cette énigme. Pour cela plusieurs voix s’entremêlent dans la narration et les destins se croisent, un GI déserteur disparu en 1966 et une future infirmière, une jeune adolescente japonaise, un archéologue à l'oeil affûté, et une espionne nord-coréenne experte en culture japonaise. Eric Faye construit un roman-enquête à suspense mené par un vieux journaliste persévérant basé sur une histoire hélas bien réelle qui nous parle des relations entre le Japon et la Corée du Nord, d’embrigadement, de pouvoir totalitaire sans limite, de propagande, de violence aveugle, de la négation de toute humanité. Instructif et glaçant, fascinant et terrifiant.
« En m’entendant répéter les phrases apprises par cœur, je me dis qu’on peut obtenir n’importe quoi d’un être humain qui espère. »
Fiche #1864
Thème(s) : Littérature française
A la mort de Stig Warren publiant les livres de B. Osborn, écrivain mondialement connu, sa femme et sa dernière maîtresse se retrouvent. Cet écrivain a toujours eu l’obsession du secret et de la discrétion, discrétion face à son histoire personnelle et politique, mais également discrétion devant son œuvre : « L’époque n’est pas au secret n’est-ce pas ? On ne veut plus de secrets. Tout doit être élucidé. ». Sa femme le découvrira progressivement selon les informations que son mari voudra bien lui distiller mais de larges zones d’ombre subsisteront. Maître pour brouiller les pistes, ses identités furent multiples, identités motivées par son histoire politique en RDA et par son désir d’écrivain de s’effacer devant son œuvre et toujours attentif à ne pas brouiller son œuvre par son image. Il cherchera toujours à faire partager au plus grand nombre son œuvre tout en masquant au mieux son identité et son histoire. Les deux femmes entreprennent un voyage pour se rendre sur la tombe de Stig qui leur échappera également. Elles se dévoileront, se raconteront pour tenter de percer les secrets de cet homme qu’elles se sont partagé (« Stig ne s’était pas caché pour le plaisir de se cacher ») mais cette traque (aidée par Thomas Ahorn « spécialiste des écrivains qui effacent à grandes eaux les traces d’eux-mêmes ») ne leur permettra pas jamais de lever le mystère de cet homme et de son passé : « Il a fait le maximum de concessions à l’anonymat et n’a pas pu aller plus loin. Vouloir la gloire pour un moi nimbé de mystères, un moi sans nom, dont on ignorerait la genèse. Pourquoi ? Parce que l’auteur doit être fiction lui-même, fiction bâclée, mutilée par lui-même ? Ne pas donner prise au moindre biographe, le plonger dans le brouillard pour que l’œuvre domine, ensoleillée au-dessus des brumes, tel un dieu qui aurait obtenu le silence des ego, le sacrifice de l’homme… ». B. Osborn serait bien perdu dans le monde littéraire français contemporain…
« Un écrivain est un être immatériel, une pensée qui se déroule, et vous vous escrimez à localiser un être de chair en un point sur la terre. Ce que vous avez entrepris n’a pas de sens. »
Fiche #342
Thème(s) : Littérature française
Encore une réussite pour ce nouveau livre de la collection "Texte au carré" des éditions Cadex. Eric Faye revient sur un de ses thèmes favori, la fuite et nous fait partager le quotidien d'un monde où les hommes n'ont plus qu'un unique rêve : gagner à la loterie. Seule espoir d'échapper à sa vie pesante, un homme, chaque vendredi, ressent une grande émotion en ouvrant l'enveloppe lui indiquant s'il a gagné "le billet pour le Pays doré". Jusqu'au jour où... Suit une fuite effrénée vers le bonheur qui une fois à portée de mains s'échappera... Comme les deux précédents livres de la collection déjà résumés (Autin-Grenier et Salvaing), un style remarquable et encore une fin que vous n'oublierez pas. Une collection à découvrir absolument.
A noter également la préface élogieuse d'Eric Chevillard.
"Il serait dans les temps. L'homme ne pensait à rien d'autre, à personne. Voilà le miracle, songea-t-il je ne pense à personne. Je ne pense à rien.".
Fiche #239
Thème(s) : Littérature française